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Full text of "Memoires de la Société Academique de Maine et Loire"

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MEMOIRES 


DE    LA 


SOCIETE  ACADEMIQUE 


DE  MAINE  ET  LOIRE 


PREMIER  VOLVNE.  ~  N«  I 


1) 


ANGERS 
IMPRIMEHIE  DE  COSNIER  ET  LACHESE 

Chaussde-Saint- Pierre,  13 

1857 


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M^MOIRES 


HE   LA 


SOCIfiTE  ACADEMIOUE 


DE  MAINE  ET   LOIRE 


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MliMOIRES 


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SOCIETE  ACADEMIQllE 


DE  MAINE   ET  LOIRE 


k 


PREMIER   VOLUME 


ANGERS 

IMPRIWERIE  DE  COSNIER  ET  LACHESE 

Chaussee-Saliit- Pierre  ,  13 

1857 


LETTRE-CIRCULAIRE 

expos3Dt  les  bases 

DE  LA  CREATION  D'^1  m\M  ACADElOll 


m 


DEPARTEMENT  DE  MAINE  ET  LOIRE. 


Monsieur, 

Angers,  eu  egard  au  chiffre  de  sa  population,  est  sans 
doute  celle  des  villas  de  France  qui  possede  le  plus  grand 
nombre  de  Societes  scientifiques.  Elle  en  compte  six 
en  effet,  qui  sont :  les  Societes  d'Agriculture,  Sciences 
et  Arts,  Grammaticale  et  Litieraire,  Industrielle,  Lin- 
neenne,  Medicale  et  Veterinaire. 

Ce  fractionnenient  des  forces  inlellectuelles  du  pays 
est  regrettable  sous  plus  d'un  rapport. 

11  pent  en  rcsulter,  soit  un  esprit  de  corps  exclusil' 
qui  cree  des  rivalites  souvent  steriles  et  des  antago- 
nismes  toujours  facheux,  soit  tout  au  moins  des  scis- 
sions individuelles  et  des  isolenicnts  dans  les  labeurs 


6 

de  I'esprit,  lorsque  parfois  le  progres  ne  peut  elre  ob- 
tenu  et  certains  buls  siirementet  promplement  atteints, 
que  par  une  etroite  mise  en  commun  des  efforts  et. 
(les  talents. 

Les  intelligences,  meme  celles  qui  par  leur  nature 
sonl  le  plus  portees  vers  les  specialites,  onl  toujours 
quelque  peu  a  profiter  dans  le  contact  des  etudes  qui, 
en  embrassant  la  diversile  des  connaissances  humaines, 
elargissent  les  champs  de  la  pensee  et  reculent  ses 
horizons.  Rapprocher  ces  connaissances  dans  les  tra- 
vaux  auxquels  elles  peuvent  donner  lieu  et  dans  leurs 
applications  variees,  ce  n'est  d'ailleurs  qu'achever  de 
developper  en  la  fecondant,  I'idee  philosophique  qui  a 
voulu  les  rapprocher  deja  dans  I'enseignemenl  supe- 
rieur  et  les  Facultes. 

II  est  d'autres  points  de  vue  encore  sous  lesquels 
les  avantages  de  I'unite  ne  sont  pas  moins  conside- 
rables. 

Ainsi,  par  exemple,  la  position  financiere,  qui, 
maintes  fois  dans  les  Societes  actuelles,  a  presenle  d'in- 
surmontables  obstacles  a  d'u tiles  projets,  ne  pourrait 
que  s'ameliorer  par  la  simplification  et  la  reduction 
des  depenses  qui  leur  sont  communes,  et  par  la  reu- 
nion dans  une  seule  caisse  des  ressources  maintenant 
disseminees. 

Les  rapports  obliges  que  tout  corps  savant  doit  avoir 
avec  les  difterentes  administrations ,  lorsqu'il  n'existe- 
rail  qu'une  Societe  unique,  gagneraient  aussi  notable- 
ment  en  facilite  et  en  autorite. 

Enfm,  la  Societe  nouvelle,  par  sa  composition  et  la 
condensation  de  toutes  les  forces  vives  du  pays,  exer- 


cerait  sur  les  progres  dans  Ics  sciences,  les  arts  et 
rindustrie,  une  action  tout  autrement  intense  et  ener- 
gique  que  ne  pent  I'etre  la  somme  des  influences  par- 
tielles  des  Socictes  existantes. 

Ces  considerations,  autour  desquelles  pourraienl  sc 
grouper  beaucoup  d'aulres  que  nous  sommes  forces 
de  negliger  ici,  ont  prcWalu  deja  dans  plusieurs  grandes 
villes  on  Ton  a  compris  tons  les  avantages  d'une  con- 
centration dans  un  raeme  foyer  de  toutes  les  lumieres 
dont  pent  s'eclairer  I'esprit  humain. 

C'est  ainsi  que  pres  de  nous,  a  Nantes,  s'est  operee 
une  fusion  semblable  sous  le  nom  de  Societe  academi- 
que  de  la  Loire- In ferierire,  association  qui  dans  cette 
vie  nouvelle  et  multiple,  a  acquis  des  proportions  et 
une  valeur  scientifique  qu'elaient  loin  de  presager 
I'obscurite,  Taffaissement  et  I'abandon  oil  languissaient 
les  Societes  qui  en  sonl  devenues  les  elements. 

Plus  recemmenl  la  meme  transformation  s'est  ope- 
ree dans  les  Societes  rivales  des  villes  de  Saint-Etienne 
el  de  la  Rochelle  et  avec  un  egal  bonheur  dans  les 
consequences. 

Ce  que  nous  venons  d'exposer  n'est  du  reste,  en  ce 
qui  concerne  I'Anjou,  qu'un  echo  affaibli  des  opinions, 
des  regrets  et  des  voiux  qui,  mainles  Ibis,  se  sont 
produits  autour  de  nous. 

Le  projet  d'une  fusion  si  desirable  n'a  en  effet  rien 
de  nouveau,  ni  d'imprevu.  En  plusieurs  occasions  il 
s'est  fait  jour  meme  au  sein  des  Societes  existantes, 
mais  jusqu'ici  des  questions  de  preseance  loujours  de- 
licales,  certains  attachements  et  certains  respects  pour 
un  passe  qui,  pour  chacunc  d'elles,  n'a  etc  ni  sans  uti- 


8 

lite,  ni  sans  relentlssemenl,  ef,  oserons-nous  le  dire, 
l)eut-elrc  aussi  robligadon  el  rincertitude  a  la  fois, 
dans  une  fusion  operee  de  Societe  a  Societe,  de  pou- 
voir  constater  et  concilier  convenablement  la  recon- 
naissance et  I'estime  acquises  a  leurs  fondateurs,  onl 
presente  des  difllcuUes  que  les  plus  convaincus  n'ont 
pas  du  oser  affronter. 

Cependant  lorsque  les  exemples  salutaires  s'accu- 
mulent,  le  moment  nous  a  semble  venu  de  prendre  un 
parti  supreme  pour  retremper  et  rajeunir  dans  un 
pacte  commun  des  forces  precieuses  dont  il  serait  a 
craindre  que  la  vitalite  vint  a  s'eteindre  dans  I'indiffe- 
rence  et  le  vide  qui  tendent  a  se  faire  autour  d'elles. 

Nous  nous  sommes  done  resolus  a  adresser  un  appel 
aux  hommes  de  bonne  volonte,  quels  qu'ils  soient  et 
d'ou  ilsviennent,  aux  amis  duprogres  dans  les  sciences, 
les  lettres,  les  arts  et  I'induslrie,  pour  les  convier  a 
fonder  dans  nos  murs  une  vaste  association  sous  le 
nom  de  Societe  academiqiie  de  Maine  el  Loire,  dans  la- 
quelle  toutes  les  capacitesen  toutes  choses  trouveraient 
place  et  oh,  a  un  moment  donne,  pourraient  venir 
s'absorber  les  Societes  actuelles. 

Nous  avons  du,  en  ce  qui  les  regarde,  esperer  qu'en 
adoptant  cette  marche,  la  fusion  si  ardemment  souhai- 
tee  serait  plus  facilement  acceptee,  et  que,  portee  sur 
un  terrain  neutre,  elle  ne  souleverait  aucune  des  sus- 
ceptibilites  irritantes  qui  I'ont  retardee  et  qui  pour- 
raient renaitre,  s'il  s'agissait  encore  de  la  reunion 
directe  d'une  de  ces  Societes,  a  telle  autre,  sa  vieille 
emule. 

II  nous  reste  maintenant  a  indiquer  les  bases  sur 


9 

lesquelles  nous  vous  proposerions  d'asseoir  la  Socieic 
nouvelle  et  qui  seraieni  les  suivantes : 

La  Society  fondee  sous  le  litre  de  Soci^lc  ncademiquc  de 
Maine  et  Loire  coinprendrait  I'universalite  des  connaissances 
humaines. 

Pour  faciliter  ses  etudes  et  ses  travaux,  elle  serait  divisee 
en  cinq  classes  ou  commissions  ayaiit  chacune  un  bureau  par- 
liculier  : 

i"  Celle  ie  ragriculture,  comprenant  I'liorticullure  et  ses 
divisions,  la  zootechnie  et  I'art  veterinaire  (1);  elle  pourra 
avoir  pour  section  un  cornice  horticole ; 

'i"  Celle  des  sciences  physiques  et  naturelles  et  d'acclima- 
tation ; 

3»  Celle  de  I'industrie  ou  technologie  et  du  commerce; 

4°  Celle  des  sciences  historiques,  d'archeologie  et  de  geo- 
graphic, des  belles-lettres  et  des  beaux-arts; 

5"  Celle  de  medecine,  pharmacie  et  hygiene  publique. 

Le  bureau  de  chaque  classe,  elu  par  la  classe,  serait  com- 
pose d'un  president,  un  vice-president,  un  secretaire,  un  vice- 
secretaire.  Total,  4  membres. 

Le  bureau  de  la  Societe  serait  compose  comme  suit  : 

Des  Presidents  honoraires; 

1  President  titulaire; 

\  Directeur-administrateur ; 

5  Vice-Presidents  (ce  soiit  les  presidents  des  classes); 

\  Secretaire-general ; 

5  Secretaires  -  particuliers  ( ce  sont  les  secretaires  des 
classes) ; 

(1)  Sur  la  (ioinande  de  MM.  les  docteurs  en  medecine  qui  ont  pris 
part  a  la  discussion  du  reglcment,  I'art  vdt^rinaire  a  i\6  r^uni  a  la  cin- 
quicme  section. 


10 

1  Arcliiviste-general ; 

I  Tresorier-general ; 

Total,  15  membres  titulaires  dont  5  seulemenl  elus  direc- 
tement ; 

Enfin  1  Secretaire-bibliothecaire-caissier  recevant  un  trai- 
tement. 

Chaque  mois  les  differentes  classes  auraient  une  seance  et 
la  Societe  une  seance  generale,  celle-ci  fi  la  fin  du  mois. 

II  y  aurait  chaque  annee  une  seance  generale  de  rentree. 
Certaines  classes  auraient  des  membres  adjoints  qui  ne 

prendraient  pas  part  aux  seances  generales. 

Les  membres  titulaires  de  la  Societe  residant  dans  les  cliefs- 
lieux  d'arrondissement  du  departement,  pourront  se  consti- 
tuer  en  sections  locales,  prenant  le  nom  de  I'arrondissement 
et  embrassant  les  memes  sujets  d'etude  que  la  Societe-mere; 
ces  sections  pourraient  tenir  des  seances  parliculieres  et  le 
resultat  de  leurs  travaux  prendre  place  dans  les  publications 
de  la  Societe  academique. 

La  retribution  pour  les  titulaires  serait  provisoirement  fixee 
a  10  fr.  et  a  moitie  de  cette  somme  pour  les  adjoints. 

La  Societe  aurait  des  correspondants,  lesquels  en  payant  la 
demi-cotisation  auraient  droit  aux  publications. 

Un  salon  serait  ouvert  pour  les  membres  desireux  de  lire 
les  publications  periodiques  adressees  a  la  Societe  et  de 
consulter  sa  bibliothcque. 

En  cas  d'adhesion  en  corps  de  I'une  des  Societes  existantes, 
elle  se  confondrait  dans  la  Sociele  academique  avec  I'apport 
sans  distinction  de  son  personnel  en  membres  titulaires, 
adjoints  et  correspondants,  son  mobilier,  son  actil'  et  son 
passif. 

Telles  doivent  elre,  croyons-nous,  les  bases  fonda- 
inentales  de  la  nouvelle  association:  nous  avons  ose 


it 

esperer,  Monsieur,  que  vous  pourrlez  y  donner  vofre 
approbation  el  alors  nous  vous  prierions  de  nous  laire 
parvenir  par  ecril  ou  de  vivc  voix  voire  adhesion. 

Nous  adressons  cette  circulaire:  1"  a  Ions  les  mem- 
bres  des  Societes  existantes;  2°  a  t.outes  les  personnes 
elrangeres  a  ces  Socieles  que  nous  avons  pu  supposer 
disposees  a  se  reunir  h  nous. 

Nous  devons  dire  qu'avant  d'agir,  nous  avons  cru 
devoir  nous  assurer  des  sympathies  que  cette  ceuvre 
tout  angevine  pouvait  rencontrer  dans  les  hautes  re- 
gions ou  notre  Sociele  tient  a  honneur  de  demander 
ses  presidents  honoraires,  et  qu'aussitot  sa  constitu- 
tion, il  sera  fait  les  demarches  necessaires  pour  qu'elle 
soil  reconnue  comme  etablissement  d'utilite  publique. 

Nous  ajouterons,  avant  de  clore  cet  expose,  que 
nous  ne  nous  considererons  comme  autorises  a  agir 
que  lorsque  nous  aurons  reuni  plus  de  60  adhesions, 
et  que,  ce  chiffre  alteint,  nous  nous  empresserons  de 
convoquer  les  adherents,  afin  de  proceder  a  la  redac- 
tion du  statut  definilif,  et  d'adresser  ensuile  une  invi- 
tation specials  aux  Societes  anciennes  pour  ks  inviter 
a  se  joindre  a  nous. 

Veuillez,  Monsieur,  agreer  etc. 

Ont  donne  leur  adhesion  a  ki  presente  circulaire  apres  lec- 
ture : 

MM.  Adville,  bibliothecaire  en  chef  de  la  ville. 

Beraud  *,  conseiller  a  la  Cour  imperiale,  secretaire- 
general  de  la  Sociele  imperiale  d'agricullure  d' Angers. 

Bigot  *,  docteur-medecin,  professeur  de  i'Ecole  de  me- 
decine  d'Angers,  etc. 


12 

MM-  BoREAU ,  directeur  du  Jardin  botanique  d' Angers  et  du 
Musee  d'histoire  nalurelle,  professeur  de  I'Ecole  d'en- 
seignement  superieur. 

Blavier  *,  ingenieur  des  mines. 

Dauban,  directeur  des  Musees  de  peinture  et  sculpture, 
professeur  de  I'Ecole  municipale  des  beaux-arts  et  de 
TEcole  d'enseignement  superieur. 

Daviers,  docteur-medecin,  professeur  de  I'Ecole  de  me- 
decine  d'Angers. 

GiDEL,  professeur  de  rhelorique  au  Lycoe,  et  des  belles- 
lettres  a  I'Ecole  superieure. 

MouRiN ,  professeur  d'histoire  au  Lycee  et  a  I'Ecale  su- 
perieure. 

Port,  eleve  de  I'Ecole  des  chartes  et  archiviste  de  la 
Prefecture. 

Planchenault  ^,  president  du  tribunal  de  1"  instance, 
ancien  president  de  laSociete  imperiale  d'agriculture, 
membre  du  conseil  municipal,  etc. 

PoiTOU,  conseiller  a  la  Cour  imperiale  d'Angers. 

Thouvenel,  president  de  la  Societe  grammaticale  et  lit- 
teraire. 

VoisiN  ^,  receveur-general  des  finances. 

P.  S.  Ci-joint  est  un  modele  qu'il  suflira  de  signer  et  d'a- 
dresser  franco  a  M.  Beraud,  conseiller,  rue  Saint-Gilles,  a 
Angers,  charge  par  les  fondateurs  de  recevoir  les  adhesions. 

Des  que  la  Societe  sera  constituee,  une  invitation  sera 
adressee  a  chacune  des  Societes  existantes  et  un  delai  fixe 
pour  attendre  qu'il  y  soit  repondu,  a  I'expiration  duquel  il 
sera  procedo  a  1' election  des  membres  du  bureau  general  et 
des  bureaux  particuliers. 


REGLEMENT 


DE 


LA  SOCIETY  ACADMQUE  DE  MAINE  ET  LOIRE 

(adopte  en  assemblee  generale  le  28  Janvier  18S7). 


Art.  1«\  La  Society  Academique,  dont  les  assemblees  se 
tiennent  a  Angers,  est  etablie  pour  le  departement  de  Maine 
et  Loire. 

Art.  2.  Elle  se  compose  de  membres  titulaires,  de  corres- 
pondants  residant  hors  du  departement,  et  de  membres  ho- 
noraires.  Le  nombre  des  membres  bonoraires  ne  pourra 
depasser  la  moitie  du  nombre  des  titulaires.  Celui  des  autres 
membres  est  illimite. 

Art.  3.  La  Societe  Academique  embrasse  I'universalite  des 
connaissances  humaines,  en  s'abstenant  toulefois  des  consi- 
derations politiques  et  religieuses. 

Art.  4.  Elle  se  divise  en  cinq  sections,  ou  classes  perma- 
nentes,  ayant  cbacune  un  bureau  particulier. 

1"  Agriculture,  comprenant  la  zootechnie,  Thorticullure  et 
ses  divisions.  —  L'borticullure  pourra  former  un  Cornice  par- 
ticulier. 

2"  Sciences  physiques  et  naturelles. 

3"  Industrie,  ou  technologie,  commerce  et  statistique. 

4"  Belles-lettres,  beaux-arts,  sciences  bistoriques,  archio- 
loeie  et  geographie. 


u 

5°  Medecine,  pharmacie,  hygiene  publique,  art  v^terinaire. 

Chaque  section  elit  un  bureau,  compose  d'un  President,  uii 
Vice-President,  un  Secretaire  et  un  vice-Secretaire. 

Art.  5.  Le  bureau  de  la  Soci(5te  Academique  est  compose 
com  me  suit : 

Des  Presidents  honoraires. 

Un  President  titulaire. 

Un  Directeur-administraleur,  pouvant  presider  la  Sociele 
en  I'absence  du  President. 

Un  Secretaire  general. 

Un  Archiviste. 

Un  Tresorier. 

L'un  des  cinq  Presidents  des  sections,  remplit  les  fonclions 
de  vice-President  dans  les  seances  generales. 

L'un  des  cinq  Secretaires  des  sections,  remplit  les  fonc- 
lions de  vice-Secretaire  dans  les  seances  generales. 

Enfin,  il  y  a  un  Secretaire-bibliothecaire-caissier,  recevant 
uii  traitement,  et  qui  n'est  pas  soumis  a  I'election. 

Art.  G.  Les  fonctions  du  President  general  de  la  Societe, 
consistent  a  regler  et  a  mainlenir  I'ordre  dans  les  seances,  et 
a  communiquer  a  la  Societe  le  resultat  de  ses  relations  avec 
les  correspondants  et  les  divers  corps  savants. 

Art.  7.  Le  Directeur-administrateur  est  plus  specialement 
charge  d'entretenir  et  de  stimuler  ces  relations,  en  meme 
temps  que  de  tout  ce  qui  concerne  I'administration  generate 
et  des  interets  materiels  de  la  Societe. 

Art.  8.  Les  membres  du  bureau  se  constituent,  toutes  les 
fois  que  cela  est  necessaire,  en  conseil  d'administration,  ou 
en  comite  de  redaction,  qui  regie  I'ordre  et  le  clioix  a  faire 
pour  les  publications  de  la  Societe  (1). 

(1)  II  eiitrait  dans  Fesprit  tie  la  commission  de  redaction  du  Regle- 
raent,  ainsi  que  cela  ressort  des  termes  de  la  circulaire,  que  les  bureaux 
des  sections  se  joignissent  au  bureau  de  la  Soci^tiJ  pour  cnnstiluer  le 


t5 

Art.  9.  Le  conseil  d'administratioii  represenle  la  Sociele, 
lorsqu'elle  n'est  pas  ivunie  en  asseniblce  gcnerale ;  il  demeure 
charge  de  tous  les  details  de  la  geslioa,  de  la  correspoiidance, 
des  convocations  et  de  la  presentation  des  comptes.  Chacune 
de  ses  atlribulions  est  r^parlie  entre  les  membres  qui  le 
composent,  d'apres  la  designation  speciale  de  leurs  fonctions. 

Art.  40.  Les  paiements  a  faire  par  le  Tresorier ,  sonl  or- 
donnances  par  le  President  ou  par  le  Direcleur-administrateur. 

Art.  11.  Tous  les  membres  du  bureau  sont  nomnies  pour 
un  an,  au  scrutin  secret  et  par  bulletins  individuels,  a  la  plu- 
ralite  relative.  lis  sont  reeligibles,  a  I'exception  du  President, 
qui  ne  peut  etre  elu  deux  annees  de  suite. 

Art.  12.  Certaines  sections  de  la  Societe  pourront  avoir 
des  membres  adjoinls  qui  ne  paient  que  la  moitie  de  la  coti- 
salion,  mais  ne  peuvent  prendre  part  aux  seances  generales. 
La  section  des  sciences  physiques  et  naturelles  admettra  des 
adjoinls-coUecleurs,  qui  ne  seronl  souniis  a  aucune  cotisalioii. 

Art.  13.  Chaque  annee,  apres  le  renouvellement  du  bureau, 
les  membres  qui  voudronl  cooperer  plus  etroitement  aux  Ira- 
vaux  d'une  ou  de  plusieurs  sections,  se  feront  inscrire  au 
Secretariat,  comme  litulaires  desdiles  sections. 

Art.  14.  Les  membres  tilulaires  d'une  section  et  ses  mem- 
bres adjoints  prendront  seuls  part  a  I'election  du  bureau  de  la 
section,  et  y  pourront  lire  des  travaux  et  voter.  Les  membres 
du  bureau  general,  qui  seraient  presents,  auront  la  faculle  de 
prendre  part  aux  discussions,  mais  les  autres  membres  de  la 
Societe  n'y  pourront  assister  qu'en  qualite  d'audileurs. 

Art.  15.  La  section  des  sciences  medicales  n'aura  pour 
litulaires  que  ceux  des  membres  de  la  Sociele  ayant  le  titre 
de  docleur-medecin,  oflicier  de  sanlc,  pliarmacien,  veteri- 

conseil  d'adminislration  et  If  coniitt!  de  rt'daclion  C'est  par  oubh  que 
Tartii'le  8  ne  le  inentionne  pas  pxphciteinenl  (  Note  ile  la  (•(utiiiiissioii, 
Adv    Ber.  Hor   Tliiniv    . 


16 

naire,  et  des  autres  membres  qu'elle  jugera  convenable  d'ap- 
peler  dans  son  sein.  Elle  seule  ddcidera  la  question  de  I'ad- 
mission  a  ses  seances,  soil  absolue,  soil  conditionnelle  des 
autres  membres  de  la  Societe  en  quality  d'auditeurs. 

Art.  16.  Les  membres  titulaires,  residant  dans  les  chefs-^ 
lieux  d'arrondissements  du  departement,  pourront  se  consti- 
luer  en  sections  locales,  prenant  le  nom  de  I'arrondissement 
et  embrassant  les  memes  sujets  que  la  Societe-mere.  Ces 
sections  pourront  tenir  des  seances  particulieres,  et  le  resultat 
de  leurs  travaux  sera  adresse  a  la  Societe  academique  qui 
pourra  les  inserer  dans  ses  publications. 

Art.  n.  Tout  candidal  au  titre  de  membre  titulaire  devra 
etre  presente,  par  deux  membres  residants  de  la  Society,  au 
conseil  d'administration  qui  statuera  sur  son  admission  et  la 
soumettra  au  vote  de  la  Societe  en  seance  generale. 

Art.  18.  Chaque  membre  entrant  souscrit  pour  une  cotisa- 
lion  annuelle  de  dix  francs.  Cette  somme  est  due  pour  I'annee 
couranle,  a  partir  du  1"  Janvier,  quelle  que  soit  la  date  de 
I'admission,  ou  celle  de  la  demission  qui  pourrait  etre  donnee. 
Art.  19.  Un  droit  de  diplome  de  dix  francs  pourra  etre 
exige  de  tous  les  membres  titulaires  qui  seront  admis  a  partir 
de  I'annee  1858. 

Art.  20.  Tout  droit  quelconque  aux  collections  ou  au  mo- 
bilier  de  la  Societe,  cesse  immediatement  soit  par  la  demis- 
sion, soit  par  le  deces  d'un  membre,  sans  que  ses  heritiers 
puissent  exercer  aucune  revendication  contre  la  Societe. 

Art.  21 .  La  Societe  aura  chaque  mois  une  seance  generale  : 
elle  pourra  en  outre  6tre  convoquee  extraordinairement  par 
le  conseil  d'administration,  quand  il  le  jugera  necessaire.  Elle 
pourra  avoir  une  seance  publique  chaque  annee. 

Art.  22.  Les  diverses  sections  auront  une  seance  chaque 

mois,  et  pourront  aussi  etre  convoquees  extraordinairement. 

Art.  23.  La  Societe  ne  pent  voter  en  seance  generale  une 


17 

(lepense  au-dessus  de  cent  francs,  si  la  lettre  de  convocation 
n'en  a  pas  fait  mention. 

Art.  24.  Toute  proposition  presentee  k  la  Societe,  ne  pent 
I'elreque  par  ecrit  et  conforinenienta  I'ordre  prescrit  ci-apres 
pour  les  lectures. 

Art.  25.  Tout  membre  qui  se  proposera  de  lire  un  travail, 
soil  a  la  seance  generale  ou  publique,  soit  devant  I'une  des 
sections,  devra  se  faire  inscrire  au  Secretariat,  au  moins  cinq 
jours  auparavant. 

Art.  26.  Apres  chaque  lecture  faite  en  seance  generale,  le 
Bureau  proposera  au  vote  de  I'assemblee,  soit  le  depot  aux 
archives,  soit  le  renvoi  au  comile  de  redaction.  11  pourra 
aussi  demander  le  renvoi  a  Texamen  d'une  section,  et  dans 
ce  cas,  la  section  devra  faire  son  rapport  a  la  seance  suivante, 
et  Tasseinblee  votera  de  suite  sur  les  conclusions  de  ce  rap- 
port. 

Art.  27.  Les  sections  pourront  dans  leurs  seances  particu- 
lieres  elaborer  des  travaux  ou  entendre  des  lectures,  dont  elles 
voleront,  soit  le  depot  aux  archives,  soit  le  renvoi  a  la  pro- 
chaine  seance  generale,  oii  il  sera  statue  par  russemblee  sur 
leur  destination. 

Art.  28.  Les  archives  de  chaque  section  recevront  un  clas- 
sement  particulier ,  mais  ne  seront  pas  separees  de  celles  de 
la  Societe.  Les  ouvrages  imprinies  qui  leur  seront  adresses 
seront  deposes  dans  la  bibliothefiue  generale.  Les  livres  de 
cetle  bihiiolheque  seront  mis  a  la  disposition  des  membres 
(|ui  voudront  les  consulter,  par  les  soins  du  bibliothecaire, 
mais  ilsne  pourront  pas  tHre  emportes  au  dehors. 

Art.  29.  Les  travaux  de  la  Societe  seront  publies  sous  le 
titre  de  :  Memoires  de  la  Socii'l^  academique  de  Maine  et 
Loire;  ils  lormeront  chaque  annee  un  ou  |»lusieurs  volumes, 
selon  I'abondance  des  sujets. 

Art.  30.  Tout  membre  titulaire  ayant  satisfail  aux  pres- 

2 


18 

criplions  de  I'arlicle  18,  ref-oit  gratuilemenl  les  publications 
edil6es  par  la  Sociele. 

Art.  31.  Les  membres  correspondanls  qui  desireraient  re- 
cevoirces  publications,  paieront  la  moitie  de  la  colisation.  Le 
conseil  d'adminislralion  pourra  neanmoins  les  adresser  sans 
retribution  aux  niembres  honoraires  et  correspondants  qui 
conimuniqueront  a  la  Societe  des  travaux  inedits  ou  imprirnes 
d'une  importance  reconnue,  ou  qui  lui  auronl  rendu  des  ser- 
vices. 

Le  present  reglement  a  ete  adopte  a  I'unanimite  par  la 
commission  d'organisation  de  la  Societe  academique  de  Maine 
et  Loire,  le  22  Janvier  1857. 

Adville,  Beraud,  Boreau,  Port,  Thouvenel. 

La  Societe  academique  ayant  rouni  80  adhesions,  s'est 
constiluee  dans  sa  seance  de  ce  jour,  et  a  adopte  ;i  Tunani- 
mite  le  present  reglement. 

Angers,  28  Janvier  1857. 

Les  membres  de  la  Commission  d 'organisation , 
Adville  ,  Beraud  ,  Boreal'  ,  Port  ,  Thouvenel. 

Le  Maire  d'Angers,  olTicier  de  la  Legion-d'Honneur,  depute 
au  Corps  Legislatif, 

Donne  sa  pleine  et  entiere  adhesion  a  la  fusion  de  toutes 
les  Societes  savantes  de  la  ville  en  une  seule,  sous  le  litre  de 
Societe  academique  de  Maine  et  Loire. 

II  donne  son  approbation  complete  au  present  projet  de 
reglement. 

A  I'Hotel  de  la  ville  d'Anf/ers,  kZI  Janvier  1857. 

Er.  Duboys,  maire. 

Par  decision  du  G  fevrier  1857,  le  present  reglement  a  ete 
approuve  par  M.  le  Prefet  de  Maine  et  Loire. 


COMPTE- RENDU 


des  sdances  des  9  fdvricr  et  %l    mars   INSf. 


Le  lundi  9  fevrier  1857,  la  Sociele  Academiquc  s'esl 
reunie  pour  entendre  la  lecture  fles  lettrcs  dpslinees 
aux  Societes  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts,  Indus- 
trielle,  deMedecine,  Linneenne,  Grammalicale  el  Lille- 
raire  d' Angers,  alin  d'inviter  ces  corps  savants  a  vcnir 
se  reunir  a  la  Sociele  Academique.  La  redaction  de  ces 
leltres  est  approuvee  par  la  Sociele  qui  decide  qu'elle 
ne  se  conslitueradefinitivementqu'au  mois  demars,  afm 
de  laisser  le  temps  aux  Societes  convoquees,  de  deli- 
berer  sur  cet  important  sujel,  et  de  les  meltre  a  meme 
en  cas  d'adhesion,  de  prendre  part  aux  elections  des 
bureaux.  La  Sociele  aulorise,  en  outre,  la  commission 
d'organisation  a  accepter,  en  son  nom,  les  adhesions 
qui  pourraient  etre  donnees  par  les  diverses  Socieles, 
avec  les  clauses  el  reserves  que  celles-ci  pouriaienl 
presenter,  en  tanl  que  ces  clauses  el  reserves  ne  se- 
raient  pas  en  opposition  avec  le  reglemenl  de  la  So- 
ciele Academique,  lei  qu'il  vient  d'etre  approuve  par 
Tautorile. 

Le  21  mars  1857,  la  Sociele  Academique  s'est  reunie 
dans  une  des  salles  de  la  Preleclure.  Horn  mage  est  tail 


20 

i  la  Societe,  de  la  part  de  M.  Alfred  Riche,  docleur 
es-sciences  de  la  Faculte  de  Paris,  d'une  dissertation 
qui  a  pour  titre  :  Recherches  sur  le  timgslene  el  ses  com- 
poses. La  Societe  vote  des  remercimenls  a  M.  Riche,  et 
sur  la  proposition  d'un  membre  qui  rappelle  la  haute 
importance  scienlifique  de  ce  travail,  elle  decerne  k 
I'auteur  le  litre  de  membre  correspondant. 

M.  Beraud,  en  sa  qualite  de  president  de  la  commis- 
sion d'organisation,  lit  un  expose  de  la  situation,  dans 
lequel  il  rend  compte  des  demarches  tentees  aupres  des 
autres  corps  savants,  pour  arriver  a  une  fusion ;  il  fait 
connaitre  les  reponses  qu'il  a  regues  de  trois  de  ces 
corps,  et  proclame  la  reunion  accomplie  par  la  Societe 
Grammalicale  etLitteraire,  qui,  la  premiere,  avec  le  plus 
honorable  empressement,  a  voulu  s'associer  a  la  grande 
pensee  qui  a  donne  naissance  a  la  Societe  Academique. 
La  Societe,  apres  avoir  ecoute  cette  lecture  avec  une 
religieuse  attention  et  avec  les  marques  les  plus  pro- 
noncees  d'interet  et  de  sympathie,  s'empresse  de  voter 
I'impression  de  cet  important  document,  sur  la  propo- 
sition qui  en  est  faite  par  I'un  de  ses  membres. 

On  procede  a  la  nomination  des  membres  du  bureau 
general  qui  a  lieu  par  bulletins  individuels.  II  est  en- 
suite  donne  lecture  des  listes  des  membres  appeles  a 
composer  les  diverses  sections  ,  puis  Ton  procede 
successivement  a  I'election  des  bureaux  de  chacune  de 
ces  sections.  Malgre  le  grand  nombre  de  votans,  ces 
diverses  nominations  ont  eu  lieu  a  une  majorite  tres 
considerable,  qui  lemoigne  hautemenl  de  I'esprit  de 
bonne  entente  et  de  conciliation  qui  unit  lous  les 
membres  de  la  Societe  Academique. 


SEANCE  UU  il  MARS  1857, 


presidee  par  M.  le  conseilier  Beraud,  president  dt;  la  commissiou 
d'oraanisatiou. 


KXPOSE  PAR  M.  BKRAUD, 


AU  NOM  DE  LADITE  COMMISSION. 


Messieurs , 

Au  moment  ou  votre  commission  d'orgaiiisation  vient 
deposer  ses  pouvoirs,  elle  croit  devoir  vous  rendre 
compte  do  qu'elle  a  fait  pour  executer  le  mandat  de 
haute  confiance  dont  vous  aviez  bien  vouhi  I'inveslir. 

A  votre  reunion  precedente,  nous  avions  en  efi'et  ete 
charges  par  vous  de  represcnior  la  Societe  academique 
pour  traiter  vis-a-vis  des  aulres  Societes  la  question 
de  leur  fusion  generale  ou  partielle. 

A  cette  occasion,  nous  eumes  I'honneur  de  vous  sou- 
meltre  les  lettres  destinees  a  chacunc  d'elles,  et  vous 
en  approuvatcs  sans  restriction  les  termes  et  I'esprit. 

Elles  avaient  ete  redigees  dans  le  but  surtout  de 


i'aire  scntir  que  vous  vous  eliez  efTorces  de  concilier 
aulanl  que  possible  avec  une  I'orme  nouvellc,  d'an- 
ciennes  habitudes  et  d'anciennes  afl'ections  dans  les 
choses  et  les  personnes,  et  de  sauvegarder  loules  les 
institutions  accessoires  dont  I'experience  avait  consacre 
I'utilite. 

De  ce  nombre  etaient,  pour  la  Societe  d'agriculture: 
la  commission  archeologique,  b;  cornice  borlicole,  le 
jardin  fruitier,  le  cours  de  taille,  etc. 

Pour  la  Societe  industrielle:  certains  comices  can- 
lonaux,  les  expositions  industrielles,  les  concours  d'a- 
nimaux,  etc. 

On  s'etait  d'ailleurs  cfforce  dans  ces  lettres  de  deve- 
lopper  celte  pensee,  que  tout  ce  qui  se  faisait  separe- 
ment  de  bon  et  d'ulile,  pourrait  s'operer  apres  la  fu- 
sion comme  par  le  passe,  et  dans  des  conditions  plus 
favorables  encore  a  raison  de  la  puissance  en  quelque 
sorte  irresistible,  qu'acquerraienl  par  leur  concours 
siniultane,  les  forces  intellectuelles  maintenant  disse- 
minees. 

Du  resle,  Messieurs,  comme  I'esprit  de  conciliation 
doit  avoir  ses  limites,  meme  dans  une  ceuvre  d'edifi- 
cation,  vous  nous  aviez  sagement  trace  celles  qu'il  ne 
nous  elait  pas  permis  d'outrepasser.  C'etait  le  respect 
el  par  consequent  I'acceptation  actuellc  du  regleinent, 
loi  fondamentale  de  votre  institution,  dans  lequel  vous 
aviez  la  conviction  d'avoir  resume  toutes  les  conditions 
de  votre  existence  et  celles  qui  pouvaient  donner  a 
votre  action  pour  le  bien,  I'expansion  la  plus  facile,  la 
plus  large  et  la  plus  efTicace. 

Les  dispositions  de  voire  reglement,  n'avaient  d'ail- 


leurs  rien  fl'insolile.  En  pareillc  rnatiere,  c'eul  ele  iin 
lort  que  de  vouloir  innover:  on  einprunto  el  on  coor- 
donne.  Voire  reglement  ne  devait  etre,  et  n'est  en  rea- 
lile,  qn'une  sorle  de  condensation  de  tout  ce  que 
rex|)erience  des  veterans  des  Socieles  savantes,  leur 
avail  demontre  comme  utile  et  pratique  dans  les  re- 
glements  des  Societcs  d'agriculture  et  induslrielled'An- 
gers,  el  dans  celui  de  la  Societe  academique  de  la 
Loire-Inferieure,  nee  elle-meme  d'une  fusion  analogue 
de  toutes  les  Socieles  nantaises. 

Aussi,  Messieurs,  devons-nous  le  dire,  il  n'a  ele  I'ob- 
jet  d'aucune  critique  qui  se  soil  netlement  Ibrmulee. 
II  n'est  qu'un  seul  point  sur  lequel  il  a  ele  fail  une  ob- 
servation que  je  crois  devoir  reproduire. 

Elle  concernait  les  assemblees  generales  que  de 
mennieUes  on  eut  voulu  voir  trimeslrklles. 

Mais  en  cela,  nous  avons  du  d'abord  faire  remar- 
quer  que  le  reglement  ne  fail  que  rappeler  ce  qui  se 
pratique  dans  les  deux  seules  Socieles  d'Angers  qui 
aient  des  sections,  et  que  plus  les  sections  possedeni 
un  personnel  nombreux  et  sont  organisees  de  maniere 
a  pouvoir  vivre  isolemenl,  comme  le  seront  les  volres, 
plus  il  devien,t  indispensable,  par  des  seances  gene- 
rales  qui  resument  el  relient  leurs  travaux,  de  main- 
lenir  I'unile,  la  cohesion  sociale. 

A  quoi  nous  ajoulerons:  1o  Que  comme  c'est  la  So- 
ciete entiere  devant  laquelle  doivent  etre  portces  les 
demandcs  adressees  par  les  administrations  supcrieures 
ou  locales,  il  importe  beaucoup  pour  une  plus  prompte 
expedition  des  affaires  que  cbaque  mois  la  Societe-Mere 
se  retrouve  a  son  posle ; 


24 

2"  Que  I'impression  ne  pouvanl  elre  votee  que  par 
la  Sociele-mere,  des  seances  Irimestrielles  occasion- 
neraienlde  trop  longs  elregrettablesdelais,pour  la  pu- 
blication des  memoires ; 

30  Enfin,  que  si  le  President,  qui  n'est  nomme  que 
pour  un  an,  n'apparaissait  ainsi  annuellemenl  que 
quatre  fois  dans  I'exercice  de  ses  fonctions,  elles  devien- 
draienlpurement  nominales  et  s'nnnihileraientau  profit 
de  celles  du  directeur  qui  fonctionnerait  seul  pen- 
dant ces  interregnes ,  ce  que  vous  n'avez  pu  vouloir. 

Au  surplus.  Messieurs,  I'admission  en  principe  de 
I'acceptation  actuelle  du  reglement,  comme  condition 
de  I'adhesion,  etait  justifiee  par  la  nature  meme  des 
negociations  a  suivre.  Comment  eut-il  ete  possible 
d'admettre  sa  discussion  successive  vis-a-vis  des  autres 
Societes?  Est-ce  que  la  condition  poseepar  I'une,  n'eut 
pas  pu  devenir  le  sujet  d'une  exigence  opposee  de  la 
part  de  celle  qui  lui  eut  succede,  de  telle  sorte  que 
chaque  accession  nouvelle,  remettant  en  question  la 
convention  de  la  veille,  vous  vous  fussiez  ainsi  con- 
damnes  a  traverser  un  provisoire  mobile  et  incertain 
jusqu'au  moment  ou  la  fusion  lotale  eut  ete  consommee. 

Quant  a  la  possibilite,  a  I'opportunite  d'une  revision 
ulterieure  a  un  moment  donne,  elle  devait  etre  et  etait 
en  effet  comprise  et  admise  de  tous  les  bons  esprils, 
et  de  votre  commision  comme  de  vous-memes.  Aussi, 
M.  le  Prefet,  tout  en  approuvant  vos  staluts,  avec  la 
prevoyance  pleine  de  prudence  sagace  et  d'equile  pra- 
tique' qui  caracterise  tous  les  actes  de  son  administra- 
tion, avait-il  prevu  et  indique  lui-meme  I'eventualile 
d'une  revision,  pour  le  cas  oil  loutes  les  Societes  exis- 


25 

tantes  viendraient  a  sc  fusionner;  disposition  cininem- 
ment  et  doublernent  ralionnelle,  puisqu'a  ce  momcnl 
seulement  le  remaniement  peut  acquerir  un  caractere 
definitif,  ct  que  rinlervenlion  alors  considerable  d'ele- 
raenls  nouveaux,  peut  former  une  majorite  egalemenl 
nouvelle  pour  I'appreciation  des  prescriptions  regle- 
mentaires. 

Je  crois  devoir,  Messieurs,  vous  donner  lecture  de  ce 
document  important,  d'autant  qu'il  a  ete  diversemenl 
inlerprete  au-dehors.  (Lecture  est  donnee  de  la  lettre 
de  M.  le  Prefet.) 

II  resulte  de  cet  expose,  Messieurs,  qu'une  ligne  de 
conduite  nous  etait  tracec,  et  que  nous  avons  dii  la 
suivre  sans  nous  en  ecarte.r. 

Nous  aliens  voir  bientoi  quels  resultats  nous  avons 
pu  ainsi  atteindre ;  mais  nous  ne  pouvons  auparavant 
passer  sous  silence  certaines  objections  qui  nous  ont 
ete  failes  et  qui  touchent  je  dirais  presque  au  cote 
moral  de  I'affaire. 

On  a  en  divers  lieux  formule  ainsi  une  sorte  de 
reproche  et  de  fm  de  non  recevoir  qu'on  ne  craignail 
pas  de  vous  opposer.  Quelles  que  puissent  etre,  disait- 
on,  les  esperances  d'avenir  que  presente  la  composi- 
tion de  son  nombreux  |)ersonnel,  la  Socicte  acade- 
mique,  ne  faisant  neanmoius  comme  etre  moral  et 
collectif  que  de  naitre  a  la  vie,  et  n'ayant  pas  de  position 
deja  faite  et  justifiee  par  des  travaux  qui  lui  soient 
propres,  on  a  lieu,  au  moins,  de  s'etonner  de  la  voir 
se  poser  avec  la  pretention  d'absorber  en  elle  des  So- 
cietes  qui  ont  une  existence  consacree  par  de  longs  et 
d'uliles  travaux,  et  il  peut  paraitre  quelque  pen  outre- 


26 

cuidant  el  superbe  de  sa  part,  de  lui  voir  imposer  a  ces 
autres  Socieles  un  delai  pour  la  reponse  qu'elle  en 
sollicile. 

Mais  a  cela,  Messieurs,  nous  avons  du  repondre  que 
le  projel  de  fusion  n'avail  Hen  de  nouveau;  qu'il  avail 
a  plusieurs  epoques  preoccupe  los  bons  esprils  dans 
nos  administrations  locales,  comme  dans  les  Societes 
elles-memes ;  que  des  1836  el  1837,  il  avail  ele  agile 
el  meme  impose  a  ces  Societes  au  sein  du  Conseil  Mu- 
nicipal, ado|)te  alors  par  la  Societe  industrielle,  et 
presenle  par  elle  a  la  Societe  d'agricullure,  qui  ne  I'a- 
vail  refuse  que  parce  que  plus  de  la  moitie  de  ses 
membres  ne  lenaient  alors  leurs  droits  poliliques  que 
du  litre  dont  on  la  sollicitail  de  se  depouiller;  que 
c'est  par  suite  de  Tirapossibilile  constatee  par  d'autres 
lentatives  plus  recenles,  d'operer  une  fusion  dirccte  des 
Socieles  cntre  elles,  que  vous,  hommes  de  progresdans 
les  bonnes  choses,  et  de  la  plus  large  conciliation  dans 
les  personnes,  vous  vous  etiez  reunis  dans  I'espoir  que 
cette  fusion  si  desiree  s'opererail  plus  I'acilemenl  sur 
un  terrain  neulre  et  en  convianl  les  Socieles  anciennes 
a  s'unir  sous  un  nom  commun,  et  de  maniere  que  la 
Societe  qu'il  designerait,  ne  put  etre  consideree  comme 
la  conlinualion  d'aucune  des  anciennes  par  preference 
aux  autres ; 

Que  c'esl  dans  cet  esprit  que  la  Societe  academique 
s'elail  conslituee,  et  qu'elle  avail  lenu  en  meme  temps 
a  ne  pas  s'organiser  par  la  nomination  de  ses  divers 
bureaux,  par  la  formation  de  ses  sections  el  par  I'inau- 
guralion  de  ses  Iravaux  scienlifiques,  avanl  d'avoir  mis 
les  autres  Socieles  en  demeure ,  ou  si  ce  mot  a  pu, 


27 

dit-on,  choquer  ijuelques-uns,  en  position  de  se  juindrc 
a  elle  pour  cooperer,  el  exaclemenl  au  meine  litre, 
c'est-a-dire,  comme  cofondatricc,  permetlez-uKji  ce  mot, 
a  la  creation  d'une  Socicte  dile  acAulemiqne; 

Que  lui  vouloir  reprocher  de  ne  pas  clre  aulremenl 
conslituee  et  organisee,  et  de  n'avoir  pas  doja  vecu  de 
sa  vie  propre,  c'est  done  vouloir  meconnaitre  I'abne- 
gation  de  grande  convenance  qu'elle  a  mise  a  s'elTacer 
autant  que  possible  pour  laisser  une  plus  large  part 
d'iniliativc  aux  autres  Socieles,  dont  ello  tcnait  a  s'as- 
surer  la  cooperation  des  le  debut  de  I'oeuvre  nou- 
velle ; 

Que  si  elle  a  fixe  un  delai  pour  altendre  les  adhe- 
sions, c'est  qu'elle  ne  pouvait  sans  danger  pro- 
longer  indefiniment  ce  provisoire  qu'elle  avail  bien 
voulii  s'iniposer,  cetle  suspension  de  son  action  vitale  ; 

Que  sans  doute  le  terme  expire,  elle  recevra  avec  le 
meme  empressement  les  adhesions  des  Societes  deve- 
nues  alors  ses  soeurs,  mais  que  celles-ci  doivont  com- 
prendre  que  leur  position  ne  sera  plus  la  meme,  d'a- 
bord  parce  que  leur  accession  tardive  n'aura  plus  le 
meme  caractere  de  spontaneite,  d'abnegalion  et  d'in- 
depcndance ;  en  second  lieu,  parce  qu'elies  ne  pour- 
raient  plus  alors  se  poser  comme  Ibndalrices  ct  sans 
distinction  entr'elles  de  premiere,  ni  de  derniere,  de 
la  Societe  academique,  mais  qu'elies  viendraienl  alors, 
ofTrir  le  sacrifice  de  leur  ancienne  individualite  a  une 
Societe  ayant  deja  une  existence  dislincte ,  et  ainsi 
s'absorbor  en  elle. 

Telles  sonl  les  considerations  par  lesquelles.  Mes- 
sieurs,  nous  avons  cru   devoir,   vis-a-vis    de  diverscs 


28 

personnes  et  en  divers  lieux  que  je  crois  convenable  de 
ne  pas  autrement  preciser,  justifier  la  ligne  de  con- 
duile  que  vous  vous  etiez  tracee  de  vous-meraes  vis-a- 
vis des  autres  Societes. 

Voyons  mainlenant  comment  vos  ouvertures  ont  ete 
reQues. 

La  Societe  grammaticale  et  liUeraire  a  repondu  la 
premiere  par  une  deliberation  dont  la  mesure  par- 
laite,  la  reserve  pleine  de  convenance  et  I'esprit  de 
confiance  loute  fralernelle,  ne  pourraient  surprendre 
que  ceux  qui  n'onl  pas  ete  a  meme  d'apprecier  les 
liommes  honorables  qu'elle  a  eus  pour  interpretes. 

Exirait  de  la  let/re  contenant  copie  do  la  deliberation  de  la 
Socidle  gmmmalicale  et  litteraire. 

La  Societe  grain maticale  et  litteraire,  sur  Ic  rapport  de  la  commis- 
sion qu'elle  a  nommee  a  ce  sujet  et  apres  en  avoir  d^libir^  (dans  sa 
seance  dii  5  mars) , 

Consid^rant  qu'll  est  en  effet  de  sens  droit  et  natural  que  Ton  at- 
fende  de  la  fusion  des  Societes,  des  avanlages  beaucoup  plus  grands  et 
plus  61eves  que  ceux  qu'on  retire  d'etforts  tentes  isoleraent  et  sans 
unite  d'action ; 

Considerant  encore  que  pour  arriver  a  une  fusion,  il  faut  necessaire- 
ment  que  chaquc  Societe  fasse  ses  concessions  et  se  place  sous  I'em- 
pire  d'un  droit  cominun,  sauf  a  soumettre  en  temps  opportun  a  la  de- 
cision de  la  majorite,  les  reclamations  qu'elle  croirait  devoir  faire ; 

Donne  sa  complete  adhesion  a  la  Societe  academique,  qui  n'est  pas 
apres  tout  une  Societe  nouvelle,  niais  bien  la  reunion  des  autres, 

Et  declare  par  cette  presente  reponse,  s'associer  an  reglement  adopte 
et  presenle  par  la  Society  academique,  et  entendu  naturellcmont  scion 
I'expose  des  motifs  qui  a  precede  la  promulgation  de  ce  reglement. 

En  outre,  la  Societe  grammaticale  et  litteraire,  informe  la  Societe 
academique,  qu'au  re^u  de  la  reponse  a  la  presente  declaration,  elle 


29 

remettra  aux  mains  de  I'aulorit^,  les  litres  qui  I'ont  constitiiee  l^galc- 
iiient  et  suivanl  lesqucls  c!lc  existc  oncoro  aujouni'liiii. 

La  Societe  grarniiialicale  adresse  a  laSociiHc  acaiieiiiiquu  rexpression 
de  ses  sentiments  de  confratcrnilo  et  de  devoiiement. 

(Stiivent  les  signatures  des  memhres  de  la  cdinniission  el  du  Presi- 
dent de  la  Societe,  Thouvenel). 

Par  suite  de  celte  adhesion  generale  et  des  adhe- 
sions personnelles,  Messieurs  les  membres  de  la  Societe 
grammaticale  et  lilteraire  ont  ete  inscrits  sur  la  liste 
generale  de  la  Societe  acadeinique;  mais  pour  que  la 
dissolution  de  celte  Societe  puisse  s'operer  reguliere- 
ment,  il  est  necessaire  que  dans  la  presenle  seance 
vous  declariez  que  la  fusion  entre  elle  el  la  Societe  aca- 
deinique est  des  ce  moment  consommee. 

Nous  prions  done  ceux  d'entre  vous,  Messieurs,  qui 
acceptent  celte  fusion  muluelle,  de  vouloir  bien  lever 
la  main. 

(Le  vole  a  lieu.  Le  bureau  declare  que  la  fusion  est 
acceptee  et  consommee.) 

Poursuivons  : 

La  Societe  de  medecine,  donl  vous  eles  heureux  de 
compter  deja  parrai  vous  une  parlie  notable  des  mem- 
bres les  plus  dislingues,  a  adople  le  principe  de  la  fu- 
sion el  s'est  montree  desireuse  de  se  reunir  a  nous, 
voyanl  dans  les  conditions  parliculieres  qui  lui  sonl 
menagees  pour  s'organiser,  les  gages  d'une  indepen- 
dance  que  rendent  indispensable  la  nature  de  ses  tra- 
vaux  el  la  composition  de  son  personnel.  Mais  elle  a 
paru  preoccupee  de  celte  pensee  que  de  cette  situation 
excepiionnelle  meme  il  rcsullerail  une  sorle  d'isole- 
ment  rojalif,  qui,  au  cas  oi'i  les   autres  sections  nr'  se- 


30 

raient  pas  organisees  ou  ne  fonclionneraient  pas,  la 
[)lacerail  a  I'etat  d'une  Sociele  rivale,  ou  plutol  paral- 
lele,  accolee  en  quelque  sorle  avec  la  Sociele  acade- 
mique,  et  sans  que  celte  existence  a  deux,  diit  sembler 
avoir  une  suffisanle  raison  d'etre. 

Telle  est  du  moins  I'interpretation  que  nous  a  paru 
comporter  la  lettre  de  I'honorable  president  de  cette 
Societe,  dont  je  vais  vous  donner  lecture. 

Ainsi,  Messieurs,  si  nous  avons  bien  compris  le  motif 
qui  a  engage  la  Societe  de  medecine  a  differer,  nous 
devons  avoir  tout  espoir  de  la  voir  bicnlot  occuper  la 
place  que  vous  lui  avez  reservee  au  milieu  de  vous, 
maintenant  que  grace  au  chiffre  de  vos  societaires  vos 
sections  vont  etre  organisees  sur  une  echelle  assez  grande 
pour  egaler  et  surpasser  meme  en  nombre  cerlaines 
Societes.  Elle  Irouvera  d'ailleurs  dans  vos  seances  ge- 
nerales  I'immense  avantage  de  donner  a  ceux  de  ses 
travaux  qui  en  sont  susceptibles,  une  publicite  de  bon 
aloi,  qui  serait  trop  utile  a  tons  pour  qu'clle  veuille  se 
refuser  ce  moyen  de  se  meltre  en  communication  di- 
recte  et  frequente  avec  I'elite  de  la  cite. 

Nous  avons  rencontre  dans  la  Societe  industrielle  des 
hommes  animes  au  meme  degre  que  nous  tous  de  I'es- 
pril  de  conciliation  et  de  progres;  mais  il  faut  bien  le 
dire,  plus  les  services  que  cette  Societe  a  rendus  a  nos 
contrees  dans  I'industrie  et  Tagricullure  sont  reels  et 
evidents,  plus  les  meilleurs  esprits  ont  pu  se  laisser 
aller  facilement  a  la  crainle  que  ces  services  vins- 
sent  h  perdre  quelque  chose  de  leur  importance  par 
un  changemcnt  de  position.  Peut-etre  aussi  que  quel- 
ques  industriels  ont  du  craindre  que  dans  un  milieu 


34 

nouveau  les  habitudes  conlraclees,  les  relations  eta- 
blies  entre  les  personnes  pussent  avoir  a  souffrir.  lis 
n'onl  peul-etre  pas  compris  assez  que  lorsque  la  So- 
ciete  induslrielle  a  depuis  longlemps  devie  du  principe 
unique  de  sa  fondalion  pourenibrasser  tout  un  ensem- 
ble d'objets  divers,  ils  Irouveraienl  au  contraire  dans 
la  fusion  une  occasion  toute  naturelle  de  pouvoir  for- 
mer, sous  la  forme  de  section  ou  commission,  une  ve- 
ritable Societe,  specialement  induslrielle,  dont  Faeces 
aurait  meme  pu,  comme  votre  commission  d'organisa- 
lion  I'avait  pense,  etre  exclusivement  reserve  aux  theo- 
liciens  et  aux  praticiens  industriels,  et  qui  aurait  eu 
ainsi  pour  eux  une  homogeneite  preferable  certaine- 
raenl  au  pele-mele  des  autres  Societes,  tandis  que  les 
seances  generales  les  eussent  pu  mettre  cbaque  mois 
en  contact  avec  le  reste  de  I'association. 

Celte  position  tout  exceptionnelle  qui  leur  eut  ete 
ainsi  faite,  olfre  des  avanlages  tellement  evidents  pour 
le  travail  et  I'elude,  que  nous  ne  pouvons  douter  que 
mieux  eclaires  sur  les  grands  intcrets  qu'ils  represen- 
tenf,  ils  ne  pourront  nianquer  aun-moment  quelconquc 
de  provoquer  la  Societe  a  laquelle  ils  appartiennent  a 
accueillir  une  fusion  sur  les  bases  que  nous  indiquons. 

Toujours  est-il,  Messieurs,  que  si  la  Societe  indus- 
lrielle nous  a  refuse  son  adhesion  acluelle,  ellc  a  nean- 
moins  declare,  par  deux  voles  successifs  et  a  une  enorme 
rnajorite,  qu'elle  admettail  en  principe  la  reunion  en 
une  seule  de  loules  les  Societes  angevines.  -  II  n'esl 
peut-etre  pas  sans  interet  d'observer  que  nous  comp- 
tons  dcjn  parmi  nous  plus  de  Irente  mcinbres  (]ui  ap- 
partiennent a  celte  Sociele. 


32 

Quant  h  la  Sociele  d'agriculture,  elle  n'a  pas  pris  en- 
core de  decision.  A  la  seance  de  fevrier,  elle  a  renvoye 
a  celle  de  mars  pour  nommer  une  commission ,  la- 
quelle  doit  faire  son  rapport  en  avril.  Se  croira-t-elle 
alors  en  mesure  de  se  prononcer?  Nous  I'ignorons. 

Reste  done,  Messieurs,  la  Societe  linneenne,  a  qui 
nous  avons  du  adresser  la  communicalion  que  vous  lui 
aviez  destinee  et  a  laquelle  elle  n'a  repondu  d'aucune 
maniere.  Nous  ignorons  done  meme  si  cette  Sociele  a 
ete  appelee  a  en  deliberer. 

Ainsi,  Messieurs,  en  resume  :  deux  Societes  n'ont  pas 
donne  encore  de  reponse;  une  troisieme  a  reconnu 
avec  empressement  le  principe  de  fusion,  qu'il  y  a 
vingt  ans  elle  eut  I'lionneur  de  proclamer  la  premiere; 
une  qualrieme  n'a  fail  que  differer  le  moment  de  son 
adhesion ;  une  cinquieme  s'est  immediatement  fusionnee 
avec  vous. 

Les  choses  dussent-elles  rester  indefiniment  dans  cet 
etat,  toujours  est-il  qu'un  resullal considerable  est  dcja 
obtenu,  c'est  que  I'apparilion  de  la  Societe  academique 
n'a  pas  augmente  le  nombre  des  corps  savants  exis- 
tants  et  que  Ton  ne  pent  plus  lui  objecter,  comme  on 
prelendait  le  faire  d'abord,  que  contrairement  a  ses 
idees  de  concentration,  au  lieu  de  reduire  elle  est  venue 
sans  necessite  multiplier  les  etres.  Seulement,  Mes- 
sieurs, il  y  aura  cette  consideration  importante  a  ajou- 
ler,  c'est  qu'en  place  d'une  Societe  speciale,  composee 
de  30  membres,  qui  va  s'eteindre,  vous  vous  trouvez 
avoir  fondc  une  Societe  en  quelque  sorte  encyclope- 
dique ,  oil  toutes  les  forces  vivos  du  pays  ont  des  re- 
presentants  eminenls,  Societe  qui  des  ee  moment  atteint 


33 

le  chiffre  de  122  inembres,  et  parrni  lesquels,  choso 
remarquable,  il  en  est  plus  de  80  apparlenanl  k  la  ma- 
gislrature,  a  I'administration,  au  haul  commerce,  a  la 
grande  propriele,  au  corps  enseignant  dans  tous  ses 
degres  et  dans  toutes  ses  branches,  qui  ne  faisaient 
pas  parlie  des  Societes  anciennes,  el  qui  vont  ainsi  ap- 
porler  aux  etudes  locales  un  contingent  aussi  puissant 
qu'inaltendu  d'honorabilite,  de  bon  vouloir,  de  lu- 
mieres 

Ces  resultats,  Messieurs,  sont  immenses  et  significa- 
tifs,  surtout  si  Ton  considere  que  I'idee  fondatrice  n'a 
eu  pour  auxiliaire  que  la  verite  presentee  a  tous  sans 
passion,  sans  pression  d'aucune  espece  sur  les  volon- 
tes,  puis,  abandonnee  en  quelque  sorte  a  elle-meme 
pour  I'aire  son  cheinin  dans  le  monde  des  idees. 

Cerlcs  c'est  le  plus  magnifique  eloge  que  Ton  puisse 
faire  des  principes  sur  lesquels  repose  la  creation  de 
voire  Societe,  mais  c'est  encore  un  plus  rare  molif 
d'eloge  peut-elre  pour  un  departement,  ou,  en  quel- 
ques  semaines  a  peine,  une  oeuvre  aussi  grandiose  de 
conciliation  et  de  progres  a  pu  trouver,  pour  se  faire 
adopter,  tant  d'hommes  eclaires  el  genereux !  Honneur 
done,  Messieurs,  honneur  a  vous  tous,  qui  eliez  si  di- 
gnes  de  vous  trouver  ici  rassembles  dans  une  memo  el 
noble  pensee ! 

Nous  allons.  Messieurs,  proceder  mainlenanl  a  notre 
organisation  en  suivant  Tordre  du  jour,  mais  nous 
croyons  encore  devoir  repcler  en  voire  nom,  en  lermi- 
nant  eel  expose,  que  bien  que  definilivemenl  conslilues 
vous  n'en  accueiilerez  pas  moins  el  avec  le  meme  em- 

3 


u 

pressemenl  les  Socieles  qui  pourraienl  plus  lard  r6- 
pondre  a  I'appel  que  vous  leur  aviez  adresse,  et  ajou- 
ter  que  les  sections  que  vous  allez  former  seront  tou- 
jours  la  comme  des  cadres  prepares  pour  recevoir  leurs 
specialites  et  dont  il  en  est  meme  deux  dont  vous  re- 
tarderezl'organisation,  celles  de  Medecine  et  d'Agricul- 
ture,  jusqu'a  ce  que  les  deux  Societes  qui  represen- 
tent  ces  deux  grands  embranchements  des  sciences 
appliquees  aient  fait  connailre  leur  dernier  mot. 

Dans  quelques  jours  done  vos  travaux  commenceront, 
et  viendront  prouver  que  si  vous  faisant  solliciteurs  au 
nomdubien  general,  on  apu  vous  voir  tendant  une  main 
amie  et  quasi  suppliante  aux  Societes  qui  ne  voulaient 
pas  voir  encore  en  vous  une  emule,  ce  n'etait  pas  comme 
on  aurait  voulu  le  faire  entendre,  que  vous  jugeassiez 
que  leur  appui  vous  fCit  necessaire  pour  soulenir  vos 
pas  a  I'entree  d'une  carriere  dont  vous  aviez  d'avance 
et  sans  en  etre  effrayes  mesure  toule  I'etendue  et  les 
difficultes,  mais  bien  et  uniquement  parce  que  les  sa- 
chant  animees  au  meme  degre  que  vous  du  desir  d'etre 
utiles  a  nos  contrees,  vous  pensiez  que  ce  but  comraun 
serait  plus  siirement  atleint  en  mettant  aussi  en  com- 
mun  tous  les  efforts  individuels. 

L'ordre  du  jour,  Messieurs,  indique  d'abord  la  no- 
mination du  bureau  general.  D'apres  le  reglement,  on 
doit  voter  separement  et  je  dois  avoir  I'honneur  de 
vous  prevenir  que  la  simple  majorite  decide  de  I'elec- 

lion. 

La  necessite  de  nous  constituer  dans  le  plus  bref 
delai,  et  le  temps  que  vont  demander  tant  de  votes  se- 


35 

pares,  nous  engage,  Messieurs,  a  supplier  les  persunnes 
(}ui  seront  elues  a  accepter  les  fonctions  qui  leur  se- 
ront  dcvolues.  Ce  sera  une  preuve  de  zele  pour  I'oeu- 
vre  commune  dont  chacun  dcvra  leur  ctre  recounais- 
sant,  el  ce  ne  sera  d'ailleurs  qu'un  fardeau  passager, 
puisque  leurs  fonctions  peuvent  iinir  avec  I'annee. 


LISTE 


DES 


Menibrcs  foiidnlcurs  de  la  Sociele  academique 


DE  MAINE  ET  LOIRE. 


Messieurs, 

Adville,  hibliolhecaire  en  chef  de  la  ville  d' Angers. 
Barasse,  imprimeur-libraire,  rue  Saint-Laud. 
Barre-Bertery,  ancien  notaire,  cour  Saint-Laud. 
Baumann,  professeur  de  musique,  rue  Saint-Aubin. 
Bedie,  professeur  de  langues  etrangeres,  place  du  Rallienient. 
Bellier,  conseiller  a  la  Cour  imperiale,  rue  Menage. 
Beraud  -^ ,  conseiller  a  la  Cour  imperiale,  rue  Saint-Gilles. 
Berger  (Adrien)  ^,  secretaire-general  de  la  Prefecture  ,  rue 

Desjardins. 
Berger-Lointier,  membre  du  Conseil  general,  boulevard  des 

Lices,  18. 
Bernier,  instituteur  communal  a  Champigne. 
Besnard  (F.),  negociant,  pres  le  Mail. 
Bibari),  architecte,  place  du  Ralliement. 


37 

Messieurs , 

BiGORiE  (de)  i'ff,  premier  avocat-general  a  la  Cour  imperiale, 

rue  des  Lices. 
Bigot  (Elie),  baiiquier,  rue  des  Cordeliers. 
Bigot  (Th.)  *,  docteur-inedecin  ,  professeur  a  I'Ecole  di* 

niedecine.  place  Falloux. 
BiLLOi),  docteur-medecin,  directeur  de  I'Asile  des  alienes  de 

Sainte-Gemmes. 
Blavier  i(,  ingenieur  des  mines,  rue  Ilannelou. 
BoNNiN,  doreur,  place  Neuve. 
BoREAU,  directeur  du  jardin  botanique,  professeur  a  rEcole 

superieure. 
BoiCHE,  professeur  de  mathematiques  au  Lycee  et  ;i  I'Ecole 

superieure,  rue  des  Bas-Chemius. 
BouMiER,  verificateur  des  poids  et  mesures  a  Segre. 
BouRciER  (Caraille)  it,  conseiller  a  la  Cour  imperiale,  rue 

Desjardins. 
BouTROUE,  architecte  de  la  ville  d' Angers,  rue  Desjardins. 
Cadeau,  professeur  a  I'Ecole  normale. 
Castonnet,  docteur-medecin,  professeur  a  rEcole  de  mede- 

cine,  rue  Haute-Saint-Marlin. 
Champneuf,  chirurgien-major  en  retraite,  prop,  a  Vernanles. 
Charon,  greflier  de  la  justice  de  paix  du  premier  arrondisse- 

ment,  rue  de  la  Madeleine,  41 . 
Chauvin,  professeur  de  mathematiques  a  I'Ecole  des  arts, 

rue  Saint-Jacques. 
Chemellier  (de),  pere,  proprietaire,  boulevard  de  la  Mairie. 
Chesneau,  proprietaire,  naturaliste  amateur,  place  Lesviere. 
CiiEux  (Jules),  avocat,  rue  Chapcronniere. 
Chevalier,  professeur  a  I'Ecole  normale. 
Chevre-Boughet,  proprietaire,  ancien  adjoint  au  maire,  rue 

de  la  Croix-Blancbe. 
CosNiER  (Leon),  imprimeur-libraire,  Chaussde  Saint-Pierre. 
CouLON,  chef  d'instilulion  a  Saumur. 


38 
Messieurs , 

Coi;RTiLLEnaineiS;,conseilleralaCourimperiale,rue  duLycee. 

CiiBAiN,  avocat,  docteur  en  droit,  rue  Boisnet,  30. 

CuNE,  professeur  au  Lycee,  rue  Basse-du-Mail. 

Dauban,  pere  ^,  directeur  honoraire  des  Ecoles  d'arts  et 

metiers,  rue  Faubourg  Bressigny. 
Dauban,  fils,  directeur  du  Musee  de  peinlure,  professeur  aux 

Ecoles  municipale  et  superieure. 
Daviebs,  docteur-medecin,  professeur  a  I'Ecole  de  medecine, 

rue  Saint-Jacques. 
Deschamps,  chanoine  lionoraire,  aumonier  du  Lycee. 
De  Smyttere,  docteur-medecin  de  1' Asile  des  alienes  de  Sainte- 

Gemmes. 
Desprez,  professeur  au  Lycee,  rue  de  la  Madeleine. 
DoLBEAU,  professeur  au  Lycee. 

Di'LOS,  professeur  a  I'Ecole  des  arts  et  a  I'Ecole  superieure. 
Dlmont,  docteur-medecin,  professeur  a  I'Ecole  de  medecine, 

place  Saint-Maurice. 
DuRAND,  professeur  au  Lycee. 
Feille,  docteur-medecin,  rue  Beclard. 
Foi'RNiER,  licencie  en  droit  et  docteur  en  medecine,  rue 

Hardouin. 
Gaucher,  professeur  au  Lycee  et  a  I'Ecole  superieure,  rue 

Menage. 
Gautier,  professeur  au  Lycee. 
Genevier,  pharmacien  a  Mortagne-sur-Sevre. 
Gidel,  professeur  de  logique  (actuellement  a  Nantes). 
Giraud-Lesodrd,  proprietaire  agronome,  rue  d'Orleans. 
GouiN,  avocat  et  juge  suppleant  a  Bauge. 
GouiN  (Eugene),  docteur-medecin  a  Noyant-Bauge. 
Gripon,  professeur  des  sciences  physiques  au  Lyc^e  et  a 

I'Ecole  superieure,  chemin  de  Saint-Leonard. 
Grosbois  ^,  conseiller  a  la  Cour  imperiale,  rue  de  la  Pre- 
fecture. 


39 

Messieurs , 

Cruder,  homme   de  leltres,  employe  a  la  Prefecture,  rue 

Saumuroise. 
GuicHARD,  ilocteur-medecin,  professeur  a  I'Ecole  de  mMe- 

cine,  rue  Faubourg  Bressigny. 
GuiTTON  jeune,  avocat,  rue  Milton. 
GuzzY,  professeur  au  Lycee. 

Hauion  *,  chef  de  bataillon  en  retraite,  rue  de  la  Madeleine. 
Hehbel,  proprietaire,  place  du  Lycee. 
HiLAiRE,  docteur-medecin,  rue  Saint-Aubin. 
HuNAULT  DE  LA  Pelterie,  docteur  en  medecine,  rue  St.-Julien. 
Janin  *,  capitaine  en  retraite,  prepose  en  chef  de  I'octroi, 

montee  Saint-Maurice. 
Janin  lils,  etudiant  en  medecine. 
JoLY  i^,  architecte,  inspecteur  des  monuments  historiques,  a 

Saumur. 
JoussELiN  (de),  proprictaire-agronome  a  Saint-Georges-sur- 

Loire. 
JuBiEN,  avocat,  place  du  Ralliement. 
Lachese  (Paul),  imprimeur,  chaussee  Saint-Pierre. 
Laine-Laroche,  manufacturier,  rue  Saumuroise,  54. 
La  Perraudiere  (Henri  de),  botaniste,  rue  du  Cornet,  24. 
La  Revelliere  (Yictor),  ancien  depute,  au  Fleche,  commune 

d'Avriile. 
Las  Cases  (c"^  Barth^lemy  de),  membre  du  conseil  general, 

proprietaire  des  mines  de  la  Pree,  pres  Chalonnes. 
Lecerf,  imprimeur,  place  Saint-Marlin. 
Lecomte  du  Parc  (I'abbe). 
Ledantec,  conducteur  de  1"  classe  des  Ponts-et-Chaussees, 

rue  Saumuroise,  40. 
Leger,  directeur  d'assurance,  boulevard  de  laMairie,  15. 
Lens  (de),  inspecteur  de  I'academic,  rue  Haute-du-Figuier,  8. 
LiiUMEAi',  instiluteur  communal  a  Trelazc. 
Masieht,  conseillcr  de  Prefecture,  place  Lesviore. 


40 

Messieurs , 

Mayet,  controleur  de  la  garantie,  rue  de  I'Academie. 

MiCHEUN,  docteur-medecin,  place  Saint-Maurice, 

MiEULLE  (Anatole  de),  directeur  de  la  banque  de  France  a 
Angers. 

MiRAULT  * ,  docteur-medecin,  professeur  a  I'Ecole  de  mede- 
ciiie,  rue  Saint-Evroult. 

MonoRET,  proprietaire,  rue  Saint-Georges. 

MouRiN,  professeur  au  Lycee  et  a  I'Ecole  superieure,  rue 
faubourg  Bressigny. 

Ollivier  (Charles-Serene),  pharmacien  de  !''<'  classe,  fau- 
bourg Bressigny. 

Oriolle  fils,  manufacturier,  rue  Beaurepaire. 

Orlowski  ,  ingenieur  civil,  prcparateur  de  chimie  a  I'Ecole 
superieure,  rue  Painpare. 

OuvRARD  de  Beauvau,  docteur-medecin,  professefir  a  I'Ecole 
de  medecine,  rue  Saint-Jacques. 

Pagnien,  libraire,  rue  Saint-Serge. 

Pallut,  professeur  au  Lycee. 

PiNOT,  secretaire  au  bureau  de  I'Academie,  faubourg  Bres- 
signy, 15. 

Planchenault*,  president  du  Tribunal  de  l""""  instance,  con- 
seiller  municipal,  boulevard  du  Jardin  des  Plantes. 

Planchenault  fds,  avocat,  docteur  en  droit. 

Place,  professeur  au  Lycee. 

PoiTOU,  conseiller  a  la  Cour  Imperiale,  rue  de  la  Prefecture. 

Port,  arcbiviste  de  la  Prefecture. 

Prevost  (Emile),  avocat,  rue  de  I'Hopital. 

Provost  jeune,  botaniste,  rue  Baudriere. 

Raynaly,  entrepreneur,  rue  Boisnet. 

Richard  (Max),  manufacturier,  rue  Saumuroise,  54 . 

Riche  (Alfred),  docteur  es-sciences,  a  Paris. 

RiDARD,  docteur-medecin,  rue  de  la  Prefecture. 

Robert  (Gamille). 


41 

Messieurs , 

Rondeau,  negociant,  place  de  rAcademie. 

Rousseau  fils,  proprielaire,  a  Saint-Georges-le-Toureil. 

Sailland,  negociant,  rue  Grainetiere. 

Sailland  fils. 

Simon,  controleur  a  la  banque  (actuellement  a  Avignon). 

Talbot,  avocat  general  a  la  Cour  imperiale,  rue  Saint-Julien. 

Thouet,  docteur-medecin,  place  Saint-Martin. 

Thouvenel,  professeur,  ex-president  de  la  Societe  gramniati- 

cale,  rue  Grainetiere. 
Trottier  (Emile),  negociant,  rue  des  Champs  Saint-Martin. 
Trottier  (Henri),  negociant,  place  du  Ralliement. 
TuRQUET,  conseiller  a  la  Cour  imperiale,  rue  Hardouin. 
Valienne,  inspecteur  des  Ecoles  primaires,  k  Segrc. 
Vergne,  inspecteur  des  postes,  rue  Saint-Denis. 
VoisiN  'ff,  receveur  general  des  finances. 

N,  B.  Plusieurs  adhesions  dont  les  signatures  sont  trop  peu  lisibles 
pour  qu'on  n'ait  pas  eu  a  craindre  d'erreur,  n'ont  pas  it&  comprises 
dans  cette  liste.  Les  adherents  dont  le  noin  n'y  figure  pas  sont  invites 
a  renouveler  leur  adhesion. 


BUREAU  DE  LA  SOCIETE.  —  MM. 

President,  comte  de  Las  Cases  *. 
Directeur-adminislrafeur,  Planchenault  *. 
Seer  Hair  e-g6neral,  Beraid  -^. 
Archivisle,  Herbel. 
Trisorier,  Janin  *. 


42 

SECTIONS. 

I"  SECTION.  —  Agriculture. 
N'a  pas  constitue  son  Bureau. 

11^  SECTION.  —  Sciences  physiques  et  naturelles. 

Bureau.  —  MM. 

President,  Boreau. 
Vice-President,  docteur  Daviers. 
Secretaire,  Gripon. 
Vice-Secretaire,  Orlowski. 

Membres  de  la  Seetion,  MM. 

Adville,  Beraud,  Berger-Lointier,  docteur  Bigot,  docteur  Billod, 
Blavier,  Bouche,Cadeau,  docteur  Castonnet,  docteur Champ- 
iieuf,  Charon,  Chauvin,  Chesneau,  Dauban  pere,  docteur 
de  Smyttere,  Dulos,  docteur  Dumont,  docteur  Feille, 
docteur  Fournier,  Gaultier,  Genevier,  docteur  Gouin,  doc- 
teur Guicliard,  docteur  Hilaire,  docteur  Hunault,  Janin 
pere,  Janin  fils,  Joly,  de  Jousselin,  de  La  I'erraudiere, 
La  Bevelliere,  comte  de  Las  Cases,  Ledantec,  de  Lens, 
docteur  Mirault,  docteur  Michelin,  Ollivier  (Ch.-Ser.),  doc- 
teur Ouvrard,  Provost  jeune,  docteur  Ridard,  docteur 
Thouet,  ThouveneL 

Membres  adjoints  coUcctenrs,  MM. 

Deloche,  preparateur  au  cabinet  d'histoire  naturelle,  Tou- 
piolle,  naluraliste. 


43 


III*^  SECTION.  —  Industrie  ou  technologie  ,  commerce 

ET  STATISTIQUE. 
Bureau.    —    iMM. 

President,  Voisin  *. 
Vice-President,  Laine-Laroche. 
SecrHaire,  Chevre. 
Vice- Secretaire,  Chauvin. 

Membres  de  la  Section,  MIM. 

Barasse,  Barre-Bertery,  Besnard,  Bibard,  Bonniii,  Blavier, 
Bouclie,  Boumier,  Boulroiie,  Clieux,  Cosiiier,  Daubaii  pere^ 
Dulos,  Genevier,  Gripon,  Guitlon  jeune,  Janin  pere,  Joly, 
de  Jousselin,  Lachese  (Paul),  Lecerf,  Ledantec,  Mayet,  de 
Mieulle,  Mordret,  Ollivier,  OrioUe  fils,  Orlowski,  Pagnien, 
Provost  jeune,  Raynaly,  Richard  (Max),  Rondeau,  Sailland 
pere,  TroUier  (Emile),  Trotlier  (Henri),  Vergne. 

IV*  SECTION.  —  Belles-lettres,  beaux-arts,  sciences 

HISTORIQUES,  ARCIIEOLOGIE  ET  GEOGRAPHIE. 
Burcitu.  —  9IM< 

President,  de  Lens. 
Vice-President,  Poitou. 
Secretaire,  Mourin. 
Vice-Secretaiir,  Thouvenel. 

Nota.  Tons  les  membres  de  la  Soci^tt''  poiirront  prendre  part  aiix 
Iravnux  de  cette  section. 


44 


Y«  SECTION.  —  Medecine,  pharmacie,  hygiene  publique, 
ART  VETERiNAiRE  (voir  I'art.  15  du  Reglement). 


N'a  pas  constitu^  son  Bureau. 


OBSERVATION. 


La  Society  Acad^mique  de  Maine  et  Loire  ^labore  en  ce  moment  de 
nombreux  travaux  se  rattachant  a  THistoire,  a  la  Lilterature,  a  I'ln- 
dustrie  des  ardoisieres,  a  la  Toxicologie  et  aux  diverses  branches  des 
sciences  naUirelles.  D'iniportants  Memoires  sur  la  Botanique,  notam- 
ment  une  Revue  monograpliique  des  Rubus  de  TOuest,  seront  succes- 
sivement  presentes  par  MM.  Boreau,  Genevier,  de  La  Perraudiere,  etc. 
Les  Memoires  de  la  Societe  Acadeniique  offriront  done,  soil  par  la  na- 
ture des  travaux  publies,  soil  par  leur  variete ,  un  int^ret  justifi^ 
d'avance  par  les  connaissances  speciales  et  par  la  position  qu'occupent 
dans  les  lettres,  les  sciences,  ou  I'enseignement,  le  plus  grand  nombre 
de  ses  membres. 

La  Soci(5te  Academique  offre  Tecbange  de  ses  Memoires  centre  les 
publications  des  divers  corps  savants  auxquels  elle  adresse  ce  premier 
num^ro  contenant  les  prolegomenes  de  ses  actes. 


PHYSIOLOGIE  DE  LA  PAROLE. 


11  est  des  questions  qui  toujours  los  nicmes  reslent 
pourlant  toujours  nou voiles  :  ce  sont  celles  qui,  par 
lour  nature,  piquant  vivemont  notre  curiosito,  ou  sai- 
sissant  (ilroitement  nos  besoins,  offront  sans  cosse  a 
Tobservation  do  nouveaux  points  de  vue,  et  a  la  dis- 
cussion un  champ  fccond  en  nouvolles  applications. 

Ce  n'ost  plus  alors  la  s(Muction  du  style  et  rarlificc 
du  discours  qui  donnent  ou  rcndent  a  la  question  son 
attrail,  c'est  le  fond  ai^nie  et  la  valour  dcs  iddcs  qui 
rdveillenl  et  entrainent  I'atlention. 

Renconlrer  ces  questions,  c'est  retrouver  un  vieil 
ami,  donl  I'ame  toujours  jeune  explore  avec  nous 
sans  cti'ort  Tinepuisable  carriere  do  rexpiirienco. 

Cost  tanlot  la  philosophic  chercheuso  et  pratique 
de  Montaigne,  ou  la  finesse  et  tout  a  la  fois  la  profon- 
dcur  d'observation  do  Molioro  et  La  Fontaine,  tantdt 
la  grandeur  d'ame  de  Corncillo  et  Bossuet,  ou  bien 
la  candour  si  touchante  do  Racine  et  Ft^nelon.  C'est 
une  autre  fois  la  verve  pindariquo  du  chantro  natio- 
nal, ou  bien  les  accords  bibliques  do  Lamennais 

Pour  aujourd'hui,  permellez-moi,  Messieurs,  d'ar- 
r6ter  un  instant  voire  bienvoillance  sur  Porigino  do 

4 


/*6 

la  parolo,  les  condilions  dii  lungago  et  leur  influence 
sur  la  perfecUbilite  do  riiomme  et  le  progres  dos  con- 
naissances. 

A  cet  L^gard,  et  pour  ne  parler  que  d'autcurs  fran- 
(jais,  11  pouirait  senibler  un  momoni  qu'apres  Volney, 
Dupont  de  Nennours,  Deslull-Tracy ,  Cabanis,  Gall, 
Cuvier  et  plus  recemment  Toussenel,  Michclel,  il  ne 
resle  plus  mcme  a  glaner;  niais  ces  ponseursserieux, 
COS  ecrivains  elegants,  loin  d'avoir  epuis6  riieritage 
qu'il  nous  ont  legue,  font  plutot  feconde,  ct  les  der- 
niers  explorateurs  pen  vent  trouver  encore  assez  belle 
moisson. 

Rappelons  d'abord,  cornme  fait,  que  la  parole  est  la 
inise  en  signes,  ou  I'expression  de  la  pcnsde,  an 
moyen  des  sons  varies  de  I'organe  vocal,  el  que  le 
langage  est  la  parole  elle-menio  consideree  comme  as- 
sujeltie  a  des  regies  el  a  des  lois  conventionnelles, 
d^pendantes  des  lieux,  des  lemps  et  des  moeurs.  Cost 
sous  CO  point  de  vue  qu'il  convienl  de  dire  qn'on  pent 
refrouver  riiisloire  morale  el  plnlosophique  d'uii  peo- 
ple dans  Fhistoire  de  sa  languo  ;  car  si,  connne  dit 
BufTon,  le  style,  c'est  Thomrne  ;  la  languo,  c'est  la 
nation. 

Tons  les  animaux  ne  sont  pas  doues  d'une  faculty 
vocale,  du  moins  apparente  pour  riiommc :  les  insec- 
tes,  les  poissons,  les  reptiles  ne  proferent  ni  cris,  ni 
sons  modules,  perceptibles  pour  nous. 

D'autre  part,  certaines  especes  d'animaux  ont  une 
telle  delicatesse  de  sens  qu'ellc  echappe  a  I'observa- 
tion  la  plus  perspicace  et  la  plus  soutenue.  Qui  done 
a  jamais  mesuri^  retendue  el  la  surete  du  regard  de 
I'aigle   et  de  riiiiondelle,  la  finesse  de  I'odorat  da 


M 

T;liion,  la  snsceptihilile  de  Tonie  du  dial  et  dii  lievre, 
la  leiiuito  el  pourlaul  la  dcxlerilc  dcs  orgauesde  I'a- 
b(.'il!o  ol  de  raraignee  ? 

ToujoLirs  est-il  que  de  tons  les  aaimaiix  qui  expri- 
raent  Icurs  seiilimenls  et  leurs  passions  par  des  crls 
ot  des  arliculalions,  riiomnie  est  le  soul  qui  soil  doue 
de  la  faculle  de  niellre  en  signes  convenlionncis  ces 
seulimenls  et  ces  [)ens(5es,  et  par  consequent  de  for- 
mer des  idees  abslraites.  Et  c'est  precis^ment  la  le 
caraclere  essenliel  el  dislinelif  de  la  parole;  comme 
c"est  aussi  chez  riioinnie  la  cause  occasionnelle  de 
Teducabilileet  de  la  perl'eclibilit(!\  qui  n'exislent  point 
ei  ne  peuvent  point  exisler  chez  la  bele. 

Ce  qui  n'implique  en  rien  pour  elle  la  negation  de 
I'anie  el  par  consequent  de  la  pens^e,  mais  ce  qui  la 
rt^duil  an  seul  inslinct. 

Qui  ne  se  rappclle  a  ce  sujet  I'exemple  de  son  Mon- 
taigne? 

«  Par  ainsin,  disait-il,  le  regnard,  de  quoy  se  ser- 
vent  les  habitants  de  la  Thrace,  quand  ils  veulent  en- 
Ireprendre  de  passer  par-dcssus  la  glace  de  quelque 
riviere  gelee,  el  le  laschent  devant  eulx  pour  cet  efFecl; 
quand  nous  le  verrions  an  bord  de  Teau  approcher  son 
aurcille  bien  [)rez  de  la  glace,  pour  sentir  s'il  orra, 
«!une  longue  ou  d'une  voysinc;  distance,  bruire  I'eau, 
courant  au-dessoubs,  et,  selon  qu'il  Ireuve  par  la  qu'il 
y  a  plus  on  moins  d'espesseur  en  la  glace,  se  reculer 
ou  s'advancer ;  n'aurions-nous  pas  raison  de  iuger 
qu'il  Iny  passe  par  la  lesle  ce  mesme  discours  (pTil 
lerait  en  la  noslre,  et  que  c'esl  une  raliocinaliou  el 
consequence  lir(5e  du  sens  naturel :  «  Cequi  faict  brui(;l 
+>  se  rcnnie  ;  ce  qui  se  rennie,  n'est  pas  gele  ;  ce  qui 


48 

«  n'est  pas  geld,  est  liquide  ;  el  ce  qui  est  liquide  plie 
»  soubs  lefaix?»  Car  d'allribuer  cela  seulement  a 
line  vivacile  du  sens  do  roiiie,  sans  discours  el  sans 
consequence,  c'esl  une  chimere,  el  ne  peull  entrer  en 
nostre  imagination.  De  mesme  fault-il  eslinier  de  tanl 
de  sortes  de  ruses  et  d'invenlions,  de  quoy  Ics  besles  se 
couvrenl  des  enlreprinses  que  nous  faisons  sur  elles.  » 

SaiiS  doule,  il  ya  des  liommes  plus  capables  el  plus 
instruits  les  uns  que  les  aulres  :  le  philosophe  qui  a 
decouverl  les  lois  do  la  pesanleur  el  decompose  la  lu- 
miere,  6lait  dou6  d'uno  faculle  comparative  autre- 
ment  puissante  quo  celle  du  savant  modcrne  qui 
vienl  do  nous  expliquer  comment  nous  pourrions 
elre  coudoyds  impun^meul  par  une  coniete,  tandis 
que  nous  avons  a  rcdouler  l'an(5anlissemenl  subit  du 
soleil. 

Aussi  Newton  aurait-il  pu  dire,  en  parlanl  de  lui  : 
Pendant  que  la  pluparl  des  intelligences  peuvent  a 
peine  envisager  simultanement  quelques  id^es,  pour 
ddlerminer  les  rapports  qui  existent  outre  elles,  moi, 
je  puis,  sous  mon  regard,  on  tenir  dix  en  pr(5sence. 
Comme  Racine,  dans  un  autre  ordre  d'id(5es,  disait  de 
lui-meme,  avec  une  admirable  candour  :  Ce  qui  me 
distingue  dePradon,  c'esl  que  je  sais  (icrire. 

II  y  a  des  nations  plus  ou  moins  civiliseos  :  les  Ila- 
licns  du  Nord  comprennenl  mieux  ce  qu'on  doit  en- 
tendre par  droits  el  devoirs  que  les  habitants  de  la 
Grece  acluelle.  Cependanl  les  araignoes  a  Turin  ne 
tissent  pas  leur  toile  avec  plus  d'arl  qu'a  Albinos,  et 
les  abeilles  de  M.  de  Boauvoys  ne  font  pas  leur  miel 
autrement  que  celles  de  Virgile. 

Pourquoi  cola  ?  voila  tout  noire  theme. 


■ill 

Mais  avaiit  de  passer  oulre,  comme  les  inols  n'ont 
pas  de  valeur  par  eux-mcmes,  et  qu'ils  ne  signifient 
que  ce  qu'on  est  convenu  de  leiir  faire  signifier ;  qu'il 
nous  soil  permis  de  prc^ciser  d'abord  ce  qu'on  enlend 
par  idees  abslrailes;  car  c'csl  en  negligeant  de  s'en- 
lendre  aussi  rigoureusement  que  possible  sur  le  sens 
et  la  signification  des  mots,  et  en  leur  abandonnanl 
une  valeur  par  trop  elastique  que  I'ons'cngage  et  que 
Ton  se  perd  souvenl  dans  des  discussions  intermi- 
nables. 

La  raison  pour  laquelle  vous  ne  pouvez  pas  vous 
entendre,  disait  Royer-Collard,  a  Tancienne  Chambre 
des  deputes,  est  bien  rnoins  que  vous  diff(5riez  sur  le 
fond  des  questions,  qu'en  ce  que  vous  ne  parlez  pas 
la  nieme  langue.  Le  ton  lui-menie,  I'accent,  la  nuance 
la  plus  d(51icate  et  la  plus  fugitive  denaturent  et  reu- 
versent  le  sens  du  mot.  Combien  de  fois  non,  n'a-t-il 
pas  voulu  dire  oui? 

11  n'est  pas  besoin  pour  donner  un  exemple  remar- 
quable  de  Tabus  des  mots  de  raviver  la  bizarre  querelle 
des  rcalisles  el  des  nominaux,  dont,  pour  le  dire  en  pas- 
sant, noti'e  professeur  d'hisloire  aux  cours  supdrieurs 
d'Angers  a  tracd  recemment  de  main  d(!  maitre  une 
esquisse,  qu'on  pent  ne  pas  connaitre  sans  doute,  mais 
qu'assurement  on  ne  pent  pas  oublier  quand  on  I'a 
entendue ;  il  nous  sutlira  de  rappeler  a  propos  des  idees 
abstrailes  et  des  idees  genc^rales ,  qui  font  en  ce  mo- 
ment I'objet  de  notre  entrelien,  que  c'est  au  in'  siecle 
de  I'ere  chrdtienne  que  parait  s'etre  elevee  vivement 
la  question  de  savoir  si  ellcs  onl  des  objet  r(5els,  ou  s] 
<'lles  no  sont  que  de  simples  ddnominalions. 
Porphire,  dans  son  introduction  aux  categories,  di- 


5& 

dare  qu'il  s'abstiendrade  prononcer  sur  les  queslions 
suivanles  :  les  genres  el  les  especes  exislent-ils  rdel- 
lement  dans  la  nature ,  ou  bien  ne  sonl-ils  que  des 
eoncopUdns  de  Tesprit  humain,  etc.?  L'opinion  qui 
semble  avoir  prevalu  dans  les  siecles  suivants ,  dit 
Gcnly,  est  que  les  universaux  n'exislent  ni  avant  les 
cboses,  ni  apres  les  choses ;  c'esl-a-dire  que  les  idees 
universelles  n'onl  pas  ,  comme  Tenseignaient  Platon 
et  Arislole,  une  existence  distincle  et  S(*par6e  des  ob- 
jets  individuels,  et  qu'ainsi  elles  n'ont  pu  exister  avant 
eux;  qu'elles  ne  sont  pas  cependant  comme  le  vou- 
laient  les  stoiciens  ,  de  pures  conceptions  de  I'esprit, 
de  simples  r(5suUats  de  la  comparaison  des  individus ;. 
mais  que  cos  formes  sont  de  loule  elernite  inherentes 
a  la  nature  des  choses.  —  Au  onzleme  siecle,  Rosce- 
lin,  Abeiiard,  et  un  pen  plus  tard  Ramus,  en  adop- 
tant  a  col  egard  la  doctrine  de  Zihion  ,  renouvelerenS 
la  dispute,  et  donnerent  naissance  aux  deux  secies 
des  nominalislos  et  des  rt^'alistes.  La  premiere  fut  con- 
damnee  et  bienlot  oubliee  ,  soil  parce  qa'elle  donnait 
de  mauvaises  raisons  de  sa  doctrine,  par  exemple,  qu'il 
no  faut  pas  multiplier  lesetres  sans  n<5cessit(5....;  soil 
par  qnelqiie  cause  morale  ou  politique,  qu'il  est  diffi- 
cile aujourdhui  de  determiner.' — Au  treizieme  siecle, 
Thomas  d'Aquin  s'accordait  avec  Jean  Scot  pour  re- 
jeler  la  doctrine  des  nominaux  comme  dangereuse 
dans  scs  consequences,  lorsque  Giiillaume  Occam, 
disciple  de  Scot,  rciveilla  la  querelle  assoupie  el  donna 
poiu'  defensour  a  la  secle  des  nominaux  Louis  de  Ba- 
viere,  landis  qu'iillericurcment  Louis  XI,  en  France, 
proscrivait  cetle  doclrino  el  proiegeait  les  realisles. 
—  Enlrc  les  n'-aJisles  et  les  nominaux  existent  les 


51 

concepliialislos,  sorlo  d'eclecliques  ou  cspece  de  nonii- 
naux  qui  veulenl  que  les  universaux  soient  des  dtiiio- 
ininalions  donnees  a  des  groupes  d'idecs  qui  sont 
communes  a  d'aulrcs.  C'esl  du  moins  ce  qu'exposo 
Bruck  dans  son  hisloire  de  la  philosophic.  On  doit 
ranger  dans  celle  derniere  classe  les  philoiogues  Dii- 
marsais,  Reid,  Condillac. 

Assez,  assez,  me  direz-vous;  je  m'arrfite,  en  cfTi;!. 
Get  exemple  suITil  pour  moulrer  dans  quelles  pere- 
grinations avenlurcuses  s'enlacenl  parfois  les  meil- 
leurs  esprils,  quand  ils  ndgligenl  la  premiere  loi  de 
la  dialecUque,  cclle  de  convenir  nelloment  de  la  valeur 
des  niols. 

Je  sais  bien  qii'il  s'eleve  ici  une  difTjculle  :  a  qui 
apparlient  le  droll  de  delerminer  celte  valeur  des 
mots?  Esl-ce  aux  diclionnaires  comme  nous  les  pos- 
sedons?  est-ce  au  premier  rcdacleur  venu?  est-ce  a 
moi  de  dire  :  lei  mot  signifie  ceei  ou  cela?  Assurement 
non.  II  n'appartient  qu'au  peuple,  aux  grands  ecri- 
vains,  aux  bommes  de  genie,  dil  Lemare,  de  cr(!'er  les 
mots  et  d'cn  consacrcr  les  litres  de  nationalite  par 
I'emploi  n^pele  qu'ils  en  font  dans  leurs  Iravaux  el 
dans  leurs  ouvrages.  Un  mot  n'esl  frangais  et  n'a  telle 
ou  telle  valeur  qu'a  ces  conditions.  II  n'y  a  que  les  es- 
prils mc^'diocres  qui  cherchent  a  faire  ployer  ces  lois 
sous  leur  vanile. 

C'esl  en  consequence  de  ce  principe  que  nous  di- 
rons  apres  Locke,  J. -J.  Rousseau,  la  Romiguiere, 
qu'on  appelle  idces  abslraites  par  opposition  a  iddes 
concretes,  celles  donl  les  objels  n'onl  d'exislence  que 
dans  I'esprit ,  el  donl  on  ne  pent  en  consequence 
rnonlrcr  ces  objels  en  dehors  de  nous. 


m 

Ces  id(5es  se  torment  en  effet  par  abstraction ;  mais 
toute  abstraction  suppose  necessairement  I'emploi  de 
signes  conventionnels. 

Nous  allons  reconnaitre  que  les  signes  convention- 
nels de  nos  id^es  ne  sent  autre  chose  que  les  dl^ments 
d'une  langue,  et  que  la  valeur  el  les  progres  d'une 
science,  quelle  qu'elle  soil,  tiennent  au  m(5rite  de  sa 
langue. 

En  quoi  consistent  done,  en  effet,  les  services  que 
Monge  a  rendus  a  la  gdomc^trie  descriptive,  si  ce  n'est 
dans  le  perfectionnement  de  la  langue  inventt^c  par 
Viete,  pour  appliquer  I'algebre  a  la  gdomdtrie? 

N'est-ce  pas  en  dotant  la  chimie  d'une  langue  que 
Lavoisier  a  presque  cr6d  cette  science? 

Pourquoi  I'anatomie  a-t-ello  6\e\6  Bichat  sur  un 
piddestal,  si  ce  n'est  pour  honorer  a  jamais  sa  melbode 
ou  langue  analytique? 

El  que  nianque-t-il  a  ceux  qui  s'en  vonl  colporlant 
naivement  que  la  botanique  n'est  qu'une  science  de 
mots  —  comme  s'il  pouvait  y  avoir  une  langue  sans 
mots  —  si  ce  n'esl  de  savoir  metlre  les  iddes  sous  les 
mots  et  de  compvendre  la  langue? 

Mais  rcvenons  a  la  formation  des  iclees  abslrailes,  el 
sans  remonter  prc^cisement  a  la  creation  du  monde, 
disons  pourtant  que  les  premiers  honmies ,  n(5s  de  la 
lerre,  comme  nous  voyons  encore  aujourd'hui  d'au- 
Ires  animaux  en  sorlir,  pai*  la  volonte  mysl(^rieuse  de 
Dieu,  qui  enveloppe  d'un  voile  impenetrable  toutes 
les  causes  premieres,  onl  dft,  presses  el  contraints  par 
leurs  besoins,  leurs  plaisirs  el  leurs  douleurs,  proK'rer 
des  cris  et  des  articulations  determines  invincible- 
mcnl  par  lour  organisation.  El  c'eslici  le  lieu  de  fair© 


53 

observer  que  la  valeur  phonique  de  ces  sons  inarlicu- 
Ids  ou  arliculds  a  dil  elre  h  Torigine,  comme  clle  Test 
encore  aujourd'hui,  ddpendante  du  sol,  du  climat,  do 
la  temperature,  parce  que  les  organes,  instruments  do 
ces  sons,  en  dependent  ndcessairement,  el  tout  aussi 
materiellement  que  la  saveur  du  raisin  depend,  a  Fon- 
tainebleau,  a  Malaga  ou  a  Corinlhc,  du  lieu  oil  nail  et 
vil  ce  vdgdlal,  ou  que  la  couleur  de  rhommc  a  Slo- 
kolm ,  a  Paris  ou  au  Cap  en  Afrique ,  ddpend  du  mi- 
lieu dans  lequel  il  se  ddveloppe. 

De  la  Torigine  constante  el  ineffagable  des  accents, 
des  patois  et,  par  suite,  des  idiomes;  de  la  Timpossi- 
bilitd  d'une  langue  orale  universelle. 

Mais,  bientot,  les  hommes  se  reunissant  out  inslinc- 
tivement  montre  I'objet  de  leur  emotion ,  en  memo 
temps  qu'ils  profdraient  iju  rri,  un  son  ou  une  articu- 
lation, qui  devenait  ainsi,  par  une  convenlion  naliirelle, 
le  signe  de  cet  objet. 

Par  cxemple ,  qu'a  la  vue  de  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  soleil,  et  en  montrant  cet  astre,  un  homnie, 
en  presence  d'un  autre  homme,  ait  profdrd  un  son 
quelconque  :  o,  ol,  sol ;  I'un  de  ces  sons  ,  sol:,  si  vous 
voulez,  sera  devenu  le  signe  conventiotinel  du  soleil,  et 
quand  le  soleil,  par  suite  du  mouvement  nature!  de  la 
terre,  aura  disparu  sous  Thorizon,  ce  mot  sol  aura  did 
I)ropre  a  rappeler  Tidde  du  soleil  pendant  son  absence. 

Qu'a  Taspect  de  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
bceuf,  et  en  montrant  cet  animal,  un  homme  ait  pro- 
noncd  Ic  son  bous,  bos,  ou  tout  autre,  ce  son  sera  de- 
venu le  signe  convenlionnel  tie  I'animal  donl  il  s'agil,  el 
aura  did  propre  a  en  rappeler  I'idde  [)cndanl  son  ah- 
souce. 


54 

Que  saisi  da  besoin  de  manger,  riiommo,  egalc- 
ment  environnd  de  ses  semblables,  ait  manifesld  ce 
besoin  par  unc  mime  parliculicre,  el  prononce  en  nieme 
temps  un  son,  ou  une  articulation  ,  celle  articulation 
sera  devenue  propre  a  signifier  la  faim,  alors  m6me 
qu'elle  n'etait  plus  eprouvde. 

Ainsi  se  seront  formds  les  premiers  mots  6videm- 
mcnl  signes  conventionnels  des  \66es,  soil  d'6tres  phy- 
siques, soil  d'etres  m(5taphysiques,  qu'il  ne  faut.  bien 
entendu,  confondre  en  rien  avec  les  idees  abslrailes. 

On  con(;oit  par  analogic  que  les  id(^'es  de  manieres 
d'etre,  auront  et6  formees  par  les  niemcs  moyens. 

Or,  I'csprit  humain  ne  peut  avoir  ou  former  d'an- 
Ires  id(5es  que  celles  des  filres  et  des  manieres  d'etre. 

Nous  n'avons  jusquici  paric  que  de  la  mise  en 
signes  convenlionnels  des  idees  meres  ou  gen(5ratrices, 
c'est-a-dire  des  idees  individuelles. 

Voyons  conmient  a  Taide  de  signes  toujours  conven- 
tionnels,on  a  pu  s'dlever  aux  idees  de  genres,  d'especes, 
enfiin  aux  idees  abslrailes  ou  archc^types  de  toute  na- 
ture. 

Supposons  qu'a  la  vue  de  plusieurs  liommes,  un 
autre  liomme,  pour  distinguer  ceux-la  les  uns  des  au- 
Ires,  et  les  rappeler  individuellement  a  la  mdmoire. 
pendant  Icur  absence,  ait  donne  a  chacun  d'eux  un 
nom  propre  :  Paul,  Jean,  Tom.  Ces  noms,  signes  ar- 
bitraires  d'individus,  auront  designd  par  le  mot  Paul 
im  individu  grand,  par  cxemple,  mince,  cheveux 
blonds,  voix  douce,  gesles  timides,  etc.;  par  Jean,  un 
individu,  je  suppose,  petit,  gros,  cheveux  noirs,  voix 
S'orle,  niouvcmenls  frequents,  etc. 

Mais  si  riiommedout  nous  parlous  veut  desigui'rlo 


55 

groiipe,  rensemble  de  ces  individus  par  un  scul  mol , 
il  fora  ,  comme  on  dit ,  ahslraclion  des  parlicularilc^s 
individuclles  de  la  laille,  de  la  couleur  des  yeux,  do  la 
qiaalil^  de  la  voix,  de  la  nature  de  lapanlominie,  ponr 
ne  tcnir  comple  que  de  la  g(5n(^ralilc'  d'une  laille  quel- 
(.'onque,  d'une  couleur  quelconque  de  chevoux,  etc.. 
et  il  emploiera  I'cxpression  generique  hommc,  qui  est 
ainsi  formde  par  abstraction ,  a  Taide  do  mots  on 
signes  conventionnels,  rnais  qui  u"a  pas  de  type  hors  de 
I'esprit. 

En  effel,  homme  nVxisle  point  dans  la  nature  ,  on 
n"en  pent  pas  montrer  Tobjet;  la  denomination  homme 
cxprime  un  ensemble  de  qualil(^sou  de  nianieros  d'6lre 
communes  a  Paul ,  Jean  ,  Tom  ,  a  tons  les  hommes, 
mais  n'en  designe  aucun  en  parliculier.  Quand  je 
nomnie  homme,  je  ne  fais  pa-;  plus  penser  a  Jean  qu'a 
[*aul;  j"enonce  seulemcnl  uue  idee  abstraitc  on  ge- 
nerate, 

Pcrmeltez-moi ,  Messieurs,  en  tcrminanl ,  de  pren- 
dre encore  un  second  et  dernier  exemple  pour  rendn; 
plus  applicable  co  point  de  doctrine. 

Si  de  ridee  or,  je  fais  abstraction  des  idees  Jamie 
elincolant,  dissolnbilite  dans  Tacide  nitro-nnn'iati(pie 
on  clilorhydrique,  comme  on  dit  aujoiud'bui,  qui  lui 
apparliennent,  je  forme  Tidee  metal,  ])lus  abstraitc 
que  I'idde  or.  Si  de  I'idee  metal  je  retrancbe  l(;s  idees 
fusibilite,  ductilile,  qui  en  font  parlic,  je  forme  lidee 
mineral,  plus  abstraitc  que  lidee  metal.  Si  de  Tidee 
mineral,  j'ole  les  idees  lerraneite  ,  inorganisme  ,  qui 
la  constituent,  je  forme  \"u]<!;c  corps,  plus  abstraitc  que 
l"ide(!  mineral.  Si  de  Fidee  corps  j'cnleve  les  idees. 
uu»l)i!ite,  figure,  qui  lui  soul  necessaires,  je  former 


56 

I'idee  malierc,  plus  abslraile  encore  que  Vidie  corps. 
Enfln,  si  de  I'id^e  matiere,  je  fais  abstraction  des  idt^es 
etendue,  solidity  qui  lui  apparlienncntje  forme  I'idee 
substance,  plus  abstraile  que  VidiSe  matiere. 

D'ou  Ton  voil  que  plus  on  fait  d'abstractions,  plus 
on  generalise,  moins  il  reste  d'id(5es  simples  dansl'en- 
semble  des  id(^es  que  I'espril  conserve;  en  sorte  que 
plus  la  compr(5hension  diminue,  plus  I'extension  aug- 
menle.  De  la  le  principe  que  la  comprehension  d'une 
idee  est  en  raison  inverse  de  son  extension. 

En  resume ,  Messieurs  ,  nous  avons  etabli  ce  quon 
entend  par  la  parole  et  le  langage;  par  id^es  indivi- 
diielles  et  idees  abslraites ;  nous  avons  fait  voir  qu'on 
ne  peut  former  d'id^es  abslraites  qu'a  I'aide  de  signes 
convenlinnnels ;  qu'une  langue  n'est  qu'une  combinai- 
son  d'iddes  abslraites  ,  et  qu'une  science,  se  ramenant 
a  ime  langue,  trouve  son  merite  dans  celui  memo  de 
la  langue  qui  lui  serl  d'inlerprete. 

Enfin,  nous  avons  montrd  comment  I'homme,  jouis- 
sant  seul  de  la  faculty  d'employer  des  signes  conven- 
lionnels  pour  former  et  combiner  les  iddes  abslraites, 
c'est-a-dire  pour  cr^er  et  perfeclionner  les  langues  et 
par  consequent  les  sciences,  est  seul  educable  et  per- 
fectible ;  tandis  que  la  b6le ,  privee  de  ces  ressources, 
est  eternellement  renfermee  dans  le  cercle  infranchis- 
sable  de  ses  instincts. 

C'est  tout  ce  que  nous  pouvions  nous  proposer  d'in- 
diquer  dans  un  intervalle  de  temps  si  court  pour  nous, 
niais  devenu  par  noire  inhabileie,  sans  doule,  un  pen 
long  pour  vous. 

II.    TlIOUVEINEL. 


RECHERCIIES 


SUR  LES  CAUSES  ACCIDENTELLES  DE  LA  MORTALITE  DES 
ARBRES  DES  PROMENADES  PUBLIQUES ,  ET  PARTICULIE- 
REMENT  DE  CEUX  A  RACINES  TRACANTES  TELS  QUE  LES 
ORMES,  ET  DES  MOYENS  RATIONNELS  ET  PRATIQUES  DE 
COMBATTRE  CES  CAUSES. 


On  s'(5lonne,  on  s'inquiete  desvides  de  plus  en  plus 
freqiienls  qui  se  font  parnii  Ics  ormes  des  boulevards 
do  Test  de  la  ville  et  qui  semblent  menacer  d'une  des- 
truction prochaine  et  complete  ces  allees  ombreuses 
qui,  a  parlir  du  premier  Empire,  sont  venues  suc- 
ocssivement  se  subslituer  a  la  ccinture  de  noircs  mu- 
raillcs  el  de  giganlosques  foss(5s  donl  la  cite  angevine 
avail  (jte  emmailloUee  dans  son  berceau  feodal.  On  so 
demande  comment  il  pent  so  I'aire  qu'en  quelques 
anndes  nous  en  ayons  vu  un  si  grand  nombre  dispa- 
raitre  par  un  deperissement  prdmature  et  lorsqu'a 
peine  ils  alteignaient  un  age,  qui  dans  nos  campagnos 
est  pour  cux  cehii  de  la  jeunesse  et  de  la  vigueur. 
Cliaeun  s'enquiert  des  causes  de  cetle  sorle  d'epid«5- 
mie    veg^'lale;  chacnn    propose  sa  solution   ou  ses 


58 

doules  el  Ton  fiiiit  g(!'n(halenienl  par  accuser  qui  le- 
go:;, qui  le  scohjte,  lorsquft  selon  nous  ils  en  seraienl 
plutot  les  l(5moins  inoffensifs  quo  les  auleurs  ou  les 
complices. 

Quant  au  gaz  d'abord,  il  suffit,  pour  le  nneltre  hors 
de  cause,  d'ouvrir  les  recueils  des  Soci(5t(^s  savanles 
du  dernier  si^clc  ,  ou  des  premieres  anndes  du  notre. 
On  reconnait  alors  que  bien  longlemps  avant  que  la 
chimie  motierue  fut  venue  I'appliquer  a  I'dclairage, 
deja  el  dans  beaucoup  de  villes  importanles  de  France 
et  de  Holiande,  oil  par  Texlension  de  la  {lopulalion, 
les  promenades  elaient  le  plus  fr(^quent6es ,  on  signalait 
Tespece  de  maladie  de  langueur  qui  sevissait  des  lors 
sur  les  ormes,  en  meme  temps  que  la  presence  du 
scolyte  et  des  aulres  insectes  xylophagcs  qui  s'alla- 
quent  a  eel  arbre. 

Ddja  aussi  Ton  avail  cherch(5  les  moyens  de  preve- 
nir  I'invasion  de  la  maladie,  el  celle  de  Tinsecte  qu'on 
n'en  s(5parait  pas,  et  Ton  conseillait  entre  autres  le 
badigeonnage  a  la  chaux  vivo  du  tronc  et  des  grosses 
branches  que  nous  avons  pu  voir  essayer  infruclueu- 
senient  ici. 

L'application  de  ce  proc*5d6  donna  memo  lieu  jadis 
a  une  singuliere  mdprise  de  la  part  d'un  savant  pbilo- 
logue  qui  duns  un  voyage  d'outre  Rhin,  ayant  remar- 
que  que  les  Ironcs  de  tons  les  arbres  de  la  promenade 
de  Harlem  (ilaient  peints  ou  badigeonn<iS,  clioqud  do 
celle  parure  insolile  dont  il  ne  se  fit  pas  expliquer  le 
motif,  en  prit  occasion  de  reprocher  au  peuple  hol- 
landais  ne  sur  le  sol  arlificiel  par  lui  (emerge  ,  de 
siibir  a  ce  point  les  influences  de  son  origine,  qu'i! 
<H(ul    incessammenl   porle  a  subsliluer  les  boaulcs 


59 

arbilrairos  el  faclices  aux  bcaul(!'S  reelles  et  natives  de 
la  nakire.  Tant  il  est  vrai  que  I'osprit  g(?ndralisalciir  si 
puissant  ft  perspicace  qu'il  puisse  etro,  poul  parfoisse 
laisscr  enlrainer  a  d'elranges  inductions  lorsqu'il  n('.- 
giige  I'citude  des  fails  en  apparence  Ics  plus  spt?- 
cieux ! 

Cctle  anecdote  qui  remonte  a  1834  conflrmerait  aii 
besoin  que  le  depdrissement  des  ormes  sur  cerlaincs 
pronnenades  publiques  elles  ravages  du  scolyle  dtaient 
des  fails  acquis  avant  que  le  gaz  fCit  venu  prendre  pos- 
session du  sol  de  nos  villes,  el  qu'il  serail  fond(j  a  rd- 
pondre  a  ces  accusateurs  comnie  I'agneau  de  la 
fable  : 

Comment  Teuss^-je  fait ,  si  je  n'etais  pas  ne  ? 

Si  le  gaz  pent  d'ailleurs  produire  sur  la  vdgdtalion 
des  effets  malfaisants  par  son  absorption  dans  la  terre, 
au  moins  esl-il  certain,  que,  dans  les  sols  argileux  et 
compactes,  sa  sphere  d'action  devrait  6lre  fort  res- 
ireinte,  s'dtendre  pen  au-dela  des  fuiles,  et  quo  celles- 
ci  dtant  pen  frdquentes,  son  influence  delclere  ne 
pourrait  autant  multiplier  ses  ravages.  Comment  ex- 
pliquerait-on  aussi  que  les  arbres  alleinls  fusscnt  tout 
aussi  bien  ceux  qui  sont  dloignes  des  tuyaux  de  con- 
duite  que  ceux  qui  les  cotoyent?  Et  que,  dans  la  ligno 
qui  les  suit,  il  n'existe  pas  plus  d'arbrcs  attaquds  que 
dans  les  autres  ? 

Tout  ne  se  rdunil-il  done  pas  pour  prouver  que  le 
gaz  est  innocent  des  nonibreux  inel'aits  ((u'on  lui  at- 
Iribuc,  et  qu'il  faul  cherchcr  uiie  autre  cause  au  de- 
peuplemcnl  de  nos  boulevards. 


60 

Colle  cause  la  trouvera-t-oa  mieux  dans  la  preseiioe 
du  scolylo?  C'esl  ce  qu'il  nous  I'aul  mainlenanl  exa- 
miner. 

El  d'abord,  si  nous  suivons  le  d^vcloppement  de 
r6tal  maladif  auquel  nos  ormes  succombenl  plus  ou 
moins  promptement,  nous  les  voyons  languir,  sou- 
vent  plusieurs  ann^es,  avant  que  la  criblure  de  leur 
dcorce  revele  Tapparilion  de  I'insecle;  nous  remar- 
querons  en  outre  que  cet  (5tat  de  langueur  est  toujours 
et  n(5cessairement  accompagne  d'une  diminution  no- 
table dans  la  production  de  la  seve,  et  que  par  conse- 
quent, c'est  seulenient  lorsque  son  appauvrissement, 
ou  uno  suspension  plus  ou  moins  complete  de  sa  cir- 
lalion  s'cst  manifestee,  que  le  scolyte  vient  a  faire  son 
apparition.  Et  si  en  effet  celaest,  c'est  qu'il  n'en  pent 
6tre  autrement,  car  Tinsecte  et  sa  larve  sont  destines 
a  respirer  lair  en  nature  par  des  trach<5es  et  manquent 
d'un  appareil  brancbial  propre  a  degager  I'oxygene  du 
liquide  ambiant.  lis  seraient  done  frapp6s  d'asphyxie 
dans  un  milieu  oil  ils  seraient  baign(5s  par  I'affluence 
de  la  s6ve,  accident  d'autant  plus  imminent  que  I'e- 
poque  de  la  ponte,  de  I'^closion  de  la  larve  et  de  ses 
metamorphoses  coincide  avec  celle  oil  la  seve  est  dans 
sa  p(5riode  d'aclivil6  et  d'abondance. 

Si  le  scolyte  pent  done  ainsi  s'etablir  an  printemps 
meme  sous  I'ecorce,  c'est  que  par  une  cause  quelcon- 
que,  soit  naturelle  comme  la  vieillesse,  soit  acciden- 
telle,  la  seve  se  trouve  alors  appauvrie  et  I'arbre  a  peu 
pres  d(ija  frappe  de  mort;  sa  presence  est  done  conse- 
cutive et  non  deierminante  de  I'^tat  morbide,  et  s'il 
intervient,  c'est  parce  qu'il  doit  accomplir  a  son  heure^ 
tmc  fjeuvre  de  disorganisation  que  la  nature  lui  a 


61 

confl('e,  ainsi  qu'w  pliisiours  aulrcs  cspecos  de  sa  fa- 
rnille,a  chacune  d(!squelles  cllo  a  r(5parli  sa  U\cl)esp(5- 
ciale.  Le  scolyte  de  Torme  par  exomple  n'est  pas  lo 
tn6mo  que  celui  dos  branches  dii  pin  el  do  I'l^corce  dii 
frene.  Chacnne  de  ces  trois  especes  Iravaille  a  sa  ma- 
ni6re,  dispose  differemment  le  dessin  de  ses  galeries 
sous  coilicales,  ou  s'atlache  a  des  parlies  differenles 
des  arbres.  Ainsi  le  scolyte  dusapin  atlaque  surloul  les 
branches  inferienres  de  eel  arbre  ,  el  sans  nul 
(ioule,  par  la  raison  que  rallongement  de  la  lige  en  a 
relire  la  seve,  aussi  Linnee  qui  le  croyait  du  resle 
i'auleur  rneme  de  la  deslruclion  de  ces  branches,  I'ap- 
pelail-il  le  jardinier  de  la  nature.  Celle  diff(^rence 
dans  les  Iravaux  de  ces  divers  insecles  est  bien  connue 
des  enlomologisles  qui  ne  fonl  pas  seulemenl  de  la 
science  de  cabinel,  el  bur  examen  qui  suffil  pour  dd- 
lerminer  I'cspece  qui  les  produil,  a  suffi  aussi  en  cer- 
taines  circonslances,  pour  induire  de  celle-ci  I'esp^ce 
do  I'arbre  sur  I'aubier  duquel  ces  lypographes  6m6- 
riles  out  grave  la  Irace  de  leur  passage. 

Toules  ces  especes  xylopliages  onl  rcQU  rimporlanle 
mission  de  baler  I'inslanl  oil  cerlains  debris  v(5gd:aux 
doivenl  renlrer  dans  la  masse  de  eel  humus  qu'Hum- 
phry  Davy  appelail  le  labor atoire  commun,  d'oii  la  vie 
v6g6tale  vienl  exlraire  des  elemenls  pour  t'ornuM' de 
nouvellcs  coinbinaisons  organiques,  qui  servironl  k 
I'alimenlalion  des  animaux,  lesquels,  a  leur  lour,  les 
rcverscronl  encore  sous  diverses  formes  dans  le  reser- 
voir genciral.  C'esl  loujours  le  cycle  sans  fin,  le  serpent 
symbolique,  se  mordant  la  queue,  el  formanl  eel  an- 
neau  vivanl  el  mysl(irieux  qui  repr(i&enle  Idlcrnite 
des  el6mcnls  de  la  vie  des  6lres  lout  aussi  bien  que 


* 

rtHernile  prise  dans  lui  sons  plus  abslrail  et  plus 
g(5ndral. 

Ainsi  done  n'accusons  plus  ddsormais  ces  pauvres 
insecles  qui  n'en  peuvent  nnais,  agents  obscurs  et  pas- 
sifs,  mais  ouvriers  infaligables  de  Toeuvre  sans  cesse 
renaissanlc  que  leur  a  imposee  lY'ternelle  sagesse,  qui, 
dans  la  reaction  des  elres  organises  les  uns  sur  les  au- 
tres,  dans  cc  balancement  indc^flni  des  formes  et  des 
forces  vilales,  oil  I'equilibre  se  fait  toujours  dans  un 
temps  donn^,  se  montre  surtout  soucieuse  d'assurer 
ia  perp^luil^  de  Tespece,  mais  non  pas  d'en  vouloir 
jamais  sacrifier  aucune  au  profit  d'une  autre. 

Mais  sorlons  des  genc^ralites  pour  ciler  des  fails  d'un 
enseignemeni  supc^rieur  a  celui  de  la  logique  la  plus 
specieuse,  et  qui  out  loule  I'aulorite  des  experiences 
directes,  bien  que  nos  observations,  quoique  compa- 
ratives, n'aientete  que  le  r^sultal  d'accidents. 

Je  poss6dais  deux  ornies  Ages  de  70  a  80  ans.  Ȥga- 
lenient  vigoureux  ,  planles  aux  deux  c6les  d'un(! 
barriere,  el  dislants  de  "2  metres  d'un  foss6  a  demi- 
combl6,  en  partie  rempli  d'eau  pendant  six  mois  el 
dans  lequel  I'un  d'eux,  celui  du  nord,  avail  t^tendu  ses 
racines  qui  le  franchissaient  meme  pour  alter  Irouver 
au-dela  une  pelouse  fraiche. 

Ayantpar  suite  d'un  nivellement  abaissd  le  sol  d'un 
demi-melre  ,  je  laissai  au  pied  de  chaque  arbre  un 
banc  degazoncirculaire  pour  prot(5ger  les  racines  su- 
perflcieltes.  Toulefois  I'orme  du  nord,  le  plus  vigou- 
reux des  deux,  eut  Irois  grosses  racines  de  25  a  40 
centimetres  de  diamelre  coupt'es  a  80  centimetres  de 
longueur.  It  perdit  en  outre  loutes  celles  qui  garnis 
saienl  le  fossel'  et  celles  qui  le  d^passaienl ;  eel  arbre 


63 

i-oiil  eiil  done  a  soiitTiir.  Aiissi,  d6s  le  prinlomps  qui 
siiivil,  il  nes(^  fciiilla  que  lenlemenl;  plusiours  do  ses 
liaulos  branches  ne  poussercnl  nienie  pas. 

L'annee  siiivanlo,  eel  (5lal  de  laiigiiour  eonlinua  el 
ec  fill  alors  que  le  scolyle  Hi  son apparilion.  line  parlie 
de  Tecoree  dii  Irone,  celle  de  deux  grosses  branches 
perpcndifMilaires  lomberenl  en  lambeaux  vers  I'au- 
lonmtj.  II  n'y  cut  a  persisler  dans  I'ecorce  du  Ironc 
que  Irois  lani^res  elroiles,  correspondant  aux  bifur- 
cations des  grosses  racines  amput(5es  el  qui  elaient 
alinienlees  par  les  racines  pivotanles  ou  inferieures 
resides  inlactes.  Ainsi  reduite,  la  seve  put  suffire  a 
Tentretien  de  ces  trois  lanieres  el  s'y  concenlrer  de 
telle  sorle  que  le  scolyle  n'y  put  pentHrer. 

Cependanl,  le  fosse  qui  avail  cH(^  creusc  se  Irouvant 
conslamrnenl  rempli  d'eau  ,  porta  une  nourriturc! 
uouvelle  aux  racines  profondes  de  I'arbre  qui  piirent 
se  ddvelopper  et  reparer  les  perles  qu'il  avail  soutler- 
tes  dans  son  chevelu.  La  s6ve  recouvra  son  abun- 
dance ,  les  lanieres  furent  bienlol  insutlisantes  a  la 
contenir,  un  immense  travail  de  bourgeonnenieiit 
d'(5corce  se  manifesta  aulour  de  loules  les  parlies  dd- 
nud(5es  el,  a  peine  eul-il  commence,  que  le  scolyl(i 
disparut  de  loules  les  parlies  de  I'arbre  devant  les 
progres  que  faisait  la  seve. 

J'ajouterai  comme  complement  de  cetle  observa- 
tion que  I'autre  ormeau,  bien  que  situe  a  6  metres 
seulement  de  I'arbre  malade,  riiais  qui  n'avait  pas 
subi  d'amputalion,  ful  respe(;te  par  les  scolytes. 

Ainsi  done,  lorsque  ce  n'esl  pas  la  vieillesse  qui  ap- 
pelle  le  scolyle,  ce  doit  etre  une  cause  qui  am^ne  une 
perlurbalionet  une  diminution  dans  la  produclion  de 
la  s6ve. 


Oil  trouvera-l-on  celle  cause  pour  los  oruiesdc  nos 
boulevards  ?  c'esl  ce  qu'il  s'agil  de  rccliercher ,  en 
les  suivanl  dans  loule  la  pt^riodo  do  leur  develop- 
pement. 

Nos  arbres  avaient  dl^  plantes  a  Torigine  dans  les 
meilleures  condilions ;  dans  une  lerre  meuble  el 
neuve;dans  unsol  qui  resia  longlemps  pen  fr<5quent(^ 
el  accessible  a  la  penetration  des  eaux  pluviales.  On 
avail  meine  disposed  entr'eux  des  cuvettes  oil  I'eau 
sejournait  pour  bumecter  les  raciiies.  Dans  les  pre- 
mieres ann6es  et  jusque  vers  1830,  leurs  progres  fu- 
rentrapides;  niais  successivemenl  les  cuvelles  furenl 
comblees,  los  alldcs  macadamis^cs,  ^goul^es ,  les 
eaux  riveraines  dtHournees,  et  il  se  fit  un  temps  d'arret 
dans  leur  essor,  etat  qui  s'aggrava  par  une  opt^ralion 
desastreuse,  lY'lagage  d'une  partie  des  grosses  bran- 
cbes,  don  I  les  plaies  au  bout  de  27  ans  ne  sont  pas 
encore  fermdes  dans  la  plupart  de  ces  arbres. 

Enfin,  une  circulation  chaque  jour  plus  active  est 
venue  op(5rer  sous  le  pietinement  de  la  foule  un  tasse- 
ment  ind^fini  du  sol,  dont  la  surface  a  acquis  toiite 
rimperm6abilit6  d'une  couche  de  b(5lon  ,  si  bien  que, 
maintenant  a  aucuno  t^poque  de  Tann^e,  les  racines 
n'y  peuvent  puiser  ni  humidit(^,  ni  nourriture. 

Aquoi  il  convient  d'ajouter  que  cette  absence  d'hu- 
rnidiie  autour  des  racines  pendant  la  periode  de  la 
v^gt^tation  ,  ne  pent  etre  en  partie  compenste  par 
I'absorption  des  vapours  bumidcs  au  moyen  des  feuil 
les,  puisque  celles-ci  sont  alors  babiluellement  cou- 
vertes  de  poussiere  qui  boucbe  leurs  pores. 

Tel  est  done.  Ton  n'en  pent  douter,  I'ensemble  des 
causes  Ires-simples,  Ires-vulgaires,  mais  continues  el 


r)5 

t^nergiqiies,  qui  out  occasiomid  le  dt^perissemetil  dcs 
ormes  des  boulevards  et  appele  par  suilo  la  presence 
du  scolyle. 

Elles  so  resolvcnl  en  definilivc,  comme  on  Ic  voit  ■ 
en  iin  senl  point:  privalion  do  riumiidile  siitfisanto 
pour  cnlreteiiir  norrnalcmenl  la  seve,  ce  fluide  vital 
du  v(^g6lal. 

L'oxistence  do  qneUpies  arbrosvigoureuxne  prouve 
rien  d'ailleurs  conlre  ce  que  nous  avangons,  car  on 
pent  remarqner  que  ceux-la  sonl  giin^ralement  plan- 
les  dans  la  partiedu  boulevard  do  I'Est  ou  se  trouvail 
Tancicn  foss(^  de  ville,  et  an  devant  de  cours  el  do 
jardins  oil  leurs  racines  tragantes  ont  pu  aller  cher- 
cher  rhuniidile  que  leur  refusail  le  sol  merne  des 
alldes. 

Avoir  signale  I'origine  du  mal,  n'est-ce  pas  en  avoir 
indique  le  remede? 

Que  fail  rhorliculteur  dont  la  planle  ddperil?  II 
ameublit  le  sol  a  sa  surface  pour  y  faire  pi'nelrer  I'air 
qui  apporte  aux  racines  son  contingent  d'azote  ,  (it  ii 
Tarrose. 

Qu"a-t-on  fait  a  Bordeaux  oil ,  de  temps  a  autre ,  il 
pleul  plus  ou  moins?  On  a  h\n6  les  arbres  des  Quin- 
conces  et  on  les  a  ainsi  arrach(5s  a  une  morl  i>n- 
minenle. 

Que  fait-on  en  d'autres  villesoii  il  pleul  moins  sou 
veni?  On  irrigue  les  promenades. 

Pourquoi  ne  pas  user  ici  des  deux  moyeus? 

(luenMor  d'abord  pour  briser  dans  une  cerlainezone 
la  couche  suporficielle  an  pied  des  arbres  ,  puis  leur 
donner  largement  cetle  eau  bienfaisante  ,  vdhicule 
obligd  des  agents  nourriciers ,  et  qui ,  avcc  I'air  ,  la 


0(3 

chalour,  la  liiniieie,  roleolricili',  est  uiie  dos  conditions 
de  la  vegcHalioii,  dans  les  plantes  colyledon(ies  dii 
inoins. 

La  chiinie  organique  ne  nons  enseigne-t-elle  pas 
que  quatre  corps  simples,  Thydrogene,  I'oxygene,  Ic 
carbone  et  I'azole  entrenl  pour  les  95/100  dans  la 
composition  des  vdgelaux,  cl  que  I'eau  les  charrie  en 
plus  ou  rnoins  grande  proportion?  Pomp^e  en  nature 
par  les  racines,  la  s6ve  ascendanle  la  porle  jusqu'aux 
feuilles ,  ces  poumons  du  vtigetal ,  oil  s'op^re  un  A6- 
gagement  de  I'oxig^ne  surabondant  et  oil,  sous  Tin- 
fluonce  de  la  lumiere  solaire,  s'isole  I'acide  carboni- 
que,  donl  le  carbone  entre  en  si  grande  proportion 
dans  la  composition  du  corps  ligneux. 

El  faisons  remarquer  en  passant  que  ce  que  la 
science  a  demontre  par  des  experiences  de  labora- 
loire,  la  nature  s'est  chargde  d'cn  pr(5senter  les  r^sul- 
talsa  qui  veut  bien  les  observer.  II  n'est  personne  en 
cffet  qui,  en  parcourant  les  campagnes,  n'ait  rencon- 
trd  certains  arbres  qui  par  leur  mode  de  station  habi- 
tuelle  sont  le  plus  eloignes  des  habitudes  des  especes 
aqualiques,  et  qui  venanl  a  nailre  dans  des  condi- 
tions d'un  arrosement  continu,  commc  peuventl'filre 
les  bords  d'un  ruisseau,  d'une  mare,  d'un  foss6,  y 
prennent  un  d(5veloppement  rapide  et  gigantesque;  les 
chenes,  les  chalaigners,  les  ormes  ainsi  places  sont 
toujours  les  plus  gros  el  les  plus  grands  de  la  conlr^e. 

Quant  au  mode  d'arrosement  a  introduire  sur  les 
promenades,  il  n'est  plus  a  trouver.  D(''j;i  il  est  adopted 
dans  d'autres  villes  qui  peuvent  comme  la  noire  dis- 
poser d'eaux  vives,  et  il  est  aussi  facile  que  pen  dis- 
pendicnx. 


()7 

l/irrigalioii  s'opcno  au  iiiov'in  <1<'  rigolcs  (lui,  dans 
chaqiie  rungee  d'arbres  vonl  del'im  a  Taiilre,  s'arroii- 
dissanl  en  demi-cercle  el  en  dehors  au  pied  de  cha- 
cun.  La  rigole  large  de  !20  cenlimelres  et  profonde  de 
15  dans  les  parlies  droites,  acquierl  30  cenlimelres  de 
largenr  sur  25  de  profondeur  dans  ses  coiirbes,  afin 
(juo  I'eau  y  puisse  sejourner.  Les  rigoles  se  reniplis- 
senl  a  I'aidedc  regards  avoc  plaque  a  jour,  places  au 
poinl  culminanl  el  au  besoin  dans  le  trajel  des  pen- 
les.  On  donne, I'eau  de'niinuitalrois  heures  du  malin 
pendanl  toute  la  pt^riode  d'aclivild  de  la  vdgc'ilalion 
de  lelle  sorle  que  les  rigoles  sonl  ressuydesavanl  que 
les  passanls  reparaissent. 

Dans  certains  endroils,  on  a  pour  les  besoins  dune 
circulalion  plus  aclive,  subsliluti  aux  rigoles  ouverles, 
un  sysleme  de  drains  d'arrosemenl  tres-peu  cofileux, 
mais  plusdifflcilesa  surveiller. 

Toujours  esl-il  que  parlout  ou  I'un  ou  Tautre  mode 
d'arrosemenl  a  el6  mis  en  usage,  on  a  pu  voir  comme 
aux  allees  de  Meillan  a  Marseille,  des  arbres  en  proie 
au  scolylc  se  rdlablir  presque  inslanlandment  et  se 
ddbarrasser  de  eel  hole  dt^vaslaleur. 

Nous  Savons  qu'il  a  ele  objecle  que  sous  noire  cli 
mat  les  arbres  ont  moins  a  souffrir  de  la  secheresse 
que  dans  la  France  mi^ridionale,  bien  que  la  quantile 
d"eau  pluviale  soil  bien  moins  considerable  chez  nous 
que  dans  le  midi  (1;.  El  Ton  aurail  peul-elre  raison  si 
Ton  enlendail  parler  des  arbres  de  nos  campagnes  el 
smioul  de  ceux  qui  comme  les  ormes  sonl  les  holes 

(1 )  Geci  poiirrail  paraitre  paradoxal,  si  les  observations  udomefri- 
ques  ne  le  prouvaient  pas. 


08 

•Ics  lories  Iraiclios  dos  vallons,  mais  les  arbres  dos 
pronKuiadt's  imbliquos  frequenl^es  no  sont  pas  dan> 
lesmemes  conditions.  Tandis  qui;  Farbre  dcs  champs 
va  puiscr  librement  les  elemcnls  do  nutrition  dans  les 
champs,  les  gazons,  les  lerres  cullivdes,  Ics  arbres 
des  promenades  sonl  resserres  dans  une  lerre  epnisec 
qui  n'est  plus  ouverte  a  la  pent'^lralion  deseaux.  Les 
fiersonnes  qui,  it  y  a  a  peine  quclqnes  scmaines,  onl 
pu'  voir  les  fosses  praliquees  pour  enlever  les  arbres 
niorls  (levant  la  grille  de  la  mairie,  onl  pu  recon- 
naitro  qu'a  la  fin  meme  de  Thiver  le  sol  tHait  dans  un 
«^tat  de  siccite  absolue. 

Enfln,  nous  te  rep(^lons,  rexperience  est  la,  su|)e- 
rioure  a  toutes  les  objeclions.  Pourquoi  ue  pas  tenter 
[)our  revivifier  nos  promenades  nn  moyen  facile  , 
economique,  qui  a  rdussi  partout  ailleurs? 

Du  reslo,  si  aucuns  persislaient  a  voir  dans  une 
infection  de  la  terre  par  le  gaz,  une  cause  de  mortalite 
on  de  lent  di^perissement  pour  les  arbres,  il  est  Ir^s- 
probable  qu'on  parvicndrait  a  en  combaltre  efficace- 
menl  les  effels  par  des  arrosages  abondanls,  qui  dans 
les  parties  les  plus  impregntV-s  de  gaz  hydrogene  el 
d'acide  carbonique,  pourraienl  elre  combiners  avec 
lY'lablissement  de  drains  de  dessechement  qui  ^va- 
cueraienl  les  eaux  qui  se  seraient  salurt^es  des  gaz 
d^leteres  et  en  laveraienl  ainsi  la  lerre. 

Lorsque  rinfeclion  des  lerres  est  ancienue  el  con- 
siderable, commo  on  dit  qu'elle  peut  I'elre  a  Paris  par 
exemple  ,  on  obliendrait  sansdoute  aiusi  un  assainis- 
semetil  relatif  de  la  lerre. 

Puisque  nous  avons  parte  de  Paris,  nous  fiuirons 
par  une  observation  sur  la  melhode  de  Iraitemenl 


69 

qii'on  vi(Mil  (I'iiilrofiiiirc  pour  los  ormos  des  Champs- 
F;lys(^cs  aUaqu(?s  pur  Ic  scolyle.  Elleconsisle  a  enlevcr 
les  parlies  corlicales  endoiiiinaget's  el  a  recouvrir 
I'aubier  d'luie  couclio  d'ongiient  de  Sainl-Fiacre  on 
autre  enduil  analogue.  D'apres  ce  que  nous  venons 
de  voir,  on  peul  pr(5dire  que  le  remede  indique  n'aura 
pas  les  effels  qu'on  en  attend.  Lesormes  des  Cliaiups- 
Elysees,  ceux  des  autres  promenades  de  Paris,  ne 
sont  plus  dans  les  memcs  conditions  qu'autrefois.  Les 
gazons  onl  partout  disparu  et  partout  la  circulation 
des  promeneursa  decuple  et  battu  la  terre,  de  fagon  a 
la  rendre  ddsorniais  impermeable. 

On  ne  pourrait  done  obtenir  les  heureux  rdsullals 
qu'on  espere  qu'autant  que  Ton  vicndrait  a  ranimer 
ces  arbres  par  des  arrosemenls  el  par  une  nourriture 
nouvelle.  II  ne  s'agii  pas  ici,  en  efFel,  d'apres  ce  que 
nous  croyons  avoir  dt^montrd,  d'un  mal  local  de  1'^- 
corce  qui ,  comme  le  chancre  ordinaire  des  ecorces. 
peut  se  trailer  par  I'ablalion  de  la  parlie  qui  en  est  le 
si6ge,  mais  bien  des  suites  d'une  maladie  organique 
qu'il  faudrait  d'abord  combattre  dans  sa  cause. 

Nous  croyons  done  pouvoir  affirmer  que  si  Ton  se 
borne  h  celte  espece  d'opi^ration  cbirurgicale  sans 
agir  sur  la  constitution  meme  du  sujet,  on  ne  sauvera 
[)as  les  malades  dont  rhygiene  n'aura  pas  ete 
chang^e. 

T.-C.  Brraud, 

Secretaire  genital  de  laSociete  acadeniique  d'Angers. 


NOTICE 


SUR 


UN  OUVRAGE  INEDIT  DE  BOTANIQUE 


DE  MERLET  LA  BOULAIE. 


En  rcconnaissanl  entre  los  mains  d'un  brocanteur 
un  rnanuscrit  de  la  main  de  Merlet  la  Boulaie,  conle- 
nanl  des  descriptions  de  plantes  accompagn^es  de 
Tindicalion  des  localit(^s  de  celles  qui  apparliennent  a 
noire  pays,  je  cms  avoir  retrouve  la  Flore  de  I'Anjou, 
que  Merlel  avail  perdue  en  1793  lors  du  siege 
d'Angers.  Mais  quoique  ce  livre  n'ail  ni  litre  ni  date, 
il  n'est  pas  difficile  d'y  reconnailre  un  catalogue  rai 
Sonne  et  descriplif  des  plantes  du  jardin  botanique 
d'Angers.  La  classification  de  Tournefort  qui  y  est 
suivie  prouve  que  ce  catalogue  est  anl(5rieur  a  I'ann^e 
1790,  6poque  oil  le  jardin  fut  transplants  dans  le  local 
qu'il  occupe  actuellemenl  el  dispose  dans  un  nouvel 
ordre.  D'un  autre  cote,  Merlet  n'ayant  abordS  I'Slude 


de  la  b()laiii(|iio  qiTcn  1788,  il  n't'sl  pas  impossible  do 
delerminer  ri^poquo  a  laqnellc  11  a  dCi  redigcr  ce  ca- 
talogue, si  loutefois  ce  n'est  pas  une  simple  copie  des 
documents  laisses  par  ses  pred^cesseurs. 

Quoiquil  en  soil,  les  indications  que  conlient  ce 
manuscrit  sont  intdressanles  en  ce  qu'elles  nous  font 
connailre  Tetat  des  connaissances  bolanicines  de 
Meiiet  vers  1789.  Plus  tard  il  proflta  des  communica- 
tions d'Aubert  du  Petit-Thonars  et  il  s'appropria  les 
donnees  consignees  dans  la  Flore  manuscrite  deM.  de 
la  Richerie  (1)  non  point,  comnie  on  I'a  6cril,  par 
suite  d'un  legs  que  celui-ci  lui  aurait  fail  de  son  ma- 
nuscrit, car  en  1783  «^poque  oil  mourut  La  Richerie, 
Merlet  (^lail  completemen  t  etranger  a  la  botanique,  mats 
parce  que  resl(5  seul  a  Angers  apres  la  dispersion  des 
membres  de  la  Society  des  bolanophiles,  il  conserva 
loutes  leurs archives,  coinme  il  le  fit  pourcelles  de  I'A- 
cademie  et  pour  un  grand  nombre  de  pieces  impor- 
lantes  provenanl  des  maisons  religieuses,  et  qu'il  >ul 
souslraire  a  la  destruction  qui  les  menagait. 

On  peul  rendre  toule  juslice  a  Merlel  la  Boulaie  en 
rappelant  le  zele  qu'il  montra  pour  la  conservation  el 
le  d(!'veloppemenl  du  jardin  botanique  d'Angers,  sans 
lui  attribuer  de  grandes   cormaissances  botaniques 

(I)  J'ai  sous  les  yeux  uiie  note  manuscrite  de  Desvaux  qui  ^ta- 
blit  la  concordance  des  principaux  synonymes  de  cctte  Flore,  avec 
la  nniiiPMrl.iliirc  nioderne.  F.n  IS.M  M.  (inqiiii  a  pulilii^  un  travail 
semblable  dans  les  menioircs  de  la  Sodete  Linnccniie  d'Angers.  Le 
savant  Liniieen  gratific  M.  La  Richerie  du  titre  de  baron,  qui  ne 
figure  pas  dans  un  acte  anthentique  pass(5  en  son  noin  en  1777.  II 
insinue  que  Hastard  aurait  pu  puiser  dans  re  manuscrit  rindicaHon 
d'especes  qu'il  a  inal  u  propos  attribuf^es  a  I'Anjou,  et  il  cile  entr<" 


7^2 

(in'il  u'avail  [u»s  cl  ne  pouvaif  avoir  (1).  Merlel  hommo 
fill  rnonde,  donl  les  inslaiils  se  parlageaienl  entre  des 
occupations  tr6s  diverses,  abordail  I'dliide  de  la  bola- 
iiiquo  en  i788  a  52  ans,  el  il  est  diificile  d'admetlre 
que  des  I'annee  suivanle,  comme  on  Ta  avancd,  il  etil 
une  Flore  dela  province  en  porlefeuille,  qu'il  possedal 
une  seriense  connaissance  des  plantes  et  que  toules 
les  localil(?s  de  I'Anjou  lui  fnssenl  devenues  faniilie- 
res.  En  cherohanl  aujourd'hui  a  faire  de  Merlel  un  bo- 
lanisle  du  premier  ordre,  en  rappdant  «  le  plus  grand 
uatnraliste  qu'ait  produit  TAnjou  »  (phrase  ditticile  a 
qualifier  appliquee  a  un  pays  qui  a  vu  nailre  Auberl 
du  Petit-Thouars  et  Bastard,  botanisles  d'une  renoni- 
in^eint'galesansdoule.  inaisd'un  merite  qui  pent  sou- 
Icnir  le  parallele),  n'aurait-on  pas  voulu,  en  exagdranl 
la  science  d'un  homme  qui  n'en  a  laiss^  aucune 
preuve.  faire  oublier  celle  de  deux  savants  qui  I'ont 
reellemenl  fondle  parmi  nous  ? 

Ne  soyons  injnstes  pour  personno,  respectons  la 
menioire  de  ceux  qui  nous  out  frayed  la  route,  mais 
rendons  aussi  un  juste  hommage  aux  contemporains 
qui  en  marchant  sur  leurs  traces,  ont  fournl  une  plus 
glorieuse  carri6re. 

autres  un  Silene  ntpestris  dont  Bastard  n'a  fait  mention  dans  au- 
cnn  de  ses  ecrits,  et  le  Thymus iiepetn,  qu'il  a  dil  citer  avec  d'au- 
tant  plus  de  raison  ,  qu'il  I'avait  vu  a  Saumur  on  il  abonde  aux 
bords  des  rhemins  ! 

(i)  A  Tappui  de  r.cUe  assertion  nous  pouvons  citer  les  apprecia- 
tions erronees  que  contient  le  travail  que  nous  faisons  connailre  et 
le  grand  nombre  de  plantes  vulgaires  auxquelles  notre  autcur  at- 
tribue  une  origine  etrangere,  ce  qui  indique  do  sa  part  une  con- 
naissance peu  approfondie  de  la  Flore  locale. 


73 

II  tie  sera  pas  sans  iiil(l'iC'l  sans  doule  dc  reproduirc 
ici  les  indications  les  plus  notables  consignees  dans 
le  catalogue  de  Merlel  : 

Phyteuma  spicala.  —  Pres  le  oouvent  de  la  Hale, 
dans  le  Bois. 

Lobelia  wens.  —  Pr(5  el  lande  du  Perrai  el  pr6s 
Beaucouzd. 

AUhaa  officinalis.  —  Porl-Ayrault,  lies  de  la  Loire, 
bords  de  rAuthion. 

Oxalis  corniculata.  —  Abondanle  pres  le  port  Thi- 
bault  (il  faut  lire  Ox  stricta). 

('onvallaria  maialis.  —  Bois  de  la  Haie. 

Asperula  odorala.  —  La  Priniaudiere  (il  est  reniar- 
quable  de  voir  celte  localite  eloign^e  ddja  connue  k 
roile  epoque). 

Planlago  Psyllium  (lisez  arenaria),  lies  de  la  Loire. 

Sanguisorba  officinalis.  —  Sur  les  Fourneaux  (par 
confusion  avecle  Poterium  sanguisorba). 

Genliana  perfoliala. —  Sur  les  Fourneaux,  assez 
rare. 

Veronica  scutellala.  —  Mare  ;i  rentr(!'e  du  bois  de  la 
Haie,  landes  des  Justices  et  du  Perrai. 

Le  Veronica  spicala  dont  Merlel  avail  dil-on  indi- 
qu6  dans  son  herbier  la  localite  au  bois  de  la  Haie.  ne 
tigurc  point  ici.  II  avail  c'nipruiit(!'  cetle  indication  au 
maiiuscril  de  La  Kicherie,  qui  probablement  avail  eu 
en  vue  une  plante  (5cbappee  des  jardins. 

Daphne  laureola.  —  Bois  de  la  Haie. 

Lilhospermum  purpureo-caruleum.  —  Sur  une  ga- 
renne  pres  la  tour  de  BrioUay. 

Scrophularia  canina.  —  lies  de  la  Loire,  vis-a-vis  la 
Pointe. 


74 

Orobanche  ramosa.  —  Vii  une  esptee  sur  les  nico- 
liarios  dii  jardin. 

Salvia  verticillala  (lisez  verbenaca),  fosstJs  do  la  porlo 
Sainl-Nicolas,  lo  pre  Guineforl,  derri^re  I'auberge  du 
Silence. 

Salvia  sciarea.  —  Derrifere  les  jardins  de  la  Bau- 
melle. 

Nepela  calaria  —  Chemin  du  Perrai  el  environs  de 
Briollay. 

Scutellaria  galericulala.  —  Etang  de  la  Haie. 

Galeopsis  galeobdolon.  —  Bois  de  la  Haie. 

Lamium  album.  —  Prairie  de  la  Baumelle  le  long 
des  murs. 

Le  L.  maculatum  est  donnecomme  nne  planle  d  Al- 
sace el  de  la  Provence. 

Teucrium  cliamoedrys.  —  Pres  le  clii^leau  de  Riou. 

Sisymbrium  sophia.  —  Sur  la  levde,  enlre  Saint- 
Malhnrin  el  les  Hosiers,  Briollay. 

Sistjmbrium  lenuifolium.  —  La  Levee,  surlout  pr6s 
Sainl-Lamberl. 

Turrilis  glabra.  —  Chemin  du  Perrai. 

Lepidium  ruder  ale.  —  Le  long  des  murs  de  la  Blan- 
cheraie,  fosses  de  la  ville. 

Lunaria  annua.  —  Sur  les  rochers  de  la  Baumelle. 

A7iemo)ie  Pulsatilla.  —  Nos  bois,  la  forel  de  Bris- 
sac  (?) 

Ranunculus  charnphyllos,  — Rochers  Saint-Nicolas. 

Hypericum  androscemum.  —  Pres  Pouance. 

Polentilla  recta.  —  Eglise  de  Lesviere  sur  les  mu- 
railles. 

Peucedanum  officinale  (peul-6lre  silaus).  —  Prairies 
au-dessus  des  Fonrneaux  el  de  la  Haie. 


75 

Imperatoria  osthruthium  (quid P).  —  C.roii  dansnoliv 
pays,  prc^ferable  a  rangtMiquc. 

Jigopodium  podagrarin.  —  Prtis  dcs  environs  de  la 
Haie  (?)  dans  colui  de  I'elang  du  Perrai  (?) 

Smyrnium  olusatrum.  —  Haies  derri^re  le  couvenl 
de  la  Baumetle,  dans  le  fos&6  de  ville  de  la  porle  Sainl- 
Michel  en  abondance. 

Sison  amumwn.  —  Campagnes  de  Frernur  et  Four- 
neaux. 

Ammi  majus.  —  Champs  de  Sainl-f^aud. 

Sanicula  europwa.  —  Bois  de  la  Haie  pr6s  une  vieille 
lour  ol  au-dessus  de  la  Papillaie. 

Eryngium  campestre.  —  Croil  parloul.  J'ai  616  siir- 
pris  de  ne  pas  le  Irouver  dans  le  Die.  B.  parini  les 
chardons. 

Tordylium  maximum.  —  Champs  el  haies  au-dessus 
des  Fourneaux. 

Caucalis  nodosa.  —  Id. 

Silene  nutans.  —  Esl  donn(i  comme  indigene  du 
Portugal. 

Corrigiolaliltoralis. —  PresdelaBliniereetlaPr^saie. 

Stalice  Armeria{V\sez  plantaginea  Aucl;.  —  Du  c6le 
de  Briollay  el  sur  les  bords  do  la  Loire. 

Linum  flavum.  —  H  y  a  aux  environs  de  Dou6  deux 
especes  de  Lin  a  fleurs  jaunes,  dont  une  esl  vivace. 

Asphodelus  ramosus.  —  Au  Perrai  (c'esl  .4.  sph(xro- 
cnrpus  Gr.). 

Fritillaria  Meleagris.  —  Tulipe  de  nos  pr^s,  vienl 
d'Orient. 

Allium  ursinum.  —  Dans  nos  pr^s  frais,  on  en  Irouve 
paroisse  Ecuill^. 

Uyacinlhus  rncemosus.  — Les  ilesde  Chalonnes. 


76 

Iris  fcEtidissima.  —  Aii-dessiis  des  Fourneaux,  bean- 
ooiip  a  Savcimiert'S. 

Gladiolus  communis.  —  Champ  aiipres  de  la  maison 
du  Lulin  (c'esl  G.  Guepini). 

Ononis  nalrix.  —  PresCharc6,  Thouarc^,  Faveraie. 

Trifolium  Lagopus.  —  (Lisez  arvense)  ,  abondant 
dans  Ics  prairies  de  la  Loire. 

Trifolium  suhlerraneum..  —  La  Baumelle. 

Orobus  vernus  (Lisez  luberosus).  —  Bois  du  Roi. 

Lathyrus  sylvestris.  —   Au-dessus  de   la  lour  de 
Briollay. 

Reseda  sesamoides.  —  Rochers  Saiul-Nicolas  el  aussi 
sur  les  Foiu-neaux  dans  les  fenles  des  rochers. 

Nigella  arvcnsis.  —  Dans  1(!S  bl(isd'Evanlard. 

Aquilegia  vulgaris.  —  Bois  de  la  Haie. 

Fumaria  Indbosa.  —  Pres  Chalonnes  el  pres  la  Plessc, 

fumaria  claviculata.  —  Bois  de  la  Haie. 

Ophrgs  orala.  —  Pres  le  couvenl  de  la  Haie,  aupr6s 
du  chaleau  des  Noyers. 

Ophrys  spiralis.  —  Dans  un  pre  pres  les  Capucins. 

Tanacelum  vulgare.  -—  Les  lies  de  la  Loire  en  soul 
rcmplies. 

Artemisia  campcstris.  —  lies  de  la  Loire. 

Dipsacus  pilo,ms.  —  Vient  d'Alleinagne.' 

Carduus  Marianus.  —  Pres  les  Capucins,  Four- 
neaux. 

Xanlhium  spinosum.  —  Presle  Porl-Thibaull  parmi 
les  sault's  (?)  (On  n"y  Irouve  que  le  X.  macrocarpum) . 

Scorzonera    laciniata.    (Lisez    Leontondon  aulum- 
nale).  —  Croil  dans  ce  pays. 

Erigeron  graveolens.  —  Champs  Sainl-Marlin,  len- 
daul  a  la  Croix-Renard. 


Doronkum  Pardallanches.  —  Lc  long  de  la  Loire 
dans  h.'S  vailccs  (penl-eliT  Dor.  Planlagineum,  mais  jl 
ne  sp  Irouve  gu^rc  dans  ocs  localilt^s.) 

Tussilago  peinsilcs.  —  Pros  Sainlc-Gemnies  snr  les 
bords  dc  la  Loire  el  des  ruisseaux,  au-dessus  de  la 
Hale  pres  le  Prau,  dans  le  pare  de  Varennes  a  Saven- 
nieres  el  pros  Morannes. 

Meiiurialis  perennis.  —  Prairies  des  environs  de  la 
Haie. 

Urlka  pilulifera.  —  Pres  Sainl-Serge  derriere  les 
murs,  TEsviere,  elc. 

Osmumki  spkant.  —  Bords  des  prairies  Boguais, 
pres  le  bois  de  la  Haie. 

O.wmnda  re(jaUs.  —  Memes  lieux. 

Ophiocjlossiim  vulgalum.  —  Bords  de  la  Loire,  prai- 
ries aupr6s  de  la  niaison  de  la  Haie. 

Telles  sonl  les  principales  indicalions  consignees 
dans  ce  nianuscril  :  un  grand  nonibre  d'especes  Iri^s 
repandnes  dans  le  pays  sonl  enumereos  comme  ayanl 
une  origine  elrang(^re,  cc  qui  peul  laissi  r  penscr  que 
Merk'l  avail  recueilli  ces  indicalions  dans  lescommu- 
nicalions  verbales  on  ecriles  de  ses  pr^d^cesseurs 
plul6l  que  par  suile  de  rcchcrches  sur  le  terrain. 

On  Ironve  ga  el  la  des  observations  pratiques  assez 
curiouses,  par  exeinple  celle-ci  a  propos  de  YAntlmius 
lotula  :  K  M.  de  la  R...  (Riclicric)  prdlond  que  celle 
»  plante  esl  si  acre  ,  que  des  porsonncs  en  ayanl  ra- 
»  masse  une  certaine  quantild,  onl  eu  les  bras  cou- 
»  verls  de  cloches  el  ressenli  de  vives  douleurs.  La 
»  farine  de  seiglo  niel6e  avec  de  I'huile  el  du  vin  esl  le 
»  rernede.  Tenant  cctte  plante  a  la  main  on  peul  ap- 
»  procher  d'une  rucho  a  miel,  les  abeilles  la  fuienl.  « 

6 


78 

Nous  avous  publiti  en  1851  ,  dans  la  noUcc  sur  le 
jardin  bolanique  d'Angers,  line  biographic  de  Model 
la  Boulaie,  donl  tons  les  details  onl  dl6  exlrails  de 
pieces  aulhenliques  el  officielles,  on  dos  correspon- 
dances  conlemporaincs ,  nous  sommes  heureux  de 
pouvoir  ajouler  un  nouveau  llearon  a  la  couronne  bo- 
lanique de  eel  eslimable  professeur. 

A.   BOREiD. 

President  de  la  section  des  sciences  physiques 
el  nalurelies  de  la  Societe  academique. 


Avril  1857. 


i:X.TK.4IT 


D  UNE 


LETTRE  ADRESSEE  A  M.  BOREAU 

Par  M.  le  d''  SAGOT. 

Dieuibie  cuiTesiJoiidant,  chlrui-(;len  de  la  marine,  ii  la  Giivaiie. 


Acarouany  (quarlier  de  Mana),  Guyane  franijaise,  15  fevrier  1837. 

Void  Irois  ansque  je  suis  a  la  Guyane  et  jemeplais 
loujours  beaucoup  dans  le  pays ;  je  ne  nie  pas  qii'il 
n'ail  ses  inconvenienls  et  ses  dangers  ,  inais  ce  n'en 
est  pas  njoins  un  beau  et  bon  pays ,  ou ,  avec  de  la 
persevdrance  et  nne  suite  bien  conduite  d'efforts,  on 
peul  order  une  colonie  superbe.  La  plus  grand e  dif- 
liculte  du  probleme,  il  faul  Tavouer,  est  une  sage  el 
[jratique  rdgleuienlation  des  rapports  des  planteurs 
blancs  avec  les  ouvriers  n6grcs.  Le  regime  acluel  est 
pSle,  inddcis  et  ne  permcl  aucune  direction  serieuse. 
Je  suis  de  ceux  qui  pensenl  que ,  sans  violer  les  droits 
d"  rhumanile,  on  peut  allribuer  aux  propridtaires  un 


80 

peu  plus  d(3  droit  de  comnuindomenf .  Je  ne  voiis  parlc 
pas  de  cela  sans  une  cerlaine  connaissance  de  cause, 
car  (5!anl  ici  m(''deciii  ol  dirocleur  des  riogres  Idpreux, 
je  connais  bion  le  caraclore  ol  los  besoins  de  ces 
gens-la.  Lesjournaux  vous  auront  appris  que  nous 
avons  des  mines  d'or,  il  n'y  en  a  encore  que  de  po- 
ntes exploilalions  provisoires,  mais  elles  ont  616  Ui- 
cralivos.  Cela  va  altirer  par  un  at  trail  nouveau  les 
Europeens  a  la  Guyane  et  nous  recoinniander  a  I'at- 
lenlion  du  gouvernement  de  la  Melro[)ole. 

Vous  vous  demandez  quelle  part  la  bolanique  lienl 
dans  nia  vie  de  lous  les  jours  :  elle  prend  une  grosse 
partic  de  mes  loisirs.  Ayanl  epuise  In  vegetation  her- 
bacee  et  frulcscenle  de  mes  environs  immediats,  je 
m'adonne  depuis  eel  el6  n  la  recherche  des  grands 
arbres,  que  j'examine  a  la  luuelie  d'approche  el  que 
je  coupe  apres  a  la  hache.  Cela  ne  va  pas  vile,  car  les 
arbres  fleurissent  assez  peu  et  on  ne  les  voil  que  Ires- 
ditlicilemenl  dans  nos  epaisses  for6ls  ,  mais  je  Irouve 
de  belles  choscs.  J'ai  recolle  aujourd'hui  a  peu  pres 
1,200  especes  (phanerogamcs  el  fougeres)  el  je  n'ai 
pas  voyag<5  du  lout  ;  jugez  par  la  combien  le  pays  est 
riche.  Les  delerminalions  n'avancenl  pas  vile,  on 
arrive  ais^ment  a  la  famille  et  m6me  an  genre,  mais 
I'espece?  —  Je  vous  avoue  que  je  ne  connais  guere 
qu'une  espece  sur  quatre  dans  mes  recoltes.  Si  je 
puis  alter  en  France  dans  3  ou  4  ans,  je  IScherai  de 
ddbrouiller  un  peu  le  chaos,  mais  les  herbiers  exoti- 
ques  sonl  si  peu  nommes  que  je  n'avancerai  pas  vile 
a  la  recherch(!.  C'esl  de  honle  d'avoir  si  peu  de  dt'ler- 
minalions  que  je  ne  vous  communique  pas  le  catalo- 
gue de  mes  recoltes.  Ce  sera  [)our  un  peu  plus  lard. 


81 

l^a  graiiiie  familkui(;  la  Flon;  co  sonl  les  k''i,'muiiieuscs; 
i'ai  120  lt\ia;iimineuses  el  !28  composdes,  vous  voycz 
que  ce  no  soul  plus  les  proporlions  de  rEuropc. 
Apres  les  l^gmninenses,  vlonnenl  graniin(5es,  fou- 
gercs,  indlaslomcs,  cyporacdes,  rubiacees,  [)iiis  des 
families  nioiiis  nombreiises  ,  qiioiquc  Ires-richos  en- 
core :  orchidees  ,  scilaminees  ,  palmiers ,  aroidees,  ar- 
locarp(5es  ,  euphorbiac(5es  ,  laurinees  ,  verbenac(5es  , 
solanees,  bignoniacees,  apocynees,  convnlvulacdeSj 
composees,  niyrtees,  chrysobalan(5es,  ldrebinlhac(5es, 
malpighides  ,  malvacees  ,  clnsiac(5es  ,  sapindacdes  , 
anonacees.  —  Les  types  de  noire  Flore  sonl  Ires-va- 
ries, il  y  a  pUis  de  families  qu'en  Europe.  Quanl  a 
I'abondance  des  especes,  je  presume  que,  sous  un 
climal  uniforme  el  sans  haules  monlagnos,  nous 
avons  au  moins  qualre  fois  plus  d'especes  pbanero- 
games  qu'uno  r(5gion  nalnrellc  de  la  France,  mais  on 
n'arrivera  que  bien  lenlement  a  la  connaissance  de 
lout  cela.  II  y  a  pen  de  nos  plan  les  qui  puissenl  s'in- 
troduire  ulilemenl  dans  les  serres  d'Europe,  elles  sonl 
Irop  grandes  et  fleurissent  trop  peu.  En  general,  on 
Irouve  Ires-pcu  de  graines  el  tres-peu  de  ces  graines 
sonl  susceptibles  de  couservalion,  la  pluparl  moisis- 
senl  ou  pourrissenl  lout  de  suite,  peu  soul  seches  el 
revclues  d'uno  enveloppe  fernie.... 

.I'ai  conlinut^  mes  eludes  do  culture  jardiniere  el 
jo  suis  devenu  d'une  certaiue  adresse  ct  experience. 
J'ai  Irouve  une  loi  tres-curieuse  d'origine  el  de  distri- 
bution geographique  de  nos  races  si  varieos  de  fruils 
et  do  legumes  t^quatoriaux.  Cbaque  continent ,  on 
plutol  cbaque  grande  region  geographique,  a  sa  col- 
lecliou  propre  de  races  originaires.  Ainsi  la  banauo, 


89 

rigiiani(\  lu  palate  douce  se  Irouveiil  dans  tous  les 
pays  (jhauds ,  mais  aiilres  elaietil  les  races  originai- 
res  d'Asie,  de  Chine,  des  coles  d'Afriqne,  d'Ameriqnc 
orientale  et  occidenlale,  des  iles  de  la  mer  du  Sud.  Ce 
principe  connu,  on  est  guidd  pour  faire  des  collec- 
tions melhodiques  el  completes  de  ces  planles  utiles 
et  pour  demeler  les  races  iinporldes  qui  croissenl  au- 
jourd'liui  a  cote  des  indigenes.  Je  crois  que  rimmense 
uiajorile  de  nos  races  cultivees  si  nonibreuses  ,  sonl 
I'oRuvre  de  la  nature  el  non  de  la  cuUure.  II  y  a  des 
maniocs,  des  banaues,  des  mangucs ,  comme  des 
bleds,  des  pommes  et  des  raisins.  Mais  il  y  a  cepen- 
danl  sous  nos  youx,  des  fails  inconteslables  d'amelio- 
ration  de  races  par  la  culture ,  par  exemple  dans 
I'abricol  mammea,  I'avocat ,  le  mombin,  la  sapotille 
et  surloutla  mangue,... 

J'ai  enlendu  parler  ici,  par  des  militaires,  des  cul- 
tures el  du  climal  d'Algerie,  c'esl  une  nature  propre 
et  non  pas  une  transition  entre  les  climats  lemp^res 
ot  la  zone  ^quatoriale  ;  aussi,  je  suis  bien  fonde  a  vous 
dire  qu'aucune  plante  de  la  Guyane  ne  rdussirait  le 
moins  du  monde  a  Alger.  Si  on  y  cultive  du  colon, 
des  palates,  du  sesame,  c'esl  que  ce  sont  en  gdneral 
ou  des  races  particulieres  ,  ou  meme  des  especes,  ou 
des  planles  qui  ne  sont  pas  proprement  equatoriales. 
Aussi,  aucune  rivalil(5  et  de  meme  aucune  subslilulion 
ne  peul  exister  entre  I'Algdrie  et  les  colonies  d'Am6- 
rique,  chaque  climal  a  ses  richesses  et  ses  produits 
propres  L'ignamo  de  la  nouvelle  Z(51ande  que  Ton  a 
inlroduit  en  France,  est-ilbon?a  la  Guyane,  Tigname 
indien  (Dioscorea  Irifida?)  est  excellent,  mais  le 
D.  aculeala  est  m(^diocre. 


NOTTCi: 


N 


SUR 


J.ES  PL\NTES  HhXUKILLlES  HN  CORSE 

PAR     M.     E.     REVELLIERB  , 

avfc  des  observations  sur  les  especes  liligicuses  ou  iiomctles. 

»AR  M.  A.  BOREAD, 

pi<*sl<lc!it  (le  la  sfction  des  sciences  physiques  et  naturelles  ile  In 
Soclt^l^  acad^mique. 


Un  naliiraliste  donl  le  lalenl  d'observalion  est  jus- 
lement  appreci^,  donl  la  science  a  enregistre  les  66- 
couverles  en  entomologie  el  en  botanique  ,  M.  E. 
Revcllierc  de  Sanmur,  vienlde  consacrer  deux  saisons 
a  Texploralion  de  la  Corse  el  conliniie  encore  ses  re- 
cherches,  aulanl  que  le  lui  perniel  une  sanl6  souvenl 
chancelanle.  Un  assez  long  sejour  qu'il  a  fall  en  185? 
a  Rogliano,  I'a  mis  a  ineme  de  prendre  une  idee  de  la 
vegetation  de  la  poinle  seplenlrionale  de  la  Corse;  an 
prinlemps  de  1856  il  a  repris  ses  explorations  dans  la 
parlie  mdridiouale  et  a  visits  soigneusemenl  les  envi- 
rons do  Bonifacio,  les  lies  del  Cavaloel  de  Lavezzioet 
les  parages  granitiques  de  Porlo-Verchio. 


Excii)])l  ill!  toiile  I'speco  cl(!  charlatcUiisnic,  chor- 
chanl  avanl  lout  la  verile  ,  iVI.  Rovelliere  communi- 
quera  ses  rdcollesaux  bolaiiislos  qui  cullivent  soricu- 
spmenl  la  science;  deja  MM.  Jordan  el  Lloyd  ont  eu 
pari  a  celles  de  1854;  quant  aux  dernieres,  il  m'en  a 
rendu  d('posilairo,  en  me  lenioignanl  le  di^sir  le  plus 
niarqii(5  de  me  voir  publier  des  a  pr^senl  les  osp6cos 
ou  les  obsi.'rvalions  nouvelles  que  peuvent  offrir  so« 
colleclions.  11  ne  fallail  rien  moins  que  ce  dc'sirsi  vi- 
vement  exprimd  pour  me  decider  a  enlreprendre  une 
Idche  si  difficile.  Malgre  ma  bonne  volonie  a  remplir 
les  inlenlions  de  M.  Revelliere,  11  ne  me  sera  pen*  etre 
pas  possible  de  mellre  en  relief  tous  lesobji^ls  inleres- 
sanls  Irouvc^s  par  lui,  mais  ces  nolcs  pourronl  peul- 
olre  prendre  une  place  plus  convenable  dans  un  travail 
d'ensemble  qui  serait  entrepris  lorsque  M.  Revelli6re 
aura  lermine  ses  explorations.  Un  catalogue  d(5laille 
des  plantes  recueillies  danscelle  ile  inepuisable  offri- 
rail  cerlainement  beau<;oupd'inleret,  lurs  nieme  qu'il 
ne  ferait  que  confirmer  les  dc^couverles  precc^dcnles 
conslatt^es  par  MM.  Jordan,  Kralik,  Leveilld,  Requien 
et  aulres  botanisles  qui,  depuis  quelqu(>s  annees,  ont 
reuni  tant  de  documenis  imporlants  pour  la  Flore  de 
la  Corse. 

MM.  Grenier  et  Godron  dans  leur  Flore  de  France, 
ayanl  resumd  presque  lous  ces  documents  ,  nous 
croyons  pouvoir  considerer  comme  nouvelles  pour 
la  Flore  de  Corse  les  esp6c(;s  qu'ils  n'ont  pas  mcn- 
lionnees. 

Clematis  cirrhosa,  L.— Ronitacio.  Je  mentionne  celte 
espece  |)our  faire  observer  que  sa  reunion  au  CI. 
Balearica  fiich.  ne  me  seuible  nuUement  fonddc  en 


85 

rais(»ii.  Cnllivi'cs  onsoniblo  a  Angi  r?,  res  donx  cldma- 
liles  semblenl  n  avoir  dc  comrnun  quo  los  caracleres 
flu  genre. 

Ramincnlus  procerus.  Moris.  —  Bonifacio,  marais  de 
Sanla-Manza.  C'csl  bien  la  planle  cullivee  sous  ci; 
nom  dans  los  dcolos  do  botaniqtie  ,  mais  lo  caract6ro 
atlribnc^  a  TespSco  ,  Carpellis  luberadalo - setigeris 
ii'oxiste  pas  dans  nos  oxomplairos. 

Ranunmhis  Revellierii,  Bor.  Plante  de  I  a  3  dooime-  •<^'  ^^  '^ 
tresdressee,  glabre,  d'un  vert  clair;  racine  annuelle,  ^  ''V 
fibreuse,  croissant  dans  Feau;  lige  flstuleiise,  ra-  (jS't'^. 
mouse  presque  des  la  base,  ramoaux  dress(5s,  un  pen 
roides,  presque  fasligies;  fonilles  inferieures  orbicu- 
laires,  onlieres  oblusos,  point  en  coeur  a  la  base ,  les 
suivantes  et  une  parlie  des  caulinaires  lanceol(5es  , 
atl(^nuees  aux  deux  bouts  ,  aigiies  ,  loulos  pourvuos 
d'nn  peliole  une  fois  et  demie  plus  long  que  le  limbe, 
les  supc^riouros  lint^aires  lanc(?o](fes  a  petiole  courl, 
loulos  enti^res  ou  avoc  quelques  dents  pou  nombrou- 
ses  el  ^carl(5es;  pedoncules  fisluleux,  munis  de  quel- 
ques polls  apprimes  ,  les  frucUferos  longs  de  5-6 
contimolros  et  un  pou  renflds  au  sommet;  receptacle 
glabre,  sepales  un  pou  veins  a  rexlerieur,  dtalos, 
pelits;  polales  jauno-clair.  une  fois  au  moins  plus 
pelils  que  les  sepales,  ovales  a  onglet  court,  c^caille 
noclarifere  plus  (Mroile  que  Tonglel ,  presque  nullo  ; 
car|)elles  30-35,  finenienl  Inberculeux,  ovoides  oblus. 
a  bee  Ires-court  droit,  large  a  la  base.  Avril-mai. 
Marais  des  environs  de  Bonifacio,  et  do  Porlo-Vec- 
chio. 

Celte  espece  que  ,](!  docrisd'apres  les  notes  rcjcuoil- 
lios  sur  piaf;e  par  M.  Kevelliere,  s'eloigne  des  Ran. 


iiodiflorus  ol  lalcriflorus  par  ses  fleurs  pedoaculees , 
(le  Vophmilossifolius,  par  ses  feuilles  primordiales  sou- 
vent  flollanles,  comme  dans  celle-ci,  mais  loutes 
ovales  retr^cies  aux  deux  bouls  el  non  largemenl 
cordiformes,  par  ses  fleurs  Irois  fois  plus  pelites,  ses 
carpelles  moitie  plus  gros,  ses  rameaux  plus  roides  et 
plus  dresses,  son  port  qui  rappelle  mieux  le  Ran. 
nodiftorus  ;  elle  parail  aussi  sc  rapprocher  du  Ran. 
»i%mosi{s ,  Wild.,  esp6ce  imparfaiternent  decrite  el 
indiqu(^e  aux  Canaries,  mais  elle  s'en  eloigne  par  -ees 
feuilles  a  peine  denizes  el  non  serratis  ,  par  ses  pe- 
lales  tres-petils  el  non  calycis  longiludine. 

Papaver  obtusifolmm,  Desf.  Fl.  All.  i,  p.  407.—  Tige 
droile,  a  polls  apprimtis,  lobes  des  feuilles  courts, 
oblus,  pedoncules  longs,  apbylles  uniflores,  a  polls 
apprim^s,  capsule  glabre  ovale  oblongue,  fleurs  d'un 
rouge  pale,  diamines  jaunalres  —  Rogliano,  dans  les 
vignes. 

Fumariaspedo.$a,  Jord. —  Rogliano. 

Fumaria  vmjans,  Jord.  —  Rogliano. 

Fumaria  offxcinalis,  L.  —  Rogliano. 

Fumaria  micrantha,  Lag.  —  Bonifacio. 

Sisymbrmm  coiamno',  Jacq.  —  Rogliano. 

Capsella  rubella ,  Reul.  —  Sables  marilimes ,  a 
Ajaccio;  Bonifacio ,  a  Venlilegne.  —  Nos  exemplaires 
ue  different  de  ceux  du  pays  G«5nevois  que  par  leur 
slalure  moins  elancee. 

Rapislrum  microcarpum,  Jord.  —  Rogliano. 

Viola  Corsica,  Jord !  —  Rogliano. 

C'csl  une  de  ces  especes  a  peliles  fleurs,  rt^unies  par 
les  auleurs  sous  ie  nom  de  V.  arvensis.  M.  Jordan  en 
donnera  la  descripliou. 


87 

Aslrocarpus  spathnhpfoliiis  ,  Hovcll.—  lionifticio  ,  h 
la  TriniUi. 

Celte  especo  rapporldci  en  varit'lc  h  VA.  purpuras- 
cms,  Walp,  s'on  distingue  an  preniiiT  coup-d'oeil,  par 
ses  feiiilles  inlerienres  pt^liolees  snborbicnlaires,  les 
snp(!'rioures  obovales  spalulecs,  los  anlheres  soni  d'nii 
jaune  plusfouce,  le  friiil  esl  d'nne  forme  differenle. 

Polygala  Corsica  ,  Bor.  —  Planle  de  1  a  4  decirn^-- 
Ires,  tiges  nombrenses,  diffuses  ou  ascendanles,  feuil- 
les  infdrieures  elli|)liqnes  obovales,  les  aulres  lancdo- 
Ides  oil  lineaires  sub-aigiies,  grappes  terniinales,  pen 
ou  point  cbevolues  an  sommet,  bractc^es  inembra- 
neuses,  Ciiduques;  ailes  ovales  cllipliques,  blancha- 
Ires,  parfois  lav(5es  de  rose  au  sommet  (com me  la 
coroUe),  a  nervures  lat^rales  un  pen  ramiflees,  cap- 
snle  obcord(5c  retrecie  a  la  base,  beanoonp  plus  courte 
que  les  ailes,  a  la  fln  presqne  aussi  large  ;  graines 
oblongnes  obluses,  herissdes,  arille  a  lobes  lateraux. 
n'^galant  pas  la  moitid  de  la  graine.  Jnin-juillet. 
Rochers  prds  Rogliano. 

Le  P.  rosea,  Desf.  diffen;  par  ses  flcurs  roses  plus 
grandes,  sa  capsule  suborbicnlaire,  etc. —  Le  P.  Pres- 
Hi,  Spr.  a  les  fenilles  snperieures  lanceoldes  et  plus 
larges,  les  ailes  plus  ellipliqnes.  —  Le  P.  pavcsccns. 
D.  C.  s'en  rapproche,mais  ses  flenrs  sontjaunalres,  la 
capsule  pins  largemenl  bordde  ddpassi^  un  pen  les  ai- 
les, les  sepales  exldrienrs  plus  aigus  egalent  presque 
!a  moiliedes  ailes. 

Gypsop/iila  rigida,  L.  Tunica  Saxifraga,  Scop.  Ro- 
gliano. Je  Tai  ene  aussi  dn  Valdoniello  Leveilid). 
Dianlhus  Godroniamis  ,  Jord.  />.  virginrus,  Godr.  non 
L.  —  Rogliano. 


88 

Siletip,  neylecla,  Tenor.  —  Ronifacio  ,  rochors  do  la 
Trinite.  —  Je  I'ai  eu  aussi  de  Ajaccio  (Levcill(5). 

Sarjiiia  debilis,  .lord.  —  Bonifacio,  a  la  Trinite. 

Sagina  maritima,  Don.  —  lie  de  Lavezzio. 

Elalinc  macropoda,  Guss.  —  lie  de  Lavezzio. 

Liimm  spicaiim,  Lam.  —  Bonifacio,  a  la  Pian- 
larella. 

f-inwn  amhiyuum,  Jord.  —  Rogliano. 

f/npericum  micrnphi/llum,  Jord.  —  Rogliano. 

Oxaliscorniculala,  L.  — Rogliano. 

McUlotus  messanensis.  Desf.  —  Rogliano. 

Tri folium  la-rujnixm.,  Desf.  —  Bonifacio. 

Cotie  espece  ne  doit  pas  elrorennio  an  Tr.  strictnm  , 
W.  K. 

Dori/clwium  corsicum,  .lord.  —  Rogliano,  Bonifacio. 

Cracca  Corsica,  Godr.  —  Bonifacio,  Sanla-Manza. 

Vicia  trichocalyx,  Moris.  —  Bonifacio.  —  Fleurs 
roses  Cello  espece  nous  semble  dislincle  du  V.  alro- 
purptirca,  Desf. 

Vicia  Forsleri,  Jord.  Bor.  Fl.  cent.  Ed.  iii,  n°  662. 
—  Bonifacio. 

Vicia  hirta,  Balb.—  Bonifacio. 

Pisum  biflorum  ,  Raf.  Caract.  p.  7\.  «  Fusto  ango- 
lalo,  foglie  Irijughe,  picciuoli  angolali  inferiormcnle, 
slipole  e  foglione  denlale,  peduncoli  assilari,  biflori,  » 
Raf.  —  Graines  ronsses  lachdes  de  brnn  avec  de  grandes 
macules  noires,  finement  poncluees  sous  la  loupe . 
bile  ovale  convert  de  polls  blancs  (5cailleux,  —  Boni- 
facio, rocbers  de  Colognola. 
Hippocrepis  ciliata,  L.  —  Bonifacio. 
PolentiUa  nemoralis,  Nest.  —  Bonifacio. 
Rosascandens,  Mill.  —  Rogliano. 


89 

l.ijlhium  PresJii,  Guss. —  Roglinno. 

Sedum  Corsinun,  Duby.  —  Bonifacio.  —  Esp^co 
dislinclo  solon  nous. 

Sedum  brevifoiium,  Dc?  Bonifacio,  lieudil  //  Crovo. 
— Son  aspect  n'esl  pas  le  rnemo  que  celui  de  la  plante 
des  Pyrdndes. 

OEnanthe  apiifolia ,  Brol.  —  Rogliano.  —  MM.  Gre- 
nicr  ct  Godron  la  regardcnl  comnie  idcniique  a  VOK. 
crocaia,  L.  Ayanl  reproduit  de  graines  la  planle  de 
Corse et  lacullivanla  c6[6  de  VOE.  crocala  de  I'Anjou, 
nous  pouvons  affirmer  qu'elles  consliluont  deux  es- 
peces  Ires-dislincles.  Inddpendammenl  des  caracleres 
allribuds  par  les  auteurs  a  VOE.  apiifolia,  elle  se 
distingue  au  premier  cou[)-d'oeil  par  son  port ,  la 
nuance  plus  sombre  de  son  feuillage,  la  direction  des 
ramifications  du  petiole,  etc. 

Galium  decipiens,  Jord. —  Rogliano. 

Galium  saccharalum,  All.  —  Rogliano. 

Galium  murale,  All   —  Rogliano. 

Pallenis  spiuosa,  Cass.  —  Rogliano. 

Filago  spalhulala,  Presl. —  Bonifacio. 

Filago  eriocepliala,  Guss. —  Rogliano. 

Filago  lenuifolia,  Presl.  —  Rogliano,  Bonifacio  el 
lie  Cavallo.  —  Indiqne  soulement  en  Sicile. 

Carduus  fasciculi  floras,  Viv.  — Bonifacio  a  15  kil. 
snr  la  route  de  Porto-Vecchio. 

Crepis  decumbens  ,  Gren.  et  G.  —  Bonifacio  au 
Phare. 

Erica  mulliflora,  L. —  Rogliano. 

Ciccndia  pusilla.  Gris.  {Candollei).  —  Bonifacio. 

Convolvulus  alihccoides,  L.  —  Rogliano. 

Cuscuta  corymbosa,  R.  P.  —  Bonifacio. 


90 

Myosolis  sicula,  Guss. —  Bonifacio. 

Unaria  commulala,  Rernb.  —  Bonifacio 

Linaria  J'reslandrece,  Tin.,  in  Guss.  Syn.  Sic.  ii,  p, 
842  el  890.  —  Bonifacio ,  a  Ja  Trinild  ,  a  Paraguano  ; 
Rogliano. 

Linaria  (UrvUlei),  L.  Elatine,  d'Urv.  non  L.  —  Ro- 
gliano. 

Plusicurs  aulres  Linaria  de  celle  section  onl  6[6 
rocucillis  par  M.  Revelliere  et  conslilucnt  probable- 
menl  des  especcs  disUncles. 

Linaria  Chalepensis,  Mill. —  Rogliano. 

Odontites  lulea,  Reich. —  Rogliano. 

Mentha  Pulegium,  eriantha,  D.  C.  —  Santa-Manza. 
Planle  remarquable,  appelant  de  nouvelles  (Eludes. 

Melissa  atlissima,  Siblh.  —  Rogliano,  Bonifacio.  — 
M.  Revelliere  la  considere  coajme  une  espece  dis- 
lincle. 

Lippia  repens,  S^)r.  —  Rogliano. 

Viiex  Agnus  Castus,  L.  —  Rogliano. 

Amaranlhus  deflexus,  L.  —  Bonifacio. 

—  albus,  L.  —  Bonifacio. 

Jiumex  intermedius,  D.  C.  -  Bonifacio.— C'esl  (i  lort 
qu'on  le  reunil  au  R.  tliijrsoides,  Desf. 

Polyyonum  flavescens,  Jord.  —  Rogliano.  —  Planle 
d'un  verl  pale,  voisine  du  P.  Bellardi. 

Arislolochia  rotunda,  L. —  Rogliano,  Baslia. 

—  longa,  L.  —  Rogliano. 

Euphorbia  bonifaciensis,  Req.  —  Bonifacio.  —  Celle 
planle  nous  parail  bien  caraclerisde. 
Urtica  atrovirens,  Req.  —  Rogliano. 
Juniperus  Lycia,  L.  —  Rogliano,  Bonifacio. 
Triglochin  laxifloruni,  Guss.  —  Bonifacio,  —  Celle 


91 

planle  omise  dans  la  Flore  de  Fiance,  avail  d(^ja  e[6 
indiqui^e  en  Corse  par  Loiselenr.  Reichcnbach  I'a  fl- 
gnreo  dans  ses  ioonos  comme  venanl  de  Montpellier. 

Potaviofjeion  Berchloldi,  Fieb.  —  Bonifacio. 

Le  Gladiolus  communis  de  la  Corse,  ne  doil-il  pas 
6tre  rapports  au  G.  dubius,  Guss.  ? 

lAlium  candidum,  L.  —  Bonifacio,  sponlan6  sur  les 
coUines  el  maquis  sur  la  route  de  Porlo-Vecchio. 

Scilla  fallax,  Sleinh.  —  Bonifacio  a  la  Trinild  , 
meleau  5.  autumnalis  qui  y  est  bien  plus  rare. 

Urginea  fugax,  Sleinh.  Annal.  So.  nat.  ( 1834)  t.  i, 
p.  328,  PI.  14.  —  «  Sepalis  petalisque  albidis  linea 
»  dorsali  e  fusco  purpurascente  notatis,floribus  paucis 
»  subsecundis  pedunculos  aeqtianlibus  ,  bracteis  re- 
»  fraclis  deciduis ,  Scapo  filifornii,  foliis  linearibus  ; 
»  pericarpium  oblongum ,  »  Sleinh.  —  Bonifacio.  — 
Celte  espece  etait  indiqu(5e  seulernent  en  Algdrie. 

Ornithogalum  Narbonense,  L.  —  Rogliano  ,  Bo- 
nifacio. 

Ornithogaium  divergens,  Bor.  —  Bonifacio. 

Allium  carneum,  Berl.  —  Bonifacio. 

Allium oblusiflorum,  Req.  —Bonifacio. 

Simethisbicolor,  K. —  Bonifacio. 

Juncus  iriccphalus,  Gay.  —  Bonifacio.  —  Espece 
bien  caraclerist5e  ! 

Spartina  versicolor,  Fabre.  —  Bonifacio,  golfe  de 
Sanla-Manza.  —  La  plante  est  sans  fleurs  ,  niais  du 
restc  ?emblable  a  celle  de  rHdraull. 

Glyceria  corivolula,  Fries.  —  Bonifacio. 

Melica  lijphina ,  Bor.  —  Tige  de  6  a  9  d(5cimelres, 
droile  simple;  feuilles  lint^aires  6lroiles,  longueinenl 
acuuiinees ,  les  intV'rieincs  herissees,  ainsi   que  les 


9-2 

i^aiiies ,  les  siiixiriemes  onroulees  filiformes  ,  lr6s- 
rudes  en  dessons;  ligulc  saillanto,  blanc-scarieuse, 
lac^rc^e;  paniciilo  droilc,  epaissc,  a  rameaux  courls, 
dressus,  Ires-serrc'S  on  e[)i  blanchAlre;  spalhcllos  ova- 
les  lanceol(3es  acnmin(^es  en  poinle  aigiie,  un  pen 
menibranouscs,  finemcnl  rudes-ponclii(^es ,  a  cinq 
nervures  saillanles;  spalhellnle  extdrienre  lanc(^oIee. 
slriec,  chargee  d'asperiles,  longuernenl  cilieo  snr  les 
bords,  colles  des  flours  sldiiles  glabros,  fruil  oblong 
fusifornie  luisanl,  chagrine  sur  loule  sa  snrface.  Juin- 
juillel. —  Rogliano. 

Le=  colloclions  de  M.  Rovelliere  conlionnenl  pres- 
que  loules  los  especes  inlerossanles  indiqudes  dt^a 
par  k's  anleurs  sur  le  lilloral  do  la  Corse.  Les  genres 
Medicago,  Trifolium,  Lotus,  Vicia,  Sialics,  Euphorbia, 
Allium  sonl  represenles  par  des  especes  nonibreuses; 
les  on^hidees  sonl  a  pen  pros  an  coniplel,  il  en  est  en 
onlre  un  corlain  nombre  snr  lesqnelles  nous  n'avons 
pu  porter  un  jugemenl  definilif.  Les  recherches  de 
cot  habile  exploratour  auront  des  rt^sullals  iniporlanls 
pour  la  boluniqne  franyaise  el ,  loul  en  regrellanl 
noire  insnfflsanoo,  nous  devons  le  reniercier  de  la 
marque  d'amilie  qu'il  nous  a  donnee  en  nous  confianl 
iesoin  de  publier  cos  fragments. 

A.   BOIIEAU. 

Juin   1857 


USTE  DES  UEPIDOPTERES 

OBSERVES   AUX  ENVIRONS   D' ANGERS, 

96JL  M.  GUSTAVE  TOCPIOLLE  , 
Daturaliste , 

depuis  la  publicalion  dc  son  Catalogue,  c'esl-adire  du  20  dccembrc  1855 
au  20juillel  1857  (*). 


DIURNES. 

Anthocaris  cardamines  9-30.  —  La  fcmelle  est  aussi 
rare  que  le  male  est  commun.  II  est  curieux  de  voir 
ceux-ci  voler  apres  tous  les  papillons  blancs  pour  d(5- 
couvrir  une  compagnc.  C'cslen  les  suivant  dans  celte 
recherche  qu'on  peut  parvenir  a  prendre  les  femelles 
de  I'espece. 

Lycoena  b<xlica.  70.  —  Assez  rare.  Sur  les  bague- 
naudiers;  les  p^pinicres,  les  jardins  anglais;  le  jardin 
botanique  Ic  6  seplembre  1856;  remarquable  par  la 

(')  On  a  continue  de  suivre  ,  dans  co  supplement ,  la  classifica- 
tion de  Boisduval  et  cellc  de  Duponcliel  pour  les  Nocturnes  qui  ne 
sont  pas  compris  dans  Y Index  methodkus.  Le  numero  qui  suit  le 
nom  sp^cifiquc  est  cclui  de  ce  dernior  nuvrage. 


u 

tache  d'or  pur  placde  a  la  base  de  I'appendice  en  forme 
de  queue  des  ailes  inft^rieures. 

Licoena  Aiion  5  •  106.  —  Avail  616  pris  autrefois  en 
Sainl-Barlh^lemy,  par  le  docleur  Bastard,  sur  la  ronce 
en  fleur.  Capture,  le  14  juillet,  dans  un  champ  aride, 
pr6s  Tivoli. 

Ce  polyommate  porte  a  15  le  nombre  de  ceux  ob- 
servers pres  d'Angers. 

Argynnis  Dia.  144.  —  Peu  abondant.  Evenlard, 
mai  1856. 

Melytcea  didyma.  162.  —  Meme  localit(5,  oil  il  est  peu 
abondant,  21  juin  1856. 

Apatura  clytia.  182.  —  14  juillet  1856  ,  a  Tivoli ; 
moins  abondant  que  VAp.  ilia. 

Le  11  juin  1857,  aux  all(5es  des  fours  a  chaux,  trouvd 
une  chrysalide  de  cette  espece,  a  la  suite  d'un  coup  de 
vent  qui  I'avait  sans  doule  d^lachee  des  hautes  bran- 
ches d'un  peuplier.  Pendant  les  grands  vents ,  il  fait 
bon  a  chercher  au  pied  des  arbres.  Ce  meme  jour, 
trouv6  deux  Dicranura  Erminea,  belle  et  rare  espece. 

Steropes  aracynthus.  279. — Avrille,  mi-juillet  1856. 
Sur  la  bruyere.  Rare. 

Syrichtiis  fritillum.  204.  —  Champs  arides.  Tivoli, 
aotit  1856.  Pas  commun. 

CREPUSCULAIRES. 

Sesia  nomada>formis.  340.  —  Juin  1856.  Les  haies. 
Assez  commun. 

Sesia  culiciformis .  344.  —  Mai  1856.  Haies  d'Anip(5. 
Sesia  spheciformis.  362.  —  Juin  1856.  La  Chalouere. 
Sesia  asiliformis.  364.  —  Juillet,  id.  Haies,  Avrille. 


95 

Zygana  trifoUi.  418.  —  Mi-juin.  La  Marc.  Rare. 
Procris  pruni.  452.  —  Juillet.  La  Gu(5ronicre.  Rare. 

NOCTURNES. 

Lilhosia  grammica.  465.  —  Juillcl.  Route  de  Paris. 

Lithosia ?  —  Jnin.   Jardiii  de  la  Prefecture. 

Lilhosia  deprcssa.  475.  —  Juin.  Sur  un  chcne.  Les 
fourneaux.  Rare. 

Naclia  ancilla.  493.  —  Juillet.  Les  bois.  Avrill6. 

Callimorpha  Dominula.  501.  —  Mi-juin  1857.  Elevde 
d'une  chenille  Irouvee  au  Jardin  botanique  par  M.  Bo- 
reau.  Elle  se  nourrit  de  borragintes.  Cbrysalidde  le 
3  mai,  dclose  le  5  juin.  Espece  rarissime  aux  environs 
do  la  ville. 

Nemeophila  Russula  9-  —  Bois  d'Avrillc.  Juin  1857. 

Chclonia  Caja.  Var.  Act  B.  —  Fin  de  mai  1857.  La 
varidte  B  5  porle  sur  les  ailes  supdrieures  un  point 
blanc  analogue  a  celui  du  Bombyx  quercus. 

Bombijx  lancslris  9  •  566.  —  Eleve  de  cbenille  nour- 
rie  avec  de  raub(jpine.  Eclos  le  27  fevrier  1857, 

Bombyx  processionca  $•  573. —  Chenille  nourrie 
avec  du  chene.  Eclos  le  13  aoCit  1856. 

Bombyx  rubi  Q.  579.  12  juin  1857.  Pres  Brionncau. 
La  feraelle  est  excessivenieut  rare,  d'autant  qu'il  est 
impossible  de  se  la  procurer  en  (^levant  la  chenille, 
dont  I'educalion  ne  reussit  presque  jamais.  Le  vol  du 
male  est  lellement  rapide  et  inegal  qu'il  est  des  plus 
ditliciles  a  prendre. 

Las iocampa  pruni  5-  586.  —  Mi-juillet.  Au  Jardin 
dcs  plantcs.  Rare  ct  belle  espece  qui  a  du  rapport  de 


96 

forme  avcc  la  feuille  morle  du  ch^nc,  mais  se  dislin- 
guc  aisemcnt  par  sa  coloration  d'un  jaune  fauve. 

Cleoceris  00  Q  .704.  —  Mi-juillet.  Les  bois  de  ch6ne 
d'Avrillt'.  Celle  fcnielle  ayant  pondn  dans  ma  boitc  de 
chasse,  j'adressai  les  ccufs  a  mon  savanl  ami,  M.  Grol- 
lean,  de  Nanles,  L'eclosion  cut  lieu;  les  chenilles  fu- 
rent  ^lev(5es  et  donncrent  plusieurs  sujels  de  celle 
rare  espece. 

Plastenis  suhtusa.  705.  —  Juillet.  Tivoli.  Rare. 

Acromycla  Euphrasia.  720.  —  Mai  1856-57.  Tivoli, 
Jardin  botaniqne, 

Bryophila  AlgcB.  729.  —  Juillet.  La  Chalouere. 
Rare. 

Triphcena  fimbria  5  •  ^60.  —  Fin  de  juin.  Jardin  bo- 
tanique.  Belle  et  Ires  rare  espece. 

Triphoena  orbona.  Var.  Connuba,  761.  —  Avril. 
Avrill<5. 

Agrolis  saucia.  821.  —  Juillet.  Route  de  Paris, 
rare. 

Agrotis  suffusa.  822.  —  9  oclobre.  Bois  d'Avrillt  et 
int6rieur  de  ma  maison,  rue  Bolanique. 

Agrolis  tritici.  836.  —  Aout.  Sur  les  peupliers  de 
Tivoli. 

Agrolis  obeliscus.  840.  —  Meme  localitc^. 

Luperina  testacea.  859.  —  Seplembre.  Route  de 
Paris. 

Luperina  Pinaslri.  883.—  Mai  1857.  Tivoli  et  Jardin 
des  Planles.  Celle  belle  espece  n'esl  pas  commune. 

Luperina  Liloxylea.  885.  —  Juillet  1855.  Route  des 
Ponls-de-C(5. 

Apamea  slrigilis,  var. 

Mlhiops.  901.  —  Mi-juin  1857.  Tivoli. 


97 

Uadena  alripticis.  940. — Juin  1857.  Route  do  Paris. 

Iladena  Roboris  5  et  9.  960.  —  Oclobrc.  Route 
des  Fonts  de  Ce.  La  fcmelle,  d'un  vert  fence,  est  tres 
reniarquable. 

Miselia  OxyacanlhcB.  983.  —  Septembre.  Tivoli. 

EpiscmahispidiB  5  ct  9.  1119  —  Septembre.  Chc- 
min  de  La  Motte. 

Caradrina  blandce.  Orthosia  gothlccc.  112.3.  —  Octo- 
bre.  La  Mare. 

Orthosia  Lota.  1144.  —  Octobre.  Tivoli. 

Orlhosia  stabills.  1147.  —  Fin  de  mars  1857.  Dans 
la  rue  des  Lices. 

Orthosia  miniosa.  1150.  —  Fin  d'avril  1856.  Roulc- 
vard  de  Laval. 

Cosmiadijfinis.  1154.  — Juillet.  Jardin  botanique  ct 
fours  a  chaux. 

Xanlhia  ferruginea.  1174.  —  Septembre.  Arbresdu 
Mail. 

Xanthia  rufina.  1176.  —  Octobre.  Le  Mail. 

Xanlhia  cilrago  1186.  —  Septembre.  Le  Mail, 

Ilarus  ochroleuca.  —  Juillet  1857.  Rois  d'Avrille. 

Ceraslis  vaccinii,  var.  Spavicea.  1191.-2  mars.  La 
Chalou(^re. 

Aconlialuduosa.  1323.  — Juin.  Jardin  botaniqur. 

Phorodesma  bajularia  5  et  9 .  1417.  —  Fin  de  juin. 
Hales.  Avrille.  Rare  el  jolie  esp6ce. 

Boarmia  lichenaria  6  et  9.  —  Fin  de  mai  et  com- 
mencement dejuin  1857.  Rare. 

nemithea  coronillaria.  —  Fin  de  mars.  La  Haie. 
Avrille.  Indiquee  en  Sicile  et  dans  le  midi  de  la 
Franco. 

Hemithea  vernaria.  —  Juillet  1857. 


98 

Tephrosia  crepuscularis.  157i.  —  Mars.  AvrilM. 
Rare. 

Larentiafluviaria.  1645.  — (Obs.)  Cetteespecen'etait 
encore  indiqude  qu'en  Sicile,  suivant  M.  Bdcher  (de 
Paris),  qui  radelerminde  surrenvoi  que  M.  Toupiolle 
lui  a  fait  de  I'individu  par  lui  capfurd  au  Jardin  bota- 
nique,  en  juillet  1854,  et  qu'il  avail  communique  a 
plusieurs  amateurs  exerces  sans  qu'il  eut  pu  recevoir 
un  nom.  Elle  ne  figure  pas  dans  la  liste  de  ce  genre 
si  nombreux,  publiee  par  Duponchel,  tome  8,  1"=  par- 
tie,  page  361  de  son  ouvrage  sur  les  lepidopleres 
d'Europe,  liste  dans  laquelle  sent  comprises  cepen- 
dant  toutes  les  especes  alors  d(5crites  dans  les  auleurs. 
Celte  decouverte  est  done  des  plus  curieuses.  Son  in- 
t(5ret  augmente  encore  quand  on  remarque  que  notrc 
savant  botaniste,  M.  Boreau,  alrouve  sur  nos  schistes 
plusieurs  planles  qui  avant  lui  n'avaient  ete  indiquees 
qu'en  Sicile.  (M.  B(5raud.) 

Eiipiihecia  innoteria.  1699.  —  Fin  de  rnai  1857.  Jar- 
din  botanique. 

Cidaria  chenopodaria  9-  1749.  —  Mi-aoiit.  Tivoli. 
Rare. 

Cidaria  badiaria.  1758.  —  31  mars.  La  Gouroni- 
diere. 

Cidaria  derivaria.  1760.  —29  mars.  Ecouflant. 

Cidaria  picuria.  1797.  —  Avril. 

Cabera  permutaria  5  et  9-  —  Mai. 

Acidalia  rusiicaria..  1849.  — Juillet.  Tivoli. 

Acidalia  auroraria.  1860.  —  Juillet.  Bois  d'Avrili^. 

Acidalia  dccoloraria.  —  Juillet  1857.  Id. 


99 
MICROLEPIDOPTERES. 

Nomenclature    dc    Duponchel. 

Hijdrocampa  nymphoBalis.  —  Commencement    dc 
juin  1857.  Tivoli. 
Pionea  margarilalis.  —  koul.  Tour-Bouton. 
Hijdrocampa  Lemnalis.  —  St-Ldonard. 
Botys  lanccalis.  —  Oclobrc.  Les  boulevards. 
Botys ochrealis.  —  26  juin.  Tour-Bouton. 
Botys  ophialis.  —  Juillet.  Bulles  de  Tivoli. 
Bodea  ferrugalis.  —  21  juillet.  Avrilld. 
Bivula  sericcalis.  —  14  septembre.  Tivoli. 
Nola  albnnala.  —  Juin.  Bois  converts  d'Avrill6. 
Cargyrotoza  plumbana.  —  Trelazd.  1856. 
Cargyroloza  flagellana.  —  Route  de  Paris. 
Eudorea  dubilalis.  —  Jardin  botanique. 
Eudora  ambigualis.  —  Id. 

Cochylis  roserana.  —  Mai.  Tour-Bouton. 
Aspidia  udmanniana.  —  Juin.  Trelazd. 
Grapholitha  Cwcimacula.  —  Id.    Id. 
Crambus  protellus.  —  Id. 

Crambus  hortuellus.  —  Juin. 

Cledeobia  augiistalis.  —  SoYiiemhre.  Butte  de  Tivoli. 
Diurnea  flagella.  — Mars  1857.  LaChalouere. 
Ilumilis aranella.  —Vionie  des  Ponls-de-C6. 
Teras  conlaminana.  —  Id. 

Ponthina  hennannana.  Id. 

Carpocarpa  Pomona.  —  Aoi\t.  Dans  ma  chambrc. 
Hcemilis  alstroemerella.  —  4  aoCit.  Tivoli. 


100 

Adela  Degurianella.  — Mai  1857.  Avrille.  Tres  com- 
mun  dans  les  bois. 
Palpula  bitrabicella.  —  Ma  maison. 

Obs.  —  Le  premier  catalogue  public  par  M.  Toiipiolle 
et  comprenant  les  decouverles  par  lui  faites  jusqu'au 
20  ddcembre  1855,  pr(5sentait  377  especes  par  lui  ob- 
servdes  dans  I'espace  de  trois  ann(5es,  dans  un  rayon 
de  6  kilometres,  au  plus,  aulour  de  notre  ville.  Les 
types  de  cette  premiere  collection  ont  il6,  a  cetle 
(5poque,  acquis  par  la  mairie  et  sont  places  au  cabinet 
d'bistoire  naturelle.  II  faut  ajouter  a  cette  premiere 
liste  I'indication  par  nous  de  18  especes,  dont  quatre 
ont  6t6  depuis  retrouv6es  par  M.  ToupioUe.  Le  pre- 
sent suppl(5ment  contenant  94  especes ,  ce  serait 
ainsi  un  total  de  485  especes  dont  la  presence  pres  de 
nous  est  de  ce  moment  constat^e. 


T.-C.    Behaud, 

Secretaire-genepal. 


NOTE 


SUR 


LE  REGDLATEUR  ASTRONOMIQUE 


DE   M.   FLEURY, 

horloger  h  Angers. 


Messieurs. 

En  examinant ,  a  la  derniere  exposition,  I'immcnse 
variele  des  produits  qu'une  civilisation  avancd'C 
comme  la  notre  met  chaque  jour  en  mouvement,  on 
remarquait  que  plusicurs  industries,  jadis  tributaires 
de  I'etranger,  s'en  etaicnt  completement  affranchies. 
.I'ai  eu  lieu  de  constater  que  de  ce  nombre  se  trouvaient 
les  arts  de  precision  et  que  Thorlogerie  frangaise  sur- 
loul  ne  le  cedail  en  rien  a  celle  de  Gen6ve.  Evidem- 
menl,  Messieurs,  c'est  a  la  marche  des  sciences  qu'il 
faut  attribuer  ces  rcisultals.  II  est  certain,  en  effet,  que 
dans  les  villes  oil  Tenseignement  scientifique  a  rcQu 
des  d(5veloppcmenls ,  coordonniis  avec  les  exigences 
sociales  ,  les  arts  sont  en  progres.  —  11  y  a  soixanle 


102 

ans,  les  artsavaient  devanc6  les  sciences,  aujourd'hui 
les  sciences  dominent  les  arts.  Ceux  qui  refusent 
d'admeltre  ce  point  de  vue  sont  dans  I'erreur  et  se 
laissent  prdoccuper  par  les  faits  du  pass6  ,  sans  tenir 
assez  compte  des  6v^nements  de  I'epoque  actuelle. 

L'an  dernier,  j'eus  I'honneur ,  dans  une  autre  en- 
ceinte, de  faire  connaitre  les  avantages  d'un  appareil 
fort  utile  dCi  a  un  horloger  de  cette  ville.  Aujourd'hui, 
sous  Finfluence  des  legons  que  je  me  propose  de  don- 
ner  a  I'dcole  des  sciences,  j'(5prouve  le  meme  bonheur 
en  venant  vous  parler  des  ingdnieuscs  combinaisons 
que  M.  Fleury  a  rdunies  dans  son  rc^gulateur  aslrono- 
miqne. 

Pour  pr6venir  toute  equivoque  ,  je  dois  pr^alable- 
ment  dire  que  la  construction  en  est  due  a  MM.  De- 
touche  et  Houdin  de  Paris.  Dans  toules  les  machines, 
on  rencontre  certainement  plusieurs  idees  capitales 
qui  peuvent  ne  pas  elre  sorties  de  la  meme  tete.  Cette 
ind(^pendance  de  la  construction  et  de  I'invention 
<^tant  done  stabile,  it  me  sera  facile  de  donner  a  cha- 
cun  ce  qui  lui  appartient ,  en  classant  les  diffi5rents 
organes  par  ordre  d'importance. 

M.  Fleury  a  su  grouper  avec  art  vingt  effels  divers 
dans  leurs  positions  relatives,  et  au  moyen  d'un  poids 
et  d'uneroue,  11  les  obtient  avec  precision. 

Le  cadran  du  centre  qui  marque  I'heure  de  Paris, 
a  dii  etre  Tobjet  de  ses  preoccupations.  11  a  ete  magni- 
fiquement  utilis6 ,  malgrd  des  difficullds  sans  nombre 
qu'ont  du  rencontrer  dans  rex^cution  MM.  Detoucbe 
et  Houdin.  Les  mois,  lesquanlicmes,  les  jours  de  la  se- 
maine,  les  secondes  sont  fournies  par  diff^rentes  ai- 
guilles. Dans  la  region  sup(5rieure  se  Irouve  I'dquation 


103 

du  lemps  qui  joue  un  si  grand  r61e  dans  les  observa- 
tions. A  la  parlie  inforieurc  le  mouvement  apparent 
du  soleil  est  parfaitemcnt  representt^.  Deux  cadrans 
secondaires,  I'un  a  gauche  et  I'aulre  a  droite,  donncnt 
I'heure  exacte  du  lever  et  du  couclier  pour  lous  les 
jours  de  I'annde.  Un  dernier  cadran  enfln  fait  voir  les 
difFerentes  phases  de  la  lune ;  de  sorte  que  Tensemblc 
de  tons  ces  cadrans  permct  d'embrasscr  d'un  coup 
d'ceil  les  phdnomcnes  celestes  les  plus  connus. 

Autour  du  cadran  principal  viennent  se  grouper 
dix  aulres  cadrans  de  diamelres  divers  et  qui  par  leurs 
indications  fournissent  I'heure  exacte  a  Angers  ,  a 
Geneve,  a  Londres,  a  Constantinople,  a  Vienne,  a  Al- 
ger, a  Rome,  a  Besangon,  a  Jerusalem  et  a  St-P6ters- 
bourg.  La  disposition  de  lous  ces  cadrans  secondaires 
a  dCi  ofFrir  des  difficultes  que  le  conslructeur  a  heu- 
reusement  vaincues. 

Des  efFets  si  multiplies  ne  pouvaient  ctre  obtenus 
avec  la  precision  qu'ils  exigent  qu'a  la  condition  d'at- 
t(5nuer  Ic  frottement  et  de  ne  pas  fatiguer  le  rouage. 
II  s'agissait,  en  effet,  de  vaincre  la  r(5sislance  opposde 
par  quatre  sautoirs  ct  un  ressort  de  renvoi. 

M.  Fleury  a  employee  une  ddtente  fort  ing(5nicuse 
qui  produit  ces  quatre  effots.  Vers  le  milieu  de  la  nuit, 
cette  detente  mue  par  le  cylindre  de  la  roue  princi- 
pale,  fait  alternativcraenl  passer  I'^quation  du  temps, 
les  quanticmes ,  les  jours  de  la  semaine  et  enflu  les 
mois,  quand  ils  doivent  changer.  Cette  roue  qui  ac- 
complit  une  revolution  en  trois  jours  ,  pr^sentc  de 
nombreuses complications.  Montee  sur  I'axe  qui  rcyoit 
la  corde  du  poids  moteur  ,  ellc  est  formde  d'un  res- 
sort,  d'un  rochet,  d'un  second  rochet  de  la  roue  rdgu- 


104 

lalrice  et  do  Irois  levees  desUndes  h  op^rer  sur  la 
ddtenle.  Ces  diverges  pieces  animdes  d'uu  mouvement 
de  rotation  dansle  sens  de  leur  encliquelage  sont  so- 
lidaires  les  unes  des  autres.  Les  fonclions  diverses  de 
cet  organe  semblent  faire  supposcr  qu'il  a  des  dimen- 
sions consid(3rables.  Aussi  grande  a  616  ma  surprise 
de  reconnailre  que  la  boile  qui  le  renferme  a  une 
profondeur  maximum  de  dix  centimetres. 

L'dquation  du  temps  est  donnde  par  une  roue  an- 
nuelle  porlant  une  ellipse  el  sur  laquelle  s'appuie  I'une 
des  extremites  d'un  levier,  tandis  que  I'autre  formde 
d'une  partie  dentee  commande  un  pignon  dont  Taxe 
porte  Taiguille  indicatrice. 

A  la  partie  inferieure  du  r(^'gulateur  est  plac6  un 
cadran  bleu  dtoilti ,  sur  lequel  se  meut  un  soleil  qui 
nionte  pendant  six  mois  ot  descend  pendant  six  autres. 
La  representation  de  ce  pbenomene  est  obtenue  au 
moyen  d'un  excentrique  en  coeur  place  entre  deux 
roues  dont  Fune  est  (5vas(5e  de  mani^re  a  pouvoir 
loger  cet  excentrique.  Ces  deux  roues  sont  respective- 
ment  armees  de  365  et  de  366  dents.  Elles  engr^nent 
avec  un  pignon  fix6  a  la  platine  qui  produit  I'effet 
demande. 

Le  lever  et  le  coucher  du  soleil  sont  fournis  par 
deux  ellipses  superpos(5es  el  contre  lesquelles  vient 
porter  I'une  des  extr(5mit6s  de  deux  leviers  dont  I'autre 
denize  conduit  les  roues  indicatrices  du  lever  et  du 
coucher. 

II  est  constant  que  le  regulateur  de  M.  Fleury  pre- 
sente  des  innovations  curieuses ,  mais  a  coup  sur  ce 
n'est  pas  dans  les  moyens  de  transmission  de  cette 
derni^rc  partie  de  I'appareil  que  Ton  irouvc  d'aillcurs 


105 

lians  la  plupart  dcs  pieces  d'horlogerio  dii  m6mc 
genre. 

Si  done  ,  sur  ce  point,  M.  Flcury  n'a  fait  qu'appli- 
quer  ce  qui  est  connu  depuis  longlemps,  d'autre  part 
son  procddd  pour  regler  I'appareil,  en  cas  d'arret ,  est 
digne  do  reniarque. 

II  est  certain,  en  effet,  que  le  regulateur  6lant  mis 
en  place,  les  divers  cadrans  ne  permetlent  pas  d'aper- 
cevoir  les  rouages  interieurs.  Pour  obvier  a  cet  incon- 
venient, M.  Fleury  a  eu  recours  a  un  petit  carrd  anime 
d'un  mouvement  circulaire  de  un  tour  par  vingt- 
quatre  heures  ;  I'axe  qui  le  porte  est  muni  d'une  roue 
qui  cngrene  avec  la  roue  a  laquelle  est  adaptt^e  la 
levi^e  de  la  detente  que  Ton  peutainsi  faire  fonctionner 
a  volonie. 

Tel  est ,  Messieurs ,  le  r(3sultat  de  mes  impressions 
sur  le  r(!'gulateur  aslronomique  dont  j"ai  fait  I'^tude, 
uniquement  en  vue  de  I'application  des  prdceptes  ge- 
n(iraux  que  j'ai  d^veloppds  dans  mes  legons  de  I'Ecole 
des  sciences. 

Angers,  le  22  juillet  1857. 


Pascal  Dulos, 

Professeur  de  mecanique  a  I'Ecole  imperiale 
des  arts  et  k  I'Ecole  des  sciences  et  des  leltres. 


GILLES  HEMGE 

CONSIDERE   COMME   POETE. 


T-i  sive  gnoecis,  sen  latiis  modis 
Heroas  astris  condere,  seu  faces 
Cautare  cyprias  etrusca 
Vel  patria  properas  loqiiela. 

{Ant.  Peron.  ad  Mengianum  Oda). 


On  cntend  partoutcette  lamentable  plainle,  la  podsie 
se  meurt,  la  poesie  est  morle !  Serait-il  bien  vrai  que 
nous  assislons  au  moins  a  son  agonic  et  qu'il  ne  nous 
reslera  bientot  plus  que  d'en  prendre  le  deuil?  Mal- 
gr6  le  lemps  d'arret  qui  senible  avoir  pelrifle  noire 
lilltn'ature,  malgr*^  eel  engouenicnt  pour  les  sciences 
exaclcs  qui  lend  a  malerialiser  nos  plus  nobles  ins- 
lincls,  non,  croyons-nous,  non,  la  lilleraturc  et  ce 
qui  en  est  la  plus  belle  expression,  la  podsie,  ne  mour- 
ront  pas.  Le  goul  du  beau  el  du  bon  n'est-il  pas,  pour 
Tame  humaine,  ce  quo  raliment  quotidien  est  pour 
nos  organes  mal(^ricls?  c'est-a-dire,  un  imperieux 
besoin. 

Sans  doute  le  culte  des  muses  ne  perira  pas,  mais 
il  pent  s'affaiblir  el  s'affaiblit  en  effet,  chez  certains 


107 

peuples,  a  certaine  dpoquc  de  leur  vie  socialc,  et  Irop 
souvent,  a  sa  place,  on  voit  s'elever  raulcl  de  Plutus, 
sur  Icquel  ne  brfile  que  rcncens  de  la  ricliesse  et  des 
lerreslres  appelits. 

Quand  une  nation  a  produit  des  chefs-d'oeuvre  dans 
tous  les  genres,  et  que,  dans  le  vaste  champ  de  la  lit- 
terature  si  largernent  moissonnt^,  elle  ne  laisse  plus 
que  quelques  (ipis  a  glaner,  que  restera-t-il  aux  gend- 
ralions  qui  suivent?  Deux  choses  :  tenter  de  nouvelles 
voies  ou  marcher  sur  la  trace  des  devanciers.  Mais 
I'invention  n'est  donnee  qu'a  un  petit  nonibre  d'es- 
prils  d'elite.  Reste  done  I'imitalion  plus  ou  moins  ser- 
vile, plus  ou  moins  originale ,  si  Ton  pent  ainsi  dire, 
des  bons  modeles.  Eh!  c'est  ici  pr6cis<5ment  I'c^cueil. 

Car,  apres  tant  de  travaux  podtiques,  il  faudrait  6tre 
n6  bien  malgr(5  Minerve  pour  ne  pas  tourner  pas- 
sablement  un  vers.  On  fait  done  des  vers,  force  vers, 
riches  de  rimes,  s'ils  sent  pauvres  de  sens.  On  se  croit 
litldrateur  parce  qu'on  a  fait  imprimer  ses  moments  de 
loisir,  ses  fantaisies;  puis  fier  de  ce  mince  bagage,  on 
se  pose  en  homme  de  lettres  et  Ton  n'a  que  du  dddain 
pour  des  ecrivains  d'un  autre  si6cle,  chez  lesquels 
I'esprit  po(5tique  s'alliait  a  une  profonde  connaissance 
des  lilt(iralures  de  Rome  et  d'Ath6nes.  A  peine  les 
drudils  memo  leur  consacrent-ils  quelques  lignes, 
comme  si  nos  progres  lilt(5raircs,  notre  erudition,  noire 
feu  po6tique  avaient  completement  dclipse  des  auteurs 
qu'un  ou  deux  si6cles  seulemenl  separent  de  nous. 

Mulgre  les  pretentions  de  noire  c^poque,  disons-le 
liaulement ,  pen  d'hommes  aujourd'hui  pourraient 
soulenir  le  paralMe  avec  plusieurs  de  ces  ecrivains 
dont  on  connail  a  peine  le  nom. 


108 

Si,  par  cxcmple ,  il  se  rencontrait  de  nos  jours  un 
homme  d'une  prodigieuse  m^moire,  d'une  (5rudilion 
aussi  vaste  que  variee,  jurisconsulte  Eminent,  gram- 
mairien  faisant  autoril6,  poelc  fran^ais  au-dessous 
seulement  de  nos  bons  dcrivains,  faisant  des  vers  ita- 
liens  admirds  meme  de  rAcaddmie  Delia  Crusca,  ri- 
valisant  en  po6sie  laline  avec  ceux  qui  ont  le  mieux 
6crit  dans  celte  langue,  maniant  I'idiome  d'Anacrdon 
et  de  Thdocrite  avec  une  facility  et  une  grace  peu 
commune,  et  couronnant  cet  assemblage  de  talents 
si  rares  par  une  amenity  et  un  alticisme  qui  ont 
<5merveill6  ses  conlemporains,  si,  disons-nous,  un 
pareil  homme  se  rencontrait,  la  France  n'aurait-elle 
pas  le  droit  d'etre  fiere  d'un  pareil  personnage? 

Eh  bien!  cet  homme  si  peu  connu,  vivait  il  y  a 
deux  siecles,  c'dlait  notre  compatriote,  c'dtait  M(5- 
nage ! 

Oui,  Manage  est  peu  connu,  peut-etre  m6riterait-il 
de  I'etre  davantage.  Parmi  les  diflerents  aspects,  tons 
assez  remarquables ,  sous  lesquels  il  pent  6tre  consi- 
d6rd,  nous  ne  voulons  nous  occuper  aujourd'hui  que 
du  cote  podtique,  M(5nage  poete,  voila  ce  que  nous  al- 
iens examiner. 

Et  d'abord,  n'est-ce  point  d(5ja  quelqne  chose  digne 
d'altenlion  que  de  voir  un  auteur  parler  le  langage  des 
dieux,  comme  on  disait  alors,  en  quatre  langues  di- 
verses,  dont  une  seule  bien  manide  sufflrait  a  la  gloire 
d'un  (5crivain? 

Cerles  nous  ne  pr(5tendons  point  qu'il  ait  excell6 
egalement  dans  ce  quadruple  idiome,  et  pour  aborder 
de  suite  le  cole  faible,  parlous  des  vers  frangais. 

Mon  Dieu  !    nous  d irons  sans  d(5lour3 ,   que  les 


109 

poesies  frangaises  do  Menage  n'onl  pas  aiijourd'hui  a 
nos  yeux  uii  grand  m(!Tite.  Elles  ne  sorlent  pas  de  celle 
phraseologie  plus  ou  moins  podlique,  de  celle  imila- 
tion  inalenconlrense  cl  servile  telle  qu'elle  exislait 
avant  Ics  Corneille,  les  Racine  et  les  Boileau.  Mais 
enfm,  si  nous  ecarlons  un  momenl  les  grands  mo- 
deles  du  grand  siecle,  Mt'-nage  liendra  sa  i)lace  parmi 
les  auleurs  du  second  ordre  qui  onl  (^cril  avanl  1G60. 

Si  Mdnage  fCit  ne  deux  siecles  plus  lard,  apres  lanl 
de  chefs-d'oeuvre  de  grands  mailres,  apres  la  forma- 
tion de  noire  langue  poetique;  quand  la  phrase  a  6[6 
lournee  cl  relournt^e  de  milie  fagons  el  que  la  memo 
idee  donnee  a  dix  auleurs  sera,  a  peu  pres,  rendue 
dans  des  lermes  sembahles  et  comme  sl(5reolypes, 
croyez-vous  qu'il  n'eut  pu  prelendre  a  un  prix  de 
rAcad(5mie?  Et  par  centre,  si  faisant  remonler  en  ar- 
riere  de  deux  cents  ans  nos  rimeurs  d'anjourdluii, 
vous  les  placiez  a  celle  ^poque,  oil  le  grand  Corneille 
lui-meme  bronchait  si  souvent,  esl-il  vraisemblable 
qu'ils  eussent  mieux  rt^ussi  que  Menage  a  dompler 
noire  langue  si  relive,  si  rebelle  alors,  et  qui  ne  s'esl 
assoui)lie  que  sous  la  main  de  nos  meilleurs  (5cri- 
vains?  Vous  me  permcttrez  d'en  douler. 

Mi(  ux  inspire  du  Latium,  Menage  dul  aux  muses 
latines  une  gloire  moins  conleslable  et  moins  conies 
tde.  II  s'etait,  d6s  son  enfance,  merveilleusement 
nourri  de  la  lecture  des  pocles  et  des  oraleurs  de 
Home.  Sa  prodigieuse  m^moire  n'en  avail  pas  seule- 
rnenl  relenu  de  longs  et  nombreux  fragmenls;  mais 
Virgile,  mais  Ovide,  il  les  savait  presque  tout  enliers. 


Omnia  Virgilii  meinori  cum  nieiilc  Iciioi-eiii. 


HO 

Noire  age,  assez  pen  soucicux  do  ce  genre  d'eludes, 
ne  jelle  qu'un  regard  dislrail  et  presque  dedaigncux 
sur  ces  anciennes  lilteralures,  auxquelles  I'Europe 
enli6rc  doit  ce  qu'elle  est  anjourd'luii.  Erreur  grave 
qui,  si  elle  devenait  gc^n^rale,  compromeltrait  infailli- 
blement  dans  les  ouvrages  d'esprit  le  bon  sens  et  le 
bon  gout. 

Mais,  a-t-on  dit,  a  quoi  servenl  les  vers  latins?  In 
sylvam  ne  ligna  [eras,  s'ecrie  Voltaire.  A  noire  lour 
nous  dcmanderons  a  quoi  sert  le  latin?  Apparommeiil 
<^e  n'esl  pas  un  hors  d'ceuvre,  puisque  vous  y  sournet- 
lez  V05  enfants  pendant  les  plus  belles  annees  do  leur 
adolescence.  Non,  ce  n"est  pas  une  elude  oiseuse,  on 
I'a  dil  et  nous  le  repelons  avec  une  conviclion  pro- 
fonde,  sans  de  bonnes  etudes  classiques  il  n  y  a  point 
de  vraie,  de  solide  instruction.  L'education  est  tron- 
quc^e.  Vous  citerez  quelques  exceptions,  notrc  poete 
national,  par  exemple.  A  Dieu  ne  plaise  que  nous  re- 
jetlions  ce  qui  pent  allenuer  la  regit;  generale.  Ici- 
menie  nous  pourrions  monlrer  du  doigl  d'honorables 
exceptions;  mais  cela  ne  fait  que  confirmer  la  tbese 
dans  ce  qu'elle  a  d'absolu.  D'ailleurs  nous  voudrions 
que  vous  eussiez  pu  deniander  a  noire  Pindarc  mo- 
derne  a  quel  prix  il  lui  a  ^le  doiini  de  combier  cette 
lacunc  de  son  education. 

Faire  des  vers  latins,  le  beau  merile!  nous  disent 
des  gens  qui  n'ont  jamais  su  entendre  qualrc  vers 
d'un  auteur  ancien.  Ne  nous  y  Ironipons  pas  ndan- 
moins,  ne  fait  pas  qui  veut  de  bons  vers  latins.  Savez- 
vous  en  effet,  ce  qu'il  faut  pour  y  riiussir  ?  II  faut  une 
etude  approfondiedelalangue  latine,  laconnaissance 
exaiute  de  la  valeur  du  mot  poetique,  une  lecture 


HI 

longue  ct  st^rieuse  dcs  meilUurs  auteurs ,  une  oroillc 
sonsihlo  ol  fnconnde  a  la  cadenco  da  vers,  de  I'imagi- 
nation  ol  quolque  chose  de  cc  mens  dirinior  dont  Ho- 
race fail  rallribut  dii  poele.  Pens'ez-vous  que  parmi 
les  ddlracteurs  du  lalin  il  y  en  ail  beaucoup  qui  soienl 
capables  de  rdunir  eel  ensemble  de  qnalites? 

Enfln,  selon  nous,  celui-la  seal  peul  senlir  Virgile 
qui  s'esl  longlenips  ^verlu^  a  riniiler.  Mais  revcnons. 
Mdnage  ful  done  une  des  gloires  du  Parnasse  lalin. 

Nous  voudrions  bien  vous  mellre  ici  sous  les  ycux 
quelques  fragments  de  ces  poi^sies,  car  des  pieces  si 
legeres  ne  s'analysenl  qu'imparfailemcnl.  Leur  beaute 
presque  lout  enliere  se  Irouve  dans  la  forme,  el  bien 
que  la  raison  el  I'espril  y  brillenl  sou  vent,  c'esl  nean- 
nioins  le  jugemenl  de  roreille,  ce  sitpcrbissimwn  amis 
judicium,  c'omme  dll  Quintillen,  qu'il  faul  consuller, 
avanl  tout,  quand  on  veul  apprecier  les  poeles  On  ne 
peul'guere,  nous  le  sentons  bien,  vous  inviler  a  se- 
couer  la  poussiere  des  siecles  qui  recouvrc  ces  ceuvres 
poeliques.  Si  cependanl  vous  aviez  garde  quelque  gofil 
poiu"  les  muses  latines,  ces  pcliles  pieces  vous  plai- 
raienl  sans  doute,  el  vous  ra{)pelleraienl  pcul-etre 
quelques-uns  de  vos  premiers  succes  litldraires,  suc- 
ces  loujours  si  doux  au  souvenir,  meme  quand  plus 
lard  on  en  a  obtenu  de  plus  brilianls. 

Sans  suivre  t'ordre  du  lemps,  nous  allons  joler  un 
coupd'oeil  sur  quelques  morccaux  qui  donneronl  une 
id(5e  de  la  maniere  de  faire  de  noire  autour. 

Dans  un  Age  d(^ja  avance,  Menage  perdit  sa  riche 
el  brillanle  mdmoire.  C'esl  a  eel  accident  que  nous 
dcvons  deux  (Elegies  ou  plulol  deux  hynmes  adresses 
a  Mnt'jmosyne. 


412 

Dans  la  premiere  pi6ce,  il  fail  podtiqneinenl  I'in- 
venlaire  de  loutes  ses  perles  : 

Memini  cum  plurima  Homeri, 
Plurima  peligiii  recitarem  carmina  vatis 
Omnia  Virgilii  ineinori  cum  menic  tenerem. 

Joigncz  a  ce  repertoire,  les  norns  de  tons  Ics  [)hilo- 
sophes  de  I'anliquile,  leurs  secies,  leurs  syslemes,  la 
serie  des  consuls  de  Rome,  la  succession  des  peuples 
qui  onl  paru  sur  la  scene  du  monde,  I'arbre  genc^alo- 
gique  des  maisons  nobles,  lonle  son  hisloire  de  Sable, 
voila  ce  qn'il  embrassail  dans  son  vasle  savoir,  voila 
aussi  le  sujel  de  sa  douleur  quand  il  se  disait :  Omnia 
mine  oblila ! 

Co  luxe  cxubdranl  de  mdmoire,  celle  inepui?able 
f^condile  de  conversation,  dlaient  un  talisman  avec 
lequel  il  caplivail,  sinon  le  coeur,  car  Mi^nage  n'<^lail 
pas  hcureux  en  amour,  mais  I'espril  des  nobles  dames 
de  cetle  (-poque.  Ce  prestige  une  fois  evanoui,  voyez 
avec  quelle  amertume  il  le  regrelte  : 

Ingenii  pars  ilia  mci,  placuisse  puellis 
Qua  potui,  periil;  nunc  illis  Tabula  fio. 
Pendebanl  olim,  memini,  narrantis  ab  ore. 

Trahi  par  sa  mc^moire,  Mt^iage  racontait  soiivenl  les 
menies  conies,  les  niemes  hisloires  devant  les  memes 
personnages,  et  ces  nobles  demoiselles,  que  naguere 
^merveillail  le  cbarme  de  ces  r^cils,  le  quitlaient  an 
milieu  de  son  radolage  : 

Nunc  me  fastosas  medio  in  sermone  relinquunt. 

Celle  m6moire  lant  regrellee,  celle  partie  la  plus 
prt^cieuse  de  lui-m6me,  il  la  recouvra  enfln.  Ce  ful  le 


as 

sujcl  dn  second  hymnc,  donl  lo  cole  le  moins  suillanl 
n'est  pas  d'avoir  ele  compose  a  soixanle-dix-huil  ans. 
Dans  Tenlhousiasme  de  sa  joie,  le  vieil  alhlele  recueil- 
lil  le  resle  de  ses  forces  podliques,  et  celte  verve, 
presque  oclog(5naire ,  jeta  encore  un  assez  brillani 
t'clal  avanl  de  s'etcindre  pour  jamais. 

Mazarin,  a  sa  renlrec  Iriomplianle  dans  Paris,  vil  a 
ses  pieds  lous  ces  parlemeiilaires  qui  avaient  mis  sa 
tete  a  prix.  Au  milieu  de  celle  tourbe  de  plals  adula- 
teurs,  le  cardinal  n'ayani  pas  aperQu  Manage,  s'en 
plaignit.  Notre  auleur,  flalle  d'avoir  brill6  par  son  ab- 
sence, adressa  an  Mlnistre  nne  piece  de  vers  dans  la- 
quelle  il  reconnail  d'abord  que  sous  les  reproches  il  se 
cache  toujours  un  peu  d'amour  et  de  bienveillance  : 

Officiosa  qiiidem  tua  sunt  convicia,  Juli, 
Nam  latel  in  querulo  pectore  blandus  amor. 

II  se  vanle  ensuite  de  n'avoir  jamais  rien  dit,  rien 
ecrit  centre  lui  pendant  ce  facheux  exil  (assertion  un 
peu  doutcuse  peut-etre).  II  pretend  d'ailleurs  que  s'il 
n'est  pas  alio  le  saluer,  c'est  que  des  valets  lui  ont  refuse 
rentnie  du  palais.  El  plein  d'une  juste  fierle,  il  ajoute  : 

Contemplus  ferrem  famuli !  fastidia  possim 
Non  tua,  non  rcgum,  non  ego  fcvve  Jovis. 

«  Subir  le  dedain  d'un  valet  de  cour !  mais  ton  d6- 
»  dain,  le  dedain  des  rois,  celui  des  dieux  memos,  je 
»  ne  le  supporterais  pas.  » 

C'est  dans  celte  piece  que  se  Irouvenl  ces  vers  qui 
allaient  droit  a  I'adresso  du  parlemenl  : 

Et  puto  tani  viles  despicis  inde  togas. 


Hi  sunt  saepe  tuum  qui  petiere  caput. 


1U 

Le  parlem(>nt  se  crut  insulte.  II  voiiIiU  poiirsuivre 
M(^nago;  mais  celui-ci  prouva  que  le  aiol  loga  sigiiifie 
un  habil  do  coiir. 

Dans  line  dlegie  adress^e  au  m(5decin  Bachot,  Mi- 
nage  le  prie  de  le  gii(5rir  de  Tamoiir.  «  J'ai  lonjours, 
dil-il  en  aposlrophant  Cupidon,  j'ai  loujours  comballu 
sous  tes  enseignes.  » 

Te  dominum  coliii ,  serviit  tibi  dedita  semper 
Ars  mea;  quid  faimilum  lajdis,  acerbe,  tuura? 

«  Pourquoi  toiirmentes-tu  un  serviteur  si  fldele?  » 

La  modesUe  n'^tait  pas  une  des  verlns  de  M(5nage , 
on  lui  a  souvenl  reproch6  les  louangos  un  pen  exces- 
sives  qu'il  se  donnait  a  lui-meme.  II  prdlend  ici  que 
la  France  proclame  en  lui  le  chanlre  par  excellence 
de  I'amour. 

Sa:,ve  puer,  vocat  alma  tiiiini  me  Gallia  vatem. 

II  est  vrai  que  toules  ses  pieces  roulent  a  pen  pres 
surce  sujol,  ct  qu'a  ce  litre  on  pourrait  le  nommer 
le  poele  des  amours. 

Dans  ces  plaintes,  il  s'agit  peut-etre  des  rigueurs  de 
M™'  de  Sch'igne  qui  se  plaisail  a  ddsespt^rer  Menage  en 
le  menagant  d'aller  le  tronver  chez  lui,  ou  plulot  de 
la  belle  de  Lavergne  (iM""^  de  la  Fayette)  dent  le  nom 
revienl  dans  tons  ses  vers,  I'tHernel  objet  de  ses 
doldances  et  de  ses  desespoirs. 

Quant  a  ces  aveux  un  peu  compromettants  dans  la 
bouche  d'un  abb6,  il  ne  faut  pas  s'cn  scandalisor  Irop. 
Mc^nage  tcnait,  il  est  vrai,  a  I'Eglise,  comme  tant 
d'autres,  par  le  petit  collet  et  le  rnanteau  court;  mais 


115 

au  domenrant,  sos  fonclions  occldsiasliques  ronsis- 
laienl  a  porcovoir  et  ii  di'ponser  les  rcveniis  d'lin  be- 
nefice, sans  autre  charge  d'anie  que  Kn  sienne  propre 

«  Uii  jour,  dil  il,  en  finissant,  un  jour  les  jeunes 
»  gens  viendronl  pres  de  ma  lombe,  el  dironl  aux 
» jeunos  filles  :  «  El  lui  aussi  ful  un  esclave  de  I'a- 
»  mour.  »  Mais  j"enleuds  la  voix  du  porlicr  des  Enfors, 
ji  il  ui'appelle,  adieu,  cher  ami,  adieu  pour  loujours.  » 

Ces  melancoliques  paroles  rappellent  involonlaire- 
menl  :  Et  in  Arcadia  ego. 

Menage  avail  loujours  vdcu  a  Paris.  Apres  vingl  ans 
d'absence,  il  revinl  a  Angers.  De  meme  qu'aulrefois 
S(5ndque,  a  la  vue  de  ses  arbres  deleriores  el  vieillis, 
rejelail  sur  la  negligence  de  son  jardinier  ce  qui  n'e- 
lail  que  I'oulrage  du  lemps,  eel  insitjne  larron;  ainsi 
noire  poele  aurait  presque  accuse  ses  compalrioles 
des  changcmenls  qui  frappaienl  peniblenienl  sa  vue. 
Toul,  dans  sa  ville  nalahi,  avail  pris  une  face  nou- 
velle,  mais  toul  ne  s'elail  pas  embelli  pour  cela  : 

Quas  posiii  virides  sylvas.  sunt  arida  ligna. 
Qiiam  striixi  peiidel  inox  ruitura  domus. 

Ces  arbres  qu'il  avail  [)lanles  el  que  le  temps  a  des- 
s(jcbes;  celle  maisou  qu'il  avail  conslruile  el  qui 
menace  ruiiie,  lout  cela  rafflige  el  le  ddsole. 

Cependanl,  avec  eel  elan  du  cceur  qu'excile  lou- 
jours, dans  un  homme  bien  n6,  la  vue  de  son  pays,  il 
s'(5crie  : 

Salve,  magna  parens,  tellus  niilii  patria,  salve! 
«  Salul,  more  puissaule,  lerre  de  mon  pays,  salul !  » 
Mais  soudain  il  esl  oblige  de  faire  sur  lui-meme  un 


116 

doiilouroux  relour.  Qui  suis-je?  oil  siiis-je?  Je  ne  rc- 
connais  aucnn  des  mions;  petils  el  grands  demandenl 
qu(!l  esl  mon  uom. 

Toules  ces  Angevines,  qii'il  avail  laissdes  brillanlos 
do  jeunesse  el  do  beaulo,  ne  soul  plus.  La  morl  pour 
la  pluparl  les  a  moissonnees.  La  vieille  Plioloo  seulo 
vil  encore,  dit-il,  si  loulefois  c'csl  vivre  que  d'etre 
vieille  : 

Vivit  anus  Pholoe,  si  modu  vivit  anus. 

II  serail  piquant,  apres  deux  siecles,  do  connailre 
les  pcrsonnes  dout  parte  Mc^nago ;  mais  la  necossile  dn 
vers  et  la  biensoance,  sans  doute,  no  lui  oni  pormis 
d'employer  que  des  noms  einpruntes  a  la  langue 
po(^liqae. 

Menage  avail  alors  soixante  ans  : 


Milii  sexagesima  messis 


Instal. 


II  vivait  a  uno  epoque  oil  les  sentinienis  rcligieux, 
profond(knenl  imprimes  par  rexemple  do  la  famillo  el 
par  Teducation  publique,  dans  to  cceur  des  enfanls, 
pouvaiont  elre  oublit^s  el  comme  mis  en  r(?serve  pen- 
dant le  feu  do  la  jeunesse ;  mais  reparaissaiont  forls  et 
vivaccs  quand  I'ago  et  los  deceptions  do  la  vie  avaienl 
ramene  dans  les  esprils  la  reflexion  et  le  calme.  Aussi 
voyoiis  -  nous ,  sans  elonnemenl ,  Menage  faire  ici 
amende  honorable  pour  ses  fautes  passees  au  pied  du 
prelat  vd'nerable  qui  tenait  alors  le  si6gc  (Episcopal 
d'Angers.  CY'tail  rilluslre  Henri  Arnauld  que  nous 
avons  vu,  un  sieclc  plus  tard,  renaiire  dans  la  por- 
sonne  d'un  autre  eveque  dont  noire  villo  n'a  point 
perdu  le  souvenir,  el  donl  le  nom  esl  el  sera  long- 


117 

temps  le  symbole  do  la  pi(He,  dc  la  bionfaisance  el  du 
devouenient. 

Les  jeunes  les  pins  riides  n'efFraiont  point  noire 
poc'te  penitent.  II  eonvrira  volonliers  son  corps  du 
Ingnbro  habit  de  la  penitence:  meme  il  se  soumettra 
aux  coups  de  la  discipline. 

Non  ego  velandos  pannis  squalentibus  artus, 
Nudaque  verbcribus  terga  secaiida  negein. 

Celte  (51(5gie  oil,  contre  I'habilnde  de  Tauleur,  perce 
je  ne  sais  quelle  douce  mc^'lancolie,  finil  par  ces  deux 
vers  d'une  potHique  prc^cision.  II  s'adresse  toujoursan 
prelat  : 

Erige  me  lapsum ,  due  me,  Pater  alme,  volentem, 
Nolentem  tecum,  me,  pater  alme,  irabe. 

Ce  n'est  pourtant  que  I'adage  des  stoiciens  :  ducunt 
volentem  fala,  nolenlem  Irahunt;  mais  I'application  en 
est  faito  ici  Ires  houreusemenl.  Pcut-elre  y  a-l-il  la 
qiiolque  secrete  allusion  a  la  grace  divine  dont  les  di- 
vers el  inintelligiblos  systemcs  tournaient  alors  loules 
les  I6tes  ct  agilaienl  lous  les  esprits. 

Cost  quelquefois  par  un  trail  fln  el  delical  que 
Manage  excelle ,  Idnioin  ce  dislique  : 

Te  supero,  non  ipsa  negas,  mea  Magdali,  amore ; 
Non  tamen  ipse  niniis  le  superasse  velim. 

«  Mon  amour,  lu  ne  le  nies  pas,  remporte  sur  le 
»  lien ;  mais  pourlanl  je  ne  voudrais  pas  qu'il  Teni- 
»  portal  trop.  » 

Ailleurs,  pour  se  punir  d'avoir  offense  sa  ch^re 


118 

Lavergiio  par  des  vers  que  le  d(^sespoir  avail  rendus 
Irop  violenls,  il  demands  des  fers  : 

Ferrca  non  manilnis,  pcdibus  iinii  vincln  I'ccuso. 

Qu'on  le  couvre  de  chaiiies,  iiiais  qu'au  moins  sa 
main  droile  soil  libre  pour  ecrire  les  louanges  de  celle 
qu'il  airne. 

Tu  modo  taiitilluni  nostrae  nimis  aspera  dexlrsp 
Vincla  leva  ,  laudcs  scribal  ut  ilia  luas. 

Tout  le  monde  connail  Monmaur,  ce  parasite  fa- 
nieux ,  conlre  lequel  se  ligua,  on  no  sait  trop  pour- 
quoi,  une  foule  dY-crivains  de  la  premiere  moilie  du 
XVII'  siecle.  Menage  aussi  apporia  sa  pierre  a  eel  edi- 
fice de  vengeance  lilldraire.  II  melamorphosa  en  per- 
roquet  GargiliusMamurra  (Monmaur).  Voici  comment 
se  termine  la  piece;  ce  sera,  si  Ton  veut,  un  specimen 
de  la  versification  latine  de  M(5nage  : 

«  (1)  Sa  langue  adulatrice  repete  encore  son  dler- 
»  nel  bonjour.  Toujours  meme  loquacite.  Son  nez, 
»  comme  autrefois,  esl  crochu  el  empourprd;  sa  tele 
»  esl  dure,  sa  voix  rude  el  criarde,  son  cou  enorme 

(I)  Lingua  Saliitatrix  et  priscum  x^'f-  remansit. 
Pi'iscaque  garrulilas  el  adiinci  purpura  nasi. 
Durities  capitis,  vox  ferrca,  plurima  cervix, 
Quique  olim  fuerat  tenebrosi  carceris  liospes, 
Nunc  cavea;  clatbros  iratis  morsibus  urget. 
Nunc  quoque  nugalor,  nunc  vinosus  edaxque 
Nunc  et  scurra  procax  nee  non  convicia  totus ; 
Nunc  etiain  meininitque  libens  quas  psittacus  audit 
Atque  aniat  auditas  claniosus  redderc  voces. 
Ilium  Gargilio  scires  e  rbetore  factum. 


119 

»  Comme  jadis  il  avail  habiU'  iino  t(''n(''brenso  prison, 
»  anjourd'tini  sa  rage  inipnissanlo  liarcole  a  coups  de 
»  bee  les  barreaux  do  sa  cage.  Fulile  et  hableiir,  re- 
»  chercbant  le  vin  el  les  bous  morceanx,  efFronle 
»  bouffon,  il  r(5sume  en  lui  lonles  les  injures.  Les 
»  paroles  qu'il  entend  sous  sa  forme  nouvelle,  il  ne 
»  les  oublie  point ,  el  so  plail  a  les  reproduire  dans  do 
»  violents  (Eclats  de  voix.  On  n'en  pent  douler,  c'esl 
»  bien  la  m^lamorphose  du  rbeleur  Gargilius.  » 

Dans  ses  podsies  lalines,  Manage  monlre  un  goill 
assez  pur,  de  la  simplicild  el  de  la  clarte,  une  con- 
naissance  elendue  des  auleurs  qu'il  imile,  mais  pen 
d'imagination.  Une  critique  Iroi)  severe,  sans  doule, 
mais  non  lout  a  fait  injusle,  lui  reproche  de  porter 
rimilalion  jusqu'au  plagial. 

II  est  bien  vrai  qu'un  erudit  de  lY'poquc,  Baillet,  ja- 
loux  de  la  renommee  de  Menage,  et  de  I'accueil  que 
lui  faisaienl  de  liaules  el  nobles  dames,  a  compile  en 
qualre  volumes  (Irois  de  Irop  au  moins)  lous  les  pla- 
gials  reels  ou  prelendusqu'on  lui  reprocbait.  Avouons- 
1(>  francbemenl  et  tout  d'abord.  Menage  diait  poMe, 
bel  esprit,  et  parlant,  un  |)eu  vain.  A  la  gloire  qu'il 
s'elait  acquise  par  de  nobles  veilles,  il  en  joignil  (juel- 
quefois  une  de  conlrebande.  Mais  ces  peccadilles  de 
I'homme  ne  peuvent  faire  oublier  le  merile  de  I'au- 
leur.  On  ferait  un  gros  volune  do  ce  que  Virgile  a 
derobo',  sans  en  rien  dire,  a  Homere,  a  I'auteur  des 
Argonauliques,  a  Hesiode,  Ennius  el  lant  d'autres. 
«  Sur  le  Parnasse,  comnu!  dans  le  monde,  disail  Vol- 
taire, il  n'esl  permis  qu'anx  ricbes  de  voler.  » 

xMi^nage  avail  eu ,  dil-oii ,  le  dessein  d'ecrire  sur  la 


120 

maniere  d'imitcr  les  poeles  sans  les  copier;  il  serail 
curieux,  ajoiilo  le  dernier  biographe  de  noire  auleur, 
do  savoir  comment  il  enlendait  celte  dislinclion. 

Sans  rien  prdjuger  sur  Topinion  qu'aiirail  formulee 
Menage  parlanl  dans  sa  propre  cause,  nous  dirons 
qn'il  n'en  est  pas  de  I'imilation  d'un  ancien  comme 
de  celle  d'un  auleur  moderne. 

Ecrivant  dans  sa  langue  maternelle,  le  poele  pent 
lirer,  comme  d'nne  source  qui  lui  est  propre,  des 
lournures  de  phrase,  des  mdtaphores,  des  alliances  de 
mols,  des  hardiesses  do  style  qu'il  n'a  plus  a  sa  dis- 
position quand  il  exprime  sa  pensec  dans  une  langue 
morle. 

Jamais,  en  effet,  on  ne  sera  stir  d'dcrire  corrccte- 
ment,  et  selon  le  gdnie  d'un  idiome  (Stranger,  qu'au- 
tant  que  Ton  aura  puise  dans  cet  idiome  meme,  non 
seulemenl  les  mots,  mais  I'art  de  les  agencer  dans  les 
phrases,  de  disposer  cellcs-ci  dans  un  ordre  donnd, 
et  d'enchainer  le  tout  d'une  fa(,^on  qui  n'a  rien  d'ar- 
bilraire  el  que  Ton  ne  pent  deviner  a  priori.  Ce  travail 
ne  donne  pas  le  gdnie,  sans  doulc;  mais  on  ne  pent 
le  nc^gliger  saus  s'exposer  a  prendre  pour  des  phrases 
latinos ,  par  exemple,  ce  qui  au  fond  ne  serail  qu'un 
style  barbare  plus  ou  moins  harmonieux. 

La  ligno  qui  s(:'pare  le  plagial  de  I'imilalion  est 
dilTicilc  a  tracer;  mais  nous  ne  pensons  pas  que 
Menage  Tail  souvent  d^passde. 

Cossarl  a  plus  d'eldgauce  et  de  purete.  Le  Pore  de 
La  Rue  Temporte  par  le  feu  et  la  verve  virgilienne, 
Sanleuil  par  renthousiasme,  Rapin,  Herman  lui  sont 
bien  superieurs;  mais  Menage,  par  sa  timidite  meme 
qui  I'empeche  de  s'avenlurer  dans  la  phrase  latine, 


i'21 

nous  donne  peul-elre  une  garanlie  plus  sftre  du  bon 
aloi  de  sa  lalinitd.  (Note  A). 


Manage  a  Iraduil  Iui-m6mc  en  vers  grecs  qiiolques- 
uncs  de  ses  peliles  pieces  lalines.  Celle  Iraduclion, 
ainsi  que  pliisieurs  aulres  morceaux  en  langue  hell^- 
nique,  ne  manqnont  ni  de  gr^ce  ni  d'el(!'gance , 
et  prouvenl  que  I'auleur  jouait  familieremenl  avec 
I'ididme  d'Homore. 

Telle  est  gdndralcmenl  noire  ignorance  de  la  langue 
grecque,  celle  langue;  riche,  harnionieuse  el  presque 
divine,  que  bicn  des  gens  crieronl  a  I'hdresie  litleraire 
quand  ils  nous  enlendronl  atlirmer  qu'il  est  plus 
facile  de  fairc  des  vers  grecs  que  des  vers  latins.  Celte 
asserlion  est  nt^anmoins  indubitable.  Les  Romains  ne 
rignoraient  pas.  Horace  n'a  t-il  pas  dit  :  que  la  Muse 
a  donni!'  aux  Grecs  un  langage  plus  facile?  Martial 
tranche  la  question  par  ces  mots  : 

Nos  coliimis  musas  scveriores. 

Au  reste,  pour  celui  qui  s'est  essaye  dans  I'nn  ou 
Taulrc  travail,  il  ne  peul  y  avoir  de  doute. 

Si  nous  avons  du  elre  sobre  de  citations  lalines, 
vous  nous  pardonnerez  de  I'elre  encore  davantage, 
quand  il  s'agit  d'une  langue  gt^neraletnent  ignorec 
aujourd'bui.  Nous  le  regreltons  pour  Tamour  de  celle 
belle  langue  que  malbeureusenienl  negligent  trop 
meme  les  liotumes  instruils.  C'esl  un  mallieur,  quand 
il  s'agit  de  grec,  de  ne  pouvoir  dire  coninie  Virgile  ; 
Non  canimus  surdis. 


122 

Quoi  qu'i!  en  soil,  vous  savez  tons  la  charmanlc 
idyllc  de  M""^  Deshoulieres , 

Dans  ces  pr6s  fleuris 
Qu'arrose  la  Seine... 

on  de  pelits  vers  de  cinq  pieds  coulent  mollement 
en  p(^riodes  harmonicuses.  Eh  bien !  parmi  les  pieces 
grecqaes  de  Menage,  il  y  en  a  une  qui  a  plus  d'un 
rapporl  avec  ce  chef-d'oeuvie.  II  est  vrai  que  la, 
comme  ailleurs,  I'invenlion  csl  nulle  a  pen  pres  (ce 
d(5faul,  vous  le  savez,  est  le  p6cAi6  originel  de  Manage); 
mais,  pour  la  rapidile  du  style,  I'degance  de  la  forme, 
I'adresse  a  nianier  ces  pelils  vers  qui  semblenl  une 
source  limpide  lombanl  en  cadence  el  flallant  amou- 
reusement  I'oreille ,  nous  croyons  que  le  grec  ne  le 
cede  guere  a  la  gracieuse  idylle  frangaise  qui  ne  ful 
inconiprise  que  du  Grand  Roi. 

La  morl  d' Adonis  en  est  le  sujel,  faible  iniilalion, 
sans  doule,  de  I'adinirable  elegie  de  Bion,  a  laquelie 
peut-(3lre  il  n'y  a  rien  de  comparable  cbez  les  moder- 
nes,  en  ce  genre  de  poesic.  La  piece  de  Menage  a  plus 
de  deux  cents  vers;  mais  la  monolonie  s'y  fail  senlir 
en  raison  meme  du  rhylhmc  que  Tautenr  a  choisi.  En 
effet,  soil  hasard,  soil  propos  delibc'srd,  il  a  employ^  le 
vers  adonique,  verS  de  deux  pieds,  qui  fatigue  vile 
I'oreille  par  le  retour  toujonrs  repete  da  daclyle  el  du 
spondc^e.  Plus  heureuse,  M»"=  Deshoulieres  a  lrouv6 
dans  les  rimes  croisdes  une  variel(i  harraonieuse  qui 
soulient  Tallenlion  sans  la  faliguer.  (Note  B). 

Parnii  d'autres  morceaux,  dont  aucun  d'ailleurs  ne 
manque  de  facility  el  d't51(''gance ,  il  y  a  ime  petite 
<51egie  (fXE7J<ov)  adress^e  au  Sommeil.  L  autcur  supplie 


123 

le  dieu  de  lo  ddlivrer  d'line  insomnie  longue  cl 
cruolle.  Pendant  los  ennuis  de  sa  vcille,  il  enlond, 
dans  Line  ehambre  voisine,  son  valet  qui ,  commc  un 
des  guerriers  de  Virgile  : 

Toto  prollabat  pectore  somiium. 

Ses  poumons  a  grand  bruit  exiialaient  Ic  somineil. 

(Gaston). 

«  Ah !  dil  le  poele  :  dieu  du  sommeil,  loi  qui  prodi- 
»  guos  tes  largesses  a  mon  serviteur,  ce  ne  sont  point 
»  ces  bruyanls  dclats,  cetle  respiration  relenfissante 
')  que  je  reclanne  de  toi.  louche  seulement  du  bout  de 
»  la  bagu(!tlc  niagique  ma  i)aupiere  faliguee,  repands- 
')  y  quelques  goultes  de  ton  baume  qui  calme  et  as- 
»  sonpit,  endors-moi  mollement,  moi  I'auii  des  muses, 
» le  favori  d'ApolIon ,  je  ne  prc'lends  pas  a  de  plus 
»  hautes  pri^Togalives  soporiflques.  Viens  done,  6  mon 
»  roi,  hAte-toi.  doux  sommeil,  vole  d'un  rapide  essor 
).  vers  ton  poete;  car  si  lu  lardes,  jedormirai  bienlol  du 
»  sommeil  (^Hernel,  et  la  morl  ,  cello  swur  qui  te  res- 
»  semble,  aura  finine  mes  youx  (1).  » 

Les  poesies  grecques  de  Menage  sont  assez  nom- 
breuses.  II  y  a  beaucoup  d'epigramrnes  qui  n'onl 
gucre  d'aulrc  mcirile  que  la  concision.  Tel  est  ce  dis- 
tique  sur  Scaron  fameux  par  ses  pieces  burlesques. 
Le  Dieu  des  morls  I'a  ravi,  6  toi  qui  fis  lant  rire,  6 
Scaron !  pour  que  I'enfer  e<il  son  Momus  ,  comme 
rOlympe  avail  le  sien. 

(1)      it'vu^,  'TTfoc  fjti  Tscv  Ta;^;ic  Sv,  Ta;^ic  ixSs  ttooithv 
T  irvs  9i^£  «7«  Tiii^v,  vi/  <}l^^6  uttve  tistsu. 


124 

Kai  (n,  tT'naui'oyi'KOii  5!;tap»v/r,  iifTaa"sv  AcTiic, 
Q'c  K.a(  Ma'//cv  '50V ,  axriTip  oM/^woc,  s;^;3/, 

Quelques  pieces  anacreonliques  rie  seraient  peul- 
elre  pas  trop  indignes  du  vieillard  de  Teos.  Uno, 
entre  anlres  ,  paraitrait  presqiie  dchapp(5e  a  la  muse 
d'Anacrcion  et  ferail  beaiicoup  d'hotiueur  ;i  Menage,  si 
ce  n'elail  pas  une  imilalion  assoz  heureuse  d'ailleurs 
du  delicieiix  madrigal  de  C!(5ment  Marot. 

Un  jour,  Amour  vil  celle  qui  ni'est  amere 


C'est  peut-6lre  la  un  des  plagials  dont  parle  Baillel 
mais  a  vrai  dire,  nous  nous  senlons  plein  d'indul- 
gence  pour  de  pareils  larcins.  On  Irouve  au  resle  dans 
le  grec  de  Menage  un  Irail  plein  de  senliment  el  de 
nalurel  qui  n'esl  pas  dans  Marot.  L'amour  jelanl  ses 
deux  pelils  bras  au  cou  de  celle  qu'il  croil  sa  mere  , 
«  embrasse-moi,  dil-iU  ma  mere,  embrasse-moi.  A  ce 
«  nom  de  mere,  Corinne  rougil ,  Corinne  vierge  en- 
»  core  (1).  » 

Ayant  a  luUer  conlre  un  de  ses  compalrioles  qui 
6tait,  a  ce  qu'il  parait,  d'une  humeur  tres  processive, 
el  faligud  d'un  interminable  proces  qu'elernisail  la 
mauvaise  foi  de  son  adversaire,  Manage  s'adressa  au 
premier  president  de  Lamoignon ,  pour  oblenir  une 
justice  plus  pronipte. 

-  La  principale  parlie  dela  justice,  lui  dilil,  c'est  la 

(1)      TfaxtO-tf 
A'.S'ufjia.s  TS  ;t^'P*^  aTiTfflv , 

Kdhou/uiivti   Kofivva 
MjiTnp ,  spi/9f(i^s;, 

Sc   'TripSfVOC   jUiV  01)70. 


125 

»  prompliliule.  line  grftce,  filt-cllc^  pelile,  dcvieiil  Ires 
»  grando  si  die  esl  accordde  a  Icmps.  Accorder  vilo, 
»  c'est  la  grace  des  graces  (1).  » 

M(!'nage,  dit  on,  posait  dcvant  Moliere  qnand  celui-ci 
peigiiil  Vadius;  s'il  on  est  ainsi,  nous  en  soinmes 
fAch6  pour  I'aulcur  des  Femmes  savantes.  II  esl  a  re- 
gard do  Menage  ce  que  Boileau  a  ele  pour  Quinault. 
Menage  elail,  il  esl  vrai,  un  hellenisle  distingue,  niais 
un  hellenisle  agreable  el  de  bon  Ion.  Comment  expli- 
quer  anlremenll'unanimile  des  lemoignages  contem- 
porains  qui  parlenl  de  ses  succies  de  socield,  et  quelle 
soeietelCelle  deCorneille,  LarocIiefoucaull,des  dames 
de  S(^.vigne,  de  Lafayette  el  bien  d'aulres.  Parcourez 
la  note  A  de  I'article  Menage,  dans  le  grand  diclion- 
naire  de  Bayle,  cl  vous  verrez  ce  qu'en  pensait  eel 
auteur  si  solide  et  si  judicieux  .  Au  resle,  la  cause  de 
la  mauvaise  humour  do  31oliere  el  de  Boileau,  serait, 
dit-oa,  lout  sinqjlenienl  les  2,000  fr.  de  pension  que 
Menage  touchail  en  quality  d'liomnie  de  lollres.  Ce  mo- 
tif a  puinfluersurropinionde  Boileau  qui  n'avait  point 
alors  de  pension ;  mais  a  cetle  ei)oque  Moliere  tou- 
chail 1,000  fr.  sur  la  cassette  du  roi.  {Note  C.) 

Serait-ce  ,  comme  on  I'a  pri^tendu  ,  que  Menage  ,  a 
I'occasion  du  Tartuffe,  en  aurait  desservi  I'auleur  au- 
pros  de  Montausier? 

Quoiqu'il  en  soil.  Menage  eul  le  bon  goi'il  do  se  re- 
concilicr  bienlol  avec  ces  deux  illustres  ecrivains. 


(t )      Vloii>.v  iJii'fCt  TO  ikx":  f  "■Tl  t'm.n.iotrjttit 

9 


126 

Sans  multiplier  davanlage  ces  citations  grecques, 
je  rappellerai  une  petite  pi6ce  anacr(?ontiquG  adress(5e 
au  savant  Huet,  adjoint  a  Bossuet  pour  I'^ducalion  du 
Dauphin,  fils  unique  de  Louis  XIV.  Le  ton  dpicurien 
qui  regne  dans  ce  morceau  parailrail  singnlierement 
hasarde  si  Ton  voyait  dans  celui  pour  lequel  11  est 
compost,  I'eveque  d'Avranche.  Mais  il  ne  faut  pas  ou- 
blier  que  Huet  n'enlra  dans  les  ordres  que  tres  tard  et 
qu'il  tHait  d'un  age  d6ja  avanc^  quand  il  fut  promu  a 
I'c^piscopat. 

Au  reste,  I'hotel  de  Rambouillet  qui,  a  cette  i5poque, 
donnait  le  ton  parlout,  avait  inlroduit  dans  la  society 
une  certaine  galanterie  platonique  qui  s'^lait  emparde 
de  tons  les  beaux  esprits  et  que  Ton  relrouve  meme 
chez  des  membres  (3minenls  du  clerg6,  Fl^chier, 
Godeau ,  dveque  de  Vence  et  d'autres. 

A  I'occasion  du  sous-precepteur  du  Dauphin,  nous 
ferons  reniarquer  que  Ton  avait  songd  a  Menage  pour 
remplir  cet  honorable  emploi.  Je  ne  sals  pourquoi, 
cette  place  fut  accordde  a  Huet  qui  d'ailleurs  y  avait 
toule  espece  de  droits;  mais  ce  ne  fut  pas  Bossuet  qui 
(5carla  notre  auteur,  car  celui-ci,  dans  une  elegie 
adressde  a  ce  meme  Dauphin  ,  pretend  que  Bossuet, 
pour  slimuler  Tardeur  de  Tenfant  royal ,  disait  a  son 
(ileve  :  Si  vous  travaillez  bien  ,  vous  serez  chantti  par 
la  bouche  61oquente  de  Menage. 

C'est  encore  la  un  des  coups  d'encensoir  que  Me- 
nage ne  s'dpargnait  pas  assez. 

Toutefois,  en  presence  d'un  homme  aussi  profon- 
dement  erudit  quo  I'i^veque  d'Avranche  ,  si  Menage  a 
pu  meme  un  moment  faire  pencher  la  balance  et 
meriler  le  sufTrage  de  Monlausier  el  do  Bossuet,  Tap- 


127 

pr^ciation  de  ces  graves  et  habiles  personnages,  dans 
celle  solennelle  occasion ,  doit  6lre,  si  nous  no  nous 
trompons,  la  plus  irrefragable  caution  du  vrai  et  solide 
merile  de  noire  conipatriote. 

Quclque  brillante  que  soil,  en  general,  la  poesie  la- 
tine  ou  grecque  parmi  les  moderncs,  des  esprits  diffi- 
ciles  pourront  toujours  prelendre  ,  avec  d'Alenibert , 
que  nous  sommes  des  juges  un  peu  suspects  quand 
nous  pronon^ons  sur  rimilation  exacle  ct  vraie  d'une 
langue  que  Ton  ne  parte  plus.  Celle  objection,  cepen- 
dant,  bien  qu  a  nos  yeux  plus  sp(!'cieuse  que  rt^elle,  ne 
pent  du  moins  atteindre  Menage  ,  considere  conime 
poele  italien. 

Telle  6lait,  en  effet,  sa  merveilleuse  facility  a  s'assi- 
milcr  les  langues  dtrangeres  ,  qu'il  dcrlvait  I'italien 
com  me  un  Toscan.  ,Si  nous  n'avions  a  enregistrer  ici 
que  Topinion  el  le  gout  de  ses  compalriotes,  nous  pour- 
rions  craindre  que  la  pidvenlion  ou  Tignorance  ne  les 
efitaveugI(^'S;  mais  des  juges  irrdcusables,  des  hommes 
instriiils  de  rilalie,  des  membres  de  I'Acad^mie  Delia 
Crusca  se  soul  plus  a  rondro  un  hommagc  explicilo 
aux  poesies  que  Menage  avail  compos^es  dans  leur 
langue. 

Quolques  critiques ,  a  la  vdrite,  pour  all^nuer  lo 
merile  d'un  pareil  succ6s,  onl  prdlendu  que  la  poesie 
ilalienne  n'offrait  pas  de  grandes  ditlicultes.  Mais  il 
en  est  a  peu  pros  des  vers  ilaliens  comme  des  vers 
frangais.  C'est  une  chose  cxtremenient  facile  d'en 
faire  de  mauvais  ou  de  mi^diocres,  passablemenl  dif- 
ficile d'en  faire  de  bons.  A-t-on  vu  depuis  iMc^nagc  un 
grand  nombre  d'elrangers  qui  aienl  excelle  dans  la 
podsie  ilalienne!  CependanI   celle  langue  molle  et 


128 

nous  dirioiis  presque  cffdmini^e,  esl  apprise  parloul  et 
aucun  des  idiomes  modernes  ne  se  prele  aulanl 
qu'elle  a  I'expression  des  sentirnenls  tendres  et  pas- 
sionn6s.  Nous  ne  craindrons  done  pas  de  dire  que 
c'est  peut-etrc  ici  que  nous  renconlrons  le  plus  in- 
contestable merite  de  noire  compalriote. 

Ce  n'dtait  pas,  qu'on  le  croie  bien,  I'oeuvre  de  Poe- 
shie  du  grand  Frederic.  M(^nage  n'avait  pas  besoin 
d'un  Voltaire  pour  laver  son  linge  sale.  On  eilt  dil 
qu'il  (5tait  n6  a  Rome  on  a  Florence,  tant  sa  dic- 
tion est  pure,  tant  il  a  merveilleusenienl  saisi  le  Ian- 
gage  de  P^trarque. 

Ces  poesies  consistent  principalement  en  quelques 
sonnets,  en  madrigaux  Ires  nombreux  auxquels  on 
peut  joindre  quelques  pieces  dans  le  genre  de  celles 
que  les  Ilaliens  appellent  Canzonette.  Le  tout  route  sur 
des  sujets  tendres ,  galants,  lagers ,  aiguises  d'une 
pointe  quelquefois  fine,  quelquefois  d'un  goilt  plus 
que  douleux.  Quelques-uns  des  madrigaux  respirent 
une  simplicity  qui  n'cst  pas  sans  cbarmes  ,  mais  oil 
I'esprit  ne  se  cache  pas  assez  peut-etre. 

l'amour  eternel. 

«  Tu  me  demandes,  6  Philis,  combien  durera  cetle 
»  ardeur  que  les  beaux  yeux  ont  allumde  dans  mon 
»  £ime.  Qui  pourrait  le  dire?  6  Philis  ,  Iheure  de  la 
»  mort  n'est-elle  pas  toujours  incertaine?  »  Cela  est 
bicn  italien  et  pour  la  forme  el  pour  I'idee;  mais  un 
pen  recherche  peut-etre. 

Get  autre  sur  le  depart  de  M""^  de  Lafayette  est 
d'une  \en[6  plus  simple  el  plus  m(51ancolique,  il  pa- 
rait  un  veritable  ^lan  de  I'ame. 


129 

« Inondes  d'lin  lorrcnhiu  larmes,d  mos  Iristes  yen\, 
ponrqiioi  pleiiroz-vous  Ic  depart  d'line  beaul(5  cruelle 
loiijours  sourdc  a  incs  voeux  ?  Ah  !  s'il  vous  fuul  des 
pleiirs,  plourez  cojoiir  oil,  pour  la  premiere  fois,  vous 
vilos  celle  beaul(5  c(!'lcste,  plourez  celte  heure  fatale  , 
originc  ot  soiu'cc  de  vos  si  longs  tourmenls.  » 

Uno  canzoncUa  adrossdc  a  Frangoise  d'Aubignc  , 
M'"«  Scarron  aiors  ,  depuis  M""=  de  Maintenon  ,  com- 
mence ainsi : 

Chi  puo  mirarvi 
E  noil  amarvi? 
ler  vi  mirai 
Dunque  v'amai. 

«  Qui  peul  vous  voir  el  no  pas  vous  aimer  ?  Hier  jc 
»  vous  vis,  hier  jc  vous  aiuiai.  »  Celle  piece,  inlilulee 
capriccio  amoroso  est  pleine  de  faciliU^,  de  grace,  el  ce 
qui  est  plus  rare,  no  cheque  point  le  bon  goAl. 

Enfiu  nous  aliens  terminer  ces  citations  qu'il  serail 
fastidieux  do  multiplier,  par  quelques  stances  qui, 
selon  nous,  joignent  a  une  simplicit(^  naive,  sans 
concetli,  sans  poinle,  je  ne  sais  quoi  de  nalurel  qui 
se  rencontre  assez  raremenl  au-dela  des  nionls  : 


0  mon  coeur  que  ferons-nous?  Faut-il  liai'r?  faut-il  aimer?  Par 
la  route  incertaine  du  vallon  amourcux  ,  allons ,  allons  la  oil  I'a- 
rnour  doiine  ses  conseils. 

Belle  et  gracieuse  est  ma  bcrgnrc,  je  nc  le  nic  pas ,  mais  aussi 
n'est-ellc  pas  cruelle,  iaiiumaiiie,  ingrate  ct  perlide! 

Haissous ,  haissons ,  6  mon  cceur ,  c'cst  le  conseil  que  donne 
I'amour. 


130 

Oui,  elle  est  cruelle,  iuhumaine,  ingrate  et  perfide,  ina  bergere, 
je  ne  le  nie  pas ;  mais  aussi ,  qu'elle  est  belle !  qu'elle  est  gra- 
cieuse ! 

Aimons ,  aimons ,  6  mon  coeur ,  c'est  le  conseil  que  donne 
TAmour. 

Rien  de  plus  gracieux  qu'elle,  rien  de  plus  enjoue. 

Sa  facon  est  gentillette,  son  allure  est  charmante. 

Aimons,  aimons,  6  mon  coeur,  c'est  I'Amour  qui  le  commande. 

(Note  D). 

Enfin  nous  trouvons  parmi  ces  pieces  italiennes  un 
madrigal  que  Ton  crut ,  en  Toscane  meme  ,  soiii  de 
la  plume  dii  Tasse.  Cerles  les  iddes,  si  idc^es  il  y  a, 
n'en  sont  ni  neuves  ni  remarquables,  rien  n'y  fait 
entrevoirrauleiir  gracieux  d'Aminte,  mais  il  faul  que 
le  style  ait  hien  heureuscment  respir6  le  gt^nie  italicn 
pour  que  des  hotnmes  d'esprit,  jugeant  d'ailleurs  dans 
leur  propre  idiome,  aient  pu  s'y  tromper. 

Ici  s'arrete  noire  tache,  puisse-t-elle  ne  pas  vous 
avoir  paru  trop  longue.  Quelque  incomplete  que  soit 
celte  analyse,  elle  fera,  nous  le  pensons  du  moins, 
entrevoir  quels  talents  varices,  quelle  flexibility  d'es- 
pril,  quelle  mine  de  richesse  renfermail  la  tete  de 
notre  compatriole.  N'oubliez  pas  surtout  que  nous 
n'avons  ouvert,  pour  ainsi  dire,  qu'un  des  tiroirs  de 
ce  cerveau  si  splendidement  meubl6  et  qu'un  travail 
analogue  a  celui-ci  pourrail-^lre  entrepris  par  une 
main  plus  heureuse  el  avec  plus  de  succes  sur  plu- 
sieurs  autres  c6l6s  non  moins  brillants  de  I'espril  de 
cet  auteur. 

Tout  le  monde  connait  les  gigantesques  travaux  de 
Pliue  I'ancien.  Comment  travaillant  au  lit ,  a  table, 


131 

au  bain,  en  Iiti6re  ,  a  cheval,  au  camp,  malgre  des 
emplois  publics,  des  commandemenls  d'armde,  dans 
una  vie  d'homine  assez  courte,  il  avail  Irouve  le 
temps  do  composer  plus  de  140  ouvrages  diffc^renls. 
Le  neveu  de  ce  grand  homme^  bien  que  Ires  passionne 
lui-nieme  pour  I'elnde,  s'dcrie,  en  rappelant  les  labours 
de  son  oncle  :  Pelils  elres  que  nous  sommes!  vanlons 
nous,  apres  cela,  de  noire  amour  pour  le  travail! 

Dans  une  sphere  plus  restreinle,  en  voyanl  Menage 
dcrire  prose  el  vers  en  qualre  differenls  idiomes  ,  se 
dislinguer  comme  philosophe,  grammairien,  juriscon- 
sulle,  historien  ,  sans  pour  cela  cesser  d'etre  liomme 
de  socielt^,  homme  du  monde,  ne  pourrions-nous  pas 
avec  quelque  raison  nous  appliquer  I'exclamalio:!  du 
gouverneur  de  Bilhynie,  el  n'esl-ce  pas  avec  justice 
que  Bayle  a  surnomme  Menage  le  Varron  dn  xvii^ 
siecle? 

On  a  dit ,  pourquoi  le  dissimuler?  travail  ingrat, 
travail  stt^rile,  Menage  est  bien  mort,  on  ne  le  ressus- 
cilera  pas.  iMessieurs,  je  craius  bien  que  ceux  qui  par- 
lent  ainsi  ne  soienl  jamais  exhumes  eux-memes.  Le 
chancelier  de  THopilal  elail  mort  aussi,  et  ses  podsies 
latines  ensevelies  avec  lui.  Cependanl  on  vienl  de  les 
Iraduire  el  de  les  ressusciler.  Pour  noire  part,  nous 
croyons  que  le  Iraducleur  a  fail  acte  de  bon  citoyen  el 
d'homme  de  gotit.  Que  d'(^crivains  distingu^s  aujour- 
d'hui,  auronl,  dans  un  siecle,  besoin  qu'on  les  ressus- 
cite?  I'espece  humaine  est  si  oublieuse ,  surloul  a  cctte 
^poque  de  defaillance  lillc^raire  et  morale!  Quaudune 
vanileuse  presomplion  nous  fail  rejeler  avec  dedain  ce 
qu'onl  produit  les  leuips  auterieurs,  il  nest  peul-etre 
pas  inutile  de  rappeler   aux   jeunes  gens  les  tilres 


132 

scicnlifiquGS  el  lilt(iraires  de  leurs  devanciors;  de  leiir 
dire  comment,  a  cerlaino  dpoqiie  ,  lonl  en  rem- 
plissanl  ses  devoirs  civils,  on  savait  par  reliide  et  par 
le  travail  orner  son  esprit  et  agrandir  son  intelli- 
gence. 

Toulefois,  en  revendiqiiant  un  retour  sur  le  merite 
lilleraire  de  Menage,  nous  n'avons  rien  voulu  exagd- 
rer.  Notre  admiration  a  des  bornes  que  nous  n'avons 
point  dissimuk^es;  cepondanl,  toule  part  I'aile  a  la  cri- 
tique, il  re&tera  plus  d'un  fleuron  a  la  couronne  poe- 
tique  de  noire  compatriole.  C'est  du  moins  notre 
conviction. 

Sans  doule,  devant  les  grands  noms  de  Descartes, 
Pascal,  Corneille,  Bossuet,  son  nom  plusobscura  dCi 
palir.  Mais  aux  yeux  de  la  poslerile  ,  bien  qu'cn  un 
rang  sccondaire ,  il  ne  laissera  pas  que  de  garder  un 
cerlain  (5clat ,  et ,  pour  finir  par  une  id(5e  que  nous 
avons  emise  plus  haul,  nous  ne  pensons  pas  avancer 
un  paradoxe  en  disant :  Si  Menage  vivaitaujourd'bui, 
il  serait  une  des  gloires  de  I'Anjou,  une  des  lumieres 
de  la  France.  (E). 

Ddmont. 


NOTES. 


(A).  —  Nous  donnons  ici  un  fragment  d'une  ^legie  adressee  a 
M""=  de  Lafayette.  Ce  morceau  pourra  servir  a  appuyer  notre  juge- 


133 

ment  sur  la  latiiiite  de  M(5nage.  On  y  trouve  quelque  reminiscence 
de  la  facilite  d'Ovide  iinie  a  la  scnsibilite  de  TibuUe,  dernier  point 
assez  rare  dans  la  poc'sie  de  noire  aiileur. 

«  Les  Dieux  prodigiics  pour  vous ,  6  belle  Lavergne,  ont  uni, 
»  aux  cbarmes  de  votre  corps,  les  plus  brillanles  qualites  de  Tesprit. 
»  Mais  les  destins  crucls  vous  ont  refuse  un  poele  qui  sut  digne- 
II  ment  celebrer  ces  celestes  faveurs.  Cent  fois  je  I'essayai  moi- 
1)  meme ,  mais  toujours  vainemcnl;  toujours  ma  muse  a  6te  im- 
)i  puissante  a  cbanter  vos  louanges.  Si  le  sort  vous  eut  donne 
»  pour  poete  le  cbantre  de  Laure,  Laure  eut  vu  sa  gloire  eclips^e 
»  par  la  v6lre.  Et  pourtant  je  I'emporte  autant  sur  lui  par  I'ar- 
I)  deur  de  mon  amour  qu'il  Temporte  sur  moi  par  ses  divins  ac- 
»  cords.  II  a  vu  la  mort  ravir,avant  le  temps,  son  amanle  et  il  a 
»  pu  ne  pas  succomber  a  son  desespoir  !  Si  ta  derniere  lieure  venait 
II  a  sooner  aujourd'Iiui ,  o  lumiere  de  ma  vie,  eel  affreux  inal- 
I)  hear  je  ne  pourrais  Ic  supporter ,  non  je  ne  pourrais  survivre  a 
»  ma  douleur  et  sur  ta  tombc ,  6  mon  amie ,  j'exhalerais  mon 
»  dernier  soupir  (1).  » 


(1)  Ingenii  eximias  formoso  in  corpora  doles 

Dii  faeilos  dederunt,  pulclira  Laverna,  tibi. 
Dura  scd  exiniium  vatem  lib!  fatn  negarunt 

Qui  caiiercl  dodis  muiicra  lanla  ojodis. 
Haec  ego  sed  fruslra  lentavi  includere  chartis, 

Landibtis  est  impar  nostra  Thalia  tuis. 
Si  tibi  Tiiyrrenum  valeiii  surlila  fiiisses, 

Cessisset  faraae  Laura  vet  ipsa  luae. 
Ille  lamen  lenero  lanliiin  iiiiiii  cedil  aiiiore 

Quantum  nos  iili  cedimus  eloquio, 
Immatura  suae  speclavit  fata  pueliae 

Ncc  poluil  lantis  non  supcresse  tnalis. 
Si  suprcma  libi ,  mca  lux,  nunc  liora  veniret  , 

Hei  milii ,  non  posseni  tanta  videre  mala, 
Ah  !  ego  non  pussem  tanio  superesse  dolori , 

Iminorerpr  Imnnlo  ,  puichra  l^averna  ,  luo. 


134 

(B). 

Ke(Ta;  A'tTaiv/c 

K-t>.0(  A'Jo'KC. 
KaXcc  A'J'ctvi; 
2  Xero  •  M^pyotf 
Ka;  K;vi>p«o 
'iaiS'i/Aos  iJiot 
A  ^XaOjMof^of 
Q'^st'  A'J'a-Kt 

O'    Tp((fiX>)Tl3{ 

KaXoc   axO'TX!, 
XxiBxio;,  ai ,  ai 
Qxst'  A'<raiv(c. 
2lv  iTs  Kui  auTa 
2  A8T0  xaxjiof. 


Ks7vov  opS^a 
H'  Ki;9jfS/:t 
rtoXA'aTTO  (TTuSav 

O'^/ov  a.yfKf/.x 
Mi7v£v  ajoivoc 


A'/mfi^vSiiva. 

Tiv  xaXov  kyJ'pst, 
Kaxov  A'tTwviV 
a'  y.^v.ya.'Tta.'i^il 
KaJ  tpixioiKTA 

C  <p<x'  A'Jaiyi, 
OiXTaT  A  (Tav* 


135 

H  H  liu>.l7  T 

O'vS''  invumiii 

H' v(  <ti>,t'i  n 
2ii  Ki/9!fS(«  • 

Ae3'iroT«,  ^(('7I'>l(. 
rio/,  ?(K'  A^uvt 
Hi?  »(>^£  fliy'^f/c  i 
Mt(VOV  \S\i1l , 
*iXTaTj  fAiiyoy, 

Nous  ne  traduirons  point  cc  morcoau  qui  n'a  de  valeur  que  par 
la  forme  el  qui  d'ailleurs  no  peut  interesser  quo  des  iiellenistes. 
Rappelons  seulement  que  dans  toutes  cos  pieces  ou  le  vers  n'a  que 
deux  ou  trois  pieds ,  I'oreille  ct  I'esprit  sc  fatiguent  au  retour 
trop  frequent  de  ce  son  monotone.  Dans  des  liymnos  plus  impor- 
tants  tels  que  ceux  de  Synesius  le  menie  defaut  se  fait  sentir,  en 
raison  meme  de  la  longueur  de  la  piece. 

Le  troisieme  hymne  ,  par  exemple,  renferme  pres  de  800  vers , 
tons ,  a  peu  pres ,  composes  de  deux  mots  ,  un  certain  nombre 
meme  n'a  qu'un  mot  seulement. 

Au  reste ,  tout  le  monde  sail  avec  quel  bonheur  et  quelle  ele- 
gance, M.  Villemain,  de  I'Academie  fran(;aise,  a  traduit  le  premier 
hymne  de  I'eveque  de  Ptolemais. 


(Note  C). 

Pensions  accordees  aux  gens  de  lettres  par  Louis  XIV  en  1663. 

Nous  n'en  citerons  que  quelques-unes. 

Au  sieur  Conrard  ,  lequel ,  sans  connaissanre  d'aucune  langue 
que  sa  naturelle  (  sic)  est  admirable  pnur  juger  toutes  les  produc- 
tions de  I'esprit 1 ,500  fr. 


136 

Au  sieur  Pierre  Corneille ,  premier  poete  drama- 

tiqiie  (ill  monde 2,000  fr. 

All  jeune  abbe  de  Pure  qui  ecrit  I'histoire  en  latin 

^l(5gant i  ,000  fr. 

Au  sieur  Moliere,  excellent  poete  comique i  ,000  fr. 

Au  sieur  abbe  Cotin  ,  poete  et  orateur  fran^ais.  . .  1,200  fr. 

Au  sieur  Menage,  excellent  pour  sa  critique  des  pieces  2,000  fr. 

Au  sieur  Racine ,  poete  fran^ais GOO  fr. 

portee  depuis  a .  2,000  fr. 

Au  sieur  Cbapelain  ,  le  plus  grand  poete  fran^ais 

qui  ait  jamais  6te  et  du  plus  solide  jugement 3,000  fr. 

Au  sieur  Mezerai ,  historiographe 4,000  fr. 

On  pretend  que  cette  liste  fut  dress^e  par  Cbapelain  avec  la 
qualification  annexee  a  chacun  des  auteurs  pensionnes. 

S'il  en  est  ainsi  I'auteur  de  la  Pucelle  ne  s'oublie  ni  sur  les  qua- 
lites  de  I'esprit ,  ni  sur  la  quotite  de  la  pension. 

C'est  en  1666  que  parurent  les  premieres  satyres  de  Boileau  et, 
saus  doute ,  il  avail  cette  liste  sous  les  yeux,  quand  il  disait  de  Cba- 
pelain : 

Mais  que  pour  un  module  on  vanle  ses  Ci'rits  , 
Qn'il  soil  le  mieux  rente  de  tous  les  beaux  esprils  ; 


Ma  bile  alors  s'cchauffe. 


Menage  etait  bien  fait  el  d'une  agreable  figure.  Boileau  avail 
d'abord  dcrit  : 

Si  je  pense  parler  d'un  galant  de  noire  age  , 
Ma  plume  pour  rimer  rencontrera  Menage. 

Mais  trouvant  que  Menage  ,  joignanl  h  Tamabilite  dans  la  societe 
un  merite  reel ,  ne  preterait  pas  facilement  au  ridicule ,  le  satyri- 
que  changea  ce  vers  el  a  Menage  substitua  I'abbe  de  Pure. 

(Tallemant  des  Reaux).  —  Historieties. 


137 


(Note  D). 


L'Amante  Irresoluto  ,  canzonetta  pastorale ,  per  la  Signora 
comtessa  de  la  Faietta. 


Mio  core,  che  farcmo? 
Odieremo?  ameremo? 
Per  lo  dubbioso  calle 
Deir  amoroso  valle , 
Andiamo  ,  andiani,  mio  core, 
Dove  consiglia  Amore. 

Vaga  (nol  niego)  e  bella 
E  la  mia  paslorella. 
Ma  non  meno  b  crudcle 
Empia,  ingrala  ,  inlidele. 
O'liamo,  odiam  ,  mio  core  ; 
Che  lo  consiglia  Amore. 

E  (nol  niego)  crudele, 
Empia,  ingra(a ,  infidcle. 
Ma  non  men  vaga  e  bella 
E  la  mia  paslorella. 
Amiamo ,  amiam ,  mio  core , 
Che  lo  consiglia  Amore. 

Sopra  lulte  e  vezzosa 
Piu  dogn'  altra  h  fcstosa, 
A  modi  amorozelti , 
Coslumi  a  leggiadrelli. 
Amiamo,  amiam,  mio  core 
Che  lo  commanda  Amore. 


138 

(Note  E). 

Menage  termine  son  recueil  de  poesies  par  ces  deux  vers  : 

Xf/ffTt  iva^,  Tot  /Lily  io^xk  KHi  iiy^O'jiitoi!  xai  av«i/xTO(c 

Christ ,  0  mon  roi !  accorde-inoi  ce  qui  m'est  utile ,  que  je  ie  demande 
ou  que  je  ne  le  demande  pas.  Quant  ^  ce  qui  peut  nie  nuire,  refuse-le 
m6me  h  nies  instantes  pri^res. 

II  est  probable  que  Menage  avail  en  vue  ce  vers  de  Juvenal : 

Evertere  domes  tolas  optantibus  ipsis 
Di  faciles. 

Juv.  Satyr  X. 


DISCOIRS  PRONONCI^  PAR  SI.  R^RAID 


SECIIETAIRE-GENERAL   DE   LA   SOCIETE 


A  LA 


DISTRIBUTION  DBS  PRIX  DE  L'ECOLE  MUNICIPALE 


©li  iiay^-AaTg, 


Messieurs , 

Lorsque,  les  ann(5es  pr(5c6denles ,  la  commission 
des  beaux-arts  m'a  charge  de  prendre  la  parole  dans 
celle  cnceinle ,  je  me  suis  appliqud  d'abord  a  signaler 
I'essor  que  les  arts  du  dessin  avaient  pris  aulour  de 
nous  depuis  que  leur  enseignemenl  public  y  avail  616 
inaugur6  vers  le  commencement  du  siecle;  et  j'ai 
suivi  I'histoire  de  cet  enseignemenl  dans  ses  vicissi- 
tudes ,  ses  d^faillances  momentan^es ,  ses  progr^s 
derniers. 

Je  me  suis  ensuite  cfforce  d'assigner  la  place  a  la- 
quelle  il  doit  pretcndre  d'apres  celle  qu'occupe  dans 
I'dchelle  des  connaissances  humaines  I'art  qu'il  pro- 
fessc ,  et ,  pour  ccla,  j'ai  dti  cnvisager  I'art  en  lui-meme 
el  comme  n"(ilanl  qu'une  des  manifestations  les  plus 


140 

dloquentes  de  la  pens<5e ,  une  des  Emanations  les  plus 
puissanles  el  les  plus  directes  de  rimagination  et  du 
raisonnement ,  ces  deux  bautes  facullds  de  I'esprit 
humain. 

J'ai  dft  compl(5ter  plus  lard  ces  idees  sur  la  prd^mi- 
nence  de  Tart  en  lui-menne,  en  appr(5ciant  ses  pro- 
ductions ,  ses  resullals ,  ses  applications  directes  ou 
niedialos  aux  choses  mate^rielles  de  la  civilisation,  en 
indiquant  qu'il  n'est  pas  de  produits  affocles  a  la  satis- 
faction des  besoins  pbysiques  et  de  la  pbipart  de  nos 
besoins  intellecluels,  de  ceux  des  sciences  nieme, 
dans  une  soci^te  avancEe  comme  la  notre ,  qui  n'ait 
quelque  secours  a  lui  demander,  quelque  perfection  a 
en  attendre. 

Enfin ,  passant  du  domaine  de  la  spdculalion  dans 
celui  des  fails ,  pour  acbever  de  constatcr  I'influence 
qu'un  enseignemenl  rationnel,  logique  d'un  art  donl 
on  est  trop  dispose  a  ne  voir  que  le  cote  qui  affecte  nos 
sens,  pent  exercer  soit  sur  le  gout  public,  soil  sur  le  d6- 
veloppement  desfacultdsartisliques  dans  les  individus, 
je  n'ai  eu  qu'a  jeter  les  yeux  autour  de  nous ,  qu'a 
contempler  cello  foule  qui  se  presse  dans  nos  muscles, 
le  nombre  toujours  croissant  des  eleves  de  ce  cours, 
puis  ensuile  a  dvoquer  tous  ces  noms  qui,  pour  I'bon- 
neur  de  la  c'\[6  angevine,  out  surgi  successivenient 
du  milieu  nouveau  qu'un  enseignemenl  raisonn(^  des 
beaux-arts  elail  venu  crder,  el  c'csl  alors  que  ceux 
des  David,  Maindron  ,  Arnaud ,  des  Bodinier  ,  Apperl, 
Dauban ,  Lebiez ,  Lencpveu ,  Moll ,  et  de  tant  d'aulres, 
qui ,  a  divers  degrds ,  se  pressenl  autour  d'eux ,  out 
apparu  a  tous  pour  rendre  temoignage. 

Mais ,  Messieurs ,  au  moment  oil  I'dcho  de  nos  pa- 


141 

roles  s'(5tait  depuis  longlcmps  eloinUians  vos  souvenirs, 
voilaqii'uneconsecralion  loule  eclalaiite  vienl  de  leiir 
elre  donnee  par  le  senlimenl  et  radmiralion  publics  , 
et  11  ne  peut  m'^lre  permis  de  ne  pas  en  tenir  coniple 
dans  la  solennil(5  qui  nous  rassennble, 

Quelques  jours ,  en  effet ,  Messieurs ,  se  sonl  a  peine 
ecouk's  depuis  qu'une  augusle  c(^rt^monie,  Ic  plus 
grand  homniage  que  noire  ville  ail  jamais  rendu  pu- 
bliquemenl  aux  arts,  homniage  auquel  la  religions 
voulu  s'assooier  par  ses  actions  de  graces  et  par  les 
pompes  qu'clle  reserve  pour  ses  jours  de  Me,  est  venu 
inaugurer  de  splendides  Iravaux. 

Col  immense  edifice,  ou  plutot  eel  immense  amas 
d'(^difices  divers  appelti  I'hospice  Sainle-Marie,  eleve 
exclusivement  au  culte  de  rhumanil6  souffrante,  est 
peul-elre  a  la  fois  le  plus  digne ,  le  plus  vaste ,  le  mieux 
approprie  que  Tart  modernelui  aitconsacre.  II  y  avait 
la,  Messieurs,  un  grand  probleniea  resoudre.  II  fallait 
avant  lout ,  affocler  a  cliaque  service  special  toule  la 
'alitudc  possible,  el  cependant  coordonner  Tensemble 
de  telle  sorle  que  chaque  parlie  participal  a  la  fois  des 
avanlages  de  la  promiscuite  coninie  de  ceux  de  I'iso- 
lemcnt,  et  cela  sans  avoir  a  souffrir  d'aucun  des  incon- 
venienls  qui  leur  sonl  liabiluels.  C'elait  done  une  sorle 
de  malC'rialisalion  de  Tordre  a  operer  dans  lout  ce  qu'au 
milieu  de  lant  d(i  destinations  varices  il  pouvait  offrir 
de  desirable  el  de  possible.  II  ne  fallait  done  pas  seu- 
lement  a  une  telle  oeuvre  un  homme  de  I'art,  c'est-a- 
dire  qui,  au  point  de  vue  de  Tart,  sCit  faire  avec  discer- 
nenienl  un  choix  heureux  parmi  des  idees  dc'ja  ac- 
quiscs  a  la  pratique,  dcja  traduiles  par  Tapplication; 
il  fallait,  avant  tout,  un  esprit  capable  de  se  rendre 

10 


442 

comple  exaclement  des  besoins,  dos  ndcessites  des 
divers  services ,  de  les  pouvoir  appreoier,  de  mnniere 
a  n(?gliger  cerlaines  habiludes  peu  jiisUfic^es  pour  doii- 
ner  une  plus  ample  salisfaclion  a  d'aulres  d'un  in- 
l^rel  bien  (!4abli,  at  rendre  ainsi  parloul  pronipl,  stir 
et  facile,  raccomplissement  de  loules  les  I'onclions  el 
de  lous  les  details. 

Placee  a  ce  point  de  vue  d'analyse,  de  discussion  ct 
d'appreciation,  la  mission  de  rarchitecle  s'eleve  el 
grandil,  el  dans  la  poursuile  d'une  solution  a  des  pro- 
blomos  mulliples  el  pour  iui  sans  cesse  renaissanls,  il 
y  a  cerlainemenl  tout  ce  qui  pent  flatter  les  intel- 
ligences les  plus  distingudes,  car  on  n'y  peut  parvenir 
que  par  des  (itudes  serieuses  de  mceurs,  d'habitudes, 
une  elimination  judicieuse  de  tout  ce  qui  n'a  pas  une 
raison  d'etre  sufBsanle  et  une  minulieuse  recberche 
de  lout  ce  qui  peut  aider  an  developpement  de  ce  qui 
a  un  caractere  d'ulilile  incontestable. 

Ce  n'est  done  qu'apres  ces  prfiliminaires,  oil  I'ima- 
ginalion  comrae  la  raison  a  son  role,  qu'apparait 
]'honmie  technique,  mais  a  Iui  seal  aussi  il  est  reserve 
de  salisfaire  et  de  traduire  toutes  ces  exigences  dans 
ses  cr&ilions  arcbiteclurales ,  el  d'en  composer  un  en- 
semble conforme  aux  regies  de  son  art  qui  n'est  que 
I'expression  du  gout  dans  les  siecles  dclaires.  A  Iui 
seul  appartenait,  par  exemple.  dans  le  genre  de  cons- 
tructions qui  nous  occupe  en  ce  moment,  de  savoir 
concilier  un  aspect  vraiment  monumental  avec  une 
sage  economic  de  d(?lails ,  de  suppleer  au  luxe  des  or- 
nements  par  une  noble  (Elegance ,  par  tout  ce  qu'il  y 
a  d'imposanl  dans  la  grandeur  et  la  beautd  simple  des 
lignes,  dans  la  justesse  calculde  des  proportions  d'61«5- 


valion  el  de  ddveloppemenl ,  dans  la  compensation  si 
ddlicalc  a  cMablir  enlre  les  vides  des  onvorluR'S  ct  Ics 

parlies  pleines  des  fagades Enfln  ,  Messieurs,  il 

fallail  encore  a  de  tels  ddifices,  doni  la  diirde  devrail 
6lre  iiidefinie  comme  la  charil6  qui  les  fonde,  des 
condilions  nouvelles  de  solidile  que  les  conslruclions 
^phemeres  de  la  propriety  priv(5e,  plus  ou  moins  es- 
elaves  des  caprices  de  la  mode,  ne  doivent  pas  meme 
ddsirer. 

C'esl,  Messieurs,  a  un  enfanl  de  TAnjou,  c'esl  a  un 
homme  qui  lui  aussi  s'est,  aux  premiers  jours  de  sa 
jeunesse  laborieuse,  assis  sur  ces  bancs,  qu'il  a  tH6  re- 
serve de  satisfaire  aux  donn^es  d'un  des  programmes 
les  plus  conqilexcs  que  Tart  de  balir  ail  eu  encore 
peul-6ire  a  (^'ludier  el  t\  ex(5culer. 

Mais  c'est  spdcialenieni  de  I'eglise  que  nous  avons 
a  parler  ici  au  poinl  de  vue  des  arts. 

Vous  savez ,  Messieurs ,  qu'elle  a  616  plac^e  par  I'ar- 
chilccle  comme  le  centre  autour  duquel  gravitenl 
loules  ses  autres constructions.  Dans  une  haute  pensee 
philosophique  elle  est  le  lien  qui  en  consomme  I'unitd, 
le  foyer  d'oii  rayonne  comme  d'une  source  inlarissable 
le  feu  de  la  charite ,  le  milieu  vers  lequel  convergent 
par  un  juste  retour  loutes  les  esp(5rances  de  ceux  qui 
soufirenl,  loules  les  actions  de  graces  de  ceux  qui 
sonl  soulages ! 

Simple  dans  son  ordonnance ,  une  coupole  aericnne 
la  domine  el  annonce  au  loin  que  la  pensee  religieuse 
serl  ici  de  mobile  a  lanl  de  devouements  divers. 

Vous  Irouverez  sans  doute  ,  Messieurs,  que  ce  n'esl 
pas  nous  ecarter  de  I'objet  de  not  re  reunion  que  de 
fciliciler  en  passant  lemiuenl  architecle  d'avoir su dc'- 


daigiier  ici  im  esprit  d'itnilalion  auquel  noire  e^poquo 
se  laisse  trop  ais(5ment  aller  dans  la  construclion  dcs 
edifices  religieux.  Trop  faclles  pastiches,  mais  trop 
sonvent  imparfails,  de  ces  ceuvres  antiques  dont  Ic 
style  avail  ses  liarmonies  dans  le  milieu  qui  les  en- 
tourait,  ces  anachronismes  de  pierres  que  se  plait  a 
cre(T  I'art  moderne ,  ddsh^rites  qu'ils  sont  do  I'aureole 
des  souvenirs  dont  le  temps  colore  et  eunoblit  tout  ce 
qu'il  rcspecte,  ne  seniblent  que  trop  souvent  jet(5s  au 
devant  de  nos  demeures  modernes,  comme  ces  follcs 
mascarades  oil  les  paisibles  habitants  de  nos  cites 
bourgeoises  revetant  la  cuirasse  fdodale  et  couvrant 
leur  front  paciflque  du  heaume  enipanache  du  moyen 
age,  s'en  vont  par  les  carrefours  laissant  oisifs  ce  jour- 
la  la  plume  ou  le  metre  palernel  pour  brandir  fiere- 
ment  une  inoffensive  ept^e.  II  y  a  done  eu  un  certain 
courage  plcin  de  bon  goiit  a  demander  au  style  grec 
ses  formes  les  plus  sc^veres  et  les  plus  simples  pour 
mettre  I'Eglise  nouvelle  en  relation  architecturale 
avec  les  grandes  lignesdroites  que  donnaienl  lesautres 
Edifices. 

Mais ,  Messieurs ,  cette  grande  ceuvre  n'eul  pas  en- 
core m  complete  au  point  de  vue  de  I'art,  si  la  pein- 
ture,  celte  soeur  si  devoude,  si  riche  et  si  intelligente 
de  I'architecture ,  ne  ful  inlervenue  pour  se  faire  au 
besoin  son  interprete  en  lui  prodiguant  ses  tr(5sors.  Et 
it  (!'tait  encore  reserve  a  un  autre  enfant  de  la  cit(i 
angevine  de  concevoir  cette  pensde,  et  dans  un  d(5- 
vouement  plein  d'abnegation  personnelle  pour  un 
art  dans  lequel  il  a  longtemps  seul  porte  el  soutenu 
haul  le  nom  de  notre  ville,  de  d(jlerminer  par  une 
heureuse  initiative  Tadminislration  a  accomplir  ce 


145 

projol :  honneiir  done ,  an  nom  des  amis  des  arts , 
a  M.  Bodinicr! 

Pour  satisfaire  a  cos  inspirations  il  n'y  avail  d'ail- 
leurs  que  Tcmbarras  d'lin  choix  a  fairo  ,  car  nous 
complous  parnii  nos  artislos  plus  de  peintres  d'his- 
loire  qu'aucune  ville  de  province.  MM.  Appert,  Dau- 
ban,  Lenepveu  furenl  les  6\\\s  el  cliacun  aujourd'hui 
peul  dire  s'ils  out  repoiidu  vaillanimenl  a  rappel 
fail  a  leurs  lalenls  dija  d'ailleurs  mainles  fois  eprou- 
vds. 

Jelons  un  rapide  coup-d'ceil  sur  leurs  Iravaux  el 
pentHrons  dans  le  temple  par  Ic  porlique. 

Au  seuil  du  teniple,  a  droiteet  a  gauche  du  portail, 
nous  remarquerons  d'abord  deux  grands  panneanx 
peinls  par  M.  Appert.  A  ce  premier  pas  qu'il  fait  dans 
la  nef,  le  visileur  esl  encore  sous  I'impression  des 
choses  qui  I'onl  le  plus  vivement  affecte  dans  ces  asiles 
du  malheurj  aussi  le  peinlre  a-l-il  voulu  lenir  compte 
de  ces  souvenirs  du  nionde  reel  qui  ne  sont  pas  encore 
assez  effaces.  Ainsi  done  ,  par  une  ingeuieuse  preoc- 
cupation, composition,  types  des  visages,  accessoires, 
costumes  ,  couleur ,  c'esl  la  v(5rile  qu'il  a  voulu  faire 
revivre,  c'esl  un  r^alisme  de  bon  aloi  et  avoue  par  le 
bon  goill  qu'il  a  eu  en  vue.  Celle  lendance,  sans  doule, 
pouvait  pour  lout  autre  avoir  de  dangereux  dcueils  , 
mais  houreuscmenl  en  lui ,  clle  n'excluail  ni  Televa- 
lion  de  la  pensee,  ni  I'expression  piltoresque,  ni  le 
sentiment  de  la  situation,  ni  la  science  de  la  perspec- 
live,  ni  Tentenle  du  clair  obscur.  Aussi  y  a-l-il  nn 
certain  parfum  d'idealisme  qui  s'exliale  de  ce  rdalisme  ■ 
la.  Quant  a  la  couleur,  elle  a  toule  la  sobriele  de  tons 
habitiiellc  au  mailre  et  qui  rappclle  les  belles  epoqucs 


146 

de  I'Ecole  v^nilienne.  Espdrons  done  que  plus  lard  il 
sera  donnd  au  peintre  plus  a  I'aise  dans  le  large  lym- 
pan  qui  surmonle  ceUe  enlr(5e  du  temple,  de  faire  ap- 
pricier  lous  les  aulres  coles  de  son  riche  lalenl. 

Pour  remplir  ces  deux  panneaux  il  a  du  choisir 
parmi  les  ceuvres  de  la  charile  publique  les  deux  plus 
capilales  :  celles  qui  pour  le  soulenir  prennent 
rhomme  aux  deux  exlr(^mil(5s  desa  carri6re  lerrestre. 
D'un  cold  c'est  done  I'enfance  qui  dds  le  premier  jour 
oil  sou  ceil  s'est  ouvert  a  la  lumiere  s'esl  liouvde  dos- 
herilee  desjoies  delafaniille;  d(3  I'aulre  c'esl  la  vieil- 
lesse,  voude  elle  aussi  a  I'isolemenl  mais  apres  avoir 
vu  sursa  Irop  longue  route  disparailre  la  famille  qui 
Tenlourait,  ou  ddcimec  par  la  morl  ou  dispersee  au 
venl  de  la  misere.  Des  deux  parls  c'esl  Tabaudon  ab- 
solii  el  sa  falalild,  frappanl  a  la  porle  de  la  charile  pu- 
blique, qui  sous  les  Irails  pieux  des  filles  de  Marie, 
vienl  subslituer  ses  consolalions  aux  allachernenls  el 
aux  affeclions  qu'a  refuses  ou  rompus  une  nature  ma- 
ralre. 

Mais  au  centre  du  temple  la  peinlure  a  dA  prendre 
un  loul  autre  caractere,  chercher  un  loul  autre  ordre 
d'ins|)iralions.  La  ,  le  symbolisnie  cbrelien  a  du  se 
subslituer  au  realisme  philanlhropique.  La,  la  pensee 
laissanl  loin  derriere  elle  les  choses  du  monde,  devait 
tendre  a  s'dlever  exclusivemenl  vers  Dieu  pour  rendre 
hommage  a  la  majeste  de  la  religion  el  salucr  la  loi 
nouvelle,  manifestde  surloul  icipar  eel  esjjril  de  cha- 
rile universelle  que  ,  des  hauteurs  du  Ciel ,  elle  verse 
a  flols  inlarissabies  aux  coeurs  des  enfanls  de  la 
terre. 

Pour  M.  Dauban ,  le  centre  de  I'Eglise  est  done 


U7 

devcnu  le  symbole  m6me  de  I'ddifico  de  la  religion 
chrLHionne. 

Aussi  sur  ces  piliers  puissanls  qui  elevent  la  cou- 
polo  vers  le  Ciel  a-l-il  place  los  quatre  dvangdlislcs 
avec  leurs  allribuls  priniilifs,  colossales  figures,  d'un 
slyle  severe  el  d'un  beau  caraclere,  largementpeinles 
el  savainmont  dessindes,  el  qui,  en  ayanl  en  lant  que 
peinlure  (oule  la  valeur  possible  pour  produire  un 
grand  efFel,  no  sorlenl  pas  cependanl  du  cadre  elroit 
des  piliers,  n'allerenlen  rien  leur  caraclere  de  simpli- 
cil(5  monunienlale ,  leur  aspecl  solide  ct  grandiose. 
Voila  cerles  bien  les  bases  inebranlables  sur  lesqiielles 
doil  reposer  le  monumenl  de  la  foi  chrctienne. 

C'esl  au-dessus  de  chacun  de  ces  piliers  que  s'epa- 
nouissent  en  (5venlail  les  relombees  de  I'inlerseclion 
des  voiMes  en  berceau  des  quatre  bras  de  la  croix, 
forniaul  ainsi  les  pendenlifs  de  la  coupole  cenlrale,  el 
c'esl  sur  ces  pendenlifs  que  Tarlisle  ,  dans  quatre 
grandes  compositions  ,  donl  les  figures  principales 
a'onl  pas  moins  de  Irois  metres  de  module,  a  retrace 
ceque  la  charil6  chrtHieiuie  a  de  plus  grand,  de  plus 
heroiqiie,  el  aussi  de  plus  douxv, 

La  se  presentenl  lour  a  lour  a  la  reconnaissance  des 
bommes  :  saint  Jean  de  Dim  ,  calmanl  les  fureurs  de 
la  folie  el  devenanl  la  providence  consolalrice  de 
tons  les  nialheureux  qu'onl  atleinls  d'incurables  infir- 
miles; 

Saint  Vincent  de  Paul,  venanl  en  aide  a  la  vieillosse 
qui  le  benit,  el  lout  enloiu'e  par  les  groupes  cbar- 
uianls  des  petils  enfanls  qu'il  a  arraches  a  I'abandon 
ol  a  Janiorl; 

Camillede  Lellis,  donl  le  calnie  courage,  bravanl  les 


148 

alleinles  de  la  peste,  s'en  va,  au  pdril  de  sa  vie,  porler 
aux  agonisants  les  derniers  secours  de  la  religion; 

Enfin  Pierre  Nolasque,  ce  fondatcur  de  I'ordre  de  la 
Mcrci,  rachetanl  les  caplifs  et  devenu  par  une  inge- 
nieiise  allegorie  du  peinlre,  le  represcnlanl  de  la  Reli- 
gion rendant  aussi  aux  aniesleur  liberie  primilive,  en 
les  affrancliissanl  des  chaines  du  genie  du  mal. 

Celte  personnificalion  de  la  cliarile  universelle  est 
done  la,  comme  le  couronnement  celeste  de  la  pensee 
dont  I'Evangile  est  la  base.  11  ne  manque  plus  a  ce 
solennel  ensemble,  comuie  compl(iment,  que  I'acbe- 
vement  de  la  coupole  qui  ofFrirail  Timage  du  cicl  vers 
lequel  s'dleveraient  loutes  ces  gloires  de  la  charile 
pour  y  recevoir  la  sublime  recompense. 

Devons-nous  rappeler  que  c'esl  la  premiere  fois  que 
I'artisle  a  eu  la  bonne  fortune  de  pouvoir  executer  des 
peinlures  murales  de  sa  composition,  et  qu'il  y  a  pris 
de  plein  saut  une  place  oil  peu  pourronl  le  suivre ,  el 
cependant  it  a  eu  a  produire  la  parlie  capilale  de  son 
cpuvre  dans  des  conditions  d'une  difficult^  exception- 
nelio^  oil  bien  d'autres,  el  parmi  les  plus  habiles,  eus- 
sent  pu  dcbouer.  Ces  pendenlifs  concaves  presenlenl 
en  effet  dans  leurs  courbes,  quant  an  dessin  des  rac- 
courcis  dans  les  nuds,  des  problemes  de  perspective  el 
d'optique  qui  dejouenl  parfois  Ionics  les  regies  de  la 
science  et  de  I'art. 

C'esl  surloul,  a  noire  sens,  en  se  rendant  si  bien  mai- 
Ire  de  ces  difficultc%  qu'elles  disparaisscnl  complele- 
menl  pour  qui  ne  considere  que  les  resullals  obtenus, 
que  M.  Dauban  a  surloul  prouv6  loutes  les  ressources 
et  la  solidity  de  son  talent.  Pour  atleindre  ainsi  le  but, 
il  ne  lui  eCli  cerlos  pas  suffi  do  posseder  seulemenl  le 


U9 

sentiment  de  la  coulcur,  la  sftrcld  du  trait,  la  facilite 
ct  Tenergie  du  faire,  Ti'lude  approfondie  de  Tanaloniie, 
renlcnie  du  pli  el  la  soience  de  la  composilion  qui 
sonl  les  trails  disliuclifs  el  habiluels  do  son  talent. 

Si  mainlenanl  des  hauteurs  de  la  coiipole  nous 
abaissons  nos  regards  vers  le  fond  du  sanctuaire,  de 
nouvelles  emotions  et  de  nouvelles  jouissances  nous 
attcndent.  I. a  en  effet  se  deroule  une  des  plus  grandes 
pages  qu'il  ail  ele  donne  a  un  pinceau  moderne  de 
couvrir.  Aussi  elait-ce  pour  la  premiere  fois  qu'un 
champ  si  digne  de  lui  s'elevait  pour  le  talent  ma- 
gistral de  I'ancien  pensionnaire  de  Rome,  de  M.  Lc- 
nepven. 

La  dedicare  de  lYglise  a  la  sainle  Vierge,  tel  esl  le 
sujet  qui  lui  incombait,  vasle  composition  qu'il  a  Irai- 
\6e  en  trois  grandes  parlies.  Le  bas  est  occupd  par 
I'aulel  au-devant  duquel  I'eveque  C(!^lebre  le  saint  sa- 
crifice en  invoquant  I'intervenlion  de  la  Mere  du 
Christ;  au-dessus  apparail  la  Vierge-mere;  plus  hant 
encore  dans  les  limbes  le  ciel  s'ouvre  pour  monlrer 
Dieu  le  pere  assis  dans  sa  gloire  au  milieu  des  chcieurs 
des  bicnheureux.  Ce  sont  a  vrai  dire  trois  composi- 
tions dislinctes  et  ayant  un  cachet  sp(5cial,  mais  soli- 
dement  relides  par  une  action  commune  el  formant, 
quant  a  la  couleur,  la  plus  vasle  et  la  plus  riche 
gamme  et  d'une  harmonic  indescriplible  de  Ions  de- 
puis  ce  que  la  couleur  et  le  faire  donnenl  de  plus  vi- 
goureux  jusqu'a  ce  que  Ton  pent  oblenir  de  plus  suave 
el  de  plus  vaporeux.  Devanl  une  oeuvre  (I'mie  si  in- 
conleslable  valeur  on  se  sent  impuissant  a  en  parlor 
convenablemenl  et  Ton  csl  conlrainl  de  se  borner  a  en 
indiquer  sans  reflexions  les  trails  les  [)lus  frappauts. 


450 

Le  bas  de  ce  vaste  tableau,  au  milieu  duquel  sonl 
debout  rev6que  et  ses  grands  vicaires  vus  de  3[4,  est 
rempli  a  gauche  par  un  large  groupe  d'hommos  age- 
nouilles,  balance  a  droile  par  un  groupe  de  femmes  , 
Tun  et  I'aulre  avec  runiforme  de  la  maison.  Toules 
ces  figures  sont  peintes  d'apres  nature,  ce  qui  donne 
a  celle  parlie  de  la  composilion  un  caraclere  parlicu- 
lier  de  realisme  qui  forme  une  opposition  precieuse 
el  des  plus  Iranchees  avec  les  personnages  c61estes 
qui  occupent  les  plans  sup^rieurs. 

Les  assistants  se  trouvenl  done  r(5parlis  en  deux 
grandes  masses  de  couleur  analogue,  mais  ou  le  pein- 
Ire  neanmoins  a  su  Irouverdes  nuances  et  des  d(^lails 
qui  jellent  dans  les  tons  une  vari(^l(^  d'effels  qu'ils  ne 
somblaicnt  i)as  devoir  comporler  par  eux  memes.  On 
remarque  en  outre  dans  le  cole  des  femmes  el  sur  le 
premier  plan,  un  groupe  de  religieuses  donl  les  ve- 
temenls  noirs  rompenl  la  monolonie  des  autres  cos- 
tumes, sans  rien  oler  a  I'harmonie  de  Tensemble  et 
donl  les  poses  a  la  fois  dislingudes ,  naturelles  et 
pleines  d'animalion,  sont  d'un  ravissant  cfFel.  G'est 
enlre  ces  deux  grandes  masses  des  assistants  que  se 
detacho  et  s'isole  le  groupe  dont  I'cWeque  est  le  cen- 
tre ;  Irois  portraits  admirables  de  v(5rit(5  el  d'expres- 
sion,  et  dont  les  v6lemenls  ruisselanls  d'or,  de  pour- 
pre  et  de  sole  ,  attestent  loule  la  ricbesse  de  la  palette 
du  peinlre.  Du  reste  loule  cette  parlie  basse  du  tableau 
est  peinte  avec  un  brio,  une  cnergie  de  pinceau,  une 
vigueur  de  coloris  dont  la  peinlure  murale  a  I'encaus- 
tique  n'avait  peut-elre  pas  encore  monlr(5  d'exemple. 

Le  groupe  de  la  Vierge  debout  au  milieu  des  nuages 
et  entouree  d'anges  el  de  ch(5rubitis  ,  descend  bien  a 


151 

la  voix  du  prelal.  La  Vicrgc,  d'nn  grand  style  e!  d'une 
grande  pureli'  de  dessin,  apparait  pleine  do  calme,  de 
douceur  el  de  dignile  niodosle.  Les  anges  souriaiils 
qui  forment  a  I'entour  connne  une  guirlande  animee, 
aux  chairs  Iransparentes  ,  sont  dcssin(5s  dans  toules 
les  posilions  possibles  aveo  une  science  profonde  du 
nil,  une  aisance  et  une  grace  parfailes.  U  en  est  un 
surlont  qui  sort  vc^rilablenienl  du  nuage  pour  vo- 
ler  vers  ceux  qui  prienl.  Toul  cola  est  peinl  d'une 
delicieuso  couleur,  et  quand  on  les  compare  a  ces 
honmies  qui  prient  au-dessous  ,  on  sent  bien  mieux 
encore  que  ces  etres-la  ne  doivenl  pas  apparlenir  a  la 
terre,  si  pour  les  traduire  aux  yeux  il  a  fallu  leuf 
donner  les  formes  el  les  traits  des  enfants  d'Adam. 

C'est  an-dessus  de  la  Vierge  et  de  son  angtilique  en- 
tourage qu'apparait  Jc^'hova  environn(5  des  esprils  Je 
lumiere  el  de  ses  elus,  immense  ensemble  qui ,  par- 
toul  ailleurs  ,  serail  a  lui  sent  un  tableau  d'une  com- 
position savanle,  d'une  couleur  suave  et  aerienne, 
chaudc  et  vaporeuse  a  la  fois,  Irailc^e  avec  un  parli 
pris  de  laisser  I'imagi  nation  errer  dans  les  jouissances 
d'une  incertitude  pleine  de  charme,  qui  en  fail  un 
morceau  capital  comme  pensee,  exdculion  cl  cou- 
leur. 

Enfin,  pour  compldler  celle  ceuvre  magnifique,  les 
murs  laleraux  qui  forment  les  deux  coles  du  sanc- 
tuairo  sont  occupes  par  deux  com|)ositions,  secondai- 
res  il  est  vrai ,  niais  qui  n'en  meritcnl  pas  moins 
Tatlenlion  par  I'adresse  avec  laquello  elles  out  ('[6 
rallacht^es  a  la  composition  priucipale  dc  maniere  ^ 
la  faire  valoir  au  lieu  den  detourner  I'allenlion.  Le 
peinlre  y  est  parvenu  tout  en  leur  conservanl  la  vi- 


152 

giieur  necessaire,  en  inlroduisanl  dans  la  couleiir  des 
vclenienls  iine  sorte  de  monolonie  savammenl  calcu- 
li. Ce  soiit  dcjoiines  cnfanls  do  I'Hospice,  filles  el 
gargons,  ranges  !e  long  de  Iribnnes  donl  h  s  lignes 
perspeclives  lendenl  loiilos  vers  le  sujel  principal  dn 
tableau  du  fond  et  leur  donnent  une  saillie  et  des 
proflls  qui  en  foul  de  verilables  trompe  I'ceil. 

Enfin,  ce  qui  ajoule  encore  puissammenl  al'effel 
d'ensemble  des  oeuvres  de  nos  Irois  artistes  ,  c'esl 
qu'elles  se  Irouvent  en  partie  en  contact  avec  une  ri- 
che  ornemenlalion  byzanline,  du  meilleur  gout ,  oil 
r(51egance  et  la  distinction  du  dessin  est  ^galde  par 
les  harmonies  on  les  conlrastes  heureux  que  Ton  a 
cherches  dans  le  choix  des  tons.  Celte  partie  purement 
ornementale  demandait  des  connaissanccs  toutes  spe- 
ciales  en  arch(^'ologic  byzantine  et  trop  peu  rc^'pandues, 
mais  qu'heureusement  possedaienl  MM.  Dauban  el 
Lenepveu,  aussi  a-t-elle  &[&  exdcut(5e  sur  leurs  des- 
sins  originanx  el  sous  leur  direction  immediale  pour 
le  choix  des  couleurs,  loiijours  d'une  grande  impor- 
tance dans  ce  genre  d'orncmenlalion.  Un  peinlre  de 
la  ville,  M.  Gudrif,  a  et6  charge  d(>s  faux-maibres;  le 
reste  a  616  ex(^cul(5  dans  les  conditions  de  direction  que 
nous  venous  d'indiquer,  et  sous  I'oeil  du  mailre,  par 
un  eleve  de  celte  Ecole  ,  choisi  par  M.  Dauban ,  le 
jeune  Henri  GuifFart. 

Ce  nom  ,  Messieurs  ,  doit  vous  rappeler  un  des  lau- 
rc^ats  du  dernier  concours.  C'esl  en  effel  ici  meme  que 
ce  jeune  homme  a  commence  la  vie  arlislique.  Vous 
le  vites  alors  au  premier  rang  des  sections  de  Tacade- 
mie  et  de  la  tele  lant  d'apres  la  bosse  que  d'apr6s  na- 
ture. Aussi  lorsqu'a  la  suite  de  ces  Eludes  s(^rieuses  el 


153 

fortes  il  fill  clioisi  par  son  maitre  pour  I'aider  dans  la 
ducoralion  do  Sainlo-Marie,  fll-il  de  raiiides  progress 
dans  ccllt;  voie  nouvelle,  el  sa  vocation  n'elanl  arrelde 
par  ancune  difficultc^  d'cxC'Cution,  put-il  niarclier  sans 
hesitation  aucnne  dans  la  carri6re  qu'on  lui  ouvrait 
ainsi.  Ces  succ6s  I'ont  determine  a  ne  pas  attendre  la 
fin  de  Tannine  scolaire  ct  a  se  rendre  immediatement 
a  Paris  oil  il  a  tiouv6  nn  cmploi  Incratif.  C'esl  un 
exemple  de  plus  pour  confirnier  ce  que  nous  nous 
efforyons  chaque  annee  de  faire  coniprondre  anx  pa- 
rents et  aux  Aleves ,  que  sans  des  dtudes  rdflc^chies  et 
d6jci  avanc^es  dans  racademie  et  la  lete,  on  n'esl  ja- 
mais qu'un  mediocre  ornemaniste,  landis  que  par  clles 
tout  devient  facile,  le  rliamp  de  la  composition  s'a- 
grandil  et  Tadresse  de  la  main  y  gagne  aussi  considd- 
rablemenl,  C'est  bien  dans  ce  cas  que  Ton  peut  dire 
que  qui  peul  leplus  peut  le  nioins. 

Avanl  d'en  flnir  avec  Sainte-Marie  ,  qu'il  soil  per- 
mis,  iMessieurs,  a  la  Commission  des  beaux-arts  de 
formuler  ici  un  voeu  pour  rachevement  complet  de 
ses  peinlurcs  murales  ,  et  de  Tappuyer  de  quelques 
considerations  gen^ralesqui  se  rattacbenl  a  I'avenir  de 
la  peinlure  en  France. 

Les  demeures  modernes,  avec  leurs  proportions 
mesqnines  et  le  caraclere  parliculior  de  leur  d(^cora- 
tion,  excluent  la  presence  de  grands  tableaux;  aussi 
la  grande  peinlure  el  les  peintres  d'histoire  tendent- 
ils  chaque  jour  a  disparaitre.  Le  genre,  source  pres- 
quc  cerlainc  de  fortune  et  de  rc^putation  et  plus  faci- 
lement  accessible  sous  tons  les  rapports,  dont  les 
productions  trouvent  partout  acces ,  attire  a  lui  les 
plus  belles  vocations.  La  tragedie  et  le  poeme  epique 


154 

onl  fait  place  en  peinlure  aux  peliles  scenes  de  la  vie 
inlimo  el  privee  ,  aux  mievrcries  du  marivaudage ,  a 
la  chansonnelle  ol  a  Tidylle.  La  haule  pocsie  s'en  va, 
laissant  le  prosaisme  et  le  romanesqne  prendre  sa 
place,  au  salon  comnie  an  boudoir.  Une  seulo  carriere 
pourrail  encore,  de  nos  jours,  s'ouvrir  pour  les  gran- 
descomposilions  :  ce  serail  la  decoration  des  edifices 
religieux.  Ce  n'est  plus  que  d'elle  seule  qu'on  pent 
allendre  la  rdgeneralion  d'un  art  qui  s'eteint  dans  ce 
qu'il  a  de  plus  grand,  et  on  serail  d'autanl  plus  cer- 
tain de  I'obtenir  par  elle  ,  que  c'est  de  ccltc  sorte  de 
peinlure  meme  que  sonl  sorties  les  6coles  ilalienne  et 
espagnole,  el  que  se  sont  produits  les  chefs-d'oeuvre 
qui  onl  ensuile  rc^agi  si  puissamment  sur  I'^ducation 
arlislique  des  siecles  suivanls. 

Pourquoi  done  ne  serait-il  pas  reserve  a  noire  ville 
d'ouvrir  la  premiere  cetle  voie  aux  progres  de  la  pein- 
line  fran^aise?  Si  je  dis  la  premiere,  c'est  qu'en  effet 
si  d^ja  quelques  villes  de  province  possedent  des  spe- 
cimens de  peinlure  murale,  ils  ne  sont  parlout , 
conime  ici,  qua  Tetat  de  fragments  plus  on  rnoins 
isok^s  sur  la  nudile  des  monumenls.  Or  ,  ce  qu'il  im- 
porterait  de  donner  comnie  modele  a  suivre,  ce  serail 
un  temple  tout  entier  consacre  au  d(ivcloppement 
d'une  vaste  epopee  et  cachant  loules  les  parlies  de  ses 
murailles  sous  des  peintures  dd^coratives  archiclectu- 
rales  concouranl  a  un  grandiose  effet  d'ensemble. 
Nous  concevons  qu'ailleurs,  pour  execuler  de  lelles 
choses,  il  puisse  y  avoir  des  obstacles,  dont  le  plus 
grand  ,  sans  doule,  est  toujours  de  rassembler  un 
nombre  sufTisant  d'artistes  de  merite  qui  consenlent 
pour  plusieurs  annees  a  quitter  Paris;  mais,   cetle 


155 

difricult(5  elle  n'exisle  pri'-cisdment  pas  ici,  car  Ton  ne 
peut  doulcr  que  nos  ariisles  angevins  ne  so  monlras- 
sent  empresses  de  repondre  a  I'appel  qui  leur  serail 
adress6  pour  lenniner  ce  qu'ils  ont  si  brillamnient 
commence.  La  commission,  au  nom  de  laquelle  nous 
avons  ici  I'honneur  de  parler ,  verrail  done  dans  ce 
genre  de  Iravaux  un  des  plus  surs  et  des  plus  puis- 
sanls  sUmulauis  pour  perpeluer  en  France  les  tradi- 
tions de  la  poinlure  Iiislorique  dans  ce  qu'elle  a  de 
plus  6Iev6  du  point  de  vue  do  Tart,  el  elle  pense  en 
cons(^quence  que  ,  soil  dans  I'inleret  general  de  Tart 
lui-meme,  soil  aussi  dans  des  inldrets  locaux  d'un 
tout  autre  ordro,  el  que  chacun  comprend,  il  serait  de 
tons  points  ddsirable  que  la  dt^coralion  piclurale  de 
I't^glise  Sainle-Marie  fCit  achevde,  et  qu'a  eel  effet  les 
administrations  deparlemenlale ,  municipale  et  des 
hospices,  auxquelles  se  joindrait  probablement  une 
intervention  flnanciere  de  I'Elal,  se  rt'unissent  pour 
accomplir  un  projel  deslind  a  faire  dpoque  dans  I'his- 
toire  de  Tart  nioderne  en  province,  el  acheveiil  de 
coniplf^ler  ainsi  Toeuvre  commencee  sous  la  gc^ndreuse 
inspiration  du  doyen  de  nos  peintres  d'hisloire , 
M.  Bodinier. 

Messieurs,  revenant  maintenant  plus  direclemenla 
Tobjet  de  la  solennile  qui  nous  aconvies  ici,  nous  dc- 
vons,  avanl  de  terminer,  feliciter  au  nom  de  la  Com- 
mission des  beaux-arts  M.  le  professeur  Dauban  des 
progres  qui  se  sonl  accomplis  cello  annc^'C  encore  dans 
son  Ecole. 

La  sculpture  a  donnt5  un  (^levc  qui  possede  ddja  des 
qualitcis  prticicuises  el  developpees  a  un  haul  dcgr6 
sous  I'babile  direction  impriuiee  a  sou  education  d'ar- 


456 

lisle.  M.  Leroux  a  puisd  dans  le  cours  d'analomic  de 
noire  Ecole  de  mtidecine  des  connaissances  qui  fer- 
ment la  base  la  pins  imporlanle  de  son  arl,  el  que 
lonle  rinlelligence  et  I'adrcsse  possibles  ne  pcuvent 
jamais  reniplacer.  A  cet  egard  nous  avons  parliculie- 
menl  remarqu(^  un  pied  qui  marche  qui  a  ^le  models 
a  I'tHat  d'ecorchd,  en  commenganl  par  la  reproduction 
des  OS  qui  en  torment  la  charpenle ,  et  qui  onl  tHe 
successivemant  reconverts  par  les  tendons  addncleurs 
et  extenseurs,  et  par  les  rubans  des  muscles  dans 
I'ordre  de  leur  superposition  ou  de  leur  enchevelre- 
ment,  ouvrage  interessant  ex^cutd  de  m^moire  par 
I'dleve.  De  nombreux  porlraiis  en  ronde-bosse  et  en 
mddaillon,  d'une  vc^rild  de  forme  et  d'expression  qui 
leur  donne  un  caraclere  rare  d'individualite,  une 
academic  d'apres  nature,  une  grande  slalue  de  saint 
S^bastien  dont  nous  avons  rendu  compte  a  une  des 
dernieres  stances  de  noire  Society  academique,  qui  a 
cette  c^poquea  manifeslci  a  M.  Leroux  loutes  les  esp(^- 
rances  qu"elle  fondait  sur  son  lalent,  ferment  un  en- 
semble de  travaux  remarquablcs  parmi  lesquels,  au 
dire  d'hommes  compcilents,  il  en  est  que  ne  desavoue- 
raient  pas  des  talents  parvenus  deja  a  la  maluritd. 

Les  dessins  a  I'estompe  de  Tacademie  et  de  la  t6te 
d'apres  nature  et  d'apres  la  bosse,  bien  que  Tceuvre 
d'(51eves  dont  il  en  est  pen  qui  complent  dt^ja  deux 
annees,  viennent  allesler  comme  par  le  passe  Fexcel- 
lence  de  la  methodeDupay,  lorsqu'elle  est  bien  ap- 
pliqu(5e  ,  comme  moyen  de  developper  rapidement 
rinlelligence  et  les  facultds  artisliques.  Un  prix  a  616 
decerne  dans  la  premiere  section  a  I'eleve  Harion  et 
c'(5tait  justice,  car  non-seulenient  il  a  eu  pour  lui  le 


157 

nit^rite  de  I'execulion  du  dessin  ,  mais  il  a  conslam- 
mcnt  montre  du  goiU  ol  une  rare  pcrsev(!'ranco  dans 
le  cours  de  ses  (Eludes. 

Les  dessins  d'archilcclure  ont  616  6galemenl  fori 
apprecies  et  l^iuoignenl  de  la  bonne  direction  donnee 
acelleparlie  de  I'enseignement  par  M.  Bibard,  I'ha- 
bile  arcbitecle  qui  en  est  chargd.  lis  permellent  d'es- 
perer  pour  I'avenir  des  conlre-mailres  inslruils  dans 
lesprincipesde  I'art,  ce  qui  manque  presque  parlout. 

Noire  lacbe  a  6[6  iongue  a  accomplir ,  Messieurs  . 
mais  nous  esperons  que  vous  nous  pardonnerez  celle 
prolixile  involouiaire,  car  elle  provienl  bien  plus  en- 
core de  Tabondance  ineme  des  cboses ,  quoique  nous 
nous  soyons  efforce  d'elaguer  le  plus  possible ,  que  de 
la  forme  nieme  dans  laquelle  nous  avons  essaye  de 
Iraduirc  convenablemenl  nos  impressions  el  nos 
idees. 


11 


LE  SONGE  DU  ROI  R£N£. 


PEINTURES  MURALES 

DE  SAINTE  MARIE. 


Au  coteau  de  la  Maine  est  une  source  pure  (1). 
La  prierent  ja.lis  un  Ermile  et  son  Roi ; 
La,  d(''posanl  son  sceptre  el  sa  pesanle  arinure, 
Les  palmes  do  la  gloire  el  le  prix  du  lournoi , 
Soldal  de  Jeanne  d'Arc,  le  roi  des  Deux-Siciles, 
D(^ploranl  les  combats  el  les  grandeurs  fragiles  , 
En  soi  se  r^sumait  el  dans  son  cceiir  chrelien, 
Hors  I'amour  de  son  Dieu  ne  ddsirail  plus  rien. 
Un  soir  ils'endormil  au  modesle  Erniiiage. 
La  null  enveloppail  I'hospice  d'Henri  deux. 

(1)  La  fontaine  des  Vigiies,  enclos  des  Gapucins,  touchail  i'Er- 
mitage.  —  Journal  de  Louvet.  Roger,  hist.  d'Anjou. 


459 

]a\  Charilc'  voillant  en  ces  lieux  d'dgo  en  Age, 

Y  versail  sos  pavols,  son  baiime  aux  inalheurcnx. 

De  I'Angelus  du  soir  Irois  fois  la  voix  sacr«5e 

Avail  lini  la  veillc  elpermisle  repos; 

Un  songe  on  ses  esprits  r(3veillant  la  pens6e, 

Du  bon  Roi  vint  soudain  illuminer  I'enclos. 

II  lui  sembla  qu'aulour  de  la  source  des  Vignes 

La  lerre  se  moiivail  el  qne  mille  ouvricrs  , 

Tra^alenl  de  longs  fossc^s  el  de  fecondes  lignes 

Oil  s'elendaionl  des  murs  el  de  vasles  senliers. 

Puis  un  palais  offrail  d'innombrables  fonelres 

Oil  paraissaienl  joyeux  de  pauvres  habilanls , 

Benissanl  de  leurs  voix  I'auleur  de  Ions  les  elres, 

Celui  qui  regno  aux  cioux  el  gouverne  le  lems, 

Celui  qui  donne  au  riche  el  le  pauvre  soulage  , 

Celui  qui  prele  a  lous  ,  pour  rimniorlaiitd , 

Aux  uns  lo  bon  consoil ,  la  parole  du  sage  , 

Aux  autres  resperance  et  foi  dans  sa  bonlc^. 

Au  cfuilre  harnionieux  de  ce  vasle  ddiflce 

Un  dome  s'elevail,  portant  la  croix  CL^ans 

La  croix..,  signe  diviu  !  Iriompbe  !  sacrifice  ! 

La  croix  du  Golgoiha ,  la  croix  du  Valican. 

Vers  le  lomple ,  a  grands  pas  il  lui  sembla  qu'un  ange 

Le  guidail  de  son  vol,  ravi  d'lui  saint  tinioi. 

Des  porliques  ouverls  ,  oil  la  foule  se  range, 

II  a  franohi  le  souil..  6  mj'slere  de  foi  ! 

Sur  son  Irono  olernel  est  assis  Dieu  le  Pere. 

Chrisl  iuiMiolo  pour  nous  sur  Taulel  do  I'agneau  , 

Son  flls  esl  a  ses  pieds  el,  dans  ce  grand  myslere, 

L'Espril  a  rnnivors  dido  un  dogme  nouveau. 

La  niie  de  David,  vierge  predcslinee, 

Due  I'eloile  couronne  el  pare  le  soleil , 


160 

La  Mere  de  Jdsus  ,  sur  un  nimbe  portde, 

Lui  pr«^sente  le  flls  qirannonga  Gabriel. 

Anges  immacult^s,  aux  ideales  formes  , 

Porlez ,  porlez  vers  nous  la  Mere  de  Jt^sus  ! 

Beaux  messagers!  du  ciel  par  vous  rhomme  s'informe. 

Le  Sauveur,  diles-le  !  ne  vous  quillera  plus  ! 

Puis  il  vit  se  dresser  ,  soutenanl  la  coupole  , 

Le  regard  plein  de  feu  ,  pares  de  I'aardole  , 

L'Evaiigdlisle  Marc  ,  saint  Jean  ,  Luc  et  Mathieu , 

Apporlant  sur  leur  coeur  el  leur  male  poilrine 

Le  r^cit  (^lernel  que  leur  style  burine, 

La  parole  de  Dieu. 
El  toules  les  vertus  planerenl  sur  le  nionde. 
Vincent ,  lendant  les  bras ,  y  regoit  les  enfants, 
Les  vieillards,  les  l(ipreux.  Pour  Dieu  rien  n'esl  immonde 
Que  le  mal  s;ans  remords  el  les  cceurs  sans  dlans. 
Saint  Jean  de  Dieu,  du  Ciel  appelle  la  lumiere 
Sur  le  pauvre  insense ,  lui  prete  sa  raison  , 
Son  coeur  el  son  amour;  car  il  aime ,  il  esp6re 
Et  rhomme  de  I'esprit  est  la  sainle  maison. 
Camille  de  Lellis,  quand  le  fl^au  d(5cime 
Epoux,  vieillards,  enfants,  sous  ses  coups  confondus 
Aux  serres  de  la  mort,  disputant  sa  victime, 
Leur  nionlre  encore  I'espoir  et  du  ciel  les  clus. 
Nolasque  des  caplifs  a  fail  tomber  la  chaine, 
Et  de  la  liberie  proclam^  le  retour. 
Liberl(^,  noble  dot  de  la  nature  humaine! 
Aux  portes  de  I'Eden  lu  faillis  en  un  jour; 
Mais  du  mailre  irrite  la  cl(^mentc  colore , 
En  langant  son  arret,  terrible  souvenir  ! 
Et  voyant  les  douleurs  de  son  regard  de  p6re , 
Te  laissa  I'esp^rance  avec  le  repenlir. 


161 

II  promil  le  sauveur  ,  il  indiqua  sa  mere 

Aux  siooles  a  venir  el  la  caplivilii 

Resle  dansle  passd  comme  un  signes(5vere 

Ri'plaganl  le  devoir  pres  de  la  liberie. 

Rene  vil  au  milieu  de  celle  douce  extase 

Les  soeurs  de  Sainl  Vincenl ,  souriant  au  malheur, 

A  la  porie  veillant ,  (!'pianl  chaque  phase 

De  la  vieet  la  moil ,  du  crime  ou  de  I'erreur. 

Vous  parties  aussi ,  modesles  el  joyeuses, 

Sceurs  de  Sainle-Marie,  ariges  de  la  maison; 

Comme  le  laboureur  qui  cueille  sa  moisson, 

Ou  rapporle  au  bercail  mainles  brebis  boileuses. 

Par  V06  soins  empr<>sses  el  vos  efforls  pieux 

Toules  se  presseul  la  pres  de  rAgiieau  sans  laclie  , 

Egales  devanl  lui  donl  le  regard  s'allache 

Toujours  avec  amour  sur  le  plus  malheureux. 

Quel  est  ce  sainl  pr^lal ,  de  I'encens  el  la  myrrhe 

Elevanl  le  parfum  vers  le  Irone  Divin? 

Que  Ton  lombe  a  genonx  !  car  sa  voix  semble  dire  : 

Eloile  de  la  mer  !  gloin;  a  Dieu  Irois  fois  sainl ! 

De  la  joie  en  son  c(jeur  Ren6  senlil  Fivresse. 

Et  conlemplanl  ces  lieux  pleins  d'un  grand  souvenir 

Qui  pourrail,  disail-il,  6  divine  Hesse ! 

Te  peindre  sur  ces  murs  pour  doler  I'avenir  ? 

Lors  il  vil  apparailre  aux  parois  d'une  pierre  , 

Far  range  des  beaux-arls  inlailles,  mis  en  rang, 

Aux  marches  de  I'aulel ,  benis  par  la  prii;ro , 

Ces  noms  unis  :  Appert ,  Moll,  Lenepveu,  Dauban. 

Rend  se  rdveilla...  puis  les  siiicles  passerent , 

Comme  passe  un  seuljonr,  comme  passe  un  malin. 

.^lais  de  Planlagcnel  les  bienfails  demeurerenl. 

Le  denier  de  Deserl ,  (5chapp6  de  sa  main , 


162 

A  londdi  I'Holel-Dieu,  dot6  Sainte-Marie  : 
Gardez  ,  gardez  D(^sert ,  du  pauvre  la  patrie, 
Le  souvenir  d'hier,  I'espoirdu  lendoinaiii  (1). 

N.  P[.ANCHEN.\ULT. 


(1)  L'administratioii  de  I'liospice  a  reiionce  a  veiuJre  Uuscrl 
donn^  il  y  a  sept  siecles  par  Henri  II  Plantagenet,  pour  fonder 
I'Hfltcl-Dieu. 

On  sail  que  c'est  aussi  a  la  bienvcillance  artislique  de  noire 
peintre  angevin,  M.  Bodinier  et  dc  sa  dame,  que  I'liospice  doil  les 
peintures  murales  de  Sainte-Marie,  ainsi  qu'au  zclc  de  M.  le  Prefct 
Vallon,  et  de  rAdministration. 


PROCES-VERBAUX 


DES 


SEANCES  DE  LA  SOCIETE  ACADEmQUE 

de  Maine  cl  Loire. 


SEANCE  DU  'J8  AVRIL  i857. 
I'residence  de  M.  Boreau. 

La  seance  est  ouverle  a  sept  heures  prt^cises  du  soir. 

M.  le  comle  de  Las  Cases  ,  pr(^sidenl ,  et  M.  Planche- 
iiaull,  adininistraleur  dela  sociele,  nepouvant  assis- 
ler  a  la  reunion,  sont  remplac(5s  dans  ces  fonclions 
par  M.  Boreau  ,  pr(!'sidt'nl  de  la  classe  des  sciences  phy- 
siques, el  par  M.  de  Lens,  prc^sident  de  la  classe  des 
lellres.  Lcs  aulres  menibres  dn  bureau  sont  prc^sents. 

Lo  secrelaire-gen(;ral  donne  lecture  du  proces-ver- 
bal  de  la  derniere  seance ,  qui  est  adopte  sans  r(5cla- 
nialion. 

M.  Alfred  Riche ,  doclcur  cs-sciences  ,  dcrit  k  la  So- 
ciele pour  la  remercierdu  litre  decorrespondanl  quelle 
lui  a  d^cerne.  II  sc  propose  d'etre  un  correspondant 
aclif  el  ddvoue  a  I'oeuvre  qu'ellc  a  enlreprise,  et  se  met 


164 

enlicroment  a  sa  disposition  pour  la  repr^senter  dans 
loules  Ics  occasions  oil  il  pourra  lui  elro  utile.  II  sera 
heureux  de  lui  pr(^senler  des  travaux  inc^dils ,  ainsi  que 
ccux  qu'il  a  soumis  a  I'approbalion  de  TAcademie  des 
sciences. 

M.  Thouvenel  est  appeld  par  Vordre  du  jour  a  lire 
un  travail  sur  la  Physiolorfie  de  la  parole  L'auteur  y 
^lablit  ce  qu'on  doit  entendre  par  ces  mots :  parole  et 
langage  ,  par  idees  individuelles  et  idees  abslrailes.  11  fait 
voir  que  Ton  ne  pent  former  did(%sflft.s/ra/ffi.squ'araide 
designes  convenlionnels  constiUuuil  le  langage ^  qu'une 
langue  n'esl  qu'une  combinaison  (\'idees  abslrailes  et 
qu'une  science,  se  ramcnanta  une  langue  qui  devicnt 
I'expression  des  fails  et  des  rapports  existant  enlrc  les 
fails  qui  constituent  la  science ,  celle-ci  trouve  par  cor- 
rdilalion  son  mdrite  el  ses  moyens  de  progres  dans  le 
md'rile  m6me  de  la  langue  qui  lui  sert  d'inlerprele. 

II  lermine  en  monlrant  comment  I'homme  qui  jouit 
seul  de  la  faculte  d'employer  des  signes  convenlionnels 
pour  former  et  combiner  des  id(';es  abslrailes,  c'est  a 
dire  pour  creer  el  perfectionner  les  langues  et  par 
consequent  les  sciences,  est  le  seul  (iducable  et  per- 
fectible. 

M.  le  docleur  Dumonl  demande  a  faire  une  obser- 
vation. II  d(!'sirerHit  savoir  s'il  est  entrd  dans  les  inten- 
tions de  l'auteur  du  mdmoire  d'admeltre  quel'exislence 
de  rhommc,  meme  a  I'etat  restreint  de  famille  ,  ait  pu 
precMer  pendant  un  laps  de  temps  quelconque  la  for- 
mation el  I'emploi  d'un  langage  meme  rudimentaire, 
niais  propre  du  moins  et  ndcessaire  pour  c^tablir  une 
vie  de  relation  cntre  les  membres  si  peu  nonibreux 
qu'on  les  suppose  de  la  famille  humaine. 


165 

M.  Thotivenel  repond  qu'il  a  cherch^  a  signaler  le 
developpomonl  logi(iiie  dii  langago  parle  ,  mais  (pi'll 
n'a  pas  preleiulu  rioii  prejiigor  sur  le  point  do  d('i)aii 
de  son  origine,  sur  sa  conlomporaneile  onsi\  subse- 
qnencoala  crc^alion  de  rhomme. 

M.  Dumonl  fail  alors  observor  que  si  Ic  travail  qui  vient 
d'etre  lu,  A  dont  il  rcconnail  d'ailleurs  la  valour  au 
point  de  vue  philologiquo,  avail eu  le  but  qii'a  la  siuqtle 
audition,  il  lui  avait  pu  attribuer,  il  eut  cru  devoir  y  re- 
pondre.  Selon  lui,  en  effel,  le  don  de  la  pensee  etant  ac- 
cord(i  a  rhomme,  on  doit  logiquement  admetlre  qu'il  a 
regu  correlalivemenl  celui  d'un  langage  propre  non  pas 
seulement  a  traduire  sa  pensc^e  au  dehors,  a  la  parler, 
mais  d'abord  a  servir  a  celle  pensee  elle-meme  d'ins- 
trument  si  inlinie  que  les  operations  interieures  d(; 
rentendement  ne  puissent  jamais  s'isoler  complele- 
mcnt  de  Temploi  de  cet  instrument ;  que  pour  pen 
que  nous  nous  inlerrogions,  nous  voyons  en  effel  que 
notre  pens(!*e  ne  se  forme  qu'a  I'aide  ou  par  des  mots . 
et  que  tout  ce  qui  se  passe  en  nous  sans  s'(^xprimer 
ainsi  par  des  mots  reste  a  I'etal  obscur  de  sensation  ou 
d'inslinct....  Ne  peul-on  pas  induire  de  la  que  la  divine 
sagesse  en  crdanl  rhomme,  destine  a  penser  ,  lui  in- 
culquait  en  m6me  temps  l(;s  elements  du  langage  parte 
dont  elle  lui  donnail  les  organes  physiques,  langage 
qui  par  ses  mots  devait  devenir  une  parlie  inlegrantc 
de  la  pensee  qui  avail  mission  de  diriger  loules  les  ac- 
tions neccssaires  pour  assurer  el  defendre  une  existence 
bien  autremenl  fragile  et  d(5nuee  que  celle  des  ani- 
maux  ,  reduils  au  seul  iuslincl  ?  langage  primilif  que 
le  lemps,  I'usage  ,  ladiversile  des  milieux  oil  riiomme 
s'est  Irouve  jele ,  les  incidents ,  les  besoins  vari(is  el 


166 

les  complications  inflnies  de  la  vie  en  commun  ont 
dft  necessairement  developper  el  agrandir ,  en  en  mo- 
difianl  incossaniincnt  la  force  el  la  porlde. 

Telle  est  du  nioins  I'analyse  ,  malheureusemenl  trop 
superflcielle,  que  nous  a  paru  comporler  la  rapide  cl 
brillanle  improvisalion  de  noire  savant  confrere. 

Le  Iravail  de  M.  Thouvenel  est  renvoye  au  comity 
de  rt^daclion. 

M.  Boreau  prend  ensuile  la  parole. 

Un  manuscril  aulographe  de  Merlet  la  Boulaie  ,  rd- 
cemmenl  Irouve  enlre  les  mains  d'un  brocanleur  de 
noire  ville,  fournit  au  savant  professeur  le  sujel  d'ime 
notice,  dans  laquelle,  apres  avoir  apprecie  avec  la 
rare  imparlialild  qui  preside  a  lous  ses  Iravaux  de  cri- 
tique bolanique  les  connaissances  el  la  valeur  scienli- 
fique  de  Merlet,  il  met  en  relief  les  principales  indi- 
cations de  planles  relatives  a  la  flore  angevine  qui  se 
Irouvent  consignees  dans  ce  catalogue  raisonnd  du 
Jardin  Bolanique  d'Angers  ,  qu'il  suppose  avoir  eld  re- 
digd  vers  1789.  Plusieurs  de  ces  indications  soul  intd- 
ressanles  el  paraissenl  etre  la  source  de  celles  que  la 
Iradilion  a  conservees  jusqu'a  nos  jours.  Ce  Iravail  four- 
nil  une  nouvelle  i)age  a  I'hisloire  de  la  Bolanique  en 
Anjou  donl  M.  Boreau  avail  sufaire  un  tableau  si  ins- 
Iruclif  el  si  allachant  dans  le  Mdmoire  par  lui  publid 
il  3^  a  quelques  annees,  et  ce  n'est  pas  sans  raisons 
qu'il  a  dft  se  feliciter  de  pouvoir  allacher  ce  nouveau 
fleuron  a  la  couronne  bolanique  de  Merlet;  nulle  main 
n'dtait  plus  digne  de  lui  donner  toule  sa  valeur. 

La  Socidtd  renvoie  celle  notice  au  comild  de  rddac- 
tion. 

M.  le  conseiller  Turquel  commence  la  lecture  de 


167 

son  important  travail  snr  la  magistradire  fran^aiso  , 
dgalemcnt  plein  d(!  fails,  de  ponsdes  6Iev('os  ot  g&{\6- 
reuses,  do  nobles  senlinienls  heiircusenient  el  energi- 
quenient  exprini(5s.  Son  (itendue  oblige  d'en  conli- 
nuer  la  lecture  a  une  prochainc  seance  ou  11  en  sera 
rendu  compte. 

Les  lectures  ainsi  lermin(''es,  le  secr(5laire-g(^neral 
prond  la  parole  jjour  ra[)p('!erh  rassemble(>  que,  d'apres 
I'art.  5  de  son  reglement,  la  Sociele  a  admis  Texislence 
de  presidents  bonoraires,  el  qu'il  parailrail  convena- 
ble,  a  cette  seance  qui  suit  cclle  ou  elle  s'esl  defini- 
tivemenl  organis^e,  de  proceder  a  leur  election. 

L'assemblee  accueille  celte  proposition  avec  les 
marques  d'une  vive  syinpatbie,  et,  refusanl  de  pro- 
cdiier  par  la  voio  du  scrulin,  elle  proclanie  ses  presi- 
dents bonoraires : 

JI.  Vallelon,  premier  president  de  la  Courimperiale; 

M.  Vallon ,  prefel  de  Maine  el  Loire, 

Mgr  Angebaull,  evdque  d' Angers; 

M.  Duboys  ,  maire  d'Angers; 

M.  Mourier,  recleur  de  TAcad^mie  de  Rennes. 

Le  bureau  consulle  Tassemblde  sur  la  fixation  des 
assemblees  ge^'n6rales.  On  ddcide  qu'eiles  auronl  lieu, 
sans  eocception,  le  qualrionie  mercredi  de  chaque  niois. 
Les  sections  fixent  leurs  assemblies  parliculieres. 

Le  Secretaire-general ,  T.-C.  Beraud. 


168 

SEANCE  DU  27  MAI  1857. 
Presidcnce  de  M.  Planchenault. 

I.c  secr6laire-gdndral  donno  lecture  du  proces- 
verbal  de  la  derni6re  stance;  il  est  adopld. 

11  donne  ensiiite  communicalion  des  r(5ponses 
adressees  par  M.  Vallelon  ,  premier  pr(^sidont  de  la 
Cour  iniperiaIe,M8rl'^veque  d'Aiigers,  M.  Er.  Diiboys, 
maire,  el  M.  Mourier,  recleur  de  I'Academie  de  Reiines, 
lesquels  acceplenl  avec  emi)ressemenl  le  lilrc  de  pre- 
sident honoraire  qui  leur  a  ele  confdr(3  par  la  Sociele. 

L'assenibl(5e  est  vivement  impressioniiL^e  par  les 
ternies  chaleureux  et  sympathiques  dans  lesquels 
son!  con^ues  ccs  flalleuses  adhesions.  Ello  se  monire 
henreuse  de  ce  que  I'esprit  de  conciliation  et  de  pro- 
gres  dans  liquet  elle  s'est  fond(5e,  ait  et(5  si  bien  corn- 
pris  et  apprecid  par  les  honimes  ^minents  dont  elle  a 
cru  pouvoir  invoqiier  le  patronage ,  et  y  vent  troiiver 
un  motif  d'esp(^rer  qu'arrivera  prochainemenl  le  mo- 
ment oil  toutes  les  forces  iniellecluelles  du  pays  vien- 
dronl  se  concentrer  dans  une  vaste  unite  ,  oil  s'elein- 
dra  lout  autre  rivalitdque  celle  de  donncr  aux  etudes 
locales  leur  plus  large  expansion. 

La  Societd  ddcide  que  les  originaux  de  ces  letlres 
prendront  place  dans  ses  archives  et  qu'elles  seront 
en  ouire  Iranscrites  in  extenso  a  la  suite  du  pr(5sent 
proces-verbal. 

M.  le  docleur  Mirault,  membre  litulaire,  fait  bom- 
mage  d'un  memoire  sur  la  suture  enlrecoupee  subs- 
litude  a  la  suture  enlortillde  dans  le  trailement  du  bee 


169 

do  lievre  unilateral  soil  simple,  soil  accompagiK^  de 
bifidilo  dcs  OS  niaxillaires.  11  tail  voir  comiiienl,  jus- 
tenicMil  prcoccupe  dos  accidents  ct  des  insiicces  noni- 
brcux  de  I'ancien  mode  d'op6rer  par  la  suture  entor- 
tillde,  lors  m6me  qu'on  y  employait  des  epingles  fle- 
xibk'S,  it  fulconduit  a  appliquer  la  suture  cntrecoupee 
a  quatre  points  seulemenl.  II  on  fit  le  premier  essai 
en  1853,  a  I'Holel-Dieu  d'Angors,  sur  nn  adiilte  de 
vingt-sepl  ans  et  parvinl  a  une  restauration  complete 
dos  parties,  obtenue  en  moins  de  huit  jours.  II  donno 
(^galement  les  details  de  cinq  aulres  op(5rations  choi- 
sies  parmi  beaucoup  d'autres  dont  trois  concernent 
des  enfants  de  quatre  a  buit  mois,  et  donl  deux  otaienl 
compliquees  do  division  dcs  os  niaxillaires  el  du  voile 
du  palais.  Une  modification  importante  par  lui  intro- 
duile  dans  le  procodo  do  r(^seclion  du  lobe  median  do 
la  levro  a  permis  a  I'ingonieux  praticien  d'arriver  a  la 
restauration  la  plus  complele  de  la  forme  normale  de 
la  partie  oporee. 

La  Society  vote  des  remercimenis  a  M.  le  docteur 
Mirault  et  exprime  le  ddsir  et  Tespoir  que  cetle  com- 
munication soil  suivie  de  celle  de  ses  importanles  pu- 
blications sur  divers  sujots  do  modecine  el  de  chirur- 
gie.  Los  membros  qui  s'inleressonl  an  progros  dos 
sciences  et  a  la  renonnnee  de  coux  qui  les  cultivent 
dans  notre  pays  ,  n'ont  pas  oublio  les  beaux  Iravaux 
publics  par  ce  savant  anatomiste  ,  sur  la  ligature  de 
Tarlere  iliaque  externe  ;  sur  celle  de  I'artere  linguale 
entrc  la  grande  corne  de  I'os  hyoide  et  la  parotide  ex- 
torno;  la  ligature  sous-mental(!  de  la  langue  dans  un 
cas  do  cancer  profond  do  eel  organe  suivi  doguorison, 
etc. ,  etc.  La  Society  sera  beureuse  d'ouvrir  sabiblio- 


170 

Iheque  ade  pareils  Iravaux  qui  conlribuenl  a  jusUner 
de  plus  en  plus  la  place  dlevee  qu'occupe  dans  I'es- 
lime  dcs  hommes  de  I'arl  le  savoir,  Thabilel^  pra- 
tique el  la  hardicsse  prudenle  de  celle  chirurgie  an- 
gevine  dont  M.  Miraull  conlinue  en  sa  personne  Tun 
des  noms  les  plus  juslement  celebres. 

M.  le  doclenr  Guepin  de  Nanles  ,  correspondant  de 
la  Socidl6,  lui  adresse  un  memoire  sur  les  eaux  \mn6- 
ralisdes.  L'auleur  y  a  trails  sommairement  des  forces 
organiques  el  des  forces  medical  rices  ainsi  que  des 
ph(5nomenes  chimiques  qui  s'accomplissent  dans  les 
actes  de  la  vie  animale.  11  insisle  sur  les  avanlages 
que  la  medecine  peut  Irouver  dans  les  eaux  minera- 
lisees  pour  transporter  immedialement  dans  Tecono- 
mie  animale  les  agents  chimiques  deslinc^s  a  reagir 
sur  I'organisme  pour  ramener  ses  foncUons  a  I'elal 
normal.  II  indique  un  moyen  simple  el  facile  de  fa- 
briquer  ces  eaux  en  telle  pelile  quanlile  qu'on  le  veut, 
et  nt^anmoins  avec  un  dosage  d'une  exaclilude  ma- 
Ihemalique.  II  compare  par  le  controle  d'expdriences 
direcles  les  resullals  oblenus  par  Tancien  mode  de 
medicalion  et  par  la  voie  aqueuse.  II  Irouve  dans  ce- 
lui-ci  plus  de  cerlilude,  d'aclivile,  et  une  economic 
notable  pour  le  Irailement  du  pauvre. 

Apres  avoir  donn6  1 'analyse  de  loutes  les  eaux  mi- 
nt^rales  naturelles  de  France  les  plus  renommees  ,  il 
fait  voir  que  la  cliimie  peut  ajouter  a  leur  energie 
soil  par  des  modificalions  dans  la  proporlion  de  leurs 
(Elements,  soil  par  I'addilion  d'elemenls  nouveaux.  11 
traite  ensuile  des  diverses  substances  qui  concou- 
rent  a  leur  composition  et  de  Taction  medicatrice 
propre  a  chacune,  et  est  ainsi  conduit  a  divisor  les 


171 

eaux  min<5rales  en  sept  groiipos  dont  il  donno  les 
forninles  en  indiquanl  les  applications  qu'il  a  I'ailes 
avec  succes  dans  sa  clinique  a  diverses  categories  de 
maladies. 

Ce  memoire  aaquel  on  ne  pent  reproclier  que  de 
n'avoir  pas  laisse  a  son  aulenr  dans  le  cadre  oil  il  s'c^- 
lail  renferme  assez  de  place  pour  developper  davan- 
tage  la  parliephilosophique  de  seslheoricis  niedicales, 
est  de  nature  a  exciter  fortenient  I'intc^ret  dcs  amis  de 
riiumanile  et  a  prendre  dans  la  bibliolheque  de  la  So 
cM[6  la  place  qui  lui  est  due.  Des  remerciements  se- 
ront  Iransmis  a  I'auteur  auquel  la  Societe  adressera 
ses  publications  en  execnlion  de  Tart  31  du  reglenienl 
porlanl  que  :  «  les  publications  ponrronl  elre  adres- 
»  sdes  sans  retribution  aux  membres  correspondanls 
B  quicommuniqueronl  des  travauxd'une  importance 
»  reconnue....  » 

L'ordre  du  jour  appelle  la  continuation  de  la  lec- 
ture du  travail  sur  la  magistrature  frangaise  par  M.  le 
conseiller  Turqucl. 

L'auteur  y  retrace  rapidement  I'hisloire  de  la  ma- 
gistrature ancienne  et  fait  voir  que  I'institution  ac- 
luelle  ne  pent  etre  a  aucun  point  de  vue  consideree 
comme  sa  continualrice  et  son  heriliere.  Son  role  est 
desormais  en  efFel  de  demeurer  depouillee  de  lout 
caraelere  politique  et  de  se  renfermer  dans  une  elroite 
et  intelligente  application  de  la  loi,  laquelle  so  fail  en 
dehors  el  au-dessus  d'elle.  Elle  n'est  que  son  organe 
independant  et  impartial ,  devant  avant  tout  la  res- 
pecter et  quelles  que  soient  les  variations  que  vienne 
a  subir  la  forme  gouvernemenlaiej  la  toi  apparlcMianI 
a  la  nation  elle-meme  pour  laquelle  el  par  laquelle  , 


172 

pour  cela  m^me  qu'elle  existe ,  elle  est  toujours  cens^e 
avoir  6td  faile. 

L'auleur  fait  voir  comment  et  avec  quels  eldmenls 
fut  fondee  la  magislralure  sous  le  premier  Empire  : 
combien  eel  edifice  iul  assis  sur  des  bases  jusles  et 
ralionnelles,  par  consequent  durables,  et  grace  aux- 
quelles  il  a  pu  impunement  traverser  les  plus  mau- 
vais  jours.  II  la  monlre  constannnent  animee,  a 
loules  les  peripc^lies  du  long  drame  de  I'ljisloire  con- 
lemporaine,  d'une  enliere  indt^pendance  dans  I'appli- 
calion  des  lois,  comme  d'une  rcspectueuse  dL'ference 
pour  loules  les  inslilulions  poliliques  acceplees  par 
la  nation ,  mais  r(^sislant  dans  I'accomplissemenl  de 
ses  devoirs  comme  dispensalrlce  de  la  justice,  a  tous 
les  entrainemenls  de  si  haul  ou  de  si  bas  qu'ils  vins- 
sent.  11  la  monlre  enfln  dans  les  plus  rudes  epreuves 
qu'elle  ait  du  avoir  a  subir ,  ne  desesperant  jamais  de 
la  loi  et  osant  toujours  Tinvoquer  dans  I'inlc^ret  de 
I'ordre  et  pour  la  protection  des  honneles  gens ,  sans 
s'enquerir  s'ils  furent  pour  Bourgogne  ou  pour  Ar- 
magnac. 

Ce  long  travail,  remarquable  a  plus  d'un  litre,  est 
renvoye  a  I'examen  de  la  section  des  lellres. 

M.  le  secr(5laire-g(3n(5ral  Beraud  eslappel6  a  lire  un 
m(5moire  qui  conlienl  I'expose  de  ses  recherches  sur 
les  causes  accidenlelles  de  la  mortality  des  arbres 
dans  les  promenades  publiques ,  et  sur  les  moyens 
rationnels  et  pratiques  de  la  comballre. 

II  examine  d'abord  la  part  qui  a  ele  altribu(^'e  dans 
celte  sorle  d'epidemie  vtig^tale  au  gaz  et  au  scolyte 
deslrucleur. 

Quant  au  gaz ,  il  6tablit ,  par  de  nombreuses  cita- 


173 

tions,  que  bicn  avanl  qii'il  fiU  venu  pnmdre  posses- 
sion du  sol  de  nos  villos ,  le  depdrisscinenl  des  ormes 
6lait  parlout  signale  dans  les  publications  dos  so- 
ci^les  savantes,  et  qu'en  aduieltaul  que  son  absorp- 
tion dans  la  terre  piit  6tre  fatale  aux  arbres,  du  moins 
son  action  d61(^tere  reslerail-elle  circonscrile  au  voi- 
sinage  des  fuites,  tandis  que  I'on  voit  succomber  in- 
diff^remment  ceux  qui  sont  eloignes  aussi  bien  que 
ceux  qui  sont  voisins  du  tuyau  d(!  conduite. 

Quant  aux  scolyles  et  aulres  insectes  xylopbages , 
6tant  destin(!'s  sous  leurs  divers  6tats  (larves  et  inseclcs 
parfaits),  a  respirer  I'air  en  nature,  privds  qu'ils  sont 
d'un  appareil  branchial ,  il  est  evident  qu'ils  seraienl 
asphyxi(!'S  dans  un  milieu  liquide  :  il  faut  done  pour 
qu'ils  puissent  vivre  dessous  et  dedans  les  decrees 
que  I'arbre  soil  d(!'ja  dans  un  cHat  de  ddp^rissement 
avanc6  et  qui  affaiblisse  la  production  de  la  seve. 

II  rc^sulle,  eneffcl,  d'observations  directes,  dont 
I'auleur  donne  les  details,  que  les  choses  ont  lieu 
ainsi  et  que  I'apparilion  du  scolyte ,  loin  d'etre  d(^ter- 
niinante,  n'esl  v^rilableuient  que  consecutive  de  I'etat 
morbide, 

II  signale  a  celte  occasion  la  difference  des  niceurs 
ct  par  suite  du  mode  de  d(5gats  particuliers  a  difK- 
renles  espfeces  de  scolyles,  dont  11  en  estquiattaquent 
exclusivement  certaines  essences  foreslieres,  et  il  est 
ainsi  conduit  a  des  considerations  philosopliiques  d'un 
ordre  plus  61evd  sur  le  role  que  la  nature  leur  a  d6 
parti  dans  la  reaction  perpcHuclle  des  6tres  organisi^s 
les  uns  sur  les  autres  qui  conduit  a  r«5quilibre  g6- 
^n6ral,  etc. 

II  conclut  qu'il  faut  chercher  aillours  les  causes 

12 


474 

premieres  du  di^peuplcment  des  promenades  publi 
ques,  etil  en  signale  de  nombreuses  et  de  nmlliples 
qui  loules  concoureiil  a  un  menie  r^'sullat,  a  savoir : 
un  dessMiement  excessif  du  sol  qui  ne  permel  plus 
aux  racines  d'y  puiser  I'eau  indispensable  a  loule  \6- 
gelalion,  et  vehicule  oblige  des  qualre  corps  simples 
qui  enlrenl  comme  elements  principmx  (pour  les 
95[000)  dans  la  composition  des  plantes  cotyledondes. 

Quant  au  moyen  de  reviviflcr  les  arbres  atlaquds , 
la  nature  meme  du  mat  lindique,  el  des  expc^riences 
failos  dans  d'aulres  villes  prouvent  la  facilile  et  \\k:o- 
nomicde  son  application.  L'auleurcite  pourexemple 
ce  qui  se  fait  a  Marseille,  a  Bordeaux,  etc.,  el  dt^cril 
les  deux  modes  d'arrosemenl  par  des  rigoles  ouvertes 
el  des  drains  souterrains. 

II  t(.ruiine  en  disculant  le  mode  de  traitement  re- 
cemmenl  adoplt^  a  Paris  pour  les  orrnes  altaques  du 
scolyle,  et  d^inontre  son  inetricacit(5  probable ,  si  Ton 
ne  change  pas  I'hygiene  du  malade. 

L'assernbk'e  renvoiece  m^moire  au  comite  de  redac- 
tion, et,  sur  la  proposition  d'un  de  ses  membres,  de- 
cide en  outre  qu  aussitol  Timpression  lerniin(5e,  il  en 
sera  adressi^  un  exemplaire  a  radministralioa  muni- 
cipale  connne  Iraitanl  une  question  d'une  actualile 
incontestable. 

M  le  doclcur  Dumonl  lit  ensuite  une  ^tude  litt«^- 
raire  sur  Gilles  Menage,  considert^  comme  poete. 

11  d^bule  par  quelques  rt^flexions  sur  les  causes  qui 
font  accueillir  avec  une  certaiue  indifference  et  aussi 
avec  une  certaiue  defiance  d'appr^cialion,  les  ceuvres 
poetiques  en  g6ueral ,  el  met  en  parallele  la  facilile 
que  la  soiiplesse  acquise  par  la  langue  offre  mainle- 


175 

nant  pour  la  facliire  dii  vers  avec  los  difficulles  de 
loules  sorles  que  le  poele  devail  renconlrer  dans  la 
langiie  au  lemps  oil  vivail  Menage.  S'il  etil  vdou  a 
noire  dpoque  ,  an  lieu  d'avoir  616  ecli[)S(^  dans  la  p(5- 
nombre  des  illustrations  du  grand  siecle,  son  talent 
eilt  sans  doute  jet(i  un  vif  dclat  parnii  nos  c(51dbril(5s 
conlemporainp'-. 

Doue  d'une  m(!'moire  prodigieuse ,  d'une  vaste  et 
profonde  erudition,  eminent  jurisconsulte,  grammai- 
rien  faisant  aulorile;  ajoutanl  a  ces  qualiles  serieuses 
une  amenite  et  un  allicisnie  qui  ont  dmerveille  ses 
conteniporains,  iM(5nagene  serait  pas  encore  suftisam- 
ment  connu  et  apprecit5,  si  Ton  ne  voyait  en  lui  :  un 
poele  fran^tm  reste  seuleinent  au-dessous  des  nieil- 
leurs  (?crivains;  un  poele  italien,  adopld  et  admire  par 
les  Ilaliens  eux-memes ;  un  poele  latin,  rivalisant 
avec  les  modernes  qui  out  le  mieux  c^cril  dans  celte 
langue;  un  poele  grec,  manianl  avec  une  facilil(5  et 
une  grace  tout  antiques  Tidiome  d'Anacreon... 

M.  le  docteur  Dumonl  s'altache  a  faire  connailre  les 
litres  qui  recommandenl  le  poele  dans  chacune  de 
ces  quatre  langues,  discule  leur  merile  el  cite  un  cer- 
tain nomhre  de  passages  saillants  propres  a  jusiifier 
ses  appreciations.  II  parait  resulterde  ce  travail  d'ex- 
ploration  el  de  critique  que  Menage  avail  loules  les 
qualiles  qui  foul  les  poeles  en  taut  qu'c'crivains ,  el 
que  ce  qui  lui  manquail,c'etail  a  certain  degre  I'ima- 
giualion  ,  rinvention  ,  le  feu  sacre  ,  ce  mens  divinior 
enfin,  donl  Horace  fail  Taltribut  du  vrai  poele.  On  ue 
pent  done  s'elonner  que  ce  soil  prc^cisemenl  dans 
noire  langue,  alors  si  rebelle  el  oil  d'ailleurs  la  poesie 
vit  plus  par  la  pensee  que  par  la  forme ,  que  Menage 


176 

so  soil  olevci  le  moinsliaul  dans  le  chainp  de  la  po(!'sic. 

Dans  la  langiie  lalinc,  nonrri  dcs  rcnfance  de  la 
lecluro  des  grands  ocrivains  poetes  el  prosaleurs , 
doud  d'unc  merveilleuse  mdnioire  qui  en  conservait 
dans  lenrs  formes  nalives  lousles  fragmentsprecienx, 
Virgile  qu'il  savail  tout  enlier  ,  falsaient  que  pour  Ini 
les  nial(iriaux  elaienl  si  abondanls  ct  si  bion  prels 
pour  la  mise  en  oeuvre ,  que  Ton  ne  peul  s'etonner 
qu'il  les  ail  employes  avec  aulant  de  succes  qu'aucun 
nioderne.  Aussi  M.  le  docleur  Dumonl  n'hesite-l-il 
pas,  pp.  faisant  ressorlir  le  caraclere  special  de  leurs 
lalenis  divers,  a  le  comparer  au  pore  Larue,  a  Rapin, 
Sanleuil,  elc. 

II  en  (^lait  de  meme  de  la  langue  d'Homere,  qui  du 
reste ,  au  dire  des  anciens  eux-memos  ,  presentait 
moins  d'obslacles  au  genie  poelique  que  le  lalin  :  M(5- 
nage  y  a  excelid  en  lant  que  moderno.  On  a  de  lui  un 
Ires  grand  noiubre  d'epigrammes  etde  po(5sies  legeres, 
donl  une  elegie  sur  la  mort  d'Adonis  de  deux  cenls 
vers,  que  M.  Dumonl  n'hdsile  pas  a  comparer  pour  la 
grace,  Tadresse  a  manier  les  pelils  vers,  la  rapidile  el 
r61(^gance,  a  Tidylle  cdlebre  de  Mme  Deshoulieres. 

Mais  c'esl  surtoul  dans  la  poesie  italienne  que  Te- 
tonnanle  facull(5  qu'avail  Menage  a  s'assimiler  uno 
immensil(3  d'expressions,  son  aplilude  a  developper 
I'idee,  a  polir  la  phrase,  a  soigner  la  forme  enfin  ,  le 
servil  admirablemenl  et  le  fil  enlrer  comme  de  plain- 
pied  dans  le  sancluaire  podlique  de  cette  langue,  si 
I'on  peul  ainsi  dire.  Ecrivant  Tilalien  dans  le  plus  pur 
idiome  loscan,  rAcademie  de  la  Crusca  linl  a  hon- 
neur  de  se  I'allacher  el  de  manifesler  son  admiralion 
pour  ses  ouvrages  qui  prirenl  des  lors  parmi  les  clas- 


177 

siques  italiens  une  place  qui  ne  leiir  a  pas  616  coii- 
les[6e  depuis. 

Tel  est  le  nouvel  aspect  sous  lequel  M.  lo  docteur 
Dumont  a  voulu  faire  poser  devant  nous  la  figure  , 
qui  nous  (itail  arrivee  plus  austere  que  gracieuse  ,  de 
Gillcs  Menage  ,  en  faisant  observer  qu'un  travail  ana- 
logue pourrait  eire  enlrepris  sur  plusieurs  coles  non 
nioins  brillanls  de  cet  esprit  si  multiple. 

L'assemblde ,  qui  a  ecoule  cette  lecture  avec  un 
inldret  et  une  attention  soutenus,  decide  son  renvoi 
au  comile  de  redaction  ,  et  exprime  le  desir  que 
M.  le  docteur  Dumont  complete  ces  etudes  biogra- 
pliiques  sur  Tune  des  vieilles  illustrations  lilt(5raires 
de  noire  Anjou. 

L'ordre  du  jour  etanl  epuise,  la  seance  est  lev(5e. 

Le  secrelairc-ijeneralj  T.-C.  Beraud. 


SEANCE  DU  '24  JUIN  1857. 
PresUlence  de  M.    Planchenadlt. 

Le  fauteuil  est  occup6 ,  en  I'absence  de  M.  le  comte 
de  Las  Cases,  prdsidenl  titulaire  ,  par  M.  le  priisidenl 
Planchenault,  directeur  de  la  SocitH6  academique.  Lcs 
autres  niembres  du  bureau  sont  prdsenls. 

Le  proces-verbal  de  la  dorniere  seance  g(5n(^ralo  est 
In  par  le  secretaire-general  el  adoph^. 

Lecture  est  dgalemenl  donnee  du  proc6s-verbal  de 


178 

la  stance  de  mai  ,  da  Comilt^  de  redaction  et  d'adnii- 
nistralion. 

Parnii  les  documents  prc^sentes  par  la  correspon- 

danco,  on  dislingiie  parliculierement  unc  lellrc  de  la 

Sociele  d'enmlalion  de  Lons-le-Saulnier,  qui  annonce 

renvoi  immedialde  la  collection  complete  de  ses  iMe- 

moires,  et  celle  de  la  Societd  impcidalc  de  Saiul- 

Elienne  oil  se  trouve  celte  phrase  :  «  La  So('i(''le  de  la 

»  Loire  sera  heureuse  d'cHablir  el  d'enlrelcnir  avec 

»  celle  de  Maine-et-Loire  les  meillenres  el  les  plus 

»  ^Iroiles  relations,  el  j'ai  I'honneur  d'etre  pres  de 

»  vous  I'interprele  de  la  satisfaction  qu'elle  a  eprou- 

»  v6e  en  voyanl  se  propager  une  pens^e  qu'elle  a  elle- 

»  meme  realisee  par  une  utile  fusion » 

Le  secretaire- general  communique  une  lellre  de 
M.  le  recteur  de  rAcademie  de  Rennes  qui,  an  nom 
de  M.  le  minislre  de  Tinslruction  publique,  Iransmei 
a  la  Society  la  pr(:'cieuse  assurance  de  la  vive  sympa- 
Ihie  que  la  creation  de  la  Society  a  Irouveo  pres  de  lui, 
el  une  invitation  pressantc  d'adresser  a  Son  Exc.  non 
seulemenl  le  Recueil  de  ses  memoires ,  mais  encore 
les  travaux  parliculiers  de  ses  membres. 

II  sera  r(5pondu  a  une  Icltre  si  flatleuse  pour  la  So- 
ciele qui  en  est  I'objet,  par  M.  le  secretaire  general, 
charge  en  cetle  occasion  d'etre  rinlerprele  de  sa  gra- 
titude, lanl  vis-a-vis  de  Son  Exc.  le  minislre  de  I'ins- 
truclion  publique,  qu'aupres  de  M.  le  recleur  de  I'A- 
cadeniie  de  Rennes. 

Le  secr(^laire  general  annonce  ensuile  les  adhesions 
de  M  le  docleur  Gazeau  el  de  M.  Langle  ,  redacteur 
du  journal  liltdraire  V Album,  el  M.  le  pr(5sidenl  les 
proclame  imm^dialemcnl  membres  titulaires. 


179 

Le  pr(5sident  pri^senle  ensiiilc  a  I'assemblte  utie 
pholographie  ex(5cnl('?e  par  M.  Berlhaud,  artiste  do 
noire  ville,  connii  pardeslravaux  rcmarquablcs.plio- 
logra|)liie  dont  il  est  fait  hommage  a  la  Socic^td,  par 
M.  Jiilion  Roux,  statuaire,  dleve  de  I'Ecole  miinici- 
pale  des  beaux-arts  d'Angers.  Elie  reproduit  un  Saint- 
Sebastien  en  plalre,  plus  grand  que  nature,  oeuvre  de 
ce  jeune  artiste,  qui  annonce  a  la  fois  des  etudes  avan- 
cdes  en  analoniie  et  une  intelligence  deja  tres  d^ve- 
loppee  des  principes  et  des  pratiques  de  Tart.  L'on 
pent  remarquer  dans  cette  composition  I'absence  de 
ces  effets  violents,  de  ces  nieiubres  conlournes  par  la 
souffrance,  decelleruusculalure  tournienlee  el  quasi 
rocailleuse  auxquels  se  sont  gdneralenient  laisse  ten- 
ter les  artistes  peinlres  et  sculpleurs  qui  ont  eu  a  trai- 
ler le  meme  sujet.  Noire  jeune  statuaire,  au  contraire, 
a  cherche  dans  une  plus  haute  spirilualisalion  du  su- 
jet a  ^leindre  en  quelque  sorte  le  sentiment  de  la 
douleur  physique  dans  rexaltalion  du  sentiment  reli- 
gieux,  ce  qui  lui  a  permis  des  details  anatomiques 
plus  calmeset  qui  par  cons(5quent  pouvaient  compor- 
ler  aussi  plus  de  d^licalesse  et  de  linesse  dans  le  mo- 
dele.  Les  draperies  sont  simples,  harmonieuses,  sa- 
vamment  cassees  pour  laisser  lire  les  contours  sans 
affectation,  el  commc  il  convienl  de  les  trailer  de  la 
part  de  I'c^lcve  d'uu(!  Ecole  qui  pent  se  nourrir  de  la 
contemplation  des  plus  purs  modeles  de  David,  en 
meme  temps  qu'elle  entend  chaque  jour  ddvelopper 
les  vrais  principes  de  I'arl  par  son  habile  et  (Eloquent 
professeur. 

Des  remerciements  sont  voles  a  M.  Julien  Roux, 
dont  la  pholographie  sera  plus  lard  exposee  dans  la 


180 

salle  dos  stances.  La  Socidl6  lui  decerne  le  litre  do 
membre  corrospondanl. 

Le  secr^taire-g(5neral  rend  comptc  d'nn  mdmoire 
sur  la  colorisation  des  corps  dont  il  esl  fait  liommago 
par  M.  Landois,  chimiste  laureat,  membre  de  I'Acadc^- 
mie  imp^riale,  etc.,  etc. 

La  physique  avail  des  longtemps  enseigne  que  la 
variele  de  coloration  des  corps  provenait  de  la  faciille 
inlierenle  a  chacun  de  d(iComposer  la  lumiere  pour  ne 
reflechir  que  cerlains  de  ses  rayons.  D'oii  provenait 
celle  faculty?  Elail-elle  due  a  une  action  chimique 
des  corps  encore  inapprdci^e  sur  la  lumiere  am- 
tiante  ?  a  une  forme  speciale  de  leurs  molecules  inl^- 
granles?  a  un  sysleme  special  d'agregalion  des  mole- 
cules? La  finissait  rexperimentationel  commengaienl 
les  hypotheses. 

C'est  une  solution  a  ces  problemes  que  M.  Landois 
aurait  trouv^e  dans  la  d(5couverte  d'un  corps  unique, 
universellement  r(5pandu  et  ayaut  pour  propri^le,  se- 
lon  son  inlcnsite  ou  son  «5paisseur,  de  rendre  les 
corps  aptes  a  reproduire  les  couleurs  primitives,  soil 
dans  leur  puret6,  soil  dans  toutes  leurs  combinaisons 
possibles.  Get  agent  universel  ,  c"esl  Vhydrogene 
iodure. 

Les  r^sullats  constatds  par  M.  Landois  peuvent  se 
rc^sumer  le  plus  brievement  possible,  ainsi  que  suit : 

Existence  d'un  principe  colorant  commun  a  tous 
les  corps  a  TtHat  Aliydrogene iodure; 

La  coloration  d'un  corps  rc^sulte  du  degr6  d'epais- 
seur  du  principe  colorant  existant  a  la  surface  des 
molecules ; 

Les  couleurs  primitives  suivenl,  pour  se  produire, 


181 

une  loi  d'ordro  invariable.  La  piemiore  concho  ost 
jaune,  mais  lollciiienlclairc,  qu'olleesl  plus  ou  nioins 
iiiappn'ciable  a  Tceil ,  cl  conslilue  dans  col  (ilat  les 
corps  blancs;  la  deuxieme,  appliqiu'C  sur  cellc-ci, 
donne  \e  jaune  oran<jc;  la  troisieme  supcrposc'jc  lei'jo- 
let,  la  qualrieme  lo  bleu;  puis  vienncnl  Viiidifjo,  lo 
jaune  d'or,  le  roiuje  el  le  verl....  Arriv*^  a  celle  hui- 
tieme  couche,  il  so  produil  un  ofFol  singulier  :  ohaquo 
couche  nouvellc  rappelanl  allernalivomenl  le  rouge 
el  le  vert,  mais  do  plus  en  plus  inlenses,  au  poinl  do 
no  pouvoir  plus  elre  dislinguds  Tun  do  I'aulre. 

Le  caloiique,  roleclricitci,  peuvent  modifier  les  cou- 
lenrs  sans  les  produire. 

L'auleur  indiquc  les  opi^ralions  eieclro-chimiques 
qui  I'onl  conduil  a  faire  ces  observations,  confirmees 
par  des  exp(5rionces  direcles  qu'il  dt^cril.  —  Une  r6,- 
flexion  se  presenle  nalurellemenl :  c'esl  que  dans  ce 
systeme  le  blanc  el  le  noiVj  au  lieu  d'elre  le  r^sullat 
de  la  reflexion  ou  do  I'absorplion  inl^grale  de  la  lu- 
miere,  no  scraient  quo  les  ternies  exlremes  de  la 
gamme  dos  tons,  Torigine  et  la  fin  d'un  menie  ordre 
de  phtniomenes ,  ce  qui  semblerail  salisfaire  davan- 
lage  la  raison  el  expliquorail  mioux  peul-elre  aussi 
pourquoi  ils  n'onl  pas  une  valeur  loujours  egale  el 
absolue. 

L'assembl(5e  ddcide  qu'nn  exlrail  do  I'exposo  fail 
par  le  secr^laire-gdneral ,  des  fails  conlenns  dans  ce 
m(5moire,  prendra  place  dans  lo  proces-vorbal,  el  que 
des  remerciomenls  seront  adresses  a  Tauteur  auquel 
olle  defere  le  litre  de  corrospondanl. 

Lo  secr(!'lairo-g(^n(^raI  annonco  quo  la  Socielci  a  rogii 
un  questionnaire  relalif  a  ronquele  ouvorle  par  la 


182 

Soci6t6  d'accliinatation  sur  la  culture  de  Vignmne 
el  du  m  sec  de  Chine.  La  cullure  de  Tigname  qui 
forme  la  base  de  la  nourrilure  des  Polynesiens  el  qui 
s'esl  propagee  daus  rindo-Chiue  el  en  Amerique,  lie 
parail  pas  devoir  olfrir  plus  de  difficulties  que  celle 
du  melon  dans  Ics  lerres  legeres  de  la  vallde  de  Loire. 
II  en  est  de  meme  du  riz  sec  de  Chine  ,  ainsi  nomnidi 
parce  qu'il  ne  deniande  pas  a  vegeter  dans  les  lerres 
inonddes  comme  le  riz  ordinaire. 

Les  membres  litulaires  el  loules  personnes  (5lran- 
geres  a  la  Socidle.  qui  auraient  recueilli  quelques  ob- 
servations sur  Tune  ou  Faulre  cullure,  soul  inviles  a 
les  transmetlre  au  secretariat  qui  les  consignera  sous 
forme  de  reponse  dans  le  questionnaire,  en  conser- 
vant  a  chacun  le  merile  de  ses  renseignements. 

M.  Boreau  communique  a  la  Societ(!'  une  longue 
lettre  de  M.  le  docteur  Sagol,  chirurgien-major  de  la 
marine  de  I'Etal  qui  habile  la  Guyanne  depnis  plu- 
sieursann6es.  Le  savant  docteur  trace  un  tableau  in- 
l^ressanl  de  la  riche  vt^giitation  de  notrt'  colonic  el  de 
la  progression  numdrique  des  especes  dans  les  di- 
verses  families  des  planles  tropicales  fori  differente  de 
celle  qui  exisle  dans  les  produclions  vegelales  d'Eu- 
rope.  Ainsi  la,  la  famille  preponderanlo  c'est  celle  des 
legumineuses  dout  il  a  observe  120  especes,  landis 
que  les  cotnposi'cs  en  comptent  28  seulemenl.  II  pre- 
sente  Tensemble  des  families  en  suivanl  I'ordre  de- 
croissant  de  leur  chiffre,  il  estime  que  sous  im  climal 
de  tempc'^ralure  uniforme  el  sans  hautes  monlagnes, 
la  Guyanne  prt^sente  qualre  fois  plus  d'especes  pha- 
nerogames  qu'aucune  region  naturelle  de  la  France. 
La  cullure  des  races  alimentaires  lui  a  fail  decouvrir 


183 

cetle  loi  ciiriousc  que  chaquo  continent  ou  pliitdl 
chaqiie  grande  rc^'gion  g(!'OgraphiqLic  a  sa  colled  ion 
propre  de  races  originaires.  II  a  6[6  ainsi  conduit  a 
croire  que  rimmonse  majorilc  des  races  cullivdes  ,  si 
nombreuses  qu'elles  soient,  sonl  Tceuvre  de  la  nature. 
Conclusion  remarqiiable!  en  ce  que  ces  observations 
failes  a  deux  mille  lieues  de  distance  et  sur  un  climat 
si  different,  ont  conduit  M.  Sagol  aux  nieuies  conclu- 
sions que  celles  qui  out  et6  (5mises  par  M.  Jordan  de 
Lyon,  el  qui  ont  souleve  tanl  d'anathemes  contre  leur 
auleur. 

Cet  interessanl  travail  est  terming  par  des  conside- 
rations sur  racclimalation  esperee  des  vegetaux  Iro- 
picaux  en  Algdrie.  Si  Tony  cullive  le  colon, le  sesame, 
les  palates,  c'est  que  ce  ne  sont  pas,  a  proprement 
parler,  desplantes  equaloriales.  Aucune  rivalite  n'est 
possible  cnlre  les  produits  de  I'Algfirie  avec  son  climat 
de  transition  et  ceux  des  colonies  d'Am^rique  avec 
lenr  climat  extreme;  telle  est  I'opinion  de  M.  Sagot. 

Cette  lettre  ou  plutot  cette  notice  interessante  par 
les  fails  ou  par  les  di^ductions  scienliflquos  et  prati- 
ques, est  renvoyc^e  a  la  commission  d'impression.  Le 
docteur  Sagol  est  proclame  membrecorrespondant. 

M.  le  secr6laire-g6nt5ral  presente  ensuite  une  lisle 
de  Lepidopleres  observes  aux  environs  d'Angers  dans 
ces  deux  dernieres  anni'es,  par  M.  Guslave  Toupiolle, 
naluraliste,  membre  adjoint  de  la  section  des  sciences 
physiques  et  naturelles  de  la  Soci(5te.  II  rappelle  a 
cette  occasion  que  lorsque  ce  naluraliste  commenga 
ses  rechercbes  aulour  de  noire  villc,  on  ne  connais- 
sail  encore  que  bien  imparfaitement  cette  classe  din- 
secles  parliculi6reracnt  dans  les  esp6ces  nocturnes. 


184 

Le  premier  catalogue  public  par  M.  Toupiolle  et  qui 
comprend  ses  decouvcrles  jusqu'au20clecoinbrel855, 
prcsenle  377  especes  donl  les  lypes  out  ele  acquis  par 
les  solus  du  Maired'Augors  ct  figureul  daus  la  collec- 
lion  du  cabinet  de  la  ville.  M.  Toupiolle  vieul  ajouler 
a  celte  liste  94  especes  nouvelles,  total  481,  donl  la 
presence  est  par  lui  constatee  dans  un  rayon  de  6  ki- 
lomelres  an  plus  de  la  ville  el  parnai  lesquelles  il  en 
est  qui  soul  partout  signalees  comme  rarissimes. 
L'une  d'elles,  Larenlia  fluviaria,  n'avail  nieme  jamais 
(H6  observ^e  en  France,  et  n'(5tait  connue  qu'en  Si- 
cile. 

Le  sccretaireg(5n(^ral  fait  observer  que  des  fails  ana- 
logues se  sont  produits  pour  la  botanique.  Ainsi 
M.  Boreau  a  decouvert  Ic  premier  pres  d'Angers  le 
Myosolis  siciila,  claiine  macropodium ,  etc.,  signales 
seulement  en  Sicile. 

Celte  liste  est  renvoyde  au  comile  d'impression,  et 
M.  le  secretaire  est  charge  de  remercier,  au  nom  de  la 
Socidte,  M.  Toupiolle  de  cette  communication,  en  Tin- 
vitant  a  poursuivre  des  recherches  si  inleressantes 
pour  la  faune  locale. 

M.  Boreau  lit  ensuile  une  Notice  sur  les  plantes  re- 
cueillies  en  Corse  par  M.  R(5veliere,  de  Saumur,  avec 
des  observations  sur  les  especes  litigieuses  ou  nou- 
velles. Ces  plantes  out  ete  principalement  observees 
en  1854  dans  la  parlie  septenlrionale  de  Tile  el  en 
1856  dans  la  parlie  opposee  aux  environs  de  Bonifa- 
cio, les  lies  del  Cavallo,  Lavezzio,  les  parages  granili- 
ques  de  Porto-Vecchio.  M.  Boreau,  chargdpar  M.  R6- 
veliere  de  publler  le  rdsullat  de  ses  herborisations , 
senible  laisser  esp6rer,  pour  I'epoque  oil  celui-ci  aura 


185 

Icnnind  son  travail  d'cxploralion  ,  nn  calalognc  dc*- 
taillc  qui  offrirail  corlaiucmeiil  beaucoup  d'ink'rel 
qiiand  il  ne  fciail  que  couflriiicr  les  dc^couverlcs  dt'ja 
couslaldes  par  MM.  Jordan,  Kralik,  Leveille,  Kcquion, 
etc.  —  MM.  Grenier  et  Godron  ayanl  reuni  presquo 
lous  ces  documenis,  M.  Boreau  croil  pouvoir  consi- 
dercr  commo  nouvelles  pour  la  Flore  do  Corse  plus 
de  qualre-vingls  especes,  parmi  lesquelles  il  en  A6- 
crit  quatre  entierement  nouvelles.  11  donne  la  synony- 
mie  de  plusieurs  autros,  des  descriptions  originaies 
m6nie  d'auteurs  peu  connus  qui  les  ont  les  premiers 
indiqudes,  etc. 

Ce  travail  ,  d'une  haute  valeur  scientifique  pour  la 
Flore  frangaise  insulaire,cstrenvoy(ia  la  commission 
d'impression. 

Enfin  celte  stance  si  remplie  oil  les  sciences  phy- 
siques et  nalurelles  ont  etd  representees  par  des  tra- 
vaux  vari(5s,  nombreux  et  importants,  par  une  heu- 
reuse  transition ,  s'est  lerminde  par  la  lecture  d'une 
piece  de  vers ,  Les  Vertm  el  les  Eloiles,  de  M.  Planche- 
nault,  dont  le  succes  a  prouve  que  la  potSie  parloul 
ailleurs,  sinon  bannie,  du  moins  a  peu  pres  delaissee, 
est  certaine  an  moins  de  Irouver  ici  un  accueil  sym- 
palhique  a  ses  accents  el  des  esprits  prepares  pour  la 
suivre  el  I'apijlaudir  dans  ses  inspirations. 

[.e secretaire-general,      T.C.  BiiiuuD. 


486 

SEANCE  DU  'i2  .lUILLET. 
Presidence  de   M.   Planchenadlt. 

M.  le  president  Planchenaull,  dirGcleur-adminis- 
traleur,  rcmplace  au  fauteuil  M.  le  comle  de  Las 
Cases,  president  tilulaire,  qui  a  fail  parvenir  ses  ex- 
cuses. Les  autres  nienibres  du  bureau  sonl  presents. 
Fj'assenibl(^e,  malgre  I'epoque  avanceede  Tannee,  est, 
comme  loujours,  fort  noiiibreuse, 

La  stance  est  ouverle  par  la  lecture,  que  fait  le  se- 
cretaire-gc^neral,  du  proces-verbal  de  la  seance  de 
juin,  qui  est  adopte. 

II  donne  ^galement  communication  du  proces-ver- 
bal de  la  derniere  seance  mensuellede  la  commission 
d'adminislralionet  de  r6daclion,ou  sonl  indiqu^s  ceux 
des  m^moires  renvoyes  devant  elle  qui  seront  pro- 
chainement  imprimis. 

La  commission  s'est  occup^e  de  recbercher  le  jour 
qui  serail  le  plus  convenable  pour  la  tenue  des 
seances  gen^rales  ,  et  a  donn6  la  preference  au  pre- 
mier mercredi  du  mois.  Elle  propose  d'admettre  cetle 
nouvelle  fixation  el  de  reporter  ainsi  la  reprise  des 
travaux  de  la  Soci6t6  au  premier  mercredi  de  no- 
vembre  procbain,  |)Our  continuer  de  mois  en  mois. 

Un  mcmbre  fait  observer,  en  effel,  que  le  cboix 
prc^CL^demment  fait  du  qualrieme  mercredi  aurait  eel 
inconvenient  parliculier  pour  le  mois  d'aout,  que  la 
seance  ne  pourrait  avoir  lieu  qu'au  moment  oil  la 
cloture  des  tUablissemenls  publics  et  rouvorlure  des 


187 

vacances  oloignent  de  la  ville  la  pliiparl  des  socid- 
taires;  que  celle  ann6e,  par  exomple,  il  y  aurail  itn- 
possibilile  d'occuper  convonablemenl  unc  suanco  qui 
devrail  loinbcr  au  26  aoCil,  Uuidis  que,  au  5  du  nieme 
inois,  elle  eill  pu  avoir  lieu  dans  des  coudilions  aussi 
faciles  que  salisfaisanles. 

D'aiilres  niouibres  prennenl  ensuile  la  parole,  ct  il 
rcssort  des  observalions  par  eux  (ichangdes  qu'en  te- 
nant comple ,  tant  des  niemoires  d^ja  presenilis  aux 
Irois  seances  gthierales  que  de  ceux  donl  la  lecture 
est  de  ce  moment  assuree  pour  les  deux  s(!'ances  de 
novembre  el  decembre,  et  en  n(^gligeant  lotalement 
les  comptes-rendus,  revues  diverses  et  aulres  compi 
lations  qui  prennent  place  dans  les  recueils  d'aulres 
SocicMes  de  province,  la  Sociele  academique  aura  en 
une  demi-annde  seulemenl  produit  plus  de  Iravaux 
orUjinaux  qu'aucune  autre  dans  une  annec  entiere. 
Or,  Ton  sail  que  si  les  travaux  originaux  ne  pri- 
son lent  pas  par  eux-memes  une  base  toujours  cer- 
taine  pour  determiner  la  valeur  relative  des  Soci^lds 
savanles,  quant  a  la  portee  el  a  I'dlendue  des 
etudes,  toujours  est-il  que  Icur  nombre  est  consider^, 
a  juste  litre,  comme  le  symplonie  le  plus  caracteris- 
tique  (le  la  presence  et  de  Tenergie  d'un  principe  vital 
au  sein  des  corps  savants.  Tandis  que ,  au  conlraire, 
leur  absence,  plus  on  moins  complete  ,  est  gendralc- 
mcnt  regardee  comme  un  indice  d'inditTerence  et 
d'alonie,  [)arfois  memo  de  decadence  passee  a  Tetat 
chronique.  Ces  bonorables  membres  pensent  done 
que  la  Sociele^  academique  a  grandement  h  se  fj^lici- 
ler  de  la  direction,  ainsi  que  de  Texpansion  quonl 
prises  ses  <iludes,  qui,  des  ce  moment,  doivent  lui  as- 


188 

surer  une  place  honorable  au  milieu  de  ses  Amnios. 

Gelle  discussion  lorminee,  rassomblee  d(5cido  que 
ses  seances  genorales  auront  lieu  desorniais  le  pre- 
mier mercredi  du  mois ,  sauf  celle  do  renlrde  qui  est 
flxc^e  au  second  mercredi  de  novembre. 

L'archiviste  presenle  a  Tasserablee  diverses  publi- 
calions  adressees  par  Ics  Socieles  correspondantes. 
On  remarque  dans  le  nombre  plusieurs  numeros  de 
la  Revue  des  socieles  savanles  envoy^s  par  M.  le  mi- 
nislre  de  Tinslruclion  publique,  avec  invilalion  s[)t5- 
cialc  de  lui  falre  |)arvenir  aussitot  leur  apparition  los 
m(?moires  de  la  Sociele  et  les  proces-vcrbaux  men- 
suels  de  ses  stances.  M.  le  ministre  exprime  en  outre 
le  desir  que  MM.  les  membres  de  la  SocicHe  veuillent 
bien  lui  faire  parvenir  tons  les  travaux  scienliflques 
el  lilleiaircs  publics  par  eux  en  dehors  du  recueil  de 
la  Societe. 

M.  le  docteur  Hunaull  d<^^pose  sur  le  bureau,  au 
nom  de  M.  David,  ancien  negociant  a  Cholet,  un  opus- 
cule imprim6  sur  un  projet  de  hanque  immubiliere  dont 
Tauteur  fait  hommage  a  la  Societe.  Des  observations 
quant  aux  principes  financiers  el  economiqnes  sur 
lesquels  repose  ce  projet  qui  parait  d'ailleurs  repro- 
duire  des  id(}es  d('ja  plusieurs  fois  formulc^es,  sonl 
presentees  avec  autant  d'thiergie  el  de  lucidile  que  de 
parfaite  convenance  par  un  des  membres  presents  et, 
sur  I'avis  par  lui  eniis,  Tassemblee  se  borne  aren- 
voyer  le  memoire  en  question  devant  la  section  du 
commerce  et  de  I'industrie,  laquelle  prendra  telle  de- 
termination a  son  ^gard  qu'elle  jugera  convenable. 

M.  le  docteur  Hunaull  s'excuse  de  ne  pas  prc^senter 
a  celle  S(5ance  les  documents  hisloriques  portes  a 


189 

I'ortlre  dii  jour.  Mais  il  a  crii  qu'il  lUait  opporlun  de 
subsliluer  a  celle  communication  celle  de  quolques 
observalions  et  considerations  qu'il  croit  nouvelles  on 
peu  connues  sur  I'invasion  el  le  dt^veloppemcnl  do  la 
maladie  de  la  vigne,  ainsi  que  surl'epreuve  qu'il  a  faite 
de  quelqucs  moyens  curalifs  reccmmenlindiques. 

D'apres  ce  qu'il  aurail  observe  ,  la  maladie  aurait 
son  si(^ge  dans  les  organes  floraux  qui  par  suilo  d'in- 
fluences  atmosph^riques  se  developperaienl  imparfai- 
ment,  cequi  occasiounerait  une  alteration  des  lissus 
ct  des  fluides  ,  toute  locale  d'abord  ,  mais  qui  ensnite 
envabirait  de  proche  en  procbe  les  aulres  parties 
tendres  du  vc^getal.  Get  etat  primitif  d'alteration  de  la 
fleur  se  manifeslerait,  selon  M.  Hunault ,  par  un  ^pa- 
nouissomenl  incomplet  des  p6tales,  mais  ne  serait-ii 
pas  a  craindre  que  I'observaleur  ait  t^te  induil  en  er- 
reur  par  le  mode  parliculier  d'epanouissenient  des 
fleurs  de  la  vigne,  donl  les  pdtales ,  a  I'inverse  de  ce 
qui  a  lieu  dans  les  autres  plantes ,  restant  soudds  par 
lour  exlremite  superieure  et  se  detachant  du  calice 
par  leur  base,  forment,  pour  proteger  les  organes  se- 
xuels  dans  facte  de  la  fecondalion ,  une  espece  de 
coiffe  frangee,  ce  qui  a  vaUi  a  ce  genre  d'inflores- 
cence  le  nom  de  Corolla  calyplrala.  Quoi  qu'il  en  soil 
du  mode  d'apparilion  el  de  la  marcbe  de  la  maladie, 
M.  Hunaull  a  pu  constaler  a  differentes  fois  les  b«is 
effels  des  aspersions  de  soufre  en  poudre.  Mais  il  s'al- 
lacbcsurtout  a  faire  connailre  un  remede  n^cemment 
indique  par  M.  Tirol  comme  elaul  superieur  [)Our 
Teiiergie  a  loul  autre.  C'est  une  solution  aqueuse  dans 
iaquelle  le  soufre  esl  combine  avec  divers  agents  cbi- 
miques.  M.  Hunault  fail  observer  qu'il  en  a  He  obtenu 

13 


190 

d'excollents  resultats,  soil  par  I'arrosage  des  fcuilles 
et  des  fruits,  soil  par  celui  des  racines. 

La  Sociel(i  remercieM.  le  docleur  Hunaull  de  celte 
conimunicalion  qu'elle  a  enlendue  avec  un  extreme 
inlerfit.  EUe  pense  qu'il  serait  Ires  imporlanl  de  s'as- 
surer  des  effels  que  pourrail  produire  Tarrosement 
des  racines  employed  exclusivement,  soil  au  moment 
oil  la  vegetation  commence  ,  soit  lorsqu'elle  est  d^j^ 
avancee  et  que  la  maladie  a  fait  son  apparition.  Ce 
serait  sans  doule  un  moyen  d'arrivor  a  conslaler  si , 
comme  la  Iheoriebotanique  parait  I'indiquer,  les  spo- 
rules  de  Toidium  ayant  616  ddposees  par  le  vent  et  in- 
troduites  par  les  eaux  dans  le  sol ,  y  sont  puisees  par 
les  racines,  et  charriees  par  la  seve  qui  les  depose  en- 
suile  dans  les  tissus  verts  du  veg(5lal;  ou  si,  comme 
quelqucs-uns,  ou  plulot  comme  le  plus  grand  noinbre 
paraitrait  I'admeltre,  elles  vont  dans  Icur  dissemina- 
tion a('iricnne,  s'abatlre  et  s'implanler  direclemenl  sur 
I'epiderme  des  parties  niolles.  Tant  que  Ton  ne  sera 
pas  eclair^  sur  ces  questions  delicates,  on  ne  fera  ^vi- 
demment  que  de  Tempirisme  dans  la  recherche  des 
moyens  curatifsdela  maladie  quidesole  nos  vignobles. 

Malgrt5  la  saison  deja  avancee,  la  Sociel(5  croit  done 
devoir  recommander  aux  vilicultcurs  de  faire  des  ex- 
pd^riences,  car  it  pourrail  arriver  que  par  un  arrosage 
aboudant  des  racines  I'eau  ainsi  saturee  de  soufre,  se 
repandant  dans  loute  r^conomie  du  vegetal ,  exer^al 
une  action  salulaire  conlre  I'oidium  en  voie  de  deve- 
loppement.  Ce  moyen  serait  d'ailleurs  toujours  pra- 
licable  pour  soigner  les  vignes  cultivees  en  treille. 

M.  Dulos,  professeur  de  mc^canique  a  TEcoIe  des 
arts  et  metiers  et  a  TEcoie  supdrieure  d'Angers,  lit  une 


191 

notice  sur  le  regidaleur  astronomique  de  M.  Fleury 
d' Angers.  Le  caraclero  technique  de  ce  travail,  bien 
que  I'auleur  ail  su  ,  selon  son  habitude  ,  lui  donner 
une  fornu'  agreable  el  lucide  pour  tons  les  audileurs, 
nc  pourrail  ccpendant  comporler  une  analyse  salis- 
I'aisante.  On  doildonc  se  borner  a  signaler  par  ses  re- 
sultats  t'oeuvre  de  M.  Fleury.  Cost  ainsi  que  Ton  fera 
remarquer  que  son  regidaleur  indique  sur  des  cadrans 
ou  segments  de  cadrans  distincts,  I'ann^e,  le  mois,  la 
semaine,  le  jour,  I'heure  ,  la  minute  el  les  secondes: 
qu'un  mode  parliculier  d'echappement  donne  toutes 
les  irr(^gularit(!^s  des  difft^rentes  divisions  du  temps; 
que  dix  cadrans  differents  donnent  I'heure  dans  au- 
tant  de  villts  d'Europe  et  d'Afrique;  que  des  cadrans 
speciaux  donnenl  Fheure  cxacle  dn  lever  et  du  cou- 
cher  du  solcil  pour  tons  les  jours  de  I'ann^e  et  sa 
marche  apparente;  le  temps  vrai  et  le  temps  moyen: 
qu'un  moteur  unique  met  tons  ces  systemes  parlicu- 
liers  en  monvement,  etc.,  etc. 

M.  Thouvenel,  secrc^taire  de  la  section  des  letlres, 
commence  la  lecture  d'un  rapport  sur  la  grammaire 
anglaise  de  M.  Guzzi,  professeur  au  Lycee  et  membre 
de  la  Socielii  academique ,  dans  lequel  it  presonte 
d'imporlantcsconsideralions  sur  le  mc^canisme  memo 
de  la  langiie  anglaise  et  sur  la  ndcessite  de  metire  sa 
m^lhode  d'ensoignemenl  en  rappoit  avec  celle  suivie 
dans  les  colleges  pour  le  latin  el  le  franq-ais.  II  en  est 
en  oRet  un  pen  des  lacultesde  I'esprit  comme  des  fa- 
cultes  physiques,  elles  trouvenl  des  avantagcs  et  une 
grande  facility  dans  rcmploi  d'un  inslrunienl  unique. 
M.  Thouvenel  n'ayant  pu  lire  que  la  moitie  de  son  tra- 
vail, I'analyse  n'en  sera  laite  qu'apres  son  achevement. 


492 

L'ordre  du  jour  annon^ait  uric  pi^ce  de  vers  par 
M.  Langle,  mais  une  absence  inopin(5o  le  forc(^,  au 
grand  regret  de  I'asseniblde ,  a  retarder  celte  leclure. 

L'ordre  du  jour  se  Irouvant  ainsi  epuise,  la  Society 
ajourne  sa  st^ance  de  renlr^e  au  second  mercredi  de  no- 
vembre.  Ellc  donne  d'ailleurs  a  la  Commission  d'adnii- 
nislralion  pleinspouvoirs  pour  la  repr(5senler  pendant 
la  suspension  de  ses  travaux. 

Le  Secretaire- generaL    T.-C.  Beraud. 


SEANCE  DU  11  NOVEMBRE  1857. 
Presidence  de  M.  Planchenadlt. 

M.  le  president  Planchenault,  directeur,  remplit  en 
cette  quality  les  fonctions  de  prc^sident  et  ouvre  la 
stance. 

Le  secrelaire-g^ndral  lit  successivement  le  proc6s- 
verbal  de  la  sdance  de  juillet  qui  est  approuve,  et  ce- 
lui  du  conseil  d'administration  et  de  r(^daclion  du 
menie  mois. 

II  donne  ensuite  communication  de  la  leltre  par  lui 
(icrite  a  M.  le  prefet  Vallon,  au  nom  du  conseil  reprd- 
sentanl  la  Soci6t(5  a  I'occasion  de  sa  nomination  a  la 
prdfecture  du  Nord ,  et  de  la  rdponse  de  M.  Vallon  qui 
lemoigne  de  tout  Tinleret  qu'il  n'a  cessd  d'accorder  a 
la  Sociele  et  lui  donne  I'assurance  qu'elle  trouvera  la 
menie  sympalhie  et  le  ni^me  appui  pres  de  son  suc- 
cesseur  dans  la  l^che  genereuse  qu'elle  a  entreprise. 


193 

La  Iftllredo  M.  Vallon  el  celle  du  secr(5laire-gendral 
prennonl  place  dans  los  archives. 

Le  secretaire-general,  poursuivanllc  ddpouillement 
de  la  correspondance,  indique  les  lilres  des  publica- 
tions replies  qu'il  serail  oiseux  do  reproduire  et  dont 
il  snffil  de  dire  que  le  nornbre  prouve  que  I'cBuvre  de 
fusion  vers  laquelle  la  Soci^le  ne  ccssera  de  diriger  ses 
voeux  el  ses  efforls  a  rcnconlre  de  vives  synipalhics 
parmi  ses  eniules  du  dehors. 

Au  noinbre  des  ouvrages  ainsi  pri^senles  se  ren- 
conlre  un  niemoire  de  M.  le  comle  Jauberl,  inliluid  : 
Etudes  sur  les  Cours  d'eau  et  Discours  d' inauguration 
de  la  Societe  du  Berry,  dont  M.  Boreau  est  charge  par 
Taulcur  de  faire  hommage  en  son  noni  a  la  Socield. 
r^'asseuiblc^e  decide  que  des  rcrnerciemenls  seront 
adresses  a  M.  le  comic  Jaubert,  lui  decerne  le  litre  de 
membre  honoraire,  el  charge  son  president  de  Irans- 
meltre  cetle  double  dt^cision  a  M.  le  comle  Jaubert. 

Le  secrcMaire-gdneral  donne  lecture  d'un  exlrail  de 
la  deliberation  du  conseil  municipal  d'Augers  du  3 
juillet  dernier,  qui  accorde  a  la  Sociele  academique, 
pour  tenirses  seances  et  ses  bureaux,  plusieurs  ap|)ar- 
temenls  silues  dans  I'aile  droile  des  balimenls  de 
I'ancienne  caserne  du  Pelil-Seniinaire,  en  face  de  I'E- 
cole  superieure,  et  desservis  par  un  escalier  parlicu- 
lier  ouvranl  sur  la  cour  commune.  11  fail  connailre  en 
quel  elal  se  trouvail  cc  local  lors  de  la  concession  qui 
en  a  6te  ainsi  faite,  el  enlre  dans  le  detail  des  Ira- 
vaux  de  reparation  el  d'approprialion  qui  y  onl  (ile 
fails. 

La  Sociele  charge  le  president  d'exprimer  sa  vive 
gratitude  a  radminislralion  municipale  pour  la  con- 


194 

cession  qu'elle  a  bieii  vouhi  faire  a  la  Societe  d'ua 
local  si  convenable  sous  tous  les  rappoiis. 

Le  secretaire-general  donne  ensuile  le  chiffre  exact 
de  chacun  des  articles  des  ddpenses  extraordinaires, 
lesquelles  sont  juslifi^cs  paries  memoires  desouvricrs 
et  des  fournisseurs.  II  presenle  egalement  le  chiffre 
des  dispenses  ordinaires  puis  celui  des  recelles  ordi- 
naires  qui  se  composenl  exclusivement  du  montant 
des  colisations  des  membres  qui  ont  adhcire  avanl  la 
fin  de  I'annde  academique. 

II  annonce  que  I'actif  se  Irouve  augments  d'une 
sonniie  de  250  fr.  qui  a  (5te  donnee  a  la  Socidle  en  sep- 
teuibre  dernier,  par  M.  le  comle  de  Las  Cases,  son 
prt^sident,  pour  la  metlre  a  meme,  si  elle  le  jugeait 
convenable,  de  distribuer  un  prix  sur  un  sujet  quel- 
conque,  ou  pour  elre  appliqude  a  lout  autre  objet.  Or, 
le  conseil  d'admiuistralion,  avec  rapprobation  du  do- 
nateur,  a  dt^cide  d'appliquer  temporairement  cette 
somme  aux  depenses  d'inslallation,  et  au  moyen  de 
ce  versement  le  budget  de  1857  se  soldera  sans  arridre 
par  un  boni  notable. 

L'assemblee  vote  des  remerciements  a  M.  de  Las 
Cases,  et  charge  le  directeur  de  lui  en  transmetlre 
I'expression. 

Le  socrelaire-gen6ral  donne  ensuite  connaissance 
d'une  circulairo  adressee,  en  execution  d'une  decision 
prise  dans  la  derniere  seance  du  conseil  d'administra- 
tion,  a  quelques  personnes  que  Ton  pouvait  supposer 
avoir  allendu  la  constitution  definitive  de  la  Socidtd 
pours'associer  a  ses  travaux. 

Get  appel  a  etd  entendu  et  compris,  el  a  peine  quel- 
^ques  jours  se  sonl-ils  ecoul^s  que  d^ja  quinze  adhe- 


195 

sions  rioiiv(>llos  so  sonl  prodnilos.  Cc  sont  cellos  de 
MxM.  Apporl,  peinlred  liisloir(';'B;»l('rean,ing(''nif'iir  dcs 
ponls-el-chaussc'cs;  Antonio  Bloiiin,  banquier;  Boii- 
Iros,  proprielairc;  Glientiau,  jugo;  CI(''nienf,  dirccleur 
do  renrogislrement;  Flonry,  liorlogor-mecaiiicien  ; 
Girard,  conducteur  principal  des  ponls-et-chaussees; 
Gnerin,  nolairo;  Gnerin  lils,  avocat;  Hanry,  nc'-go- 
cianl;  Laroohe,  ndgocianl;  Meniere,  pbarmacien; 
Richou,  conduclenr  principal  faisanl  fonclions  d'inge- 
nieur  ordinaire;  Toulain  fils,  proprielaire. 

D'apres  nne  decision  anldrieure  de  la  Society,  ces 
Messieurs  comme  Ions  aulrcs  membres  qui  vien- 
draient  ddsormais  a  adherer  avant  le  i"^  janvicr  1858^ 
prennent  le  tilre  de  membres  fondalonrs,  ct  vu  V6- 
poqnc  avancee  de  bnir  admission  ne  sont  pas  aslreinis 
au  paiement  do  la  colisalion  do  la  presenlc  annexe. 

M.  Boreau  demande  alors  la  parole  el  prononce 
quelques  mots  aussl  sinc^res  que  bicn  senlis  sur  la 
pcrle  que  vienl  d'eprouver  la  Societe  par  la  morl  prd- 
maturee  de  M.  Serene  OUivier,  pbarmacien  de  pre- 
miere classe,  niembre  du  conseil  do  salubrild,  el  qui 
parlageail  babilueliement  avec  notrc  savant  confrere 
M.  le  docteur  Daviers,  les  travaux  d'analyse  cbimique 
dans  les  instructions  criminolles. 

A  la  stance  du  27  mai  dernier,  la  Soci(5le  c^coutait, 
avec  celte  sorle  d'intcirel  qui  s'attacbe  a  une  revela- 
tion, M.  le  docleur  Diunont  mettant  en  relief  el  en 
lumiere  lun  dos  coles  de  I'espril  de  Menage,  qui 
semblail  de  nos  jours  s'efi'accr  de  plus  en  plus  dans  la 
penombre  que  le  temps  projelle  sur  les  ceuvres  qui 
ne  restent  pas  au  premier  rang  dans  les  productions 
de  I'espril.  Pou  depersounes,  en  etfet,  connaissaienl 


196 

dans  Menage  le  poete  grec  el  lalin ,  el  surloul  celui 
que  rilalie,  pour  la  purel6  de  son  idiome  el  la  grace 
de  Texpression,  place  encore  dans  scs  bibliolheques 
toul  a  c6le  de  ses  classiques  nalionanx.  Mais  si  Ma- 
nage fut  pour  I'Anjou  son  illuslralion  lilleraire  au 
xvii-^  siecle,  Jean  Bodin  avail  c^le  sa  gloire  lilleraire  et 
philosopliique  des  le  xvI^  Deux  riches  el  puissanles 
natures!  deux  hommes  dou6s  d'une  L^rudilion  (5gale- 
menl  vasle  el  profondeel  d'une  prodigieuse  mt^nioire, 
mais  nes  avec  des  lendances  el  dans  des  silualions 
aussi  diffLh-enles  que  les  milieux  politiques  oil  ils 
eurcnl  a  se  mouvoir.  M.  le  presidenl  Planchenaull  en- 
trei)rcnd,  dans  une  sine  d'eludes,  de  faire  poser  devanl 
nous  celle  grande  et  imposanle  figure  de  Jean  Bodin, 
el  de  nous  monlrerce  genie  si  complexe  el  si  profond 
sous  loules  ses  formes;  faisant  successivemenl  passer 
sous  nos  yeux  I'agreable  causeur  qu'Henri  III  admet- 
lail  danssa  familiarity,  el  que  recherchaienl  alors  les 
hommes  les  plus  dislingues  de  la  cour,  le  savanl  ami 
du  savanl  anglais  Barclay  qu'il  conquil  a  rUniversite 
d'Angers,  I'intimc  du  president  de  Thou  el  du  chan- 
celier  de  L'Hopital,  ceseminenls  repr(5senlanls  du  ca- 
Iholicisme  el  de  lareforme;  le  diplomale,  conseiller, 
etc.,  du  due  d'Alen^on;  Teloqucnl  el  (^nergique  de- 
fenseur  du  tiers  aux  Elats  de  Blois ;  le  bon  ciloyen  qui 
ne  Ironva  pas  quo  ce  fCil  payer  Irop  cher  I'indf^pen- 
dance  de  ses  opinions,  la  libort(^  de  sa  parole  el  la  cha- 
leureuse  dtH'ense  des  droits  de  la  nation  par  le  sacri- 
fice de  la  faveur  royale  el  de  lout  un  avenir  qui 
s'ouvrail  si  radieux  el  si  digne  do  lui;  enfin  ,  ce  pen- 
seur  elev6  el  puissanl  qui  preceda  Grotius,  el  auquel 
il  fut  donne  d'oblenir  le  plus  grand  hommage  que  les 


197 

haules  inlcHigencos  rendenl  parfois  an  g6nU\  en  foiir- 
nissanl,  doux  ceiils  aiis  plus  lard,  a  Monlesquieu, 
peiU-elro,  ridee-merc  de  son  plus  capital  ouvrage, 
niais  bl(!n  cerlalnemenl  du  nioins  une  mullilndo  de 
fails,  d'observalions,  d'apei'QUS,  de  decisions  el  le  sys- 
teme  lonl  enlier  des  climals! 

Bodin  composa  iin  assez  grand  nombre  d'ouvrages 
imporlants  qui  se  sonl  lous  plus  ou  moins  ecli[)ses 
derrierc  I'oclal  qu"a  jele  son  livre  de  la  Rrpublique, 
inais  auqucl  il  iniporle  cependaul  d'etre  inilie  pour 
apprecier  coniplelemenl  retendnccl  la  [lorlee  de  celte 
liaule  intelligence.  Plusieurs  de  ces  onvragcs  n'cxis- 
tent  pas  a  la  Bibliotlieqne  d'Angers,  el  M.  Planche- 
nanlt  s'efForcera,  dans  une  exploration  relrospeclivc, 
de  nous  lesfaire  connailre.  Aujounriiui,  il  lit  le  com- 
niencenienl  d'une  premiere  elude  donl  il  sera  rendu 
comple  apres  son  acbevemenl. 

L'assemblee,  qui  a  ecould  avec  une  attenlion  cons- 
lante  celte  lecture,  manifesle  loul  Tinlerel  quexcile 
un  sujet  qui  se  raltacbe,  sous  lant  de  cd[6s,  a  I'bisloire 
locale,  et  qui  loucbe  a  lout  ce  (ju  il  y  a  eu  de  plus  ce- 
lebre  en  bommes  el  en  opinions  duns  les  sciences 
morales  el  (^conomiques  ,  el  dans  la  litlerature  el  la 
pbilosopliie,  au  xvf  siecle.  Elle  decide  le  renvoi  de  la 
partie  qui  vienl  d'etre  lue  devant  le  conseil  de  r(5dac- 
lion. 

M.  le  conseiller  B(5raud  presenlc  a  la  Society  le  der- 
nier discours  prononee  par  lui,  au  norn  de  la  Com- 
mission municipale  des  beaux-arts,  tors  de  la  distri- 
bution des  prix  a  I'Ecole  des  beaux-arls;  el,  cddanl  au 
desir  exprimi5  par  plusieurs  membres,  il  en  donne 
leclure.  Le  president,  au  noni  de  la  Sociiite,  le  reiner 


198 

cie  do  la  communicalion  de  ce  document  qui  conslale 
I'filat  present  des  Eludes  arlisliques  dans  noire  ville, 
retrace  les  principaux  travaux  de  peinluro  el  de  sculp- 
ture recemment  accomplis,  el  qui  avail,  cclle  fois, 
pris  pour  objet  principal  I'apprt^cialion ,  au  point  de 
Yue  architectural  et  piclural,  du  niagnifique  hos[)ice 
de  Sainte-Marie,  6difi(5  par  un  Angevin,  M.  Moll,  el 
dont  I'eglise,  grftce  a  une  inspiration  gc^ndreuse  de 
M.  Bodinier,  a  vu  une  parlie  de  ses  murailles  se  cou- 
vrir  de  peintures  splendides,  dues  au  pinceau  de  Irois 
aulres  Angevins,  MM.  Apperl,  Dauban,  Lenepvcu.  La 
publicile  que  le  Journal  de  Maine-el- Loire  a  accordee 
si  gracieusemeut  a  ce  discours  quelques  jours  apres 
qu'il  fut  prononce,  celle  non  moins  flalleuse  que  la 
Socield  acad(5mique  lui  accorde  en  ordonnant  son 
renvoi  au  comit6  de  redaction,  dispensent  d'enrepro- 
duire  I'analyse. 

Celle  lecture  avail  une  sorle  d'a  propos  en  ce  qu'elle 
est  devenue  comme  une  inlroduclion  nalurelle  a 
I'audilion  d'une  piece  de  vers,  inlilulee  \e  Songe  du 
Roi  Rene,  dans  laquelle  M.  le  pn^sident  Planchenau't, 
Iransporte  par  une  ing(^Hiieuse  fiction  le  bon  roi  dans 
sou  hermilage  de  la  Fontaine  des  Vignes,  pour  I'y 
faire  se  recueillir  en  s'isolant  des  plaisirs  bruyants  de 
sa  cour.  Rene,  dans  ce  calme  des  sens  et  de  I'esprit,  se 
laisse  alter  aux  douceurs  d'un  sommeil  profond  el 
tranquille,  el  un  r6ve  le  transporlant  vers  I'avenir,  lui 
fait  voir  le  monument  immense  qui  vient  s'elevcr  a 
la  voix  de  !a  charit(5  publique.  Le  poele,  dans  son  Ian- 
gage  liarmonieux  el  pilloresque,  retrace  toutes  ces 
merveilleuses  cremations  oil  les  arts  sont  veuus  mellre 
en  commun  leurs  inspirations  et  leurs  efforts. 


499 

L'assembl(5e  qui  applaiulil  vivrnnent  an  mc^rite  de 
ce  inorceau^crit  en  vers  alexaiidrins,  le  renvoie  de- 
van  I  le  coniile  de  redaclion. 

L'ordre  du  jour  (^tanl  C'puisc^,  la  stance  est  levt^e 
el  la  Sociele  s'ajourne  au  premier  mercredi  de  dd- 
cenibre. 

Le  secretaire-general,    T.-C.  Beraud. 


NECROLOGIE. 


La  Soci^le  acad(^nnique  a  perdu  deux  de  ses  mem- 
bros  lilulairos  en  1857. 

M.  Rousseau  fils,  de  Sainf-Georges-des-sppl-Voies, 
est  mort  cct  (^le  a  MartignLVBrianl.  Un  couis  d'histoire 
qu'il  professa  il  y  a  quelques  annees  a  Angers ,  avail 
^Iv  fori  apprecit^.  II  avail  redige  vine  bisloire  du  Sainl- 
Simonisme  que  I'on  doil  regreller  qu'il  n'ait  pas  pu- 
blit^e. 

M.  Charles-Sth'(^n6  OUivier,  n6  a  Angers,  est  morl  a 
51  ans,  lo7  seplembre  dernier.  Pharmacion  distingue 
de  lEcoIe  de  Paris,  il  sii^gea  longlemps  dans  le  sein 
du  Conseil  de  salubril(5  el  fnl  choisi  par  la  Justice, 
avec  M.  le  doeleur  Daviers,  pour  les  expertises  dans 
les  affaires  criminelles ;  son  caraclere  honorable  lui 
avail  concilici  Teslime  g6n(5rale. 


ERRATA. 


Corrections  a  la  notice  sur  les  plantes  de  Corse  : 

Page  83  :  au  lieu  de  Revelliere,  lisez  Reveliere. 
Page  So  :  au  lieu  de  lUtnonculus  Rerellieri ,  lisez  Revelieri. 
Page  88  :  au  lieu  de  Elatine  macropoda ,  Guss.  ,  lisez  Elatine 
campylosperma ,  Seub.  E.  macropoda,  Bertol.  non  Guss. 

Ajoutez  : 

Biinias  macroplera ,  Reich.  Bonifacio. 

Antinoria  insularis,  Pari.  Bonifacio,  a  la  Trinite. 


TABLE. 


PIECES  RELATIVES  A  LA  FONDATION  DE  LA  SOCIETE. 

Pages. 

Lettre  circulaire 1 

Reglement i  2 

Coinpte-rendu  des  deux  stances  de  Kvrier  et  mars 19 

Expos^  par  le  Secretaire-general 21 

Premiere  lisle  des  fondateurs 36 

Organisation  des  bureaux 4.1 

MEMOIRES,  NOTICES,  etc. 

Physiologie  de  la  parole ,  M.  Tiiouvenel 4.5 

Recherches  sur  la  niorlalile  des  arbres  des  promenades  pu- 
bliques,  etc,  par  M.  Beraud 57 

Notice  sur  un  ouvrage  botanique  inedit  de  Merlet  la  Boulaie, 
par  M .  RoiiEAU 70 

Extrait  d'unc  lettre  adresst^e  a  M.  Boreau  par  Ic  d''  Sagot, 
chirnrgien  a  la  Cnyane 79 

Notice  snr  les  phnites  rccueiilies  en  Corse  par  M.  Reveli^re, 
avec  des  observations,  par  M.  Boueau 83 

Liste  de   L^pidoptcres  observes  aux  environs  d'Angers  de 
1855  h  1857,  par  M.  Toupiolle 93 


204 

Pages. 

R^gulafeur  astronomique    (notice  sur  le    ,   de  M.   Fleury 

d'Angers,  par  M.  Dulos , . .  101 

Gilles  Manage  consid(5re  coinme  poete  ,  par  M.  le  docteur 

DUMOiST 10() 

Discours  prononc^  a  I'ecole  des  Beaux-arts  par  M.  Beraud.  139 

Songe  du  roi  Rene,  po^sie,  par  M.  Planchenault 157 

PROCES-VERBAUX. 

Stances  d'avril,  mai,  juin,  juillet  et  noverabre 163 

Necrologie 200 

Errata    201 


Angers.  Imp.  (Josiiier  el  Lacliesc 


^^- 


OBSERVATION. 


La  Soci(5t5  Academique  de  Maine  et  Loire  elabore  en  ce  moment  de 
nombreux  travaux  se  rattachant  a  THistoire,  k  la  Litt^rature,  a  Tln- 
dustrie  des  ardoisieres,  a  la  Toxicologie  et  aux  diverses  branches  des 
sciences  naturelles.  D'importants  Memoires  sur  la  Botanique ,  notam- 
ment  une  Revue  monographique  des  Ruhiis  de  I'Ouest,  seront  succes- 
siveraent  presentes  par  MM.  Boreau,  Genevier,  de  La  Perraudiere,  etc. 
Les  Memoires  de  la  Societe  Academique  offriront  done,  soit  par  la  na- 
ture des  travaux  publics,  soit  par  leur  variete,  un  int^ret  justifi^ 
d'avance  par  les  counaissances  speciales  et  par  la  position  qu'occupent 
dans  les  Icttres,  les  sciences,  ou  I'enseignement,  le  plus  grand  nombre 
de  ses  membres. 

La  Societe  Academique  offre  Techange  de  ses  Memoires  centre  les 
publications  des  divers  corps  savants  auxquels  elle  adresse  ce  volume 
et  qui  sent  pri^s  d'envoyer  leurs  publications  s'ils  desirent  recevoir  la 
suite  de  ces  Memoires. 

Le  siege  de  la  Societe  est  rue  Courte ,  n"  7,  a  Angers. 


V^?A'^.' 


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